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Laetitia Devaux (Traducteur)
EAN : 9782070787913
160 pages
Joëlle Losfeld (13/05/2011)
3.58/5   19 notes
Résumé :
Ce recueil, paru aux Etats-Unis en 1994, est composé de douze nouvelles qui ont été publiées, entre les années 30 et 40, dans un large panel de magazines qui va d’obscures revues littéraires de gauche, en passant par les quotidiens The New Republic et The Atlantic Monthly, jusqu’aux périodiques de luxe à gros tirage tels que Cosmopolitan ou Colliers.

Ces histoires étonneront sans aucun doute les lecteurs qui ne connaîtraient l’oeuvre de Cheever qu’apr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Conter les petits avec élégance. Présenter sur un plateau de porcelaine fine des tranches de vie émiettées par la Grande Dépression. Vêtir les oubliés du rêve américain d'un habit de lumière chaude. John Cheever réchauffe les malmenés, leur offre une revanche littéraire. Plume contre chômage, métaphores contre combats ordinaires, art contre anonymat.
Le maître incontestable de la nouvelle aux USA. le grand styliste à déguster comme un bonbon acidulé.

Du côté de Boston, les filatures se sont tues. Pourtant, la course des saisons continue. "Le ciel était lourd comme de la chair; il n'y avait aucun doute sur la réalité du printemps." (Confiserie 1)
Chez Amy, dont les hôtes trompent la solitude, Fred et Richard "collaient leur dos à la rondeur de la colline" (confiserie 2).
Ailleurs, des gitans européens déguisés en Indiens Cherokee obtiennent le droit de camper sur les terres d'une ferme, moyennant 5 dollars. Une fillette vient rompre le contrat oral. "Elle est petite, blonde, elle a les paupières lourdes et quand elle parle, elle lève la tête, comme pour rejeter ses paupières en arrière afin qu'elles ne retiennent pas sa voix". (confiserie 3)
Ici, le commis voyageur retrace une carrière dans la chaussure, de la fortune au chômage. "On nous a oubliés. Notre savoir est inutile" dit-il.
Moins oubliés que ce couple charmant forcé de vendre la maison, accroché à la pensée magique qu'elle et lui finiront bien par trouver de l'argent, eux qui en ont toujours eu. Eux dont le fils cadet envisage des études que nul ne sait comment financer. Lui auquel le frère aîné de passage n'avouera rien de sa propre existence: "Je ne pouvais lui raconter ce que c'était d'habiter une chambre meublée et de se nourrir jour après jour de chocolat et de pain rassis". "J'ai envie de gagner beaucoup d'argent, dit-il". le rêve américain surnage dans les dettes.(confiserie 5)

Comme surnagent ces femmes que la plume de Cheever n'égratigne pas. La vie y suffit bien.
Bayonne, ni jeune ni jolie, ne supporte pas l'arrivée d'une serveuse plus affriolante. le rush de midi est son moment de gloire. Travailler ce n'est pas seulement gagner de quoi payer son loyer.
Dorothy, la danseuse arc-boutée sur sa nouvelle identité. Princesse Nika, soliste, sinon rien. Ici, l'écrivain effleure la folie. Avec grâce.
Béatrice, la strip-teaseuse quinquagénaire, époustouflante. Sue, mariée à un homme plus vieux, naïve, attendrissante. Elise, l'adolescente impavide au jugement sûr.
Aucune ne cède aux circonstances. Aucune ne plie.

Douze nouvelles enfin publiées. Dans l'Amérique elliptique des années 30-40, pauvreté rime avec dignité.
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John Cheever (1912-1982) est considéré comme l'un des plus grands nouvellistes américains. Cet écrivain encensé, entre autres, par Carver, Nabokov ou Philip Roth est surtout connu pour ses textes rédigés après la seconde guerre mondiale. Mais il a aussi publié de nombreuses nouvelles dans des revues au cours des années 30 et 40. Douze d'entre elles sont ici réunies dans un recueil qui plonge le lecteur au coeur de l'Amérique dépressionnaire. Des portraits d'hommes et de femmes mélancoliques et solitaires.

Plusieurs nouvelles se déroulent dans le monde des courses avec des parieurs jonglant sans cesse entre les gains, les pertes et les dettes. Dans « Autobiographie d'un commis voyageur », c'est un vendeur de chaussures de luxe dont le métier est frappé de plein fouet par la crise qui voit ses revenus se réduire comme peau de chagrin et perd définitivement son emploi à 62 ans. Sans aucune police d'assurance ni retraite, son avenir ressemble à un gouffre vertigineux. « de passage » raconte l'histoire d'un homme exalté venu dans une ville du nord créer une cellule du parti communiste. Après d'autres vaines tentatives à Boston ou Philadelphie, il finira seul, haranguant quelques badauds sur le bord des trottoirs, désespérément accroché à ses illusions perdues. Dans les dix autres nouvelles, ce sont les femmes qui tiennent le premier rôle. Des femmes opiniâtres et pleines de tempérament. Orgueilleuses aussi et difficilement manipulables : une stripteaseuse cinquantenaire que l'on veut mettre au placard et qui prendra une éclatante revanche, une serveuse fière de sa popularité qui n'accepte pas d'être secondée par une nouvelle plus séduisante ou encore cette jeune fille rêvant de devenir comédienne et qui, par le plus grand des hasards, se voit proposer un premier rôle à Broadway. Elle le refusera, persuadée que la pièce est exécrable.

Bien sûr, il faut aimer le genre. Mais quel plaisir de découvrir ces nouvelles ciselées où Cheever montre déjà la virtuosité d'un grand portraitiste en mettant en scène des personnages naviguant sans cesse entre optimisme béat et espoirs déçus. Au final, ces textes aigres-doux m'ont fait passer un délicieux moment de lecture.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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C'est autour de douze nouvelles que John Cheever nous dépeint le désespoir et les désillusions de l'Amérique autour des tables de jeux et des champs de course, des nouvelles toutes publiées entre 1930 et 1940.

Entre un ex-représentant de commerce qui se lamente sur la disparition de son métier, une danseuse qui prend son rôle tellement à coeur que sa personnalité va se fondre dans son personnage, une serveuse voyant dans sa nouvelle collègue le visage d'une rivale … autant de morceaux de vie pour lesquelles notre attention sera captée du premier au dernier mot.
Des personnages représentant le désenchantement de cette société en pleine dépression, la fragilité matérielle et l'obsession du temps qui passe. Vivre vite comme si tout pouvait s'arrêter net.

C'est comme par écoeurement que l'auteur nous renvoi au rêve américain, un rêve plus porté sur les échecs de cette vie absurde. Mais tout n'est pas noir dans ces nouvelles puisque contées avec ironie, on y retrouve de beaux moments de lucidité et renoncement.
Une belle découverte que ces nouvelles totalement différentes du registre connu de l'auteur.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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Comme toujours avec Cheever (qui pour moi est loin d'être ce "maître de la nouvelle" américaine que la critique a consacré), on oscille entre le pire ("La princesse", "La strip-teaseuse", "Sa jeune épouse") et le meilleur ("La chute", "Bayonne", "L'homme de ses rêves") - le meilleur nous étant réservé à la fin avec "L'opportunité", qui dresse le portrait d'une jeune fille de 16 ans assez fine pour refuser une carrière au théâtre, ayant jugé que la pièce qui devait la lancer était mauvaise. Une histoire dont devraient s'inspirer tant d'acteurs ayant vendu leur âme pour jouer dans des navets, à seule fin de goûter aux paillettes.
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Ce recueil de nouvelles a pour thème central les années 30 aux États-Unis, la grande dépression et les petites gens, leurs espérances, leurs émotions, leurs addictions aussi... certaines de ces nouvelles sont très plaisantes (notamment la dernière), d'autres plus ennuyeuses. Un bon moment de lecture toutefois.
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critiques presse (5)
LePoint
21 juillet 2011
On pense à un Fitzgerald des pauvres, plus sombre et saillant, mû par une énergie stylistique rageuse sous la maîtrise.
Lire la critique sur le site : LePoint
Lexpress
03 juillet 2011
Cheever ne cesse de décrire le monde des vaincus : on est loin, bien loin des banlieues cossues qu'il peindra plus tard dans ses nouvelles de la maturité. Reste, pour seule rédemption, la prose étincelante de celui que Nabokov salua comme un immense styliste.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeMonde
01 juillet 2011
Cheever n'est jamais misérabiliste ni naturaliste. Il joue déjà, comme il le fera dans toute son oeuvre, sur son sens de l'ellipse.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
30 juin 2011
Dès ces premiers textes, la manière de raconter et d’écrire de John Cheever est là : nul naturalisme dans les récits de ces vies minuscules, son sens aristocratique de l’ellipse donne déjà aux récits cette originalité que l’intrigue seule ne suffirait pas toujours à constituer.
Lire la critique sur le site : Liberation
Lexpress
14 juin 2011
A travers douze nouvelles de jeunesse, John Cheever dépeint magistralement son pays pendant les heures sombres de la Grande Dépression.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
C’est un vieux disque rayé et tordu à force d’avoir été écouté. La musique s’échappe par bouquets, la voix chevrote et s’élève. C’est une voix fine qui provient d’une gorge sans fond, comme si elle avait un bâillon dans la bouche. Les trombones s’épanouissent et beuglent. Le tempo est rapide, plus vif qu’une chute d’eau. Amy tapote du pied en rythme.
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Quand l’homme se tarira et que le monde intérieur périra, la terre se rétrécira, les cordes casseront et le monde sombrera à nouveau dans l’eau. Telle est notre crainte.
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Il y a un autre monde à l’intérieur du monde. Les saisons y sont différentes, la lumière et l’obscurité y sont différentes. Mais nos sources et nos rivières sont les mêmes, les sources, les torrents et les ruisseaux viennent du monde intérieur.
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Au commencement, tout n’était qu’océan avec un refuge en surplomb. Les animaux l’occupaient, ils étaient nombreux, il y avait beaucoup trop de monde. Ils envoyèrent le castor dans l’océan, il y découvrit la boue, qu’il rapporta à la surface. La boue grandit et se répandit jusqu’à former une île. Puis on rattacha l’île au ciel par quatre grandes cordes. Le ciel est une voûte de pierre.
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Au commencement, le monde était mou, puis tout s’accéléra et il se mit à durcir. On envoya les oiseaux voir si le sol était assez solide pour les animaux. Ils revinrent en annonçant qu’il était encore trop mou. La grande buse fut dépêchée du paradis pour voler à la surface de la terre. En effleurant le sol avec ses ailes, elle créa des montagne et fut rappelée.
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Video de John Cheever (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de John Cheever
Richard Ford - Transfuge magazine .Entretien avec l'écrivain américain Richard Ford pour le magazine Transfuge à l'occasion de la parution de son roman: L'Etat des lieux (L'Olivier, 2008). Il n'écrit ni des récits d'aventures ni des romans d'espionnage. Richar Ford préfère nous raconter des histoires quotidiennes: celles qui se déroulent derrière les fenêtres closes des pavillons de banlieus aisées, aux Etats-Unis. Avec le talent d'un Raymond Carver ou d'un John Cheever, il nous d'écrit le désespoir Tranquille des classes moyennes.
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