Si vous cherchez un livre qui torturera votre sens moral, alors félicitations : vous êtes au bon endroit. Luna Caliente, c'est le genre de roman à la frontière des genres qui dérange, qui vous mettra VRAIMENT mal à l'aise.
En un mot, voilà le topo : pédophilie. En deux : un viol. En trois : elle aime ça.
Ça y est, vous commencez à vous sentir mal ?
Attendez. On vient à peine de commencer...
Pour situer le contexte, Ramiro Bernárdez vient tout juste de rentrer au pays après huit ans d'absence et va rendre visite à un vieil ami de son père, Braulio Tennembaum. Il se trouve qu'il a une fille de treize ans (et non pas quatorze comme le dit la quatrième de couverture - l'éditeur n'assumait pas ?) et qu'en la voyant, les désirs sexuels de Ramiro s'emballent. le voilà plongé dans un cercle vicieux, jusqu'à se retrouver au poste de police plusieurs fois, jusqu'à mentir et même tuer...
À mon sens, Araceli (la fillette qui se fait violer) ne remplit pas suffisamment de critères pour considérer qu'elle fasse partie de l'humanité. En tout cas, si elle est humaine je refuse de l'être. Je dirai que c'est une sorcière, ça lui va bien. Parce que c'est improbable qu'un homme de trente-deux ans ne soit pas capable de réfréner ses pulsions envers une gamine de treize ans (aussi belle soit-elle) simplement parce qu'elle l'a fixé toute la soirée et que son pied a effleuré sa cheville. Quand même, il est loin de l'adolescence, le gars. Ça fait longtemps qu'il aurait dû être capable de gérer ses désirs. Et puis une fillette, aussi bimbo et peste soit-elle, ne peut pas aimer se faire violer - à quoi pensait donc l'auteur ?
Pour toutes ces raisons (et pour d'autres que je ne vous dévoilerai pas), je pense qu'il y a une bonne part de surnaturel dans cette oeuvre. Ce qui me fait dire cela, plus spécialement, c'est la toute dernière phrase de l'épilogue. Si vous faites comme moi et qu'il vous arrive de lire la dernière page pendant votre lecture, surtout ne le faites pas avec Luna Caliente. Jamais. Je me suis spoilé une sacrée chute.
Araceli ensorcèle Ramiro, elle joue avec lui et le manipule, et lui est incapable de résister à ses attraits. Même en étant conscient du danger. Même quand il voit qu'il est allé trop loin, il ne peut s'empêcher de continuer. Je crois intimement qu'elle avait calculé toutes les conséquences de ses actes et qu'elle avait prévu tout ce que ferait Ramiro (c'est un moonnstre *_*). À de multiples reprises, malgré sa fascination pour la fillette, l'instinct du protagoniste lui souffle qu'il est en danger. Par moments, il voit le vrai visage de celle qui l'excite (oups, j'ai failli dire : celle qu'il aime !) et a peur, de cette peur de la proie face au prédateur. Au début, je ne faisais pas vraiment attention à ces avertissements (pour moi, c'était par rapport au danger qu'il courrait vis-à-vis du père de la gamine et de la police), mais au final, je pense que c'était véritablement Araceli qui lui inspirait ce sentiment.
Malgré le fait que je n'ai pas du tout aimé l'histoire, je dois admettre que
Mempo Giardinelli écrit très bien. Son langage est clair, simple et direct. C'est admirable. Les personnages sont réalistes et je n'ai pas pu m'empêcher de souhaiter que Ramiro ne subisse pas les conséquences de ses actes - qui sont malgré tout affreux et qui auraient mérité une punition.
J'ai été fascinée par Araceli, jeune beauté un peu chaudasse sur les bords (mais quels secrets cache-t-elle ?).
Je me demande - après réflexion - si elle n'est pas un peu amoureuse de Ramiro...
Bref, la mayonnaise a pris pour les personnages et l'écriture. Et si vous aimez les histoires glauques, malsaines et érotiques, lisez ce livre.