J'avais entendu beaucoup d'éloges à propos de cette jeune auteur, dont le dernier livre (
L'homme blanc) avait été salué par la critique. C'est donc avec certaines attentes que j'ai abordé ce livre.
Malabourg dresse le portrait de la région, la région profonde, au coeur d'un Québec aux hivers rigoureux, d'ou émerge parfois une certaine poésie. Au coeur d'un tableau majestueux, l'horreur survient : le meurtre de trois jeunes femmes, ensevelies sous la glace d'un lac. L'univers des habitants du village en est bouleversé et pousse vers le départ les deux protagonistes de l'histoire.
Malheureusement, je dois m'avouer très déçue. L'histoire, d'une linéarité ennuyante, ne souffre d'aucune fantaisie. L'auteur aborde beaucoup de thèmes, mais ne prend le temps d'en creuser aucun. Elle laisse l'impression d'un roman écrit trop vite.
On rencontre très tard les deux héros principaux, Mina et Alexis, et tout deux m'ont parût très fades, lisses, sans grand intérêt. Dans la deuxième partie du roman, les deux personnages entament une nouvelle vie à Montréal, tout d'abord séparément, pour ensuite se retrouver et se lier. L'un des deux, devenu parfumeur, laisse l'auteur nous livrer quelques clichés sur le métier en question, le tout étant doucereux et pénible à souhait. La passion pour les pierres précieuse de Mina est à peine plus supportable. le ton diffère tellement de la première partie, si dure, qu'on se croirait dans un autre livre. À vrai dire, les deux parties du roman n'ont que très peu de chose en commun. le lien entre les deux histoires s'effrite trop vite.
La dernière chose qui m'a choquée, et qui a probablement valu à ce livre une critique si dure de ma part (alors que sous d'autre apport, il pourrait s'avérer correct), fut le traitement, à la fin du livre, de la crise étudiante de 2012 au Québec. Abordée comme un évènement quelconque, à peine expliquée, l'auteur en parle comme d'un joli spectacle, un peu futile, malgré l'aura de danger dont elle pare le "dragon" (sa métaphore récurrente pour la foule).
La pauvreté de son discours à ce sujet n'est pas du à l'ignorance, car je l'ai elle-même entendu discourir, à la radio, du sujet. Je ne sais pas trop a quoi l'attribuer... à la paresse? Il est difficile de croire que quelqu'un qui connait très bien le sujet peut négliger tout à fait d'en faire une analyse le moindrement intéressante. Une crise sociale comme celle qui a ébranlé le Québec cette année ne s'évoque pas avec quelques phrases toutes faites.
Pour finir sur le point positif (car il y a en a un), j'ai découverts chez cette jeune auteur un talent littéraire certain. Bien qu'il ait servit une histoire banale, l'écriture de ce livre présentait d'intéressantes qualités : fluidité, vocabulaire éloquent et bien utilisé (exception faite des passages sur la parfumerie). On découvre quelques perles, une écriture qui sait surprendre.
En bref, je ne saurais recommander ce livre, mais je vais m'attaquer moi-même, lorsque je trouverais le temps, au premier roman de cet auteur, afin de me faire une meilleure idée de son style. À voir...