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EAN : 9782072785580
272 pages
Gallimard (07/03/2019)
3.56/5   93 notes
Résumé :
"Le ciel était gris, il neigeait légèrement et paisiblement, il n'y avait pas un bateau en mer, mais sans cesse le bruit des oiseaux et les cris qui venaient de l'intérieur d'elle-même."Novembre 1944. Le MS Rigel, qui transporte des troupes allemandes et des prisonniers russes, est coulé au nord de la Norvège. L'un des naufragés échoue sur les rives de Barrøy, une petite île déserte où vit Ingrid. Cachant sa présence à l'occupant, la jeune femme le soigne et l'arrac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
3,56

sur 93 notes
Pour qui a lu "Les invisibles ", magnifique roman de l'auteur norvégien Roy Jacobsen, ce livre en est un peu une suite. La petite Ingrid de la toute petite île de Barrøy au large de la Norvège est devenue une belle jeune femme de trente cinq ans, qui aprés quelque temps passé à travailler à l'usine de poissons sur la Grande Île, retourne à la sienne. Elle y vit seule, sa famille ayant disparu à l'exception de sa tante Barbro et de son cousin Lars, restés sur le continent.
Nous sommes en 1944. La Norvège est sous occupation allemande. Les anglais
ont coulé au large de l'île un navire de guerre allemand, dont
quelques cadavres et un survivant quasi mort vont échouer sur les rives de
Barrøy. Dans cette île perdu au milieu de nul part, la guerre et ce naufrage vont changer le cours des choses.....
Dans un pays occupé, dans un contexte de misère et de chaos totale, de réfugiés affluant du Finnmark , Ingrid Barrøy, l'enfant précoce des Invisibles aide et lutte contre vent et marais, sans peur ni fatigue. Mais le plus dur pour elle reste sa lutte contre ses propres ténèbres intérieures......Un autre monde, d'autres valeurs, d'autres paramètres, où la dignité et la solidarité humaine sont au coeur d'un récit où sourde la violence des hommes.
Histoire insolite, d’une femme seule sur une terre du silence, dans une nature hostile, en pleine guerre, où les relations sociales et familiales changent de registre,
et celle d'une rencontre improbable entre deux êtres qui n'ont en commun que le besoin imminent de chaleur humaine.

C'est particulier, émouvant, passionnant.
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Novembre 1944, au nord de la Norvège, le Rogel, un bâtiment allemand est coulé par l'aviation britannique. Des milliers de soldats allemands et leurs prisonniers russes sont mortellement touchés dont certains échouent sur Barrøy, la petite île d'Ingrid. Parmi les corps sans vie, un survivant russe que la jeune femme soigne, corps et âme.

Ingrid ne s'est jamais sentie aussi belle. Elle a presque le sentiment qu'il ne lui manque rien, même si c'est l'amour sans les mots. Et comme l'idée d'une vie sans Alexander est intolérable, elle doit le dissimuler aux forces d'occupation allemandes. Elle lui apprend à pêcher et trouve une cache où elle pourra le rejoindre, à condition que les choses se passent bien ...

Roy Jacobsen, avec une mystérieuse poésie teintée de fraîcheur, de beauté et de rudesse, nous entraîne dans la clarté à la fois simple et insaisissable d'un lieu où un sourire, le vent du matin, des reflets cuivrés sur la neige aident à surmonter la violence du monde et le silence des hommes, leurs passions et leurs ténèbres intérieurs. C'est étrange et c'est beau.

« Barrøy est une terre du silence, les adultes n'expliquent pas aux jeunes ce qu'ils doivent faire, ils leur montrent et les jeunes imitent ; les gars du Finnmark sont aussi doués que les gens de Barrøy, un peuple de peu de mots avec un grand savoir et une grande sagesse dans les mains et les pieds ... »

Challenge MULTI-DÉFIS 2020
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Voilà la Bible des pêcheurs, leur courage, leur abnégation, leur vie d'ermite sur une ile : Ingrid vit seule, il lui faut attacher un rameur,( non un flotteur ) à l'extrémité de sa ligne, s'emparer des avirons, ramer contre les vagues, lutter contre les phoques, et les aigles aussi.
Ceci est de la petite bière (encore non, elle ne boit que du café, c'est même saoulant le nombre de café- venu de Côte d'Ivoire ou du Kenya ?-qu'elle boit chaque jour ), elle doit poser les filets, rapporter les poissons, les vider de leurs entrailles , leur enlever l'épine dorsale, couper la tête , relever les filets, les saler.
Parfois la mer grossit, comme elle, elle a dû avoir une histoire d'amour avec un réfugié : soit un occupant allemand, soit un prisonnier russe. Elle saura à peine qui il est. Leur dialogue consiste en Jane -Tarzan, dans le cas précis Ingrid- Alexander- nous non plus d'ailleurs, peu importe à Roy, qui nous abreuve de détails indispensables sur les poissons nordiques, car revenons à la Bible des pauvres pêcheurs :
Comment pêchent-ils ?
Comment faire avec les prises ?
Durant des pages et des pages, nous apprenons tout : Il faut mettre un doigt dans l'oeil, ouvrir le ventre blanc, il faut saigner, enfoncer la pointe du couteau de la gorge à l'anus….
A ce moment précis, je me dis que sans vouloir que vous ne lisiez pas ce livre, puisque je sais de source sûre que beaucoup d'entre vous seront passionnés par l'éventrement d'une morue, la meilleure manière de prier pour ces pêcheurs est de lire la 4· de couverture : « Roy Jacobsen met en scène , avec une force et une poésie rares, une histoire d'amour et de survie dans ce lieu hors du temps »( euh, la Norvège occupée par les nazis, tout de même) sauf qu'on ne saura rien de rien de cette occupation.
Et, oui, beaucoup de poésie lumineuse et colorée, émouvante par sa niaiserie :
« En février, la mer est turquoise et les îles sont blanches comme des montagnes. »
La terre est bleue comme une orange.

LC thématique août 2022 : Une couleur dans le titre
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Je poursuis l'histoire de la belle Ingrid, une îlienne norvégienne du côté des îles Lofoten.
Mais autant « les Invisibles » était un récit lumineux, autant « Mer Blanche » est poignant. Il faut dire qu'Ingrid a grandi, que Lars son cousin est parti, et qu'il ne reste plus grand monde sur l'île de Barrøy.
Et puis il y a l'irruption de la guerre. Et la guerre détruit tout : pas seulement les villages et les usines, pas seulement les terres qui sont brûlées, mais aussi les familles, les amis, tout.

Ingrid ne va pas échapper à la règle, même si un évènement imprévu va la précipiter dans une histoire qu'elle n'a pas choisie.
Plus sombre que le précédent, « Mer blanche » n'en est pas moins bouleversante. Il faut dire qu'en Novembre 1944 le bateau appelé « Rigel », qui transportait des troupes allemandes avec des prisonniers ruses, a été coulé au nord de la Norvège, entraînant la perte de milliers de soldats et de prisonniers, à l'exception de quelques rares survivants.
L'un d'entre eux, un prisonnier russe qu'on appellera Alexander, échouera sur Barrøy et sera soigné par Ingrid. Et l'on suivra avec intérêt la rencontre entre deux êtres que tout oppose, à commencer par la langue.

Comme dans « Les invisibles », on n'explique pas tout par des mots : le langage n'est pas ce qui est privilégié pour se comprendre, les gestes parlent beaucoup plus, et le silence a toute sa place dans la communication entre les personnages.

Avec toujours une langue très âpre et en même temps très poétique, Roy Jacobsen raconte la rencontre improbable et la lutte pour la survie dans un contexte si particulier qu'est celui de la guerre.
On aspire avec lui un grand paquet d'eau froide sur la figure qui nous réveille vigoureusement et qui nous fait du bien. Avec une envie dès la dernière page de replonger pour le troisième tome de la trilogie.

Très réussi donc à nouveau.
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Retour sur l'île Barrøy. L'île est déserte, « il n'y a plus personne, ni homme ni bête ». le fracas de la guerre est venu s'abattre sur les côtes de la Norvège.
Sur l'île, les saisons ont continué leur ronde mais sans utilité.

Tout le monde a vieilli ou disparu. Ingrid a 35 ans. Après un exil forcé à l'Usine de pêcheurs pour gagner sa vie, Ingrid revient vivre sur son île même si son pays est toujours occupée par l'armée nazie.

L'île n'est plus celle de son enfance. Il règne sur Barrøy une atmosphère étrange et inhabituellement pesante. La mort rôde comme les aigles sur la mer. de ces ombres menaçantes, le sauvetage du soldat russe Alexander sera la petite lueur d'espoir malgré les dangers des représailles.
L'amour naît dan son coeur aussi naturellement que la terre tourne autour de soleil. Il est là. Elle le prend.

Toujours émerveillée par la sublime écriture à la beauté dénudée de Roy Jacobsen fortement imagée et puissante. L'auteur tel un peintre du détail et du geste rend Ingrid incroyablement vivante et proche.
Pourtant, presque rien n'est dévoilé de son intériorité, de ses pensées, de ses sentiments. le portrait est tout autre, c'est celui d'une femme en mouvement tournée vers les autres et qui porte en elle les paysages de son île. Intègre, généreuse, solide et douce à la fois.

Pour Ingrid, vivre c'est aimer, aider, recueillir. Toutes les victimes et les enfants orphelins de la guerre, ses proches, son homme fugitif.
C'est se réchauffer dans le duvet douillet des eiders. Un moment de bonheur volé au chaos.
Le chemin de la liberté est encore si long à parcourir pour Ingrid et Alexander.


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critiques presse (3)
Actualitte
14 juin 2019
Ce roman norvégien âpre et elliptique, auquel nous avons accès grâce à la traduction d'Alain Gnaedig, nous donne à ressentir de l'intérieur cette existence insulaire si fragile, tissée de solidarité et de solitude, ballottée au gré des vents, de la mer et des autres humains.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeDevoir
27 mai 2019
«Mer blanche» enchante et impressionne avec une écriture sobre, à la fois fluide et organique.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Liberation
15 avril 2019
Mer blanche, du Norvégien Roy Jacobsen, raconte l’amour bref et intense vécu par ces deux jeunes gens sur une île qui a « le toit comme ciel et comme murs ». C’est un texte poétique et puissant, dense mais aérien, car il s’édifie sur des non-dits.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
......à la fin août, une chaleur étouffante était tombée sur la terre et sur l’eau, capable d’amollir les pensées et de troubler la vue. De la vapeur flottait sur les champs noirs, les oiseaux se taisaient, le paysage laissait échapper des soupirs inaudibles et la mer était lisse comme un plancher que l’on vient de repeindre.
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Mars est le mois de l’année dont on a le moins l’utilité. Les gens voient le soleil se lever et se font trahir par la lumière qui ne fait que rendre l’hiver encore plus manifeste. Avril est tout aussi sournois, et encore plus illusoire. La pie huîtrière vient malgré tout faire son tapage, il y a des bruits dans le ciel et sur les îlots, on peut enlever une épaisseur de foulard et de chaussettes ; la grosse brebis traîne dans les prés, grignote de vieux brins d’herbe tandis que les averses de neige continuent à s’abattre juste au moment où l’espoir menace de faire poindre un sourire ou deux dans l’esprit des gens ; elles pestent, elles ont encore plus froid qu’en janvier, mais elles enlèvent quand même un fichu, elles exhortent le printemps à venir.
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Vivre sur une île, c’est chercher. Ingrid avait cherché depuis sa naissance, elle avait cherché des baies, des œufs, du duvet, du poisson, des moules, des plombs, des ardoises, des moutons, des fleurs, des planches, des ramilles … Les yeux d’un îlien cherchent, que sa main ou sa tête soit occupée, avec ces coups d’œil incessants sur les îles et la mer qui s’accrochent au moindre changement, qui notent le signe le plus insignifiant, qui voient le printemps avant qu’il n’arrive et la neige avant qu’elle ne peigne ses touches blanches dans les crevasses et les creux, ils découvrent les bêtes avant qu’elles ne meurent et les enfants avant qu’ils ne tombent, ils voient les poissons invisibles dans la mer sous les nuées d’ailes blanches, la vue est le cœur battant de celui qui vit sur une île.
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Dieu n’éprouve pas autant d’amour pour les gens de la côte que pour ceux de l’intérieur des terres et des villes ; Il les oublie totalement pendant de longues périodes, et eux aussi L’oublient ; ils récitent peut-être quelques versets avant le repas et soupirent un peu au moment du café, mais lorsqu’Il se montre généreux, ils n’hésitent pas un instant et savent où adresser leurs remerciements. Ce n’est pas qu’Ingrid joigne les mains et adresse des louanges au ciel, mais elle sait, comme un cri dans les ténèbres aveugles, que si l’année épouvantable qui s’est écoulée n’avait pas le moindre sens, elle en a un aujourd’hui, un éclair d’espoir tombé d’un ciel limpide, et elle ne lâche pas l’enfant des yeux, elle ne rate pas un bruit ou un mouvement, qu’elle dorme ou qu’elle soit éveillée, il n’y a aucune différence entre les heures de la journée, la lumière est aussi forte dans le moindre recoin, même si l’automne approche.
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Vivre sur une île, c’est chercher. Ingrid avait cherché depuis sa naissance, elle avait cherché des baies, des œufs, du duvet, du poisson, des moules, des plombs, des ardoises, des moutons, des fleurs, des planches, des ramilles… Les yeux d’un îlien cherchent, que sa main ou sa tête soit occupée, avec ces coups d’œil incessants sur les îles et la mer qui s’accrochent au moindre changement, qui notent le signe le plus insignifiant, qui voient le printemps avant qu’il n’arrive et la neige avant qu’elle ne peigne ses touches blanches dans les crevasses et les creux, ils découvrent les bêtes avant qu’elles ne meurent et les enfants avant qu’ils ne tombent, ils voient les poissons invisibles dans la mer sous les nuées d’ailes blanches, la vue est le cœur battant de celui qui vit sur une île.
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Vidéo de Roy Jacobsen
A l'occasion du festival des littératures du monde : "L'usage du monde" organisé par Lettres du monde, rencontre avec Roy Jacobsen autour de son ouvrage "Les invisibles" aux éditions Gallimard.
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