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EAN : 9791032928394
L'Observatoire (23/08/2023)
3.7/5   35 notes
Résumé :
On n'est pas sérieux quand on a 17 ans, c'est ce qu'aimerait croire notre jeune héros. Mais avec un père traître à la nation, le garçon se retrouve pris en étau : vivre libre signifie le trahir, or entre les menaces de mort et les courses poursuite des plages espagnoles jusqu'au bout de l'Amérique, cette vie a le goût amer de la survie.
Que lire après Ni pleurs, ni pardonVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Roman doublement déconcertant car il débute au chapitre 17 et décline une vie anonyme à la deuxième personne jusqu'au chapitre 50 où surgit un narrateur qui emploie enfin « je » et dévoile partiellement « tu ».

Chaque chapitre correspond à un âge et l'intrigue débute en 1962 quand « tu », à 17 ans, débarques discrètement en Espagne franquiste avec sa mère d'ascendance italienne dont le père, communiste, fut emprisonné par le régime de Mussolini. Fils et épouse d'un officier ayant rejoint l'OAS, les proscrits se retrouvent confinés parmi d'autres réprouvés et quelques activistes. Policiers français et barbouzes sont à leurs trousses. Des courants antagonistes s'affrontent au sein de l'Armée Secrète et « tu » découvres un cadavre au volant d'une Facel Vega « sa tête n'est plus qu'une grosse pastèque éventée ». « Tu » devines l'implication de son père dans cette exécution. « Tu » décides de s'écarter de ses parents en entames une fuite vers Valence, où se trouve la cousine d'un flirt précédent, puis Barcelone, où étudie Esteban, bel éphèbe croisé sur les plages estivales, et « tu » atteins le pays basque, versant français.

« Tu » es approché par les policiers français qui prétendent vouloir négocier avec l'OAS. Michel Baroin (alias Monsieur Paul), policier puis sous préfet, joue les anges gardiens et finance la cavale, efface quelques tracas judiciaires … mais « tu » surfes, avec Lucille, aux cotés de quelques hippies puis « tu »plonges dans les stupéfiants tout en côtoyant les activistes basques ou catalans… que « ton » père, recruté par les services espagnols et portugais, pourchasse.

Le temps passe, sans que Vincent Quivy livre toutes les pièces du puzzle, « tu » joues les cowboys aux USA et passes par des cases prisons.

40 ans plus tard, chapitre 57, « tu » retrouves Lucille, à Itxassou, et le drame s'achève, comme il avait démarré « le crâne était comme une boite de conserves dont on aurait mal ôté le couvercle ».

Nous sommes en 2002, l'Espagne est une démocratie, les indépendantistes basques ont signé un armistice, policiers espagnols et français collaborent, les soldats perdus de l'OAS s'enfoncent dans l'ombre, et le lecteur effondré sort de ce long récit qui évoque le « Retour à Killybegs » de Sorj Chalandon… qui, dans ce genre « ni pleurs ni pardon », me semble nettement meilleur.

« Je n'ai pas, moi non plus, renoncé à avoir 17 ans » … difficile d'échapper à son destin quand on refuse de devenir adulte et, parmi les enfants d'activistes d'une Algérie française, seul François Hollande est devenu chef de l'état.
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Le pardon libère l'âme et il fait disparaître la peur selon Nelson Mandela

Le titre illustre bien l'impossibilité pour le personnage principal de pardonner ; aussi, la peur imprègne son parcours de vie.
La photo de couverture « L'homme qui court » de Sabine Weiss retranscrit très justement l'atmosphère de ce premier roman de l'écrivain Vincent Quivy - journaliste et historien.

Une instantanéité dans la narration (surprenante au début) m'a happée ; intriguée, inquiète pour cet homme qui court…peut-être pour fuir quelqu'un, rattraper quelque chose, une existence, en vain ressent-on…
Car rien ne disparaît dans la fuite…

L'histoire débute dans les années 60 avec le jeune héros du roman à l'âge de 17 ans.
Il n'en aura jamais fini d'avoir 17 ans toute sa vie durant.
Débarquant avec sa mère à Palma de Majorque, le père reprend le large aussitôt, un père toujours en fuite sur lequel il s'interroge. « Ne crois rien de ce qu'on raconte dans les journaux ».
De l'officier militaire à un homme de l'ombre, la clandestinité fait partie intégrante de sa vie, activiste très recherché, ne devant sa survie qu'à son silence.

Le décor est posé en quelques pages autour de ce garçon sans repères s'éveillant à l'éducation sentimentale, pris dans les tourments de l'adolescence et le besoin d'indépendance, dans un contexte familial très particulier – une mère fragilisée et un père héros ou paria selon le pouvoir politique en vigueur.
Sont de mises la méfiance, la suspicion et la peur. Ne plus savoir à qui faire confiance, ni l'attitude à adopter avec quiconque… A qui se fier ?

Toujours prisonnier de l'ombre de son père au passé trouble et chargé, le fils semble mêlé malgré lui à ses histoires nourries de haine.
Le désespoir dans une errance flou et sombre s'empare de ce jeune adulte en devenir, en souffrance et à la dérive.

Fidélité, trahison, clandestinité, culpabilité, quête de liberté, poids de l'héritage familial, remords et regrets, errance et solitude…
Entre les absences du père et l'état de santé de la mère, il est difficile de se construire et réussir à rester maître de son destin…
« L'instinct est ce à quoi tu dois te fier, te disait ton père ».

J'ai bien apprécié ce roman sur une époque aux écrans noir et blanc, j'y ai trouvé l'atmosphère des films de Costa-Gavras avec la clandestinité, le renseignement et l'activisme politique.
Il plane un climat d'intranquillité permanente.
Le style, parfois assez saccadé, m'a laissé une sensation de descriptifs expéditifs, mais après analyse, il est en concordance avec le parcours du personnage principal, avec une violence totalement induite dans cette histoire. C'est une vie en fuite…, illustration parfaite de la photo de couverture pour un premier roman très bien documenté et réussi à mon goût.

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De temps en temps, j'aime m'attaquer à des premiers romans pour partir à la rencontre de nouveautés et sortir de ma zone de confort. Ce « Ni pleurs ni pardon », titre énigmatique, me faisant de l'oeil, je n'ai pas hésité.

Le texte commence au chapitre 17, comme 17 ans et s'égrène en même temps que l'âge du personnage principal. le narrateur s'adresse à lui à la deuxième personne comme un témoin extérieur. On suit l'évolution de ce jeune homme au fil du temps, sans savoir ce qui lie ces deux individus. Fils d'un activiste en cavale, il vit une adolescence recluse, rythmée par les apparitions des comparses de son père et par les propositions des forces de police. Toujours ballotté, il a du mal à se stabiliser, que soit physiquement ou émotionnellement.

En parallèle de ce contexte particulier, le héros mène un parcours initiatique dans lequel il croise sa famille, l'amour, l'amitié, entre lesquels il va devoir choisir. Malgré toutes les opportunités qui lui tendent les bras, il se retrouve face au choix cornélien. La liberté est à portée de main, mais elle est toujours sous condition.

Partagé entre l'attraction inhérente à son lien filial et son besoin d'autonomie, il erre entre deux états qui l'empêchent de s'épanouir. Ce récit d'apprentissage met le doigt sur la difficulté d'écarter l'héritage familial. Formé dans un moule qu'il rejette, le héros suit pourtant une trajectoire dans la même veine que son paternel. Rien ne semble l'empêcher de suivre ses pas.

Vincent Quivy nous propose un premier roman réussi qui en appelle d'autres. D'une construction originale, il dégage une nostalgie envoutante d'une époque pleine de ressentiments. Pour ma part, j'ai été touché par cette histoire émouvante et je serai à l'affût pour assister au prochain essai de cet écrivain, dans l'espoir d'une confirmation !
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Ni pleurs, ni pardon
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« On n'est pas sérieux quand on a 17 ans »17 ans, l'âge de tous les possibles, de toutes les insouciances.
Sauf pour notre narrateur que le père vient de déposer à Majorque avant de prendre la fuite. Nous sommes à la fin des années 60, peu après le terme de la guerre d'Algérie. Ce père, c'est « le Capitaine », l'éminence grise de « l'Organisation », la sinistre OAS.
S'en suivront pour le jeune narrateur des jours et des semaines d'attente, la prise de conscience d'une situation politique explosive en même temps qu'un ennui abyssal auprès d'une mère dépressive. Jusqu'à sa rencontre avec Esteban, un jeune de son âge qui éveillera en lui l'envie de fuir ce quotidien où il est englué, et le poussera à envisager de renier, voire de trahir ce cruel héritage et ce père source de tous leurs maux. Un dilemme douloureux qui me marquera à jamais.
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Ce premier roman m'a captivée. Encore un roman d'apprentissage me direz-vous. Et bien non. Il a ceci de particulier de nous plonger dans l'après guerre d'Algerie, et de nous dépeindre un jeune homme perdu. Un adolescent sans boussole, broyé par des enjeux qui le dépassent, sommé de prendre des décisions trop lourdes pour lui, tiraillé entre des choix cornéliens. On le suit au fil des ans, entre espoir et dérives et on se prend d'une affection immense pour ce coeur meurtri. Un jeune qui veut simplement être libre, libre de ses mouvements, de ses choix et de ses opinions, qui veut se décharger de cet héritage encombrant. La première partie du roman est un peu longue, un peu lente, à l'image de cette interminable attente à laquelle est confronté ce jeune, mais peu à peu l'intensité monte jusqu'à un final intense et bouleversant. L'écriture est sèche, nerveuse, mais il s'en dégage une mélancolie poignante qui m'a touchée en plein coeur. Terrible paradoxe entre l'elan vital de ce jeune homme et la fatalité inexorable qui semble l'accabler. Cruelle destinée pour cet homme accablé du fardeau de deux parents dont il doit se détacher pour ne pas sombrer.
Un livre qui questionne sur le poids de l'héritage familial, sur l'inévitable atavisme qui pèse sur les descendants de bourreaux, sur l'impossible anonymat, sur la brutalité de l'époque. Un roman que l'on sent très documenté et pourtant très sensible. Une très belle lecture
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Peut-on tout pardonner à un parent ?

Même la fuite, la mutinerie, l'abandon. Ou faut-il lui envier son courage et sa détermination ?

Notre personnage a mis du temps à choisir son camp. J'irai même jusqu'à définir son récit par un mot : l'attente.

Tout le monde attend après cet activiste en cavale, ce père en fuite. Les autorités, la mère, le fils ; ils flottent tous dans un entre-deux paralysant. Et j'en ai moi-même ressenti les effets.

Le tutoiement, en était-il la cause ? Dès la première phrase, ce détail m'a refroidie. Parce que je trouve ça intrusif, de se sentir assimilée à une histoire qui n'est pas la mienne. Peut-être est-ce la raison pour laquelle j'ai détesté voyager dans la peau de ce personnage. Je n'avais pas envie de lire notre descente au enfer ni ces excès de violence, ni d'avoir ce sentiment de faire du sur place malgré un périple chaotique.

« Tu te dissous dans une non vie sans avenir ni cohérence. »

Vincent Quivy y dépeint un tableau de la solitude. C'est un enfant en quête d'identité qui aurait pu suivre un autre chemin que celui de son père, mais il a préféré s'engager dans un combat. Aurait-il mieux fait de suivre un schéma pré-conçu ? Tout ce que je sais, c'est que ses dispersions m'ont fait enrager.

Et si l'auteur tentait de mettre le lecteur dans le même état que son héros, et bien, c'est réussi. J'ai été aussi désabusée que lui. J'ai oscillé dans un entre-deux, dans une lenteur pensante. J'en garde un goût amer.

« Penser à son avenir ou se sacrifier pour la cause ? »

Parce qu'en voulant se protéger, il s'est perdu le long du chemin. Toute sa vie ne tenait qu'à un fil. La liberté contre une vie tranquille, pour espérer se défaire des chaînes de son bourreau. C'est tous ces choix paradoxaux, cette course-poursuite qu'il entretient qui m'ont assommée.

La structure du récit et son retournement de situation n'en restent pas moins brillants. J'avais besoin de tourner les pages car j'espérais qu'il se reprenne en main ; avec une femme ou en clarifiant cette adoration pour Esteban.

Et puis, finalement : Peut-on en vouloir à l'auteur de nous faire ressentir des émotions négatives quand elles témoignent d'un récit puissant ?
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Plus tard, tu glisses :

« J’ai passé treize ans à fuir, ou quasi. Pendant toutes ces années, j'ai pas l’impression d'avoir vécu... Après j'ai fait quinze ans de taule. Même constat. Depuis que je suis sorti, j'ai jamais réussi à me réinsérer dans la vie... Résultat : j'ai passé les cinquante piges et je peux dire que j'ai vraiment vécu que pendant les dix-sept premières années... »

Tu me parles des actions que tu as menées avec les commandos de l'ETA.

« Ce sont des souvenirs de ma non-vie, tu précises, de ce personnage qui n'était ni tout à fait moi ni tout à fait un autre. J’étais un gamin calme et tranquille. Je me suis égaré dans la violence comme on se perd en forêt parce qu'on a lâché la main de sa maman... »
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Bien après ta disparition, ton histoire reste en moi, sans doute parce qu’elle est cabossée, morcelée, dérangeante, ou simplement parce que, comme tu l’as affirmé un jour à Bayonne, tu aurais pu être mon père.

Il fait beau, c'est l’hiver, un soleil froid illumine la Nive.

J’observe le pont Marengo depuis la terrasse du Piémont.

Je pense à toi.

Je t'adresse ces mots sans espoir qu'ils te parviennent, comme autrefois tu écrivais à ma mère sans connaître son adresse.

Je n’ai pas, moi non plus, renoncé à avoir dix-sept ans.
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Peut-être aussi que ce ramassis de conspirateurs en exil éveille ton intérêt. Il constitue, au cœur des journées mortes, un spectacle vivant, et te rapproche de ton père. À travers ces types, tu tentes de le retrouver. Certains l’ont bien connu. Ils t'en parlent avec une nostalgie gênante d'anciens combattants. Il a dirigé des commandos paras et demeure le héros de ceux qui ont vécu les missions périlleuses. Tu écoutes leur récit avec un mélange de malaise et de fierté honteuse.

Ta mère te déconseille de fréquenter « ces gens ». Quand Attila propose de la mettre, par ton intermédiaire, en relation avec sa femme pour l'aider à « se faire des amies », elle décline. Elle n’aime pas ce monde. Préfère rester seule plutôt qu'être avec eux. « Laisse-Ies à ton père, elle te glisse, ils ne sont pas fréquentables. »

Tu hausses les épaules puis répliques :

« Au moins, ils parlent français. »
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Tu as mille fois refait la route à l’envers, mille fois analysé les coups d’effroi du destin qui t’ont poussé à choisir une solution plutôt qu’une autre ; ces carrefours qui parsèment l’existence et t’ont obligé à emprunter des voies que tu as vite regretté d’avoir prises sans pour autant pouvoir rebrousser chemin.
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Je voudrais que tu sois enfin apaisé, qu’émergeant des ruines de ton passé, tu aies trouvé ta place.
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