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EAN : 9782330073121
156 pages
Actes Sud (01/02/2017)
3.56/5   9 notes
Résumé :
Sur fond d'intrigue policière dans les milieux hypocrites de la politique et des ONG, une lente descente aux enfers, la relation complexe d'un avocat humanitaire, escroc des grands mots, flambeur flamboyant, et d'une femme fragile, fascinée par la puissance de cet homme. La tragédie intime se superpose à celle d'un peuple massacré et réduit au silence, comme la narratrice.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Voilà un roman pour l'hiver, un roman à lire au calme, calé dans un bon fauteuil, bien au chaud. C'est un roman qui se mérite, un texte qui se dévoile petit-à-petit. C'est à la fois le portrait d'une femme qui adule un homme jusqu'à en perdre son âme et l'histoire d'un couple traqué dont le mystère se dévoile par toute petites touches. Caroline de Mulder s'y distingue une fois de plus par sa maîtrise technique et son originalité !

Caroline de Mulder est une auteure belge douée, que je qualifierais de surprenante. En effet, je n'ai pour l'instant lu que trois de ses romans, mais ces trois textes étaient différents, tant par leurs formes que par leurs styles. Sur base de ces lectures, je dirais que lorsque l'on entame un roman de Caroline de Mulder, on ne sait pas à quoi s'attendre. On sait qu'elle adaptera sa langue au thème du roman, c'est déjà une caractéristique remarquable, mais pour le reste, c'est la surprise.

Dans « Nous les bêtes traquées », deux facettes s'entremêlent, ajustées comme des pièces de marqueterie. D'une part, l'auteure nous brosse le portrait d'un couple. Max est l'avocat vedette d'une association qui défend des opprimés. Sûr de lui. Imposant. Marie est un ancien mannequin, follement amoureuse de Max. Aveuglée. Dominée. Il la malmène, mais elle s'écrase, magnétisée. Décrire ce genre de relation n'a rien d'original, certes, mais le texte de Caroline de Mulder n'est pas « un texte de plus » sur ce sujet. Il se démarque par sa finesse d'analyse et par un style percutant, qui fait ressortir la faiblesse naïve de Marie et sa transformation sous l'emprise de Max.

D'autre part, en parallèle de ce portrait, l'auteure nous livre une intrigue mystérieuse. Je vous conseille d'ailleurs de ne pas lire le résumé qu'en donne Babelio, et qui ne figurait pas sur la quatrième de couverture de l'exemplaire que j'ai lu. On sent dès le début que couple est traqué. Par qui ? Pourquoi ? Où sont-ils, exactement ? Quelle est cette organisation pour laquelle Max travaille ? Qui est cette sorte de garde du corps qui les accompagne ? Mystère… le mystère se dévoile petit-à-petit, très lentement. On tourne avidement les pages parce que l'on est dans le brouillard et que l'on a envie d'en sortir. Les informations s'accumulent, il ne faut pas les perdre. Moi, j'en ai perdu et j'ai terminé ma lecture dans une certaine confusion. Mais l'intelligence de l'auteure s'était imposée tout naturellement: je ne suis pas sorti de ma lecture fâché contre elle, mais plutôt fâché contre moi-même de n'avoir pas été plus attentif. Je devrais relire ce livre, j'en ai bien l'envie. Mais cette première lecture me laisse néanmoins une impression qui m'a marqué, l'impression d'un voyage dans un pays différent, l'impression d'une ambiance étrange et prenante.

Découvrez Caroline de Mulder, elle est unique !
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Marie, la narratrice, se sent traquée, traquée par Max, son amant ; Marie et Max, traqués par une obscure organisation : traqués, persécutés.
Marie entretient une relation follement amoureuse avec Max, brillant avocat. Elle accepte que son amant la fasse souffrir. Celui-ci lui offre une vie de luxe raffiné mais la tient, tant que faire se peut, de sa propre vie trop dangereuse pour elle selon lui. Elle se sent traquée par tout un environnement hostile. Elle, mais aussi Max, avec son garde-du-corps Ismaïlov qui passe aussi bien comme geôlier. Il y a aussi Gula, une femme forte d'un état de l'ex-union soviétique. Il y a Clanity, une organisation caritative obscure.
Le style de Caroline de Mulder est particulièrement original. Les signes de ponctualité sont parfois absents pour amener une densité au récit. Au récit linéaire de Marie, la narratrice, s'ajoute en caractère italique les réflexions d'autres intervenants. Cette variété d'écriture rend ce roman très original. le peu de péripéties romanesques est masqué par l'originalité du style.
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Marie nous raconte son mari, Max, avocat séduisant et le basculement de leur vie. le couple est obligé de fuir, de s'enfermer pour échapper à leurs poursuivants. Marie découvre la menace qui pèse sur son mari et donc sur elle.

Ce roman est haletant par le mouvement désespéré du couple et surtout par le regard porté par cette femme sur sa vie. Tout est vu depuis les yeux de Marie, par le biais de son innocence, de sa naïveté et de ses propres fragilités. Elle perd de sa superbe et tombe dans un véritable enfer. Ce roman est le portrait d'une psychose. La langue est crue, sèche et nous colle contre ce couple en fuite. Chaque chapitre se termine par les potins de vue extérieurs. Nous quittons un instant la tête de Marie, pour respirer, pour mieux comprendre la réalité. Ces parenthèses n'éclaircissent pas tout et c'est une véritable prouesse que Caroline de Murlder ne nous perde pas dans cette histoire. Elle nous donne une sensation de la situation (les tensions, les contraintes, les moments d'espoir…). L'intrigue qui mêle politique, pouvoir et finances est un prétexte pour conduire le récit. Il n'étouffe jamais le coeur de ce roman, Marie mais la laisse s'enfermer dans sa propre prison de cauchemars.
Lien : https://tourneurdepages.word..
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hum comment dire c'est dans le titre

Non, ce n'est pas un conte qui finit bien, on ne dira pas il était une fois et ils vécurent heureux...c'est confus, étrange, les personnages sont tourmentés, acculés, perturbés et d'autres qualificatifs, mais ils ne sont pas heureux...je reste sur ma fin, trop de confusions, tout ce que je sais c'est que la quête du bonheur et de l'amour sage n'est jamais acquis. L'un comme l'autre, l'homme ou la femme, nous sommes rarement sur la même longueur d'ondes !!! lire et aimer !!!
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critiques presse (1)
Lhumanite
10 décembre 2012
Nous les bêtes traquées, écrit dans une prose tendue, rapide, à la limite de l’essoufflement, communique au lecteur l’intensité fiévreuse de ces allers-retours entre intime et histoire. Caroline de Mulder fait mieux que passer le cap du deuxième roman : elle se taille d’ores et déjà une belle place dans la littérature de langue française.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Lui, c’était les grandes causes. Max avait choisi de ne pas se taire. De parler pour ceux qui n’avaient pas de voix. Vous sauriez tout, ce que vous préféreriez ne pas entendre, il vous le dirait tant et plus, sur tous les toits haut et fort à corps à cris à tu et à toi. Max m’avait habituée aux grands mots qui font monter les larmes. Car chez nous tout est grand, les mots, les gestes, la vie, les sentiments, et tout brille, mille feux monts merveilles. Je ne comprenais pas tout, mais en moi ça résonnait. Surtout, j’avais compris qu’il était de ce bois-là, il disait Max, le sale bois dont on fait les héros. Et moi je le regardais sans mesure j’avalais tout ce qu’il me disait j’en redemandais j’en reprenais s’il te plaît, ressers-moi serre-moi fort. Parfois je perdais le fil, un rien me prend, un rien m’arrache, et il n’aimait pas ça, mais il ne faut pas m’en vouloir Max, d’avoir la tête ainsi défaite, une tête facile à tourner, je ne pensais qu’à tes bras.
Avec les journalistes, il commençait toujours pareil: en ce moment même, x millions de personnes dans le monde croupissent en prison sans procès. Et le journaliste revenait à la charge, mais Max répétait les millions de personnes qui croupissaient, en ce moment même, s’il comprenait bien ce que ça voulait dire, pouvait se l’imprimer, le répéter autour de lui. Max disait: Comprenez-vous ce que cela veut dire. Pouvez-vous vous. L’imprimer. Le. Répéter.
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Max était le premier à m’avoir dit : tu m’aimes. Les autres n’y avaient pas cru une seconde, à mon amour, et moi non plus, et ils s’en plaignaient, et c’est comme ça que je les ai virés les unes après les autres.
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Les robes que je portais [quand j’étais manequin], maintenant ce sont elles qui me portent, elles me tiraient à quatre épingles, et maintenant m’épinglent à quatre murs. Elles me tirent vers le bas, me traînent à quatre pattes, me clouent au lit, elles n’étaient pas faites pour cette vie.

Mais sur moi on se retourne toujours. Il me reste mes cheveux en nid, mes jambes de bois, des seins qui ne sont pas à moi, et que personne ne prendra. Il me reste la silicone sur les os. Je suis devenue mon propre poids de pierre et de plastique. Sous ma peau mes mécaniques roulent toujours, j’ai un poing serré à la place du coeur.
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Les murs déteignaient sur mes mains, se déposaient sur ma peau. Debout sur une chaise je touchais le plafond. La limite où la tapisserie finissait, tout en haut, soulevait le cœur: ça partait comme de la peau pourrie, on voyait clairement que derrière la tapisserie le mur était carré, se colorait légèrement de jaune, de vert et même de plaques roses rouge vif, je pensais à l’endroit où la chair se détache des os. J’ai passé des heures, mais au final je n’ai récuré que mes doigts, tout mordus par le détergent, rougis et vieux, des mains de vieille, trop de veines et trop d’os, la maison se faisait les griffes sur moi.
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Il m’a toujours fallu un semblant de compagnie. Une épaule sur laquelle ne pas pleurer. Une main que je refusais de prendre. Quelqu’un à ne pas aimer. Quelqu’un qui m’aimait pour deux.
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Videos de Caroline de Mulder (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Caroline de Mulder
Dans son roman, Caroline de Mulder explore l'histoire glaçante des Lebensborn, ces maternités nazies destinées à faire naître une nouvelle génération d'enfants aryens. Avec son héroïne française, on est embarqué en 1944 dans "La pouponnière d'Himmler", titre de son livre. Située à Heim Hochland, en Bavière, c'est la première maternité nazie qui fait suite au projet d'Himmler de repeupler l'Allemagne qui perdait de nombreux hommes sur le front, mais aussi de ramener le pays à sa pureté originelle. Ces maternités ont accueilli des femmes allemandes ou étrangères, principalement enceintes de S.S. On estime à 20 000 le nombre de naissances pour une quarantaine de foyers dans toute l'Europe. Pour l'auteure, il était important de mettre en lumière ces "camps de vie" par opposition aux "camps de la mort", plus souvent évoqués. Dans son roman, Caroline de Mulder a souhaité documenter cette maternité sous le prisme des regards. D'abord celui d'Helga, une infirmière en cheffe mais aussi celui de Marek, un jeune polonais réchappé du camp de Dachau ou encore celui de Renée, une jeune normande française âgé de 20 ans venue accoucher d'un enfant, fruit d'une liaison avec un soldat.

Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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