AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782841162406
80 pages
Cheyne (01/08/2017)
3.83/5   6 notes
Résumé :
Politique de la beauté est la réponse engagée apportée par Jean-Pierre Siméon à une poésie rétrécie, limitée à ses jeux sur la forme.
Dans ce manifeste poétique, l'auteur affirme de la plus belle des manières que la poésie, sans rien abandonner de son exigence, sait être lumineuse et fraternelle, une rencontre avec la beauté.

" Je crois à une politique de la beauté, elle serait devant les êtres et les choses, non pas seulement le mot juste, m... >Voir plus
Que lire après Politique de la beautéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
 
 
Superbe réflexion poétique sur les bruits les mots le silence
la mort et leur rapport à la beauté

Fluidité du texte accentuée par l'absence totale de ponctuation
Seules quelques majuscules marquent le début des poèmes


Ainsi ces mots-cendres et ces battements de coeur au coeur du silence

" de l'enchevêtrement des bruits
   des cris usinés par la peur
   des mots de cendre
   qui étouffent

   qui sortira vivant
   tenant dans ses bras
   une aube muette
   comme une neige ?

   rares sont les instants
   où s'allonge près de nous
   comme un corps aimant
   cette sorte de silence
   dont on entend battre le coeur
   dans notre propre coeur

   la vie contre la peau
   inaccessible
   et si proche
   et qui dort d'un sommeil
   égal au nôtre
   dans le fracas
p.56


Ainsi l'admirable combat de la beauté contre mort

" Regardez cette lumière
   au cou d'une colline
   quand la journée ferme ses paupières
   sur les travaux des hommes

   elle est ce qui demeure
   de l'effort du monde
   à demeurer vivant

   en cela égale au sourire des amants
   qui poursuivent dans leur sommeil
   sans y songer
   le combat de la beauté contre la mort

   il y a là un courage
   sans muscles ni médailles
   celui du galet qui lutte avec la vague
   non pour la vaincre
   mais pour réapparaître

   ou
   comme rivière sous les neiges
   acquiescement
   sans renoncement
p.57


Ainsi la beauté et son ouverture au monde

" Innocent
   comme la serrure qui subit la clef
   ou coupable malgré soi
   comme la serrure
   qui cède à l'assassin

   conscience traversée oui
   mais qui souffre
   ou refuse

   ouvrez la porte
   dit l'aurore
   mais la nuit
   se tient prête

   quand la beauté appelle
   on tend des mains
   que la douleur saisit

   notre coeur comme un paysage
   où brûle un jardin

   ou est-ce
   le rouge incendie des roses ?
p. 58


Ainsi l'effort de la beauté opposé au
renoncement de la mélancolie

" Nous habitons tous une mélancolie
   parfum vieux
   sur une tige dénudée
   odeur de poussière et des couleurs perdues

   mais le balancement d'une branche
   dans le matin frais
   où le regard se pose comme un oiseau
   fixant un instant le temps
   dans l'espace

   oiseau clos dans ses ailes
   vents arrêtés
   silence de nuit dans le jour

   s'effondre la montagne
   des bruits et des gestes

   ciel feuillage
   chemins de pierre et de pluie
   brutalement
   font retour dans le sang

   la beauté est un effort
   la mélancolie un renoncement
p.59


Ainsi la beauté revenue de sa mort

" Parois et parois
   parfois l'air nous est dur
   comme un chemineau
   qui marche dans la pluie d'hiver
   entre deux flancs de montagne
   tenu au poids de son pas

   si l'on ne fait qu'en soi de la nuit même
   s'engendre une lampe
   de ces régions de l'âme en proie pourtant
   à la nuit
   nous allons gestes fermés
   aux combats inutiles

   alors lever les yeux
   et boire à de lointains visages
   une clarté oubliée
   laissée avec les fleurs
   au bord de la tombe

   une beauté revenue de sa mort
   qui dénonce en nous exacte
   la fatigue
   et nous enjoint un pas encore
p.60


Ainsi l'ouverture d'une fenêtre
et entrent alors murs ciel vents bruits
et monte le jour ce rien qui seul séjourne
sous l'abondance
et frappe le grand tout à l'oeuvre
dans ses cheveux défaits

écouter enfin l'ombre légère et
solitaire qui doucement s'en tient au silence

" On ouvre une fenêtre
   et tout entre
   les murs le ciel les vents les bruits
   et la mort avec
   puis dans l'espace qu'ainsi on respire
   une douceur d'être
   comme une ombre légère
   et solitaire
   qui par la peau gagne la pensée

   plus haut en nous ainsi
   monte le jour
   ce rien qui seul séjourne
   sous l'abondance

   les rues en bas
   et le tournoi des gestes
   l'instant qui frappe dans la course
   l'épaule qui bouscule
   le genou qui s'acharne
   le grand tout à l'oeuvre dans ses cheveux défaits

   mais l'ombre légère et solitaire
   qui doucement s'en tient au silence
p.61
Commenter  J’apprécie          200
[...] En été 2017, aidé par des mots vivants s'ouvre un horizon, d'espérance et de clarté. Sous une jaquette verte – drapeau de la Collection Verte de Cheyne Éditeur (un baron de l'édition de poésie en France) –, tel un arbre de haut printemps, un manifeste solaire se révèle au monde, entendez monde ici comme population abonnée à une poésie livrée par le prisme de l'encre. Comme une évidence, voit le jour une Politique de la beauté : énième geste poétique, cette fois d'avantage humain et politique, de Jean-Pierre Siméon. Cet homme est un lieu riche de poésie ; il écrit, édite de la poésie, mais aussi mène maintes autres actions pour la grand-mère des lettres : plus d'une dizaine de recueils à son actif, co-fondateur et ancien directeur décennaire du Printemps des Poètes, ancien co-directeur de la collection Grands Fonds chez Cheyne et actuel titulaire de la prestigieuse collection Poésie Gallimard, entre autres. En mettant au point ce nouveau recueil, il prolonge une longue entreprise de lumière, poursuivie d'ailleurs tout au long de son oeuvre poétique et particulièrement dans l'incandescente Lettre à la femme aimée au sujet de la mort (Gallimard, 2017). [...]
Lien : https://proprosemagazine.wor..
Commenter  J’apprécie          00
Innocent
comme la serrure qui subit la clef
ou coupable malgré soi
comme la serrure
qui cède à l'assassin
...
J'ai beaucoup aimé ce texte, ses bruits, ses silences, son rythme. Bravo ! Où qu'il soit lu, ce sera toujours dans le temps alangui d'un après-midi de printemps.
Lien : https://linstantetlesmots.fr
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
En toute aube levée parmi nous
il y a un oui et il y a un non
cela ne dépend pas du vent
mais de ce que notre regard attend ou n'attend pas

chaque jour la mort demande :
où est la nécessité de ton pas?
est-il sûr qu'il se sache à quelqu'un nécessaire ?
et s'il lève un chemin
le veut-il à l'endroit ou à l'envers du paysage ?

à l'endroit les arbres qui boivent la lumière
à l'envers les racines qui la comprennent

dans le procès que l'espoir intente
aux feuilles mortes
à l'amas des raisons
des formes lasses
des bruits qui obstruent
il n'y pas de compromis

dire oui
c'est toujours
prendre part à un refus
Commenter  J’apprécie          412

Videos de Jean-Pierre Siméon (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Pierre Siméon
Poésie - La poésie à quoi ça sert ? - Jean-Pierre Siméon - La nuit respire
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (19) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1226 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}