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EAN : 9782213685274
395 pages
Fayard (04/02/2015)
4.2/5   22 notes
Résumé :
"Lorsque j’étais enfant, j’apprenais la ‟théorie musicale” dans de petits manuels (je ne sais pas s’ils existent encore) partagés en deux : le livret vert des questions et celui rouge des réponses. La première leçon de la première année était la suivante : ‟Qu’est-ce que la musique ?” ; et sur le livret rouge, il était écrit : ‟La musique est l’art des sons”. Quel ne fut pas mon éblouissement, à l’âge de huit ans, en découvrant cette définition. Je... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Vous vous souvenez tous du prof de maths commençant son cours d'un "Vous verrez, c'est facile!"? On savait alors qu'on avait du souci à se faire. Ben là, pareil. Francis Wolff annonce tout de go: ""Pourquoi la musique?" est un livre de philosophie qui porte sur la musique. Que ceux qui n'ont aucune compétence en ces deux disciplines se rassurent." Vous l'aurez compris: le lecteur qui n'a aucune compétence ni en musique ni en philosophie (au hasard moi) peut commencer à baliser sévère: il va en chier.
L'auteur ne nous épargne rien. Après avoir repris la bonne vieille définition de la musique comme "l'art des sons", il regarde son lecteur dans le blanc des yeux et embraye. Alors: qu'est-ce qu'un art? Et d'ailleurs: qu'est-ce qu'un son?
Je mentirais donc en affirmant que j'ai tout lu. Certes, j'ai tout déchiffré (chez moi, ça relève de la psychiatrie: pas sûr que j'aie déjà jeté une boîte de céréales sans avoir épelé et la composition du produit et l'adresse du fabricant), mais je n'ai pas tout compris...
Mais ce qu'il m'en reste valait quand même la peine que je gravisse sinon cet Everest du moins ce Mont Cervin. (Vous êtes partis en vacances récemment? Moi non plus. Alors je compense comme je peux). Si l'ouïe peut être considérée comme notre premier système d'alerte (un son est produit non par une chose en elle-même mais par le mouvement auquel elle a été soumise; entendre, c'est par conséquent apprendre qu'il se passe quelque chose), la musique est donc l'art le plus émotionnel, le plus apte à suggérer, voire à susciter, la joie, la peur ou la tristesse. Peut-être le plus intellectuel, aussi: puisque dans le monde ainsi créé, le bruit s'est fait son, c'est-à-dire qu'il exprime des événements indépendants de toute origine (il ne me dit rien du monde sensible); et que l'organisation de ces sons est pure rationalité : chaque note, chaque mesure, est justifiée par la précédente et justifie la suivante.
Et comme la musique est l'art des sons, je recommande particulièrement la version numérique de l'ouvrage qui propose l'écoute d'oeuvres diverses illustrant le propos de l'auteur. Ça ne permet pas toujours de mieux comprendre mais c'est agréable (quoique les regards exaspérés de mon homme tiré de son premier sommeil pussent faire croire le contraire. J'ai essayé de lui expliquer que la musique offrait un substitut au repos: un "mouvement prévisible". Il m'a répondu que je lui avais déjà dit qu'il était prévisible et que ça n'avait pas l'air d'être un compliment.)
Bref. Je dois dire que j'ai surtout préféré la deuxième moitié de l'ouvrage qui analyse la musique au regard des autres arts pour mieux expliquer en quoi elle représente beaucoup plus qu'elle ne reproduit, même si les partisans de l'art atonal et autres thuriféraires de Schönberg ont cherché à fuir la représentation en supprimant la prévisibilité (j'ai adoré la formule suivante: "écouter quand même, si l'on peut, de Brian Ferneyhough, "String trio"; morceau qualifié de "musique faite pour être composée et non pour être écoutée").
Le livre se clôt sur une typologie des arts. S'exprimer nécessite des verbes, des noms et des pronoms personnels. Aussi la musique renvoie-t-elle aux événements, qu'elle représente dans leur causalité; les arts visuels aux choses, qu'ils essentialisent ; et la littérature aux personnes agissantes dont elle construit l'identité.
Voilà donc pourquoi je préfère les livres: parce qu'ils ne se contentent ni de l'immobilité de l'image, ni du dynamisme de la musique, mais qu'ils nous permettent de trouver un lien entre chacun de nos actes singuliers, d'apercevoir la permanence dans le changement ( à moins que ce ne soit le contraire). Donc la littérature est l'art le plus complet, le plus humain et si certains ont des doutes quant à la véritable conclusion de cet ouvrage érudit, je suis d'accord pour qu'on en discute. Mes aimables contradicteurs voudront bien d'abord s'avaler l'opuscule susdit, ça devrait me laisser le temps de peaufiner mes arguments.
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"Pourquoi la musique ?" est un livre de philosophie qui porte sur la musique.

"Que ceux qui n'ont aucune compétence en ces deux disciplines se rassurent : je me suis efforcé de réduire au maximum le jargon que l'une et l'autre paraissent exiger" écrit Francis Wolff.

Ce superbe ouvrage peut souvent paraitre un peu technique mais on peut le parcourir rapidement et trouver un peu plus loin quelques pages avec des passages qui nous parlent davantage.

L'auteur répond à diverses questions que nous nous posons sur la musique : Pourquoi, partout où il y a de l'humanité, y a-t-il de la musique ? Pourquoi la musique nous fait-elle danser ? Pourquoi nous émeut-elle parfois ?

88 extraits de musiques commentées dans le livre sont proposés à l'écoute sur le site internet www.pourquoilamusique.fr

Ce remarquable ouvrage ne peut se lire d'un trait mais nécessite de faire des pauses pour y revenir à petites doses. A déguster.
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La musique est l'art des sons. Cette définition frustrante revient ironiquement, comme un leitmotiv, dans un livre peu ordinaire. Que faut-il pour qu'il y ait musique ? En réponse, Wolff nous fait sortir comme Platon de la caverne sonore où nous percevons cette musique « qui nous meut ou nous émeut », mais dont le sens et les pouvoirs sont incompréhensibles. En philosophe qui se respecte, il prescrit la « méthode déductive [qui] suppose qu'on recoure à une expérience de pensée plutôt qu'à des comparaisons empiriques ». Méthode harassante, empreinte de sécheresse pour un sujet qui ne l'est pas, de la part d'un auteur qui baigne manifestement dans l'amour de toutes les musiques, archaïques ou populaires, de la comptine à la musique savante, avec une tendresse particulière pour Bach, Mozart et le Jazz. Il explore ce que la musique fait au corps, ce qu'elle fait à l'esprit, ce qu'elle nous dit, ce qu'elle représente, et ses relations avec les autres arts. C'est un pédagogue qui aime la précision, les définitions emboitées et les énumérations : « Parmi les musiques sans rythme, il convient de distinguer trois cas, selon la présence ou l'absence de pulsations ou de mesure. Il y a d'abord le cas où manque les deux niveaux de la grille sous-jacente : il n'y a ni isochronie pulsative (on ne peut pas taper des mains en cadence) ni d'isochronie entre événements accentués (pas de mesure) […]. Il y a ensuite des musiques sans rythme, mais où ne manque que le second niveau d'isochronie de la grille sous-jacente : celui de la mesure. Il y a pulsation isochrone mais tous les temps semblent d'égale valeur, sans hiérarchie. Aucun n'est accentué » (p 113-4). Cette citation est empreinte de malignité, même si les passages similaires ne manquent pas, car Wolff nous accompagne fidèlement, pas à pas, dans une musique vivante, avec une parfaite pertinence. En effet le site homonyme « Pourquoi la musique ? » propose à l'écoute 88 extraits pour montrer que rien n'est gratuit dans son argumentaire. le chapitre interrogatif « Et la beauté ? » (p 205-214) est un morceau d'anthologie qui s'applique à la musique, au ski, au football comme aux échecs : intervient dans la beauté « le principe d'économie de moyens ou de rendement (le minimum de causes pour le maximum d'effets sensibles) ou le principe de perfection (autant de variété qu'il est possible avec le plus grand ordre qui se puisse) ».

Faut-il recommander Pourquoi la musique ? Oui, certainement, non pour lire l'ouvrage d'une traite, comme un roman ou un essai (voir l'excellente critique de Patsales), mais pour relire, comprendre, situer, se référer ou se confronter. La tâche est rendue facile par la construction, les titres et sous-titres explicites, le glossaire, les annexes et l'index.
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Je trouvais intéressante la démarche philosophique pour expliquer la musique...
Mais je n'ai rien compris ! Les circonvolutions autour de concepts théoriques me semblent artificielles ; je ne dois pas être fait pour la philosophie et les discussions qui vont avec...
Les approches ethnologiques ou anthropologique me sont beaucoup plus familières, mais sont à peine effleurées ici.
Malgré l'érudition et la culture de l'auteur, qui auraient pu rendre cet ouvrage intéressant, le texte reste nébuleux ; il faut vraiment s'accrocher : aucune phrase n'est simple, beaucoup sont redites avec une nuance qui nous fait se demander si l'auteur se répète ou ajoute un élément de plus. C'est assez pénible ; pourquoi ne pas écrire les choses simplement ?
J'ai pioché ça et là des idées dans les chapitres que je n'ai pas sautés ; mais j'ai fini par décrocher ! En conclusion rien qui puisse m'ouvrir des horizons nouveaux !
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J'ai été enthousiasmé par "le monde à la première personne", livre d'entretiens entre Francis Wolff et André Comte-Sponville ; et ai donc entrepris dans la foulée la lecture de "Pourquoi la musique".
Très intéressé en première partie, j'ai ensuite eu beaucoup de mal a rester dans la roue de F.Wolff, et ai fini par abandonner (page 270 sur 600, pas mal quand même non ? !)
Pourquoi ? Cette lecture demande de la disponibilité d'esprit et de la concentration d'une part (à ne pas lire le soir après une journée de boulot, ni le matin après une mauvaise nuit), de ne pas être complètement ignare en musique d'autre part, notamment en solfège (...suivez mon regard !)).
Je précise néanmoins que le texte n'est pas jargonnant, il est méthodique et structuré, concret, notamment via des exemples musicaux accessibles sur un site internet dédié.
Je reste curieux de l'ensemble du contenu et reprendrai probablement la lecture dans quelques mois quand je serai à la retraite.
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critiques presse (2)
NonFiction
14 septembre 2015
Francis Wolff expose dans ce livre aussi ambitieux que rigoureux comment nous parle la musique, du monde ou de nous-mêmes.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Liberation
02 mars 2015
Sans doute l’un des ouvrages les plus clairs, pertinents et enthousiasmants qui aient jamais été écrits sur le sujet.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
On ne peut dire pourquoi il y a de la musique sans définir d’abord ce qu’est la musique. Mais la question « Qu’est-ce que la musique ? » à peine formulée, un doute surgit. Pire : un scrupule. Est-elle « correcte » ? Est-il juste de parler de « la » musique ? N’est-ce pas là une généralisation imprudente? Ne conviendrait-il pas de respecter la diversité, la richesse, l’infinité des manifestations musicales et de parler « des » musiques, sans préjuger de l’essence ni même de l’existence de quelque chose qui serait « la » musique ?
C’est l’objection des ethnomusicologues : on croit qu’il y a un universel anthropologique là où il n’y a que des particularismes culturels. Après tout, il n’y a peut-être rien qui soit la musique en général, rien de commun entre le Clavier bien tempéré de Bach, les rituels grecs de possession dionysiaques, la stylisation du chant d’oiseaux chez les Kaluli et un concert de Booba.
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La compréhension perceptive de l'accord

Une même analyse vaut donc pour l'accord, lui aussi unité instantanée d'une multiplicité. Mais alors que celle du timbre resultait des différents harmoniques (du son) entendus simultanément dans une seule note, celle de l'accord résulte de différentes notes entendues simultanément : l'harmonie. Car il est rare qu'on n'entende en musique qu'un son à la fois. C'est la deuxième unité du divers. La compréhension qu'elle requiert n'est plus simplement sensitive, elle est perceptive: il faut à la fois saisir clairement l'ensemble des notes tout en entendant distinctement chacune. L'unité perçue n'est pas encore celle de la musique elle-même, parce qu'elle n'est pas une résultante dynamique, mais elle est déjà une unité musicale, parce que son matériau est musical: ce sont les notes (sons distincts relevant d'une échelle discontinue), tandis que les matériaux de la compréhension sensitive sont purement sonores (les harmoniques). Là encore, il y a différents degrés d'unité. Il y a l'unitétron parfaite des notes jouées "à l'unisson", séparées par une octave, où l'oreille peine à entendre la diversité (sont-ce bien deux notes ou n'est-ce qu'une seule?) tant s'impose à elle la consonance des notes et la confusion de leur harmoniques. C'est pourquoi, afin de favoriser l'idée de polyphonie (multiplicité de voix simultanées), la musique occidentale a tendance à éviter, sur le plan vertical, le parallélisme des intervalles trop consonants entre les voix comme l'octave ou la quinte (deux voix parallèles à la quinte sonnent "médiéval"). Au contraire, des voix séparées par des intervalles de sixte et de tierce sont jugés acceptables parce que ces deux notes sont suffisamment distinctes pour ne pas créer l'impression d'une fusion : on entend clairement deux notes. On privilégie ici le multiple sur l'unité, laquelle sonnerait "monodique".

A l'opposé, il y a la multiplicité discordante du triton (l'intervalle de quarte augmentée, ce fameux diabolus in musica longtemps interdit par l'Eglise) où l'oreille peine à entendre l'unité tant elle perçoit de dissonance entre les deux notes ; il y a même la discordance voulue des clusters (agrégats de notes conjointes, par exemple un coup d'avant-bras sur le piano). Entre ce trop d'unité, qui est pour ainsi dire monodique, et ce trop de multiplicité, qui est dis harmonique, il y a tous les (bien nommés) "accords". Il y a ceux dans lesquels l'unité et la multiplicité semblent s'équilibrer totalement - comme est supposé être l'"accord parfait majeur" qui réunit, à peu de choses près, en trois notes nettement différenciées (premier degré, troisième degré, cinquième degré), les premiers harmoniques naturels d'un son de base, la tonique: on entend parfaitement plusieurs notes mais unies substantiellement, comme les parties d'un même tout. A l'opposé, il y a ceux où la diversité prend perceptivement le pas sur l'unité, pourtant claire : ce sont les accords plus dissonants (comme les accords de septième) qui demandent, dans l'harmonie ique, à être "résolus", parce que la perception semble ne pouvoir se satisfaire de ce léger désaccord interne dans laquelle la diversité est plus puissante que l'unité, et paraît chercher l'assise de la consonance.

Entendre tout cela, timbre et accord, c'est comprendre sensitivement ou perceptivement la musicalité de ce qu'on entend, ce n'est pas encore comprendre une musique, laquelle suppose une unité de différents événements se succédant dans le temps.
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Plaisir de la pulsation. C’est le plaisir le plus simple, le plus originel. L’enfant bas des mains en cadence en écoutant la comptine ou en chantant en cœur. Irrésistiblement. La cadence est en lui, il l’entend hors de lui. Plaisir. Plaisir de trouver, ou plutôt de retrouver, dans la musique notre besoin d’isochronie. Plaisir de retrouver, dans le monde tel qu’il advient hors de soi, ce qui est soi : notre mesure biologique du temps. Plaisir d’entendre que le monde ne nous est pas totalement étranger puisqu’il bat à l’unisson de notre corps.
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Contre les formalismes et les relativismes, il faut dire que la musique exprime des émotions, dont certaines sont universellement entendues. Ce ne sont pas celles que nous donne la vie réelle puisqu’elles sont amputées de leur part intentionnelle, de leur ancrage dans le monde des événements extérieurs. Il n’en reste que des humeurs, aussi indéfinissables conceptuellement que musicalement précises. Le plus souvent, plutôt que des humeurs, la musique exprime des climats qui s’en distinguent mal mais se passent, eux, de toute subjectivité. Parfois même, la musique exprime “tout court”, quand quelque chose en elle, un sentiment intime ou un rapport au monde, semble vouloir se dire au nom d’une personne ou d’un sujet.
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Comprendre intellectivement une musique, c'est disions-nous, entendre une multiplicité comme une unité. Mais il nous restait à comprendre sur quoi se fonde, dans la musique, cette compréhension intellective. Le concept de cause formelle permet de l'appréhender. Comme la cause matérielle, elle est double, selon qu'on focalise l'evènementialité ou le contenu qualitatif des événements sonores
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Vidéo de Francis Wolff
Francis Wolff était au Parvis à Pau pour présenter "Plaidoyer pour l'universel) publié aux éditions Fayard.
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