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EAN : 9782752907615
96 pages
Libretto (13/09/2012)
4.04/5   54 notes
Résumé :
Après la déportation par les Russes de quatre mille of ciers polonais dans le camp de Starobielsk, d’octobre 1939 jusqu’au printemps 1940, quatre cents d’entre eux furent déplacés à Griaziowietz : ils furent les seuls à échapper au massacre de Katyn. Afin de surmonter leur abattement et leur angoisse, les prisonniers imaginèrent de se donner mutuellement des cours ou des conférences. Tandis que d’autres parlaient d’histoire, de science ou d’alpinisme, Joseph Czapski... >Voir plus
Que lire après Proust contre la déchéance : Conférence au camp de GriazowietzVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Pour faire court, disons que Joseph Czapski est un artiste polonais, qui a vécu à Paris dans les années 20-30; en 1940 il était officier dans l'armée polonaise, échappa de peu au massacre de Katyn, mais fut interné dans un camp (russe) de prisonniers à Griazowietz. "Nous y avons essayé de reprendre un certain travail intellectuel qui devait nous aider à surmonter notre abattement, notre angoisse, et défendre nos cerveaux de la rouille de l'inactivité. Quelques-uns de nous se mirent à faire des conférences militaires, historiques et littéraires." Czapski choisit de parler de peinture polonaise et française, ainsi que de littérature française.



Les conférences sur Proust, prononcés en 1940-41, ont été dactylographiées en français en 1943 ou 1944, à partir de cahiers, dont certaines pages sont reproduites dans le récit. Evidemment l'auteur parle de Proust d'après ses souvenirs puisqu'il n'avait aucun livre à sa disposition. Il lui arrive cependant de citer le texte de tellement près qu'il est sûr qu'il a fait plus que lire Proust, il se l'est "assimilé"...



Premier intérêt du livre, cet incroyable décalage entre ces prisonniers en baraquements, dans un environnement glacial, et Proust dans sa vie plutôt ouatée, entre la survie en temps de guerre et ce temps (perdu?) à s'intéresser à l'oeuvre de Proust. Il est notable aussi que ces écrits extraits uniquement de souvenirs portent sur un immense roman issu de souvenirs volatils tels une madeleine, des dalles inégales sous les pieds... Savoir ce qu'en de semblables circonstances nous aurions fait?



Deuxième intérêt du livre, bien évidemment, une brillante étude sur Proust, "sa vie, son oeuvre", comme on dit... A faire craquer tout irréductible anti-Proust. C'est clair, complet, l'essentiel y est, ce pourrait être une excellente introduction à la lecture de Proust... sans peur et sans complexes.

Je n'ai pas envie de résumer, je voudrais juste citer un intéressant pasage (parmi de fort nombreux) sur la traduction de Proust:



"Quand il s'agit de la Pologne, la phrase énorme de Proust est inacceptable. N'en ayant pas les moyens, la langue polonaise exigerait des "ktory, ktora" ("que" en polonais) sans fin. Mais Boy, dans sa traduction, alla plus loin encore. Il fit paraître ces volumes dans une impression bien plus lisible, avec les alineas, avec des dialogues pas en fouillis dans le texte mais menés de ligne en ligne. le nombre de volumes dans sa traduction est double. (...) le résultat immédiat fut que Proust se lisait si facilement dès sa parution en polonais qu'on aimait à raconter une blague à Varsovie, qu'il faudrait retraduire Proust en français d'après la traduction polonaise, et que c'est alors seulement qu'il deviendrait un écrivain enfin populaire en France." [je me demande d'ailleurs s'il n'existe pas une traduction de Montaigne du japonais, paraît-il plus aisée à lire?]



Et encore:



"Proust affirme que la parenté de sa phrase avec celle de la phrase allemande n'est ni hasard ni maladresse, mais c'est que la phrase allemande d'aujourd'hui rappelle le plus la langue latine. Ce n'est pas à la langue allemande mais à la langue français du 16ème siècle, encore bien plus intimement liée avec le latin à laquelle son style se rattache."



Troisième intérêt du livre : Sera--t'il le coup de pouce nécessaire pour me plonger dans La prisonnière (oui, j'en suis arrivée là, depuis des années d'arrêt; j'ai démarré du côté de chez Swann en 2003, je me donne une décennie, rien n'est perdu encore). Qui se lance?


Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Ouvrage qui n'a pas son pareil.
Le titre interpelle et laisse présager combien la littérature (proustienne dans ce cas) peut sauver, maintenir alerte, soutenir dans l'adversité pour tenter de garder dignité et idées claires, ne pas sombrer dans la déchéance .

Czapski, artiste peintre, polonais, est envoyé en 1940 dans un camp russe. Il souffre et pour pallier cette souffrance, décide, avec ses camarades, d'organiser des conférences sur des thèmes éclectiques. Chacun parle d'une passion ou d'un centre d'intérêt qu'il avait avant la guerre. Alpinisme, Amérique du Sud, histoire de l'architecture, histoire de l'Angleterre, histoire des migrations des peuples sont autant de thèmes choisis par ces conférenciers improvisés.

Czapski, ayant voyagé à Paris durant l' entre deux guerres, choisit de présenter à ses compagnons d'infortune, Proust et la Recherche du temps perdu.

Sous forme de schéma heuristique, il organise la trame de ses conférences. Petits bouts de papiers qui survivront au camp et qui sont reproduits ici.

Le contenu, bref et d'une concision extraordinaire (vraiment) est une présentation et une synthèse de la Recherche. Certains passages étaient cités de mémoire. Czapski entraîne le lecteur (l'auditeur) dans un récit exalté qui donne indéniablement envie de lire Proust. L'artiste capte la quintessence de l'oeuvre proustienne. En la transmettant à ses co-détenus, il les extrait de l'enfer, leur racontant le parcours de Swann, la construction de l'oeuvre, la superposition du narrateur et de l'auteur, la fragilité physique de Proust, la dimension philosophique, divine de l'oeuvre.

L'art, la littérature comme des tapis volants ? Czapski termine son introduction par ces mots: "sur ce fond lugubre, ces heures passées avec des souvenirs sur Proust, Delacroix, me semblent les heures les plus heureuses."

L'analyse de la Recherche est pertinente et émouvante. Un bel hommage à la littérature comme bouée de sauvetage au milieu de l'enfer.

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Joseph Czapski, né en 1896 à Prague (alors Autriche-Hongrie) et mort en 1993 à Maisons-Laffitte (France) où il vécut en exil après la guerre, était un artiste polonais, peintre, écrivain, essayiste et critique d'art. Combattant comme officier de l'armée polonaise au cours de la Seconde Guerre mondiale, il fut l'un des rares survivants des massacres d'officiers perpétrés en 1940 à Katyn par l'Union soviétique. Pour mémoire, le massacre de Katyn est l'assassinat de masse, par la police politique de l'Union soviétique au printemps 1940 dans la forêt de Katyn, village russe proche de Smolensk et de la frontière biélorusse, de plusieurs milliers de Polonais, essentiellement des officiers d'active et de réserve (dont des étudiants, des médecins, des ingénieurs, des enseignants etc.), et divers autres membres des élites polonaises considérées comme hostiles à l'idéologie communiste.
Après la déportation par les Russes de quatre mille officiers polonais dans le camp de Starobielsk, d'octobre 1939 jusqu'au printemps 1940, quatre cents d'entre eux furent déplacés à Griaziowietz, ce furent les seuls à échapper au massacre de Katyn. Dans ce camp, ces officiers tentent « de reprendre un certain travail intellectuel qui devait nous aider à surmonter notre abattement, notre angoisse, et défendre nos cerveaux de la rouille de l'inactivité. » Pour cela ils organisent des conférences abordant divers sujets. Joseph Czapski choisit de parler peinture et littérature, l'une de ces conférences, Proust contre la déchéance, dactylographiée en français entre fin 1943 et début 1944, vient d'être rééditée.
Un texte court, une cinquantaine de pages, mais d'une puissance inouïe. Puissance inouïe car il offre deux axes de réflexions, le dit et le non-dit. le dit, c'est une sorte d'essai sur l'oeuvre de Marcel Proust, construit sans aucun support (livres ou autres) si ce n'est la mémoire de Czapski et c'est impressionnant. En peu de pages il propose une excellente analyse d'A La Recherche du Temps Perdu, qui ne peu manquer à ceux qui ne l'ont pas lue de s'y précipiter et aux autres de se remettre en mémoire des passages, des situations, des angles de vue pleins d'intérêt. Si Joseph Czapski analyse Proust, il n'oublie pas de le remettre dans le contexte artistique de l'époque, démontrant ainsi l'immensité de sa culture.
Et puis il y a le non-dit qui force l'admiration et nous émeut au plus haut point. Ces hommes, prisonniers et condamnés, souffrant mille maux dans des conditions de vie éprouvantes, trouvent le moyen de s'organiser, de s'inventer une vie en résistance contre la mort promise en donnant des conférences ! Peut-on seulement imaginer cela ? Armés des connaissances archivées dans leur mémoire, ils instaurent des débats d'idées, ils élèvent l'âme de leurs collègues détenus. Au coeur de l'Enfer, ils crient non ! nous ne sommes pas encore morts, et ils jouent la culture contre la résignation et l'adversité.
Un texte sublime, forcément sublime.
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Joseph Czapski (1896-1993), peintre et théoricien de l'art, intègre l'armée polonaise le 1er septembre 1939. Il est fait prisonnier par les Soviétiques à la fin septembre et est interné à Starobielsk avec d'autres officiers polonais. Dans ce camp, 4000 officiers sont entassés et pour surmonter cette épreuve ils décident de se faire des conférences. Ces dernières étaient interdites et se faisaient en cachette. En avril 1940, les officiers polonais furent déplacés et des milliers d'entre eux furent exécutés dans la forêt de Katyn près de Smolensk. Joseph Czapski fit partie des survivants qui furent transférés au camp de Griazowietz où ils restèrent jusqu'en 1941. Dans ce camp, les conférences reprirent de manière plus officielle. Les gradés y parlaient de politique, d'histoire, de peinture et de littérature. Joseph Czapski décida quant à lui de parler de l'oeuvre de Marcel Proust. Il le fit sans documentation, sans « La recherche du temps perdu », il faut donc souligner son extraordinaire travail de mémoire.

Joseph Czapski parle admirablement de Proust et de son oeuvre. Proust le dandy, le mondain qui décida de se plonger corps et âme dans l'écriture : « Proust s'enfonce dans son travail littéraire. Il s'enterre depuis cette étape jusqu'à sa mort, de plus en plus, dans sa chambre de liège. » A contre-courant de ce qui se faisait (un style plutôt bref et pressé), Marcel Proust écrit son roman fleuve, décrit et invente un univers. A l'origine, la recherche était un flux continu sans interruption de chapitres, de volumes, sans alinéa, sans marges. Idée folle et parfaitement impossible à éditer, Proust devra découper son travail pour le faire accepter. Cette forme initiale, qui aurait été illisible, est logique et correspond parfaitement au projet de Proust. La recherche est en effet un flot continu de pensées, de sensations, de vies. le moindre sentiment, la moindre impression y sont disséqués pour rendre ce qu'est la complexité de l'être humain. Joseph Czapski l'exprime ainsi : « La forme du roman, la construction de la phrase, toutes les métaphores et les associations sont une nécessité interne, reflétant l'essence même de sa vision. Ce n'est pas le fait cru, je le répète encore, qui hante Proust, mais les lois secrètes qui le régissent, c'est le désir de rendre conscients les rouages secrets de l'être les moins définis. » La complexité de la phrase comme miroir de l'âme humaine.

Proust hanté, possédé par son oeuvre, est présenté par Joseph Czapski comme un obsessionnel revenant toujours sur son travail. Proust avait l'obsession de la perfection, du mot juste, de la phrase exacte (on sait à quel point ses retouches ont pu rendre fous ses éditeurs). L'auteur cherche un absolu inatteignable, une perfection qu'il semble avoir bel et bien atteint si l'on écoute ses lecteurs.

« Proust contre la déchéance » est admirable, c'est une leçon de survie grâce à l'art et une excellente analyse du plus grand auteur français.
Lien : http://plaisirsacultiver.wor..
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Un livre que j'avais déjà remar­qué puis oublié et qui m'a été remis en mémoire par Sandrine. Les circons­tances de ce livre sont stupé­fiantes : Joseph Czapski faisait partie des offi­ciers polo­nais captu­rés par les sovié­tiques alors qu'ils voulaient combattre les nazis. Ce fut une consé­quence du pacte Germano-​Soviétique et comme la Russie a fini par le recon­naître en 1990, envi­ron 30 000 offi­ciers polo­nais furent tués par balle à Katyn. Joseph Czapski fait partie des quelques survi­vants, il ne sait pas ce que sont deve­nus ses amis. Voici ce qu'il dit dans son intro­duc­tion

Nous étions soixante-​dix-​neuf de Staro­bielsk sur quatre mille. Tous nos autres cama­rades de Staro­bielsk dispa­rurent sans lais­ser de trace.
Au camp-​goulag de Grazo­wietz plutôt que de se lais­ser aller, avec ses amis, il orga­nise des confé­rences sur les spécia­li­tés des diffé­rents intel­lec­tuels polo­nais prison­niers. Lui est peintre, il avait décou­vert l'oeuvre de Proust à Paris et décide donc de le présen­ter à ses cama­rades. de mémoire, car bien sûr il n'a pas de livres avec lui, il fait une présen­ta­tion très fine de « la Recherche ». C'est très émou­vant de s'imaginer ces pauvres hommes réduits à la condi­tion de « zek » par la vie dans un goulag russe, écou­tant ses confé­rences :

Je vois encore mes cama­rades entas­sés sous les portraits de Marx, Engels et Lénine, haras­sés après un travail dans un froid qui montait jusqu'à quarante cinq degrés, qui écou­taient nos confé­rences sur des thèmes telle­ment éloi­gnés de notre réalité d'alors.
Je pensais alors avec émotion à Proust, dans sa chambre de liège, qui serait bien étonné et touché peut-​être de savoir que vingt ans après sa mort des prison­niers polo­nais, après une jour­née entière passée dans la neige et le froid qui arri­vait à quarante degrés, écou­taient avec un inté­rêt intense l'histoire de la duchesse De Guer­mantes, la mort de Bergotte et tout ce dont je pouvais me souve­nir de ce monde de décou­vertes psycho­lo­giques précieuses et de beauté litté­raire.
Quel plai­sir de parta­ger avec lui les souve­nirs de cette oeuvre si parti­cu­lière ! il fait revivre Swann, la duchesse De Guer­mantes et Bergotte et mieux que je ne saurais le faire, analyse l'importance de Berg­son chez Proust en parti­cu­lier pour cette notion du temps dans son oeuvre. Il balaie d'un revers de plume l'accusation de snobisme (qui d'ailleurs n'est plus guère de mise aujourd'hui). Il trouve même dans la recherche des accents pasca­liens, je n'ai pas très bien compris pour­quoi. Joseph Czapski est un artiste peintre de talent et il possède une culture person­nelle d'un autre temps.
Lien : http://luocine.fr/?p=8138
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critiques presse (1)
NonFiction
13 septembre 2011
Une conférence sur Proust dans un camp soviétique, un témoignage poignant sur la force de la mémoire littéraire.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Ce n’est pas au nom de Dieu, ce n’est pas au nom de la religion que le héros de «A la recherche» quitte tout, mais il est frappé d’une révélation foudroyante. Les deux derniers volumes sont aussi un hymne de triomphe de l’homme qui a vendu tous ses biens pour acheter une seule perle précieuse et qui a mesuré tout l’éphémère, tous les déchirements et toute la vanité des joies du monde, de la jeunesse, de la célébrité, de l’érotisme, en comparaison avec la joie du créateur, de cet être qui, en construisant chaque phrase, en maniant et en remaniant chaque page, est à la recherche de l’absolu qu’il n’atteint jamais entièrement et qui d’ailleurs est impossible à atteindre.
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Boy-Żeleński, traducteur polonais de Proust, qui est arrivé à traduire plus de la moitié de son oeuvre avant la guerre de 1939, et dont bien des pages sont un chef-d'oeuvre littéraire polonais (...) a volontairement éclairci le texte proustien. Proust voulait être largement populaire. C'est faux d'en faire un écrivain de chapelle, il faut l'éditer d'une manière qui le rende le plus lisible. (...) "J'ai sacrifié le précieux pour l'essentiel", affirmait Boy. Le résultat immédiat fut que Proust se lisait si facilement dès sa parution en polonais qu'on aimait à raconter une blague à Varsovie, qu'il faudrait retraduire Proust en français d'après la traduction polonaise, et que c'est alors seulement qu'il deviendrait un écrivain enfin populaire en France.
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"Nous étions quatre mille officiers polonais entassés sur dix-quinze hectares à Starobielsk, près de Karkhov, depuis octobre 1939, jusqu'au printemps 1940. Nous y avons essayé de reprendre un certain travail intellectuel qui devait nous aider à surmonter notre abattement, notre angoisse, et défendre nos cerveaux de la rouille de l'inactivité. Quelques uns de nous se mirent à faire des conférences militaires, historiques et littéraires. Ce fut jugé contre-révolutionnaire par nos maîtres d'alors et quelques uns des conférenciers furent immédiatement déportés dans une direction inconnue. Ces conférences ne furent quand même pas interrompues mais soigneusement conspirées".

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Nous appe­lons aujourd’hui tous les romans immenses, plus ou moins influen­cés par la forme de Proust, des romans-​fleuves. Mais aucun de ces romans ne répond à cette déno­mi­na­tion à ce point qu » « À la recherche du temps perdu ». Ce n’est pas ce qu’entraîne le fleuve avec soi : des bûches, un cadavre, des perles, qui repré­sentent le côté spéci­fique du fleuve, mais le courant même sans arrêt. Le lecteur de Proust, en rentrant dans les flots appa­rem­ment mono­tones, est frappé non par les faits, mais par les personnes telles ou autres, par la vague non arrê­tée dans son mouve­ment de vie même. Le projet primi­tif de son oeuvre, qu’avait Proust, n’a pas pu être réalisé dans sa forme exté­rieure d’après son désir. Proust voulait faire paraître cette immense « somme » en un seul volume, sans alinéas, sans marges, sans parties ni chapitres. Le projet sembla abso­lu­ment ridi­cule aux éditeurs les plus culti­vés de Paris et Proust fut forcé de morcelé son oeuvre en quinze ou seize volumes, avec des titres englo­bant deux ou trois volumes
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Je vois encore mes camarades entassés sous les portraits de Marx, Engels et Lénine, harassés après un travail dans un froid qui descendait jusqu’à quarante-cinq degrés sous zéro, qui écoutaient nos conférences sur des thèmes tellement éloignés de notre réalité d’alors. Je pensais alors avec émotion à Proust, dans sa chambre surchauffée aux murs de liège, qui serait bien étonné et touché peut-être de savoir que vingt ans après sa mort des prisonniers polonais, après une journée passée dans la neige et le froid, écoutaient avec un intérêt intense l’histoire de la duchesse de Guermantes, la mort de Bergotte et tout ce dont je pouvais me souvenir de ce monde de découvertes psychologiques précieuses et de beauté littéraire
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