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EAN : 9782755703924
185 pages
Panama (02/10/2008)
3.9/5   10 notes
Résumé :
Le 5 mars 1955, Nicolas de Staël assiste à un concert au théâtre Marigny, à Paris. Bouleversé par la musique d'Anton Webern, il décide de traduire par la peinture son émotion. Dix jours plus tard, il se jette par la fenêtre de son atelier. Pourquoi un artiste jeune, séduisant, au faîte de sa gloire met-il fin à ses jours? Jack Tiberton, journaliste au Washington Tribune, est le seul à connaître la vérité car, pendant ces dix jours, il était là. Il a tout vu, tout en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
L'art, la création, l'amour, la mort, L Histoire et les histoires de chacun se mêlent et nous captivent. Bizarrement, aucun commentaire sur ce qui a pourtant été à l'origine de l'émotion de l'artiste: la musique d'Anton Webern.
Autour du dernier tableau de Nicolas de Staël: le concert

Ce livre, quoique ce soit un roman, laisse une impression durable, autour des thèmes de la création artistique, du choc émotionnel (l'écoute de la musique de Webern déclenche l'acte de peindre), de la douleur et de l'exaltation qui entourent l'acte de créer.
Nicolas de Staël est suivi, entouré, aimé, sermonné et secoué par un journaliste américain, Jack Tiberton, qui, au départ, a pour mission d'écrire un papier sur l'artiste et ses femmes. Le propos, futile et people à souhait, est vite abandonné. D'abord parce que Staël prévient qu'il ne livrera rien dans ce domaine, ensuite parce que Tiberton va découvrir une dimension autrement plus prenante du peintre.

Les relations entre les deux hommes s'inscriront dans un registre dominant - dominé, frère blessé - frère secourable, avec des retournements de position, chacun des deux ayant sa part de douleur et d'interrogation. Ils en viendront presque aux mains quand chacun exprimera, comme pour les jauger et les comparer, toutes les blessures dues à la vie.

Le journaliste regarde l'artiste peindre, vivre, souffrir et prend des notes. Il assiste, silencieux et fasciné, à l'élaboration du dernier tableau De Staël, "Le concert", toile d'abord inondée de rouge sang, puis sur laquelle s'inscrivent des évocations de musique: une partition, des instruments et finalement la masse noire et douloureuse du piano.
Le tableau achevé, Nicolas de Staël se jette par la fenêtre.

En parallèle, le journaliste se raconte, sa blessure lors du débarquement en Normandie, son amertume face à ces Français si peu reconnaissants, alors qu'il souffre encore et garde une claudication prononcée de ce jour de juin 1944. Et puis, il veut retrouver la trace de Madeleine, son amour de cette époque et, finalement, les deux anciens amants renouent, furtivement. En écho, il pousse Nicolas à jeter au feu toutes traces de son amour blessé pour celle qui l'a abandonné. .

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Rouge majeurDenis Labayle


Nous sommes ici plongé dans l'univers de la peinture et de la création précédée des tous les tourbillons du vertige,jusqu' à y jouer sa vie ,jusqu'à y perdre sa peau.
Après avoir entendu en concert ,l'oeuvre de Webern ,nicolas De Staêl n'a qu'une pensée en tête :réaliser une oeuvre picturale qui fera jaillir des notes,d'où émanera le sentiment musical comme un accord parfait entre peinture et musique.ce sera l'oeuvre de la renaissance et le moment total où l'esprit en dépeignant le monde renait et se détruit.N'ayant de cesse de quitter Paris pour Antibes,il rencontre un jeune américain en quête de lui-même qu'il convie à la naissance de cette oeuvre unique et au moment solennel de la création,cet avénement douleureux de l'idée jusqu'à sa concrétisation sur la toile.Le journaliste sera son protecteur ,son allié et«son ange gardien».Les premières scènes du livre se situent dans un Paris tout à la fois en reconstruction et en ébullition artistique celle des années 50,au moment même où Picasso,Braque,Char tissérent les premiers embryons de leurs oeuvres maîtresses.Denis Labayle nous entraîne à leur suite dans une soirée mondaine après ce fameux concert et nous restitue le charme suranné des discussions vives,piquantes de ces intellectuels en pleine recherche parfois se fourvoyant dans la voie sans issue du Stalinisme ,à l'instar de cet écrivain masqué Marc Salliou(un Roger Vailland.matiné de Louis Aragon).Mais nicolas De Staël est ailleurs,tant son obsession le rend prisonnier de lui-même et l'abonne seul à l'acte pictural.A ses côtés, Jack Tiberton redécouvre le sol français qui l'a si mal accueilli -il fut l'un des premiers à sauter des embarcations américaines au moment du débarquement en Normandie le 6 juin 1944- et reste à jamais meurtri dans sa chair et dans son âme par un éclat d'obus.Beaucoup d'entre eux rentrèrent au pays sans être reconnu ,oublié par leurs congénéres parfois dédéniés par la France gaulliste.Malgré tout il reste nostalgique des ces petites rues parisiennes,de la vie culturelle du «vieux»continent et garde dans son coeur une place de choix pour l'amour vif de la belle Madeleine.Cette amitié entre l'artiste et le journaliste nous restitue la complétude d'un individu:celui qui est toujours ailleurs et celui qui veut rester sur terre.
L'émotion pure du peintre nous émeut et nous effraye à la fois ,c'est une âme slave en ébullition constante oscillant entre l'enthousiasme et la dépression ,sans demi-mesure,passant d'un projet brulant à la plus cruelle des désillusions.Le confident est en retrait,écoute les secrets d'un génie,s'exaspère de ses exaltations ,est présent lorsque le peintre chuchote à mi-voix son désarroi ou crie son dégoût des contingences matérielles.La tragédie se met en place progressivement sous le beau soleil de côte d'azur sur laquelle fondent tous les tourments ; «la peinture de Nicolas de Stael est en effet suivant ses mots entre « l'ordre et le chaos.Regardez chez moi tout est déchirure:j'aime le chaos ordonné ».
le lecteur ne sortira pas indemne du roman.
eric Furter
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« Rouge majeur » Denis Labayle (Editions dialogues.fr, 200 pages)
1955 ; un américain, blessé grièvement à la jambe lors du débarquement en Normandie, et qui, durant sa convalescence de deux ans en France a aimé follement une femme avant d'en être séparé, revient dans l'hexagone pour, comme journaliste, interviewer Nicolas de Staël. Celui-ci, qui a assisté à un concert de Webern, s'installe dans un atelier à Antibes, invite le journaliste à assister à l'élaboration de ce qui sera sa dernière toile, immense (6mx3m), « le concert ». C'est ce face à face de quelques jours entre les deux hommes, ponctué (bien sûr?) des retrouvailles entre le journaliste américain et son amour de jeunesse, qui est le coeur du roman, ou de ce reportage romancé mais apparemment bien documenté sur cette dernière création qui débouche sur le suicide du peintre. A priori donc une belle idée originale.
J'ai été assez déçu ; l'écriture, facile, m'a semblé pleine de lieux communs. Il y a aussi des « trucs » pour resituer des personnages historiques, des ambiances, que j'ai trouvés un peu "simplets" (ainsi, lorsque l'auteur met dans la bouche de Nicolas de Staël des phrases situant son époque artistique, ça m'a donné l'impression de cours scolaires illustrés).
L'intrigue amoureuse m'a semblé convenue, une sorte d'artifice supposé étoffer le romanesque.
Surtout, je crois qu'on pénètre de fait assez peu dans le processus de création du peintre, il faut attendre la seconde moitié du roman pour y arriver, alors que c'est cela qui m'avait tenté à l'achat. Mais cette lecture m'a au moins rendu plus curieux de ce peintre, en m'incitant à aller fouiller un peu plus son oeuvre sur le net. Pas de regrets donc, mais pas d'emballement non plus pour cet opus qui ne restera pas dans ma mémoire comme un grand roman, écrit par un auteur qui ne m'a pas mis en appétit.
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Rouge est le dernier tableau de Nicolas de Staël, celui qu'il n'a pas terminé quand il s'est défenestré à Antibes où était son atelier, le 16 mars 1955.
Ce tableau, c'est «Le Concert». Onze jours avant son suicide, le peintre avait été bouleversé par la musique d'Anton Webern, au théâtre Marigny, à Paris. Il n'avait alors eu de cesse de tenter de reproduire sur sa très grande toile l'émotion artistique qui l'avait envahi.
C'est à partir de ces faits réels que le roman de Denis Labayle est organisé.
Il imagine que huit ans après son débarquement en Normandie, un jeune journaliste américain retourne en France avec l'espoir d'y retrouver une femme qu'il a aimée pendant la guerre. En réalité il est envoyé par son journal auprès du peintre devenu célèbre pour connaître l'influence des femmes sur son oeuvre.

Les deux hommes se rencontrent au concert, sympathisent et vont vivre ensemble dans l'atelier du peintre les dix derniers jours de sa vie. Ils ne se comprennent pas, ne s'aiment pas vraiment et ne sont ensemble que par intérêt, nécessité et curiosité pour l'un et par peur de la solitude pour l'autre.
L'Américain retrouve la femme qu'il aime et qui quittera tout pour lui. Entre temps il vole un tableau du peintre qui, lui, à l'inverse, perd à la fois son inspiration, croit-il, et plus sûrement encore sa maîtresse dont il est fou, celle du «Grand nu bleu», le modèle pour qui il a abandonné femme et enfants. Il est dans une solitude totale, avec ses seuls tableaux, ses souvenirs d'enfance traumatisants et son insatisfaction chronique quant à son talent. Son dernier geste demeure une énorme interrogation face à une oeuvre inachevée. Il avait 41ans.

J'ai aimé tout ce qui évoque la réalité du peintre, les allusions à sa vie, à ses tableaux, à ses amours, bref, j'aspire à une biographie. L'enrobage du roman m'a beaucoup moins convaincue.
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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Ce livre est une publication de « Dialogues.fr », qui a eu la bonne idée de rééditer le très beau roman de Denis Labayle, publié initialement par les Editions du Panama en 2007 (la maison d'édition a fait l'objet d'une liquidation judiciaire en 2009). C'est un livre classé dans les coups de coeur de mon comité de lecture, mais que je n'avais pas encore lu.

L'auteur nous présente le destin croisé de deux hommes : Nicolas de Staël, peintre renommé du XXème siècle et Jack Tiberton, personnage fictif. Nous sommes en 1955. Jack Tiberton est de retour en France, 10 ans après sa libération. Il porte dans sa chair les marques de la guerre, marques qui datent de sa participation au débarquement des alliés en Normandie. C'est en tant que journaliste culturel qu'il est en mission à Paris. le Washington Tribune attend de lui un reportage sur un peintre en vogue, Nicolas de Staël. Durant dix jours, le journaliste va suivre le peintre dans les affres de la création, partageant avec lui ses doutes et ses obsessions. Cette rencontre, qui se terminera de façon tragique pour le créateur, sera le début d'une nouvelle vie pour le journaliste.

Ce livre passionnant permet de découvrir l'oeuvre d'un grand peintre et de l'approcher au plus près par le biais d'un journaliste imaginaire. On ne s'ennuie pas une seconde, emporté par un récit sous forme de confidence. Afin de mieux m'imprégner de l'oeuvre de Nicolas de Staël, j'ai regardé plusieurs fois pendant ma lecture, via Internet, les tableaux cités dans le roman et notamment « le concert », oeuvre inachevée de l'auteur, qui s'est suicidé sans terminer son ulti me chef-d'oeuvre…

Un très beau livre qui permet de se cultiver tout en se distrayant.


Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Velasquez utilisait vingt-sept noirs différents... Et moi, des gris, j'en ai dénombré près de cent.
Le bleu, c'est une aspiration vers l'inconnu. J'ai toujours aimé cette apparition de l'infini sur terre. Quand tu fixes un ciel bleu,tu vois la réalité abstraite en mouvement. Mais pour cette nouvelle toile, je cherche autre chose. Le rouge me fascine autant qu'il m'inquiète. Je l'ai longtemps tenu à l'écart ou utilisé par touches, avec parcimonie. Mais depuis quelque temps, cette couleur m'envahit. Pour Le Concert, le rouge s'impose comme une évidence. J'ai rendez-vous avec lui et je crois que je vais m'y rendre
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L'artiste doit répudier la toile terminée le plus tôt possible, afin qu'elle ne serve pas de modèle à la suivante. Ma peinture se situe comme ma vie, dans un espace étroit entre l'ordre et le chaos. Je fuis le stable, le simple, toujours trompeur. Il y a quelque chose de mort dans le parfait défini. L'art doit être recherche, aventure, instabilité. Une toile réussie est une toile sui bouscule l'esprit jusqu'au vertige. Sans vertige, pas de génie. Comment pourrais-je atteindre le hasard en m'entourant de certitudes? Chez moi, tout est déchirure. J'aime le chaos ordonné
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Jusqu'à la dernière minute Nicolas a peint. Il a ajouté, à droite des partitions, une imposante contrebasse dans les teintes orangées. Etrange instrument à la silhouette humaine, surmonté d'un bras et peut-être d'un doigt dirigé vers le ciel. Un doigt prêt à recevoir l"éclair créateur"
L'ensemble affirme enfin son équilibre.
Pourquoi avoir abandonné si près du but ?
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Je dois peindre les notes d'une nouvelle symphonie et je ne suis pas sûr de cet effet figuratif. Plus l'orchestre prend forme, plus j'hésite. Ces instruments m'emprisonnent. Je dois les dépasser,mais jusqu'où aller pour les rendre à la fois visinles et parfaitement audibles.... Je marche comme un funambule dur le fil des émotions.
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...ce peintre de génie me permet de larguer les amarres de ma propre médiocrité.
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Vidéo de Denis Labayle
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