Saint-Etienne - Santiago

Un court prologue donne un indice sur le fondement de l'intrigue qui va suivre. Septembre 1973, le Chili vit un événement marquant de son histoire. le gouvernement du président démocratiquement élu Salvador Allende est renversé par un coup d'État militaire mené par le général Pinochet. Parmi les putschistes qui participent à l'élimination d'opposants communistes se trouvent deux Français, qui ne vivent pas cet épisode tragique avec la même sensibilité.

Un bond dans le temps et l'espace nous amène à Saint-Étienne en 2004. Les élections régionales approchent, la montée de l'extrême droite est tangible, le FN se posant en arbitre du choc entre UMP et PS. le candidat frontiste n'est cependant pas aussi serein qu'il devrait l'être, des personnes mal intentionnées à son rencontre menaçant de faire resurgir une période peu glorieuse de son passé.

Jusque-là tout est plutôt limpide pour le lecteur, mais cela se complique par la suite. Une véritable intrigue policière prend place avec le décès d'une brave dame dans une maison de retraite, mort qui aurait pu passer pour purement accidentelle si deux pensionnaires, âgées mais perspicaces, n'avaient apporté au Capitaine Gérald SÉVERINE l'élément crucial faisant basculer l'affaire du côté criminel. L'incendie de l'entrepôt d'un brocanteur sans histoire plonge les enquêteurs dans un abime de perplexité et le capitaine se trouve en charge d'une affaire qui apparaît rapidement comme multifacettes, avec des protagonistes n'ayant apparemment aucun lien entre eux.

Le suspense est garanti jusque dans les dernières pages qui dévoilent tous les tenants d'une intrigue bien construite. le capitaine Séverine est plutôt attachant, en flic quelque peu désabusé qui supporte mal une hiérarchie n'assumant pas totalement ses responsabilités, et nostalgique d'un sud-ouest qu'il aime retrouver dans un verre de Madiran.

Premier roman de Jean-Louis Nogaro que je lis, et j'ai apprécié son choix d'ancrer son histoire policière dans sa région natale du Forez, et dans un certain contexte historique, politique et social.

Habitant la région stéphanoise depuis bientôt 2 ans, il était temps de découvrir un auteur local. C'est chose faite avec ce polar de Jean-Louis Nogaro dont l'action se passe au coeur de Saint-Étienne. On se retrouve donc plongé dans des lieux connus, les rues et les quartiers fréquentés régulièrement. Tout ceci agrémenté de quelques (trop peu!) expressions en gaga stéphanois comme "La même" ou le fameux "être en caisse" bien souvent mal interprété par les non initiés!
L'intrigue en elle-même est bien menée, on ne s'ennuie pas une seconde. Sur un fond politique, c'est une enquête très réaliste.
Un polar simple, une lecture facile. Pour moi, le véritable intérêt de ce livre est son encrage local.
Et maintenant je penserai au capitaine Séverine en passant devant le 99, Cours Fauriel!
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