Avant de m'attaquer au dernier pan de la trilogie de la bête, j'ai eu envie de prendre "une dose" de
David Goudreault avec des personnages différents.
Elle fut savoureuse cette dose de mots. Une saveur absolument déroutante, atypique ! Bluffante !
David Goudreault joue avec ses lecteurs, maintient le suspense, jongle avec les mots, et il le fait diablement bien.
La forme, un récit éclaté, polyphonique, déconstruit, des chapitres désordonnés, mais jamais je ne me suis perdue. D'ailleurs « La vie n'a pas de sens, c'est le récit qu'on en fait qui lui en donne. Quelle idiotie de prétendre raconter quoi que ce soit de pertinent si on demeure figé dans la rigidité linéaire ! Les romans, les biographies et les récits devraient tous s'écarter de ce formalisme mensonger. La vérité passe par l'éclatement des chapitres et des strophes dans un désordre ne répondant qu'à un souci de compréhension, d'intelligibilité, de cohérence. La ligne droite est un injustifiable détour. »
Le fond : un livre sur les écorchés en errance, le deuil (il « y a des deuils qui nous habitent longtemps »), notre société, la littérature et le travail de l'écrivain, la vie. Sur la liberté. Soyons libre « de tout gâcher, d'éblouir, de décevoir, d'aimer, de s'enfuir, libre de mourir ».
Pas envie d'en dire plus, pour garder la surprise intacte à ceux qui souhaiteraient ouvrir ce livre. Juste peut-être qu'il y a cette jeune fille talentueuse, avec sa « vie de funambule unijambiste progressant sur un fil barbelé », ce génie qui incarne pleinement cette liberté, et un biographe qui nous donne la vision de sa réalité.
C'est ingénieux, subtil, philosophique, terrifiant aussi.
« Combien d'enfants se sont pendus au bout des liens d'attachement qu'ils n'ont jamais eus ? »
David Goudreault, merci !
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