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EAN : 9782213655147
320 pages
Fayard (03/01/2014)
3.86/5   275 notes
Résumé :
Né à Nice de parents algériens, Mourad voudrait se forger un destin.
Son pire cauchemar : devenir un vieux garçon obèse aux cheveux poivre et sel, nourri à base d'huile de friture par sa mère.
Pour éviter d'en arriver là, il lui faudra se défaire d'un
héritage familial pesant.
Mais est-ce vraiment dans la rupture qu'on devient
pleinement soi-même ?

Dès son premier roman ('Kiffe kiffe demain', 2004), Faïza Guène s'... >Voir plus
Que lire après Un homme, ça ne pleure pasVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (69) Voir plus Ajouter une critique
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Je ne vais pas retenir votre attention très longtemps, beaucoup ont déjà exprimé leur appréciation sur ce livre... j'y ajoute, vite fait, ma voix.
Dès le début, j'étais dans l'ambiance... jusqu'à ressentir cette histoire comme un réel moment de vie pris sur le vif. de succulentes petites phrases m'ont maintenue très souvent avec le sourire aux lèvres, et parfois la larme à l'oeil.
C'est drôle et sensible sans mièvrerie.
Voici un excellent moment de lecture que je recommande sans hésiter.
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« Où t'étais ? T'as vu l'heure ? Je vais t'apprendre, moi, à me respecter !
Tu crois que tu t'appelles Christine » ?
Ces mots Abdelkhader les a dits maintes et maintes fois à Dounia, sa fille ainée, la rebelle, celle qui ose lui tenir tête, à lui, le « padre ».
Finalement, elle partira, pour être libre et vivre sa vie et ses rêves, tout simplement. Elle deviendra avocate, se lancera dans la politique et écrira un livre.
Une vie réussie également pour Mourad, le narrateur, professeur dans la banlieue Parisienne.
La benjamine, Mina, la discrète, fidèle à l'image de la mère s'épanouira en élevant ses enfants.
Un conflit de génération aggravé par un déracinement culturel constitue la trame de ce roman magnifiquement écrit.
On y voit le choix forcené des enfants d'accéder au modernisme s'opposant à la rigueur des parents imprégnés de manière irréversible de leurs traditions ancestrales.
Un dur parcours conté avec une pointe d'humour par Faïza Guène, ou les liens familiaux seront soumis à rude épreuve mais résisteront finalement à l'explosion familiale.
Une remarquable démonstration d'intégration qui surmonte toutes les difficultés même les plus grandes.
A l'origine, pas particulièrement sensibilisée par cette question, l'auteure a réussi à me faire prendre conscience du prix à payer par ces déracinés.
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Dans la famille de Mourad, c'est le papa que je préfère. Il ne sait ni lire ni écrire, et quand il demande à son fils de lui faire la lecture à haute voix, il attend que l'intonation soit celle d'un journaliste. Cordonnier, il ne compte pas sa peine pour que ses trois enfants puissent ‘travailler avec leur tête', eux.
La maman est du genre ‘mama' excessive et étouffante, mère méditerranéenne, mère juive, appelez ça comme vous voulez - « une mère pieuvre aussi aimante qu'envahissante ».

L'éducation de ce couple algérien exilé à Nice aura des effets différents sur les trois enfants : l'aînée reniera ses origines au nom de la laïcité et de l'émancipation féminine ; la cadette, docile, suivra la ‘voie tracée' ; tandis que Mourad, le benjamin, sera à la hauteur des ambitions paternelles en devenant prof de français.

Encore une chronique familiale tendre, émouvante et bien vue.
Et comme l'auteur est Faïza Guène, fille d'émigrés algériens, il est question d'identité culturelle et de volonté de s'affranchir des traditions, d'autant plus forte, sans doute, lorsqu'on a changé de pays, et/ou de milieu social (cf. Annie Ernaux, Edouard Louis...).
Au-delà de ces thématiques, on retrouve toutes les difficultés d'une famille ordinaire : différends dans le couple parental, querelles dans la fratrie notamment quant au partage des tâches pour veiller sur les vieux parents, brouilles durables…

Un bon moment de lecture, qui m'a rappelé certains romans de Samuel Benchetrit, Yaël Hassan, ‘Entre les murs' (Bégaudeau), ‘Présent' (Benameur)…
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Roman repéré à La Grande Librairie et fortement conseillé par la médiathèque que je fréquente : deux bonnes raisons de se lancer sur ce roman.

Dans ce roman, Faïza Guène fait le portrait d'une famille d'origine algérienne dont les membres vivent leur rapport aux origines et à la France de manières très différentes. Et les confrontations sont parfois juteuses !

Si le début ne m'a pas trop emballées - la fin non plus d'ailleurs. Il faut tout de même reconnaître que Faïza Guène a fait le choix d'une narration très simple, très vraie et drôle - un parler très algérien ! - ce qui en fait un récit authentique et touchant.
Grâce à la chaleur et la simplicité de ses personnages d'origines modestes, l'auteur fait ressortir des contradictions "honteuses" de la société française moderne. Ces reproches visent principalement les relations humaines avec l'ingratitude et le manque de respect des enfants vis-à-vis de leurs aînés (et surtout de leurs parents!) et le manque de liens sociaux profonds entre les gens devenus aussi facilement jetables et remplaçables que des objets high-tech.
Et parallèlement à cela, Mourad (le personnage principal) qui devient professeur de français dans le 93 assiste assez perplexe aux éternels débats entre ses collègues sur le glissement des valeurs familiales et les conséquences dans leur métier (jeunes avec des repères flous que le système n'est plus apte à aider avec des simples transmetteurs de savoirs).
Dans ses descriptions j'ai autant reconnu des moments vécus dans ma propre famille ou avec des amis, et aussi dans mon travail ! (la précision des faits "made in Education Nationale" est d'ailleurs bluffante!)

En revanche, j'ai trouvé que le personnage de Dounia - celle qui s'éloigne de sa famille et des traditions pour s'assimiler totalement à la vie française - beaucoup trop caricatural. Bien sûr, il n'en reflète pas moins une certaine réalité, mais la façon de la diaboliser est bien trop surfaite ; et l'auteur y perd de sa crédibilité. On comprend bien à travers ce personnage l'attachement de Faïza Guène à ses traditions, ses racines et le caractère immuable et sacré qu'elle leur prête. Mais entre ce personnage et la diatribe enflammée pro port du voile à l'école : non ! c'est trop. Certes, je ne partage pas son point de vue, mais là n'est pas le problème, il me semble que son opinion aurait pu être exprimée de façon moins vindicative.
Au final, comme son personnage qu'elle critique tant, Faïza Guène semble vouloir régler des comptes. Peut-être cette fougue mal dirigée sera-t-elle plus raisonnée avec l'âge..

Malgré ce petit bémol, ce fut une découverte bien sympathique !
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L'auteur retrace avec un art consommé de la formule une tranche de vie de Mourad, jeune prof de français stagiaire et sa famille.
Style truculent, intimiste, phrases en verve, . Voilà ce qu'on retient en liminaire.
Mourad d'origine algérienne a toujours vécu en France, à Nice précisément. Son père, un ancien cordonnier, mais aussi ferrailleur, brocanteur… En fait, il récupère tout ce qu'il trouve au grand désarroi de sa mère qui voyait son jardin devenir un genre de "cimetière de ferraille. Ça déborde de partout…". "Des vieilles machines à laver rongées par la corrosion, de la tôle, des bancs publics, des panneaux de signalisation, une chaise d'arbitre de tennis"… Sa mère, femme au foyer, est comment dire très dévouée. Comme toujours. Ça ce n'est pas très gênant. Ce qui est …c'est qu'elle en attend en retour». Et après il y a ses deux soeurs : Mina et Dounia. Mina a toujours eu une tendresse pour les vieux. "Adolescente, elle passait ses mercredis après midi à jouer au Scrabble à la maison de retraite". "Elle y travaille aujourd'hui". A 20 ans, Mina a rencontré Jalil, un aide soignant de la maison de retraite et ils ont trois enfants.
Sa deuxième soeur, Dounia, n'a pas eu la même voie, la même vie. Très tôt elle s'est rebellée contre les règles de sa famille. "Les conflits sont devenus de plus en plus fréquents. Dounia rentrait de plus en plus tard, sans rendre compte à personne et ne racontait que très peu de choses sur sa vie. Cependant Dounia a réussi brillamment sa formation et est devenue avocate comme elle le voulait". Puis elle a quitté la maison «les yeux embués, sans se retourner… 10 ans sans la voir". Mourad lui, entretemps, a continué à grandir, bon élève mais toujours seul. D'ailleurs la solitude l'avait conduit à aimer les lettres et enseigner le français. Il a réussi à décrocher le Capes, le certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du deuxième degré. Mais pour son premier poste, on l'a envoyé en région parisienne, en Seine-Saint-Denis, le 93, au grand dam de sa mère. "Si j'avais su que tu deviendrais professeur on serait retournés en Algérie après la retraite de votre père. Là-bas les enseignants sont respectés au moins".
Mourad va donc partir pour Paris où il sera hébergé par son cousin Miloud, un drôle de personnage celui-là aussi. Car "Miloud avait passé beaucoup de temps assis aux terrasses des cafeterias algéroises dans sa jeunesse. C'était un amateur de presse". Il a changé. "Ce n'était plus du tout le jeune homme que j'avais laissé à Alger ; celui qui, en se levant le matin, se nettoyait les yeux avec sa salive", écrit Faïza Guène. Maintenant, il fréquent Liliane, une bourgeoise fortunée qui réside au XVIe arrondissement de Paris. Elle a même un majordome, Mario. C'est dire … "C'était une grande bourgeoise, chargée d'un nom à particule, traînant des comptes en banques en Suisse, des biens immobiliers". "L'appartement de Liliane est bondé comme un wagon de la ligne 6 à 18h40", glisse l'auteure dans son roman. Liliane a un demi-siècle et un fils unique, Edouard, qui vit à New York.
Par ricochet donc, Mourad est hébergé par Liliane et Miloud. C'est dans ce contexte qu'il va commencer sa vie de professeur au collège Gustave Courbet. Son père, souffrant d'un AVC, avant qu'il ne parte de Nice a exprimé à Miloud son souhait de revoir sa fille Dounia avant de mourir. C'est à Paris que Mourad reprend contact avec sa soeur qu'il emmène revoir son père.
Voilà à grands traits la trame de Un homme, ça ne pleure pas. Avec ce roman, Faïza Guène a montré tout son talent d'écrivain à sensibilité singulière. L'écriture y est sans fioritures, simple mais parfois très inspirée. Un roman qui se lit d'un trait

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critiques presse (3)
Bibliobs
19 mars 2014
Faïza Guène publie "Un homme, ça ne pleure pas". Et sur les questions identitaires, c'est un roman très malin.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Lexpress
14 mars 2014
Ce très beau roman en dit beaucoup plus sur la vie que tous les traités de sociologie ou les discours politiques.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
03 mars 2014
On ne l'avait pas lue depuis six ans. Avec Un homme, ça ne pleure pas, Faïza Guène opère un retour tout en maturité. Portrait d'une romancière qui a su incarner, plus que toute autre, une certaine littérature française du bitume.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
Quand j'étais gamin, le padre disait : 'Trente-cinq ans à clouer des semelles ! Tac tac tac ! Toute ma vie, j'ai usé mes mains pour permettre à mes enfants de travailler avec leur tête !'
La réussite scolaire était une chose très importante à ses yeux.
A l'arrivée du bulletin de notes, comme à son habitude : 'Assieds-toi près de moi et dis-moi ce qu'il y a de marqué là-dessus avant que je signe.'
Je lui répétais une à une les moyennes sur vingt, les appréciations de l'institutrice, et lui faisais remarquer fièrement qu'il n'y avait aucun point rouge dans la colonne du comportement.
'C'est bien, mon fils, je suis content.'
Lentement, il apposait au stylo Bic une petite signature d'illettré, tremblotante, fébrile, qui ne donnait pas le moindre indice sur son caractère bien trempé. Puis, il replaçait le capuchon sur le stylo et l'accrochait avec les autres, à la poche de sa chemise à manches courtes, comme un médecin généraliste, bien qu'il ne sache ni lire ni écrire.
(p. 12-13)
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-bah, parce que Babar, c'est rien d'autre qu'une histoire à la gloire du colonialisme, et puis c'est tout.. j'ai pas envie de faire lire ça à mes gosses !
- Toi et tes théories, Mina ! Tu crois pas que t'abuses ?
- Ah ouais ? Une vieille dame blanche qui apprend les bonnes manières à un éléphant . Du jour au lendemain, il se met à marcher sur deux pattes, à porter des costards trois-pièces, à conduire une voiture, pour finalement retourner dans la jungle et imposer son nouveau mode de vie à toute sa tribu d'éléphants....T'appelles ça comment, toi ? "
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Je savais que je ne serais pas de retour avant le mois de novembre. Le padre m'avait donné quelques conseils.
« Mange correctement. Fais tes prières. Ne te fais pas trop d'amis. Un ou deux, ça suffit. Et téléphone à ta mère. »
A quelques mots près, il m'avait dit la même chose après avoir finalement accepté de me laisser partir en classe de neige en Savoie. Ils ont été obligés devant l'insistance de mon instituteur, monsieur Mounier.
« Madame Chennoun, si Mourad ne vient pas avec nous, ce sera le seul de toutes les classes de CM2 à rester à Nice ! Il passera trois semaines à s'ennuyer dans une section de CM1 ! Et à notre retour, ce sera pire ! Ses camarades partageront cette expérience sans lui. Il se sentira exclu !
- Vous savez, monsieur le maître, ça arrive à tout le monde de se sentir exclu dans la vie. Il faut bien que ça commence un jour. Ça lui donnera du caractère.
- Si vous êtes inquiets pour sa sécurité, je peux le comprendre, je suis papa de trois enfants, mais on ne peut pas les garder enfermés toute la vie. Ils doivent grandir et s'épanouir sans nous. L'équipe veillera à ce que tout aille bien, je vous donne ma parole.
- Et l'accident de car dans le tunnel au mois de novembre ? Des enfants de 8 ans ! Vous avez vu ça à la télévision ? Tous morts ! Ils allaient à la montagne eux aussi et leur instituteur a peut-être donné sa parole à leurs parents ! »
(p. 94-95)
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Comme chaque fois que je cherchais le médecin dans les couloirs du service et tandis que mes baskets couinaient sur le sol tout juste lustrés, je m'interrogeais encore.
Est-ce qu'il existe dans les facultés de médecine un cours magistral donné par un éminent professeur sur l'art d'esquiver les familles de patients ?
Parce que je trouve qu'ils font ça de manière impeccable.
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C'était le mois de juillet et, comme chaque été, Nice apportait son lot de vieilles à figure liftée. Une espèce protégée dans les Alpes-Maritimes.
On les reconnaît assez facilement.
La plupart du temps, elles se font rôtir les genoux sur les bancs de la promenade des Anglais en se pavanant derrière 'énormes lunettes Dior ; et leurs cheveux, abominablement blond platine, sont crêpés et relevés en chignon. Souvent elles traînent un clébard chétif au bout d'une laisse en cuir et portent des couleurs criardes qui ne sont plus de leur âge.
Elles m'ont aidé à comprendre que même beaucoup d'argent ne permet pas d'acheter le bon goût.
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Vidéo de Faïza Guène
Pour cette dernière émission de la saison, Augustin Trapenard reçoit plusieurs grands auteurs dans La grande librairie. Parmi eux, Philippe Besson, Faïza Guène, Mathias Enard, Katherine Pancol, Caryl Ferey et Chloé Delaume. Ils viennent livrer, tour à tour, leurs cris du coeur, ou leurs coups de griffe concernant un grand classique de la littérature.  Après avoir fait l'éloge du Petit prince pendant de longues minutes, Faïza Guène, écrivain et scénariste à l'origine de Kiffe Kiffe Demain, publié en 2009 et vendu à plus de 400.000 exemplaires, livre une critique acerbe sur le roman de Franz Kafka, La métamorphose, publié pour la première fois en 1912.  Un ouvrage qu'elle considère comme une "horreur" et qu'elle résume de la sorte : "Je vous la fais courte mais en gros, c'est un mec, il se lève, il a la flemme, il se transforme en cafard. Je l'ai reçu comme un test désespérant". Elle explique ensuite sa pensée, racontant qu'elle l'a lu à l'âge de 16 ans et que ce n'était sans doute pas le moment pour elle de le dire, manquant un peu de recul sur l'humour qu'il peut y avoir. Un avis visiblement partagé par Philippe Besson.
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