Avec
Vers la flamme,
David Hennebelle aborde un sujet malheureusement récurrent, le massacre des Yanomami, l'extinction de leur culture ancestrale et la destruction de leur environnement : la forêt amazonienne.
Paliki va les rencontrer pour les photographier avec respect et bienveillance. Mais l'expédition est un échec et elle doit rentrer avec ce goût d'inachevé.
Après de nombreux efforts, elle arrive à réunir assez de fonds pour repartir dans cette forêt qui contient tout ce dont ce peuple a besoin, nourriture, matériaux, et même les esprits, les xapiri. Au fil du temps, elle laisse de côté son projet de photographie pour s'immerger complètement dans la culture de ce peuple accueillant au point d'en faire partie, malgré la blancheur de sa peau et la douceur de ses cheveux.
Malheureusement, le gouvernement de Jair Bolsonaro, contre tout respect de la planète, agrandit son plan de transamazonienne, véritable condamnation à mort de ce peuple qui ne peut lutter avec les tronçonneuses, les engins, les armes à feu, les maladies inconnues jusqu'alors et la culture occidentale qui attire certains jeunes Indiens. Les massacres continuent.
Derrière le personnage de Paliki,
David Hennebelle rend hommage à l'immense travail de
Claudia Andujar, elle aussi photographe et activiste. Pour entrer en contact avec les Yanomami, ces derniers ne possédant pas d'écriture, elle les a fait dessiner. de cette façon, ils lui ont raconté leur quotidien, les rituels chamaniques, leur rapport à l'environnement, etc.
On retrouve dans le roman certaines de ses photos célèbres, comme, entre autres, le visage d'un enfant à fleur d'eau et les portraits en pied des Yanomami, avec pour seule identification, non pas un nom ou un surnom, mais un chiffre, fait exceptionnel qu'ils aient accepté de poser, car contraire à leurs croyances. Ces photos ont fait l'objet de nombreux reportages dans des magazines internationaux et d'expositions.
J'ai particulièrement apprécié les passages en pirogue sur le fleuve entouré de la puissante forêt, la relation avec les Yanomamis et la nature. Détails précis, ambiance vécue, ressenti des éléments. Par contre, j'ai trouvé que le calendrier avançait trop vite dans la deuxième moitié, ce qui enlevait la notion de roman pour se transformer un peu en compte-rendu.
N'est reste pas moins le besoin de dénoncer par cette voix supplémentaire cette catastrophe humaine et écologique mise en oeuvre au nom du profit.
Je tiens à rendre hommage à Ropni Metyktire, né vers 1932 au Brésil, grand chef du peuple kayapo. Figure mondiale de la lutte pour la préservation de la forêt amazonienne et de la culture indigène, il a traversé mers et océans pour tenter de combattre ce qui semble aujourd'hui irréversible.
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