Ça n'allait déjà pas fort avec la lecture du premier tome, et c'est sans doute pour ça que j'ai mis plus d'un an à lire le tome 2. Ce dont j'aurais pu m'abstenir.
On était déjà dans l'uchronie, on bascule dans le révisionnisme. Parce que traiter l'Histoire de cette manière, ça revient à ça. Qu'on imagine que les Romanov n'aient pas été tués à Iekaterinbourg, bon, c'est une légende qui court depuis longtemps, pourquoi pas broder dessus. Faire de la famille Romanov, et en particulier du tsar
Nicolas II, de braves gens qui, après bien des épreuves, se rallient aux thèses de Marx... C'est un peu gros, tout de même ! Ajouter l'Angleterre, l'Allemagne, et, oui, oui, oui, Hitler au milieu, non seulement on n'en voit pas l'utilité, mais ça sent tout autant les gros sabots.
Et puis cette façon de raconter l'épopée des Romanov, qui vont d'embûche en embûche, mais tombent toujours au moment opportun, au moment crucial où ils allaient y passer, sur des sauveurs, c'est lourd. Déjà la première fois, c'est lourd. La deuxième, encore plus, la troisième, la quatrième... Vous avez saisi le concept. Sans compter que les péripéties s'enchaînent bien trop vite pour qu'on puisse s'attarder sur les personnages secondaires, et donc comprendre certains enjeux des révolutions de 1917. Notamment en ce qui concerne les multiples minorités qui avaient fait front commun avec les socialistes pour changer de régime politique et qui ont fini par se retrouver le bec dans l'eau une fois le mouvement bolchevique et
Lénine au pouvoir. Donc ces représentants de certaines minorités de Russie ne servent qu'à deux choses, sauver les Romanov d'une part, montrer que la violence est partout, d'autre part, et que des sauveurs peuvent aussi s'avérer des monstres assoiffés de sang (cf. l'avant-dernière planche). Quant à l'histoire d'amour, à Volodia et à Anastasia, ils ne servent à rien du tout !
Je vais donc répéter ce que j'avais déjà écrit à propos du premier tome : il existe un point fort dans cet album, c'est le travail graphique de
Mayalen Goust, qui s'est donné du mal question dessin, mise en page et colorisation. Résultat : c'est de la confiture donnée à un cochon. Et encore ! Après tout, rien ne prouve que les cochons n'apprécient pas pour de bon la confiture, alors qu'il est évident que
Benoît Abtey et
Jean-Baptiste Dusséaux ont massacré les efforts de
Mayalen Goust, à qui on doit les seules qualités de la série. Argh !