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Marilène Raïola (Traducteur)
EAN : 9782020256452
214 pages
Seuil (21/03/1998)
4.04/5   12 notes
Résumé :
HOMO SACER
Le pouvoir souverain et la vie nue.
Dans le droit romain archaïque, homo sacer est un homme qu'on peut tuer sans commettre d'homicide, mais qu’on ne peut pas mettre à mort dans les formes rituelles. C'est cette vie insacrifiable et pourtant absolument exposée à la mort qui donne ici la clef d'une relecture de notre tradition politique. En suivant la trace du rapport constitutif entre la vie nue et le pouvoir souverain, d'Aristote à Auschwitz... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'invite à lire ce livre, dont je n'ai pas fini d'analyser toutes les implications, avec attention, même s'il est ardu. Cela nous permet de comprendre qu'à l'origine de la politique moderne, la biopolitique, il y a eu un sacré bémol à partir du moment où la vie même (et non plus les territoires, etc.) est devenue l'enjeu stratégique. Les processus de subjectivation en sont le limon et nous conduisent paradoxalement à la soumission et à des aberrations.
Foucault affirmait déjà que « l'État occidental moderne a intégré une quantité sans précédent de techniques d'individuation subjectives et de procédures de totalisation objectives. » Il parlait alors d'un véritable « double lien politique, constitué par l'individuation et la totalisation simultanée des structures du pouvoir moderne ». Mais il n'a pas eu le temps d'en déduire toutes les implications notamment la logique qui a conduit aux camps de concentration et aux états totalitaires. Cela constitue le projet de la présente recherche d'Agamben.
« L'homo sacer » (« sacer » est un terme sémantiquement ambigu qui recouvre autant ce qui est saint que maudit), en deçà et au-delà de toute signification religieuse, c'est l'homme à la vie nue où s'applique le pouvoir souverain à la fois tuable et insacrifiable, mis au ban de la société dans une exclusion-inclusion.
Car le souverain est avant tout le dépositaire de l'état d'exception et, grâce à cette structure implicite paradoxale qui remonte aux origines du pouvoir et qui présuppose une zone vide —une zone d'indifférenciation où se niche la puissance conjuguant violence et arbitraire, une sorte d'impensé dont la présence est voilée — et il peut décider à tout moment ce que bon lui semble, et surtout faire en sorte que cette vie d'homme soit réduite à la vie nue. À contrario, toute revendication, légitime ou pas, se mortifie en norme, car elle fait l'objet d'une récupération qui ne vise que notre assujettissement.
« Est sacrée à l'origine, c'est-à-dire exposée au meurtre et insacrifiable, la vie dans le ban souverain. Et la production de la vie nue devient, en ce sens, la prestation originaire de la souveraineté. »
« L'homo sacer », c'est l'Aleph de la politique, le principe premier, là d'où partent tous les possibles et où nos démocraties s'enlisent et c'est déjà ce qui a permis aux totalitarismes de tout bord de prendre leur essor...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Contrairement à ce que la modernité est habituée à se représenter comme espace de la politique en termes de droits du citoyen, de libre volonté et de contrat social, seule la vie nue est authentiquement politique du point de vue de la souveraineté. C'est pourquoi, chez Hobbes, le fondement du pouvoir souverain consiste moins dans la cession par les sujets de leur droit naturel, que dans le fait que le souverain conserve son droit naturel d'agir sans limites vis-à-vis de n'importe qui et de n'importe quoi; prérogative qui se présente désormais comme droit de punir.
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Notre époque se caractérise par la nécessité politique implacable de produire un peuple un et indivis.
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La vie est sacrée uniquement en tant qu’elle est prise dans l’exception souveraine ; et la confusion entre un phénomène juridico-politique et un phénomène proprement religieux est à l’origine de toutes les équivoques qui, à notre époque, ont aussi bien marqué les études sur le sacré que celles sur la souveraineté.
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Le paradoxe dont part Arendt, c'est que le réfugié, figure qui aurait dû incarner par excellence l'homme des droits, masque au contraire la crise radicale de ce concept.
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Videos de Giorgio Agamben (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Giorgio Agamben
Lundi 8 août 2022, dans le cadre du banquet du livre d'été « Demain la veille » qui s'est déroulé du 5 au 12 août 2022, Yannick Haenel tenait la conférence : L'amour, la littérature et la solitude.
Il sera question de cette attention extrême au langage qui engage notre existence. C'est-à-dire des moyens de retrouver, à travers l'expérience poétique de la solitude, une acuité, une justesse, un nouvel amour du langage. Écrire, lire, penser relèvent de cette endurance et de cette précision. C'est ce qui nous reste à une époque où le langage et la vérité des nuances qui l'anime sont sacrifiés. Écrire et publier à l'époque de ce sacrifice planétaire organisé pour amoindrir les corps parlants redevient un acte politique. Je parlerai de Giorgio Agamben, de Georges bataille, de László Krasznahorkai, de Lascaux et de Rothko. Je parlerai de poésie et d'économie, de dépense, de prodigalité, et de la gratuité qui vient.
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