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EAN : 9782070328710
560 pages
Gallimard (02/02/1995)
4/5   12 notes
Résumé :
«Mes pensées sont déjà assez hardies ; je supplie qu'on n'y ajoute rien. J'ai donné assez de preuves d'obéissance stricte dans mes fonctions de brigadier d'artillerie. Si quelques-uns ont de la peine à accorder cette déclaration avec ce qu'ils vont lire, cela prouve qu'ils ont besoin de me lire plus d'une fois.»

Dans une centaine de propos, Alain juge la guerre et n'en oublie rien : l'histoire, la révolte, la situation du soldat, paysan ou prolétaire,... >Voir plus
Que lire après Mars, ou, La guerre jugée (1921)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Quoi de plus absurde qu'une guerre menée de manière absurde, et regardée comme une activité admirable (presque normale), avec des obligations de résultats en termes de nombre de soldats tombés au champ d'honneur !? Et prétendre même qu'il puisse y avoir de l'honneur dans ces affrontements, c'est bien le comble.
Je ne connais pas de texte plus meurtrier contre la guerre que ce recueil de très courts chapitres tous plus incisifs les uns que les autres, écrits par un philosophe dont on sent bien qu'il n'a pas vu de plus vaine effusion de sang que la grande hécatombe de la Grande Guerre et qui a brocardé ceux qui pensaient la conduire pour le bien de leur nation et de leur patrie.
À relire en cette période de commémoration du déclenchement de cette grande boucherie suicidaire.
François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
L'homme est naturellement un être qui s'intéresse à autre chose qu'à lui-même. Et cela vient de ce qu'il s'intéresse à lui-même pensant. C'est une immense fonction que de penser, immense et tyrannique. Aussi toute discussion est un commencement de guerre, et l'homme se jette lui-même en gage pour un démenti. C'est qu'il reconnaît en face de lui le pensant, le frère de lui-même, celui avec qui il doit s'accorder ; ne le pouvant, il s'irrite. Il se sent législateur universel, et responsable de cet office devant lui-même. C'est pourquoi on s'est battu tant de fois pour des opinions. Jamais on n'a pu forcer l'esprit.
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L'humanisme a pour fin la liberté dans le sens plein du mot, laquelle dépend avant tout d'un jugement hardi contre les apparences et prestiges. Et l'humanisme s'accorde au socialisme, autant que l'extrême inégalité des biens entraîne l'ignorance et l'abrutissement des pauvres, et par là fortifie les pouvoirs. Mais il dépasse le socialisme lorsqu'il décide que la justice dans les choses n'assure aucune liberté réelle du jugement ni aucune puissance contre les entraînements humains mais au contraire tend à découronner l'homme par la prépondérance accordée aux conditions inférieures du bien-être, ce qui engendre l'ennui socialiste, suprême espoir de l'ambitieux. L'humanisme vise donc toujours à augmenter la puissance réelle en chacun, par la culture la plus étendue, scientifique, esthétique, morale. Et l'humaniste ne connaît de précieux au monde que la culture humaine, par les oeuvres éminentes de tous les temps, en tous, d'après cette idée que la participation réelle à l'humanité l'emporte de loin sur ce qu'on peut attendre des aptitudes de chacun développées seulement au contact des choses et des hommes selon l'empirisme pur. Ici apparaît un genre d'égalité qui vit de respect, et s'accorde avec toutes les différences possibles, sans aucune idolâtrie à l'égard de ce qui est nombre, collection ou troupeau. Individualisme, donc, mais corrigé par cette idée que l'individu reste animal sous la forme humaine sans le culte des grands morts. La force de l'humanisme est dans cette foule immortelle.
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L'importance convient aux sots. Mais on ne naît point sot ; non que je croie que tous les hommes naissent égaux ou semblables ; tout au contraire je crois qu'il y a une perfection de chacun, qui lui est propre, et qui est absolument belle et louable, sans qu'il y ait lieu de décider lequel vaut le mieux, d'un berger parfait ou d'un ingénieur parfait ; ces comparaisons n'ont point de sens.
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Il s'agit de dénouer l'esprit, de le diviser avec précaution contre lui-même, de faire naître toute discussion de son propre fonds et de sa propre recherche. C'est ainsi qu'on l'amène à supporter d'abord l'autre opinion, et puis à la comprendre, et puis jusqu'à l'aimer. C'est ainsi qu'il peut espérer de devenir citoyen de l'univers, et législateur universel par persuasion. Sa patrie n'a point changé ; c'est toujours celle de l'homme ; seulement son idée de l'homme a pris de l'ampleur ; il ne rejette plus aisément les hommes hors de l'humain. Il n'exile plus son semblable sans examiner. Il le reconnaît plus promptement ; il lui ouvre un plus large crédit ; il lui permet l'erreur et la passion. Telle est l'aurore de la paix.
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La situation de l'esclave est la meilleure, car les travaux, dangers et besoins communs font une amitié forcée, bonne pour l'amitié réelle à laquelle elle conduit toujours. J'ai remarqué souvent qu'une amitié choisie est difficile à sauver ; ce n'est pas le lieu de chercher pourquoi. Outre cela, l'esclave se trouve amené à réfléchir et à inventer en présence des choses ; au lieu de délibérer sur la fin, il ne délibère que sur les moyens, et surtout sur les moyens proches, ce qui est sain pour l'esprit. Comme d'ailleurs il est forcé de modérer ses passions et surtout dans l'expression, ce qui est la meilleure méthode, il est bientôt philosophe ; et j'ai revu la sagesse des anciens sur des milliers de visages. J'ajoute encore au trésor de l'esclave ceci, c'est qu'il est à l'abri des flatteurs ; car qui donc pense à lui plaire ?
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Videos de Alain (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Alain
"Alain et le bonheur" par André Maurois. Première diffusion le 13/09/1954 sur la Chaîne Nationale. La mauvaise humeur est une maladie, il ne faut jamais parler de ses malheurs, de ses malaises moraux, il ne faut jamais se plaindre…et, certes, il y a un héroïsme à bâtir son bonheur ! André Maurois parlait en 1954 de celui qui avait été son professeur de khâgne au lycée Henri IV, à Paris : le philosophe Alain.
Source : France Culture
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