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(01/01/1931)
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Tenir une idée, c’est la vraie richesse, et rare. Non pas une idée rare, mais tenir. Demandez à quelqu’un son opinion ; d’abord il regarde les autres. Le propre des opinions de respect, de marché, de calcul, c’est d’être empruntées ; empruntées par tous à tous, comme il apparut dans la célèbre crise de confiance ; chacun se règle sur autrui, ce qui communique enfin à tous une opinion qui n’est de personne. Misère. J’imite, je salue, je flatte, je m’accorde ; accord vide ; il y manque l’homme. L’idée n’a pas de racines ; elle n’exprime pas l’individuelle nature. Heureusement, nous sommes tous artistes un peu. Chacun, dès qu’on lui demande sérieusement ce qu’il pense, c’est son sentiment qu’il cherche. « Voilà mon sentiment » ; c’est le mot le plus fort, parce qu’il veut désigner l’idée qui naît de notre nature, et qui s’accorde avec nos plus secrets mouvements. Tels sont les éclairs du génie en tout homme ; mais rares. Comme on n’a point la méthode de l’artiste, on ne peut les retrouver ; on s’étonne de ne pas les retrouver ; on n’ose pas y croire ; plus exactement on n’ose pas y avoir cru. L’artiste qui se perd lui-même, c’est qu’il n’a pas osé se croire lui-même. Il a demandé aux autres ce qu’il pensait.
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Car l’imagination n’est qu’un tourment ; l’imagination ne nous satisfait jamais ; quelle que soit l’incantation, c’est-à-dire la force persuasive du discours, nous n’arrivons jamais à l’hallucination. Peut-être le fait de l’hallucination se réduit-il toujours à un genre d’éloquence ; et les médecins en ont maintenant le soupçon. Toujours est-il que l’homme normal cherche un objet pour ses rêveries ; il le fait. C’est parce que l’imagination est incapable de créer dans l’esprit seulement, c’est pour cela qu’il y a des Beaux-Arts. L’imagination ne peut créer qu’en changeant réellement le monde, par le mouvement, par le travail des mains, par la voix. C’est la musique qui nous éclaire le mieux là-dessus, de même que la danse et l’éloquence, et encore mieux peut-être, la poésie ; car il n’y a pas ici d’incertitude ; nul ne cherche à imaginer un air sans le chanter, ni un pas de danse sans le danser, ni un discours sans le prononcer ; encore moins voudrait-on imaginer un vers sans le dire à sa propre oreille. Ces remarques si simples m’ont beaucoup instruit, et m’ont fait voir qu’il était bon de traiter de tous les arts en un système, j’entends selon une série bien ordonnée. Car je me suis demandé par quels mouvements du corps humain on cherchait à imaginer une forme, un contour, une couleur, et j’ai aperçu qu’il n’était pas moins naturel de dessiner et de sculpter que de chanter ou danser.
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Il faut essayer maintenant de dire ce que signifie la sculpture ; immense et périlleux sujet. Tous les arts sont comme des miroirs où l’homme connaît et reconnaît quelque chose de lui même qu’il ignorait. La danse est le miroir où l’on se voit attentif, respectueux, soucieux de l’autre, et cela dans la passion la plus vive, souvent la plus aigre, toujours la moins disciplinée. La musique et la poésie font être les sentiments en assurant les dessous, c’est-à-dire les ondes physiologiques d’émotion qui portent tous les sentiments. L’éloquence fait paraître une grandeur d’âme, une sérénité, une majesté dont l’homme ne se serait point cru capable sans les contraintes du souffle et de l’acoustique. Le théâtre achève cette éducation par ses ruses propres. Et tous ces arts, qui représentent à l’homme un homme plus ressemblant à lui-même que lui- même, le font non pas par une idée ou par des maximes, mais par le dehors par l’inférieur, en obéissant à des nécessités de nature, et on oserait dire par une sorte de massage viscéral.
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Chacun sait bien découvrir, dans des feuillages ou dans les fentes du plâtre, un visage humain ou une forme animale ; on la perd, on la retrouve ; c’est un jeu de l’enfance, et, je crois, un jeu de tous les âges. Or je me demande ceci : quand je retrouve ou quand je trouve cette forme imaginaire, peut-on dire que ce que j’ai devant les yeux est autre qu’il n’était ? De souvenir, je répondrais oui, mais devant l’objet même, et dans le moment que j’y vois la forme qui n’y est point, il faut que je réponde non. Non, la forme que je connais est ce qu’elle doit être ; c’est toujours feuillage ; c’est toujours fissure ou lézarde dans un mur. En suivant cette idée à travers vos expériences, peut-être arriverez-vous, comme j’ai fait à conclure que ce monde-ci ne nous trompe jamais, même en ses apparences, et que, selon une forte expression de Hegel, il apparaît toujours comme il doit.
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Or le prix d’une vie, ou plus précisément du roman d’une vie, est en ceci que tout y est vrai, même les erreurs, même les ruses, même les changements, même les oublis, même cette ruse de l’oubli qui se souvient ; et cette transparence ou demi-transparence de soi à soi, ce qu’on préfère, ce qu’on veut, ce qu’on refuse, tout ce ton du tableau intime, tout cela que le sculpteur rabat si bien, le peintre le conserve en un juste mélange, par ce parti pris de ne point penser et de s’en tenir à ce qu’il voit. Où le romancier ne tient jamais qu’une esquisse simplifiée, car il doit juger et peser, le peintre, par son métier et par sa patience, saisit l’âme dans l’expressive apparence, qu’il compose peu à peu, comme la vie intérieure et secrète s’est faite peu à peu. Le peintre est le seul psychologue peut-être.
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Vidéo de  Alain
"Alain et le bonheur" par André Maurois. Première diffusion le 13/09/1954 sur la Chaîne Nationale. La mauvaise humeur est une maladie, il ne faut jamais parler de ses malheurs, de ses malaises moraux, il ne faut jamais se plaindre…et, certes, il y a un héroïsme à bâtir son bonheur ! André Maurois parlait en 1954 de celui qui avait été son professeur de khâgne au lycée Henri IV, à Paris : le philosophe Alain.
Source : France Culture
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