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EAN : 9782070323210
217 pages
Gallimard (12/09/1985)
3.82/5   540 notes
Résumé :
Voici le jardin du philosophe. On y cueillera des fruits mûris sur le tronc de la sagesse commune et dorés à cette autre lumière des idées. Ils en reprennent leur saveur d'origine, qui est le goût de l'existence. Saveur oubliée en nos pensées ; car on voudrait s'assurer que l'existence est bonne et on ne le peut ; on en déçoit donc l'espérance par précaution, prononçant qu'elle est mauvaise. De là s'étend l'empire de l'imagination déréglée, en quoi Alain, se confian... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
3,82

sur 540 notes
Le passage à vide est un cercle vicieux ; le bonheur est un cercle vertueux. Plutôt que d'attendre passivement que le bonheur tombe de lui-même au fin fond de nos gosiers affamés, Alain nous encourage à utiliser nos forces pour le dévoiler. On commence à s'activer en croyant que le bonheur est la destination et pour peu que l'on persiste, on finit par découvrir que le bonheur est le trajet en lui-même.


« Quand [le bonheur] paraît être dans l'avenir, songez-y bien, c'est que vous l'avez déjà. »


Alain se trouve dans la continuité de Spinoza qui rejetait le libre-arbitre et la contingence pour valoriser une philosophie de l'action. Il ne connaîtra sans doute jamais les causes exactes de ses agissements, mais il voudra ce qu'il agit, et c'est en cela que connaître et vouloir ne font qu'un. Alain développe particulièrement ce que Spinoza avait évoqué plus laconiquement et mystérieusement dans son Ethique lorsqu'il écrivait par exemple :


« Celui qui a un Corps apte à un très grand nombre de choses, celui-là a une Ame dont la plus grande partie est éternelle. »


Alain propose une pratique de la connaissance intuitive du corps en soulignant l'importance du travail corporel, de la posture et de l'écoute de ses rythmes, flux et créations physiologiques, loin de la dualité réductrice qui sépare corps et âme.


D'autres similitudes se retrouvent. Lorsque Spinoza avait écrit que : « l'homme libre, qui vit parmi les ignorants, s'applique autant qu'il le peut à éviter leurs bienfaits », Alain déplore la sollicitude venimeuse :


« Je plains l'homme sensible et un peu poltron qui est aimé, choyé, couvé, soigné de cette manière-là. Les petites misères de chaque jour, coliques, toux, éternuements, bâillements, névralgies, seront bientôt pour lui d'effroyables symptômes, dont il suivra le progrès, avec l'aide de sa famille, et sous l'oeil indifférent du médecin, qui ne va pas, vous pensez bien, s'obstiner à rassurer tous ces gens-là au risque de passer pour un âne.
[…]
Le remède ? Fuir sa famille. Aller vivre au milieu d'indifférents qui vous demanderont d'un air distrait : « Comment vous portez-vous ? », mais s'enfuiront si vous répondez sérieusement ; de gens qui n'écouteront pas vos plaintes et ne poseront pas sur vous ce regard chargé de tendre sollicitude qui vous étranglait l'estomac. Dans ces conditions, si vous ne tombez pas tout de suite dans le désespoir, vous guérirez. Morale : ne dites jamais à quelqu'un qu'il a mauvaise mine. »


Malgré tous les rapprochements qu'il est possible de faire entre L'Ethique de Spinoza et les Propos sur le bonheur d'Alain, les deux livres sont loin d'être identiques –on ne peut pas rendre de meilleur hommage à Spinoza qu'en s'extrayant de ses influences premières pour devenir son propre créateur. Plus proche de nous et entravé par moins d'obstacles sociaux et politiques, Alain écrit dans une langue plus accessible et imagée. Les chapitres sont brefs et indépendants, mais ce serait une erreur de vouloir les lire ponctuellement et avec désinvolture. Si les chapitres ne sont pas classés par ordre chronologique de rédaction, c'est que leur enchaînement est implicitement porteur de sens.


Lorsque je reviens sur ce texte en picorant par-ci, par-là, je ne trouve pas la même intensité qu'en le lisant d'un bloc et dans l'observation de l'épanouissement de la pensée. Alain a crée un émerveillement souterrain qui ne peut se découvrir que dans la continuité, et non dans la discontinuité du picorage. Lus d'une traite ou presque, Les Propos sur le bonheur accélèrent le rythme cardiaque, entraînent une surconsommation d'oxygène et déclenchent l'émission bienfaisante d'endorphines. J'ai envie de faire lire ce livre à tous les gens qui sont tristes mais surtout à ceux qui se sentent encore capables de faire déborder leurs forces hors d'eux-mêmes.
Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Emile Chartier , dit Alain , est écrivain , philosophe ,professeur et journaliste .
Il est connu comme étant un démocrate et un pacifiste
En 1925, furent publiés ses"Propos sur le bonheur",qui sont une anthologie thématique .Il s' agit d' un assemblage d' un certain nombre de "Propos"parus précédemment dans la presse .Cet assemblage des "Propos", a été réalisé avec un tiers .Ce que l' on apprécie chez ce philosophe c' est son optimisme d' où le titre du roman :"Propos sur le bonheur" .
Ses "Propos" sont de petits billets quotidiens qui paraissent de façon quotidienne dans la presse et ceci me rappelle un peu le billet de Robert Escarpit dans le quotidien du soir "Le Monde" durant les années soixante mais différents de par leurs thèmes car ce n' était qu' un exemple sur le billet quotidien .Lorsque je suis un peu déprimé , je me lance dans la lecture de "Propos" car ils agissent comme des antidépresseurs et ils reposent et soulagent .La lecture des "Propos" , nous rend sereins et
détendus .Ils nous laissent voir les choses et les aléas de la vie avec moins de crispation et de nervosité .
"Propos sur le bonheur" est mon livre de chevet .En cas d' insomnie , je le trouve à côté de moi et il me réconforte .Merci à Alain .

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Les propos sur le bonheur d'Alain n'ont vraiment pas fait le mien.
Sous le pseudonyme d'Alain et sous forme de « propos », Émile-Auguste Chartier aura donné à ses lecteurs des réflexions plutôt triviales, très subjectives et pourtant très peu originales sur divers sujets tirés du quotidien de l'homme occidental ordinaire de son époque.
Il écrit pourtant très bien. Les phrases sont concises et élégantes, les formules sont faites pour être frappantes et les possibilités qu'il met de l'avant sont toujours fort plausibles, mais leur contenu n'est franchement pas à la hauteur. On trouve déjà maintes réflexions incomparablement plus profondes et originales sur les mêmes sujets chez les penseurs antiques.
Il y a certains passages que j'ai trouvé sympathiques, certes, mais c'était moins en fonction de leur qualité intrinsèque que de leur moins grande banalité par rapport à ce qui les entourait.
Il est toutefois fort possible que mon opinion aurait été très différente si je l'avais lu plus jeune, alors que je n'avais pas encore lu tous ces auteurs tellement plus stimulants. Alain est peut être un philosophe pour adolescents?
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Il est où le bonheur il est où ?...lalalllalala
Il est là ! à lire et à relire à s'en abîmer les yeux
sur les dires et les propos philo
de Ce pertinent philosophe
Cela devrait être déclamé
Dans toutes les cours de récré
Aux pauses à la machine café,
Ce foutu Bonheur : HEU -REUX ..
mais c'est quoi au juste, nom de lapin !
ÊTRE sur des ronds points ?
De la poudre de perlimpinpin ?

Non C'est ALAIN !
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"Penser c'est vouloir."
Vouloir c'est maîtriser.
Maîtriser humeur et politesse (les marottes d'Alain), c'est pouvoir faire émaner la joie.
Et paf, tu flirtes avec le bonheur.

D'après Wiki, le bonheur est un état ressenti comme agréable, équilibré et durable.
Le durable me paraît le plus ardu à obtenir, et il me semble que c'est bien là que réside l'intérêt de ces quatre-vingt treize textes argumentés sous forme de mini-démonstrations. Ils permettent de comprendre le raisonnement qui amène à ces conclusions bénéfiques et ainsi pouvoir y revenir seul, plutôt que de se nourrir bêtement de maximes, adages et proverbes qu'on nous vend comme des parfaites recettes du bonheur. Si c'était réellement le cas, écouter M. Levi's nous dire "Vis comme tu danses", nous aurait suffit à kiffer la vie. Sauf que ça ne fait sourire qu'éphémèrement...

Alors il est vrai que ces textes datent d'il y a un siècle. Pour preuve, Alain aime bien faire des analogies entre les jeux de carte et le plaisir des hommes, ou entre le pouponnage et le plaisir des femmes.
Il n'empêche que lire une réflexion d'Alain avec son café matinal, c'est parfaitement opportun pour commencer la journée positivement. Et durablement.
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Citations et extraits (331) Voir plus Ajouter une citation
Il n’est pas inutile de réfléchir sur les folies circulaires, et notamment sur cette « Marie triste et Marie joyeuse » qu’un de nos professeurs de psychologie a heureusement trouvée dans sa clinique. L’histoire, déjà trop oubliée, est bonne à conserver. Cette fille était gaie une semaine et triste l’autre, avec la régularité d’une horloge. Quand elle était gaie, tout marchait bien ; elle aimait la pluie comme le soleil ; les moindres marques d’amitié la jetaient dans le ravissement ; si elle pensait à quelque amour, elle disait : « Quelle bonne chance pour moi ! » Elle ne s’ennuyait jamais ; ses moindres pensées avaient une couleur réjouissante, comme de belles fleurs bien saines, qui plaisent toutes. Elle était dans l’état que je vous souhaite mes amis. Car toute cruche, comme dit le sage, a deux anses, et de même tout événement a deux aspects, toujours accablant si l’on veut, toujours réconfortant et consolant si l’on veut ; et l’effort qu’on fait pour être heureux n’est jamais perdu.

Mais après une semaine tout changeait de ton. Elle tombait à une langueur désespérée ; rien ne l’intéressait plus ; son regard fanait toutes les choses. Elle ne croyait plus au bonheur ; elle ne croyait plus à l’affection. Personne ne l’avait jamais aimée ; et les gens avaient bien raison ; elle se jugeait sotte et ennuyeuse ; elle aggravait le mal en y pensant ; elle le savait ; elle se tuait en détail avec une espèce d’horrible méthode. […] Un compliment c’était pour se moquer ; un bienfait pour l’humilier. Un secret c’était un complot bien noir. Ces maux d’imagination sont sans remède, en ce sens que les meilleurs événements sourient en vain à l’homme malheureux. Et il y a plus de volonté qu’on ne croit dans le bonheur.
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Lorsqu’un petit enfant crie et ne veut pas être consolé, la nourrice fait souvent les plus ingénieuses suppositions concernant ce jeune caractère et ce qui lui plaît et déplaît ; appelant même l’hérédité au secours, elle reconnaît déjà le père dans le fils ; ces essais de psychologie se prolongent jusqu’à ce que la nourrice ait découvert l’épingle, cause réelle de tout.

Lorsque Bucéphale, cheval illustre, fut présenté au jeune Alexandre, aucun écuyer ne pouvait se maintenir sur cet animal redoutable. Sur quoi un homme vulgaire aurait dit : « Voilà un cheval méchant. » Alexandre cependant cherchait l’épingle, et la trouva bientôt, remarquant que Bucéphale avait terriblement peur de sa propre ombre ; et comme la peur faisait sauter l’ombre aussi, cela n’avait point de fin. Mais il tourna le nez de Bucéphale vers le soleil, et, le maintenant dans cette direction, il put le rassurer et le fatiguer. […]

Quand un homme a peur la colère n’est pas loin ; l’irritation suit l’excitation. Ce n’est pas une circonstance favorable lorsqu’un homme est brusquement rappelé de son loisir et de son repos ; il se change souvent et se change trop. Comme un homme réveillé par surprise ; il se réveille trop. Mais ne dites jamais que les hommes sont méchants ; ne dites jamais qu’ils ont tel caractère. Cherchez l’épingle. 
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L’impatience d’un homme et son humeur viennent quelquefois de ce qu’il est resté trop longtemps debout ; ne raisonnez point contre son humeur, mais offrez-lui un siège.
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12 jullet 1907

En famille : Il y a deux espèces d'hommes, ceux qui s'habituent au bruit et ceux qui essaient de faire taire les autres. J'en ai connu beaucoup qui, lorsqu'ils travaillent ou lorsqu'ils attendent le sommeil, entrent en fureur pour une voix qui murmure ou pour une chaise un peu vivement remuée ; j'en ai connu d'autres qui s'interdisent absolument de régler les actions d'autrui ; ils aimeraient mieux perdre une précieuse idée ou deux heures de sommeil que d'arrêter les conversations, les rires et les chants du voisin.

Ces deux espèces de gens fuient leurs contraires et cherchent leurs semblables par le monde. C'est pourquoi on rencontre des familles qui diffèrent beaucoup les unes des autres par les règles et les maximes de la vie en commun.

Il y a des familles où il est tacitement convenu que ce qui déplaît à l'un est interdit à tous les autres. L'un est gêné par le parfum des fleurs, l'autre par les éclats de voix ; l'un exige le silence du soir et l'autre le silence du matin. Celui-ci ne veut pas qu'on touche à la religion ; celui-là grince des dents dès que l'on parle politique. Tous se reconnaissent les uns aux autres un droit de « veto » ; tous exercent ce droit avec majesté. L'un dit : « J'aurai la migraine toute la journée, à cause de ces fleurs », et l'autre : « Je n'ai pas fermé l'œil cette nuit à cause de cette porte qui a été poussée un peu trop vivement vers onze heures. » C'est à l'heure du repas, comme à une sorte de Parlement, que chacun fait ses doléances. Tous connaissent bientôt cette charte compliquée, et l'éducation n'a pas d'autre objet que de l'apprendre aux enfants. Finalement, tous sont immobiles, et se regardent, et disent des pauvretés. Cela fait une paix morne et un bonheur ennuyé. Seulement comme, tout compte fait, chacun est plus gêné par tous les autres qu'il ne les gêne, tous se croient généreux et répètent avec conviction : « Il ne faut pas vivre pour soi ; il faut penser aux autres. »

Il y a aussi d'autres familles où la fantaisie de chacun est chose sacrée, chose aimée, et où nul ne songe jamais que sa joie puisse être importune aux autres. Mais ne parlons point de ceux-là ; ce sont des égoïstes.

790 - [p. 84]
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"Lorsque Bucéphale, cheval illustre, fut présenté au jeune Alexandre, aucun
écuyer ne pouvait se maintenir sur cet animal redoutable. Sur quoi un homme vulgaire aurait dit : « Voilà un cheval méchant. » Alexandre cependant cherchait l'épingle, et la trouva bientôt, remarquant que Bucéphale avait terriblement peur de sa propre ombre ; et comme la peur faisait sauter l'ombre aussi, cela n'avait point de fin. Mais il tourna le nez de Bucéphale vers le soleil, et, le maintenant dans cette direction, il put le rassurer et le fatiguer. Ainsi l'élève d'Aristote savait déjà que nous n'avons aucune puissance sur les passions tant que nous n'en connaissons pas les vraies causes."
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Vidéo de  Alain
"Alain et le bonheur" par André Maurois. Première diffusion le 13/09/1954 sur la Chaîne Nationale. La mauvaise humeur est une maladie, il ne faut jamais parler de ses malheurs, de ses malaises moraux, il ne faut jamais se plaindre…et, certes, il y a un héroïsme à bâtir son bonheur ! André Maurois parlait en 1954 de celui qui avait été son professeur de khâgne au lycée Henri IV, à Paris : le philosophe Alain.
Source : France Culture
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