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EAN : 9782234064317
312 pages
Stock (04/10/2011)
3.77/5   26 notes
Résumé :
Une fable, un conte, une parabole pour aujourd'hui.
Le prétexte de ce roman satirique et vif comme une comédie de boulevard est une élection à l'Académie brésilienne (faite sur le modèle de l'Académie française). Un poète académicien chéri des dames, vient de mourir, laissant une place vacante, briguée immédiatement par un militaire nazi (nous sommes en période de guerre), candidature jugée scandaleuse et qui va donner lieu à toutes sortes de péripéties, d'af... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Nous sommes au Brésil, à Rio de Janeiro. Tandis que la Seconde Guerre Mondiale fait rage, ici l'Estado Novo, la dictature militaire au pouvoir, proche de l'idéologie nazie, serre le pays dans un étau effroyable.
Le grand poète académicien Antônio Bruno vient de mourir, emporté par une crise cardiaque. Mais qui était Antônio Bruno ? Certainement un grand défenseur des arts et des lettres, de la liberté, grand amateur de la France, fou amoureux des femmes qui le lui rendaient bien, son écriture évoquait davantage l'amour, les galanteries, que l'engagement politique, hormis son surprenant et ultime poème Chant d'amour pour une ville occupée.
Paris était pour lui comme une terre natale, c'est sans doute la douleur d'imaginer le bruit des bottes allemandes foulant les rues de la Ville des Lumières qui le précipita dans la mort.
Il laisse donc derrière lui une place vacante au sein de la prestigieuse Académie des Lettres brésiliennes qui est un peu l'équivalent de notre Académie Française. Je dis un peu car il semblerait qu'elle soit peut-être même plus prestigieuse. Y entrer est un honneur, une reconnaissance au même titre que prétendre viser les plus hautes fonctions de l'État.
Un homme se dit que c'est l'occasion de briguer cette place pour asseoir ordre et autorité au sein de cette instance suprême qui en a bien besoin : il s'agit du colonel Agnaldo Sampaio Pereira, grand admirateur du IIIème Reich, qui se targue d'avoir commis jadis quelques poèmes romantiques dont il est peut-être le seul aujourd'hui à s'en souvenir. Les dictateurs ça ose tout, c'est même à cela qu'on les reconnaît. Emporter ce poste qu'il brigue ne sera qu'une formalité puisqu'il est le seul candidat, mais il a une ambition bien plus grande, en effet le colonel entend relever le défi suivant pour son honneur et celui de la junte militaire qu'il incarne : être élu à l'unanimité, rien que cela... du reste, qui oserait s'opposer à un sbire du régime en place ? Il veut que son élection soit un triomphe.
Pour beaucoup, cette candidature est jugée scandaleuse, venant abîmer l'image des arts et des lettres et la réputation d'une maison prestigieuse. Alors on est à la manoeuvre dans les coulisses pour trouver un autre candidat, on s'agite, on le trouve, certes il s'agit d'un autre membre de l'armée, poète d'opérette tout aussi inspiré que le colonel, mais personnage bien plus libéral, plus démocratique en la personne du général Waldomiro Moreira.
On se dirige alors vers une bataille, c'est La bataille du Petit Trianon qui va s'accomplir, le Petit Trianon étant le nom donné à l'Académie des Lettres brésiliennes, et cette bataille va donner lieu à moultes péripéties, affrontements, manoeuvres où tous les coups sont permis..., mais aussi offrant une occasion inespérée de découvrir mieux le poète disparu, sa vie, son oeuvre, ses chemins sensuels et amoureux...
J'ai découvert et lu avec beaucoup de jubilation ce petit récit de Jorge Amado qui tient du conte, de la fable, de la parabole, mais surtout qui ne manque pas de saveur.
J'ai adoré ce style truculent et généreux qui est un peu l'empreinte de Jorge Amado. L'auteur brésilien nous offre ici des personnages hauts en couleur, dans des situations picaresques, se promenant entre vagabondage et libertinage, mêlant les petites histoires qui effeuillent la peau et les coeurs avec la terrible Grande Histoire qui broie les corps. J'ai été particulièrement sensible à certains personnages féminins touchants par leur engagement, leur résistance à l'oppression, leur rage d'espoir en la vie.
Ce qu'il faut peut-être retenir de de ce roman, n'est-ce pas un hymne à la liberté, plus que jamais essentiel.
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C'est la troisième fois que lis avec le même bonheur ce roman de Jorge Amado, le grand écrivain humaniste disparu voici 12 ans déjà.
Les deux premières lectures étaient rapprochées et remontent à une trentaine d'années mais ce livre, aujourd'hui jauni, occupe depuis cette date une place de choix dans ma bibliothèque.
J'ai vraiment grand plaisir à vous faire découvrir ce coup de coeur durable !

Alors qu'il se trouve à Paris en septembre 1940, le poète et académicien brésilien Antônio Bruno succombe à un infarctus peu de temps après avoir rédigé un poème intitulé "Chant d'amour pour une ville occupée".

Le docte et servile académicien Lisandro Leite apprend au Colonel Sampaio Pereira qu'un poste se libère au Petit Trianon.
Ecrivain de pacotille, Pereira est l'omnipotent chef des forces de la Sûreté de l'Estado Novo, le parti fasciste qui réprime d'une main de fer la moindre opposition au régime en place.
Sûr de l'emporter, personne n'osera le défier, Pereira annonce sa candidature à l'Académie brésilienne des lettres et compte sur l'habileté du dévoué et flagorneur Lisandro Leite pour transformer son élection en triomphe.

Autour du catafalque dressé dans le hall de l'Académie de Rio de Janeiro, outre les admiratrices éplorées du séducteur irrésistible et poète Bruno, deux vieux hommes de lettres émus : l'écrivain psychologue maître Afrânio Portela et l'essayiste libertaire Evandro Numes dos Santos se remémorent feu « l'ami parfait ».

Outrés qu'un type coupable de compromissions avec le nazisme, responsable de torture de prisonniers politiques, de censures et poursuites à l'encontre d'écrivains et journalistes, puisse bientôt succéder à Bruno qui est mort pour ne pas supporter ces horreurs, maître Afrânio et son ami Evandro se démènent comme des beaux diables pour faire obstacle au sinistre Colonel Pereira.

Puisque le poste semble promis à un militaire, seule la candidature d'un Général démocrate mis au placard, Waldomiro Moreira, semble avoir quelques chances de contrecarrer les plans de l'adversaire. Ecrivain au style châtié et grammairien dogmatique, c'est un homme de parole et de courage, un vrai dur-à-cuire.

Mais rien ne se passe comme prévu, le poste vacant à l'Académie va donner lieu à d'âpres batailles où tous les coups sont permis.
Les vieux amis Afrânio et Evandro se révèlent au fil des évènements des conspirateurs hors pair et ce combat en mémoire de Bruno devient le combat de leur vie, leur combat ultime.

Ce livre truculent, rempli de personnages pittoresques, devrait ravir les amateurs de littérature sud-américaine.
Le lecteur passe sans arrêt de l'abattement à l'espoir et vice versa. Les chapitres sont courts, l'écriture alerte et les rebondissements incessants frôlent parfois la comédie de boulevard.
De nombreux flashbacks sur les conquêtes amoureuses du libertin Bruno donnent une tonalité sensuelle et parfois même érotique à cette fable savoureuse, véritable hymne à la liberté.

La bataille du Petit Trianon, la bataille de l'espoir en un monde meilleur, un roman qui enchantera les vrais démocrates.

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Les deux romanciers sud-américains les plus connus sont certainement @Gabriel Garcia Marquez, le colombien et @Mario Vargas Llosa, le péruvien tous deux couronnés du prix Nobel de littérature. Tous les deux ont été très engagés politiquement dans ce qu'on appelle la Gauche Radicale ce qui n'est pas étonnant sur ce continent où les dictatures militaires ont fait des ravages jusqu'à il y a peu de temps. Mais il existe un troisième grand romancier également très engagé politiquement, c'est @Jorge Amado, le brésilien, qui n'a pas eu la chance d'être récompensé par l'Académie suédoise, à tort ou à raison, chacun sera juge.

Nous sommes au Brésil durant la dictature de l'Estado Novo qui commença par un coup d'état militaire en 1937 pour se finir en 1945. Les sympathies du régime avec Hitler, Franco ou Salazar sont clairement énoncés dans le roman. Mais ici la résistance ne s'organise pas par les armes mais par les bulletins de vote des académiciens brésiliens qui doivent élire un nouveau membre après la disparition d'Antônio Bruno, un grand poète amoureux de la France, alors sous l'occupation, grand séducteur et adulé par tous.

Le problème est que le fauteuil a longtemps été réservé à un militaire et quand le colonel Agnaldo Sampaio Pereira, un nazi brésilien, qui a écrit jadis quelques poèmes romantiques qui ne sont pas passés à la postérité, présente sa candidature nos académiciens se trouvent dans l'incapacité de soutenir un candidat de la société civile, d'ailleurs aucun ne se présenterait face au belliqueux militaire. Ils leur faut donc trouver une parade et trouver un autre candidat issu de l'armée qui serait plus modéré que Pereira pour empêcher l'inacceptable. Ce candidat tombé du ciel c'est le général Waldomiro Moreira, écrivain encore plus minable que le colonel.

Une truculente farce picaresque proche du théâtre de boulevard, cela m'a remémoré « au théâtre ce soir » que je regardais enfant. Mais derrière ce côté bon enfant @la bataille du petit Trianon est un appel à la résistance pour défendre la démocratie quoi qu'il en coûte. Des rebondissements à la pelle, pas mal de libertinages, cela transpire le Brésil à chaque page, le Brésil que j'aime et que représente si bien la littérature de @Jorge Amado.

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Rio de Janeiro -1940. La guerre fait rage en Europe, Paris est tombé aux mains de l‘ennemi. le Brésil affiche une certaine neutralité vis-à-vis du conflit mais subit le régime autoritaire de l'Estado Novo, sympathisant des régimes fascistes européens. Dans la tourmente mondiale, va se livrer ici une autre bataille, en apparence bien futile puisqu'il s'agit de pourvoir à la vacance du fauteuil d'un « immortel » de l'Académie des lettres brésiliennes, et pourtant cette bataille va être porteuse d'une espérance…

Car la place occupée du vivant du poète Antonio Bruno est convoitée ni plus ni moins par le Colonel Agnaldo Sempaio Pereira, chef de la police spéciale de l'Estado Novo, le maître de la censure, un être brutal,arrogant, inculte à l'opposé du délicat poète. Auteur d'un essai sur la conciliation de l'aryanité et de la « brésilianité », et de quelques vers insipides, le colonel Pereira se fait fort d'être élu à l'unanimité, car qui oserait se présenter face à lui ou voter contre lui ?
C'est pourtant le défi que vont se lancer deux vieux académiciens, amis du poète Bruno et républicains dans l'âme. Puisque que le fauteuil vacant semble promis à un militaire, ils en trouveront un autre ; tout aussi inculte et imbus de lui-même que Sempaio, mais républicain ! Et puisque qu'il faut lui rallier les voies de la majorité des immortels en place , ils vont établir une stratégie, créer des alliances, comploter, user de moyens plus ou moins avouables, en un mot livrer bataille !

Le ton léger, propre à la fable annoncée par le sous-titre et à la comédie, cède le pas parfois à une tonalité plus lyrique ou nostalgique quand l'auteur nous livre le portrait d'Antonio Bruno poète humaniste et francophile, célébrant l'amour et les femmes, poète non engagé, jusqu'à la chute de Paris, qui lui fait écrire son unique poème politique « le chant d'amour pour une ville occupée ».

Cette bataille du Petit Trianon c'est celle des valeurs démocratiques contre le totalitarisme, de la résistance intellectuelle contre l'obscurantisme. Une bataille au nom de l'amitié, de l'amour, en hommage à la liberté de pensée du poète Bruno et du monde d'hier qu'il incarne.

Pour reprendre l'expression d'Andman, à qui je dois cette lecture très plaisante, c'est « un roman qui enchantera les vrais démocrates » et comme le dit Jorge Amado une « Fable pour éveiller une espérance ».
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En plein coeur de la dictature aux relents nazis de l'Estrado Nuovo en 1940, survient un événement à priori mineur, la mort du poète et académicien Antonio Bruno, ouvrant la voie à une élection à l'académie des lettres brésiliennes. L'affaire semble réglée d'avance, le colonel Pereira, franchement nazi est candidat et soutenu par la junte au pouvoir. Mais deux académiciens n'ont pas l'intention de laisser faire, alors tous les coups seront permis pour que soit élu un fervent démocrate, le général Moreira.
Tout est expliqué dans le sous titre de ce roman plein d'humour: « fable pour éveiller une espérance « 
Un petit livre réjouissant
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
« Chant d’amour pour une ville occupée, poème d’Antônio Bruno, écrit après la chute de Paris, peu avant la mort du poète. »
Impossible de décrire l’émotion du public, personne n’espérait entendre, déclamé sur la scène du théâtre Fénix, le poème maudit. Ce fût comme une décharge électrique, quelqu’un se mit debout, d’autres suivirent, bientôt tout le parterre se leva, applaudissant, et debout resta. Le silence se fit enfin, un silence si total que les mots de sang et de feu, les strophes mouillées de larmes et secouées par la colère, l’humiliation et la révolte, la haine et l’amour, semblaient venir du fond des temps, des quatre coins du monde, ébranlant les murs du théâtre.
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Cette farce avait été prévue et suggérée par le poète lui-même, comme on peut le vérifier dans son « Testament et Veillée funèbre d’un certain Antônio Bruno, troubadour et bohème trois fois mort par excès d’amour ».
Ainsi fut-il. Larmes et rires, plus de rires que de larmes, avait-il demandé dans le poème. Femmes belles et folles, « je veux entendre le cristal de vos rires ». Vêtements de fête, « je veux deviner la douceur du sein dans le décolleté ». Celles qui étaient là connaissaient le poème, strophe par strophe, quelques-unes le savaient par cœur. « Venez toutes, celle qui m’a fait souffrir et celle qui seulement m’a souri dans la rue… » Elles étaient toutes venues et dans les soupirs il y avait, comme il l’avait demandé, le libertin, « le roucoulement des soupirs d’amour dans les aubes en fête ».
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Elle ne le savait pas encore poète et célèbre. D'abord elle n'aima que l'homme, ensuite elle eut la révélation de la poésie, Dieu était trop bon.
A force de la regarder, il finira par lever les yeux et par me découvrir, ici, près de la fenêtre, où l'aiguille va et vient. C'est arrivé : le regard du poète s'était élevé jusqu'à l'avancée de la façade, au second étage, et remarqua la jeune fille qui le fiait en souriant. Il l'observa un instant, s'attardant, tentant de la deviner à distance. A la main, le petit vers de cassis, lentement il le posa sur la table. Ensuite il se détourna pour poursuivre la conversation avec son ami. La femme, au balcon, devait être jeune et plaisante.
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Les erreurs historiques sur les dates et autres détails relatifs à la guérilla dirigée par le vieil Evandro procédèrent sans doute du caractère extrêmement secret des diverses actions entreprises. Tous les dispositifs furent conçus et mis en route par les conspirateurs dans la plus totale clandestinité. Si, au lieu de vieux hommes de lettres libéraux, Evandro et Portela avaient été des bolchevistes éprouvés avec des années et des années d'expérience et de travail dans l'illégalité, ils n'auraient pas agi avec plus d'efficacité et plus grande discrétion.
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Main dans la main ils traversèrent le jardin, il inventa des vers, "les escargots et les lézards te saluent", il voulut la faire asseoir dans le salon pour lui expliquer un tableau surréaliste, mais elle était venue décidée et se dirigea vers la chambre ; il y aurait tout le temps pour la peinture.
Certainement - pensa-t-il quand Rosa le prit par la main et qu'ils roulèrent ensemble sur le lit - ah ! certainement, elle a déjà couché avec d'autres et je ne suis qu'un vieux sot d'imaginer virginités et vertus. Il se trompa encore une fois : Rosa était vierge et possédait, entre autres vertus, celles de la vaillance et de l'intégrité.
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Vidéo de Jorge Amado
Adriana Brandão auteur de "Les brésiliens à Paris, au fil des siècles et des arrondissements" vous parle d'un texte et d'un auteur important pour elle : "Dona Flor & ses deux maris" de Jorge Amado.
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