Le texte original en allemand date de 1980.
Il décrit un monde où le temps et les distances se rétrécissent, où seul le présent compte. La réalité de l'Internet d'aujourd'hui a dépassé les extrapolations de l'auteur qui semblaient exagérées à l'époque.
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Philosophe malgré lui, Günther Anders s’est nourri de littérature. Il joue Beckett contre Kafka.
Lire la critique sur le site : Liberation
Il ne suffit pas de changer le monde. Nous le changeons de toute façon. Il change même considérablement sans notre intervention. Nous devons aussi interpréter ce changement pour pouvoir le changer à son tour. Afin que le monde ne continue pas ainsi à changer sans nous. Et que nous ne nous retrouvions pas à la fin dans un monde sans hommes.
La mode est la mesure à laquelle l'industrie a recours pour faire en sorte que ses propres produits aient besoin d'être remplacés.
Je ne sais pas si l'on a déjà cloné des gènes humains. Mais, comme nous savons que l'impératif actuel est : « Ce qu'on peut faire, on doit le faire », ou : « Ce qui est faisable est obligatoire », ce qui n'est pour l'instant encore qu'e possibilité est déjà là aujourd'hui comme un présage qui nous coupe le souffle.
Affirmer solennellement que l'on devrait utiliser la technique à des fins bonnes au lieu de l'utiliser à des fins mauvaises, pour des tâches constructives et non pour des tâches destructrices n'est pas suffisant. Il est incontestable que cet argument, que l'on entend sortir à satiété de la bouche de beaucoup d'hommes de bonne volonté, ne voit pas très loin. Ce qu'il faut se demander aujourd'hui, c'est si nous pouvons disposer si librement de la technique. On ne peut se contenter de supposer que nous pouvons disposer effectivement de la technique. Autrement dit, on peut parfaitement penser que le danger qui nous menace ne réside pas dans un mauvais usage de la technique, mais dans son essence même.
Le diable s'est installé dans un nouveau logis. Et même si nous sommes incapables de le faire sortir de son repaire du jour au lendemain — pour autant que nous voulions l’en faire sortir —, il nous faut au moins savoir où il se cache et où nous pouvons le débusquer : pour ne pas le combattre dans un coin où il ne se réfugie plus depuis longtemps et afin qu’il ne se paie pas notre tête depuis la pièce d’à côté.
C'est à la philosophe Corine Pelluchon que nous consacrons notre épisode 5 de la série Filature : sa relation avec le mot “amour”, son engagement pour la cause animale, son approche de la philosophie entre science et art. La meilleure façon de terminer un livre ? Il n'y en a pas, on le sent.
Spécialiste de philosophie politique et d'éthique, Corine Pelluchon est aujourd'hui professeure à l'université Paris-Est-Marne-la-Vallée (rebaptisée université G. Eiffel à partir de janvier 2020). Elle a commencé par une thèse soutenue en 2003 sur Leo Strauss et sa critique des Lumières, puis, dès le milieu des années 2000, elle s'est intéressée aux défis anthropologiques et politiques que soulèvent les techniques médicales, les biotechnologies, et la prise en compte de la finitude de la planète et des intérêts des animaux. Parmi ses ouvrages les plus récents, on retrouve Pour comprendre Emmanuel Levinas. Un philosophe pour notre temps, janvier 2020 ; Réparons le monde. Humains animaux, nature, mars 2020, Rivages/Poche.
C. Pelluchon a reçu en 2020 le prix de la pensée critique Günther Anders pour l'ensemble de ses travaux.
Corine Pelluchon était l'invitée de la Fête du Livre de Bron 2023 pour “Grandeur nature” un dialogue avec l'écrivain et directeur de la rédaction de Philosophie Magazine Alexandre Lacroix.
Chaque semaine, retrouvez un invité dans un format court de 4 minutes et écoutez un peu de leur univers littéraire et personnel. À découvrir sur le Média et les réseaux sociaux de la FdLB.
© Collectif Risette/Paul Bourdrel/Fête du Livre de Bron 2023
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