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2,68

sur 328 notes
Au fond, les passages les plus terribles ne sont pas ceux qu'on croirait. Ils se trouvent là où l'homme (le père? sans doute pas, même s'il en a le comportement) engueule celle qu'il vient de souiller cent fois parce qu'une bouteille de lait est restée sur la table ou qu'il la reprend sur sa prononciation du w. Ce qui choque, c'est la parfaite inconscience du personnage par rapport à ses actes, sa suffisance, sa certitude d'accomplir une oeuvre éducative. Sinon, le catalogue des perversités est bien classique, porno à deux balles, histoire de rendre le type encore plus méprisable, et la fille encore plus victime. Bien sûr, la presque absence de sentiments, ou le dévoiement de ceux-ci, donne froid dans le dos, mais on est bien loin du malaise de Lolita, où, parce que rien n'est dit, l'imagination se perd en glauques conjectures. A vouloir trop tout montrer, ce livre suscite, finalement, plus d'ennui que de dégoût.
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Voilà. J'ai lu le dernier Angot. J'avais décidé d'attendre un peu après sa sortie, afin de ne pas être trop influencé par l'ultra-médiatisation de ce dernier opus de l'ex de Doc Gyneco : ni par les dithyrambes de Libé qui lui a offert sa couv – fait rarissime pour un écrivain de son vivant – ni par ses violents détracteurs qui étaient si heureux que ses derniers romans aient un peu emmené l'écrivaine vers les rivages de l'oubli. Je savais toutefois qu' « Une semaine de vacances » ne serait évidemment pas mon livre préféré, faute au sujet, faute à la polémique, faute peut-être à la faute de l'avouer. J'ai déjà dû mal à me faire admettre que m'a époustouflé « Claustria » de Régis Jauffret, roman librement inspirée de l'affaire Josef Frizl, cet autrichien qui pendant 24 ans a séquestré, violé et fait sept enfant à sa fille.. une horreur absolu qui a bouleversé la planète.

Après la lecture d' « Une semaine de vacances », le sentiment qui m'envahit est bizarre. J'ai dû mal à le définir. Parfois, je dirais que c'est comme si je m'étais pris une énorme gifle sur le visage. Mais pas la petite gifle hein… une claque énorme, gigantesque. Celle qui secoue, celle qui scotche, celle qui sonne. Et parfois je dirais que c'est un énorme vomi auquel j'ai résisté pendant une heure. Ou alors celui que je suis allé chercher avec les doigts. Parce qu'il le fallait.

Lire ce livre, c'est comme rester dans une odeur pestilentielle pendant des heures. C'est ouvrir les yeux alors qu'on ne veut pas voir… oui, c'est ça « Une semaine de vacances » : c'est regarder un film d'horreur alors qu'on ne supporte pas la vue d'une goutte de sang..

En fait, « une semaine de vacances » existe pour que l'on sache exactement, sans fioritures, ce que c'est que la perversité absolue de l'inceste. Et il est construit comme cela. Sans pathos, sans larmes.... Et c'est aussi pour cela qu'il doit déranger. Ce roman est fait pour déranger.

Cette vocation est d'ailleurs l'essence même de l'ambition littéraire de Christine Angot : interpeller son lecteur et le mettre en danger. D'ailleurs, elle a plus ou moins raté ses romans quand elle a abandonné cette ambition.

Il s'agit d'une jeune fille, dont on ne connaît pas vraiment l'âge ; seulement savons-nous qu'elle est en âge de lire « les six compagnons » et de prendre le train toute seule, que l'on suit sans retenue et dans les moindres détails dans un cauchemar absolu : sous l'influence et sous le corps de celui qui l'oblige à l'appeler « papa » pendant les rapports sexuels , homme érudit et apprécié de ses amis et étudiants, et que sa fille n'a connu que « le sexe en érection ».

Pas une page sans monstruosités, pas une page sans dégoût.

Mais, à un moment, cette jeune fille qui ne parle pas réussit à évoquer un rêve à son monstre de père , que ce dernier ne supporte pas, la renvoyant ainsi toute seule prendre le train, quelques jours avant la fin des vacances. Et seule à la gare, elle parle. A son sac certes, mais elle parle. Signe que la vie peut quand même reprendre. Hier avec la parole. Aujourd'hui avec l'écriture.

Christine Angot a souvent dit que nul n'a connu l'inceste ne peut le comprendre. Je la crois et ce roman le prouve. Il démontre en tout cas que nul ne peut sortir indemne de ça et qu'on ne peut normalement devenir femme, ni peut-être même adulte… Peut-être même que l'on ne peut pas vivre normalement un jour après avoir vécu de telles semaines de vacances.

Voilà, j'ai lu le dernier Angot. Suivant.

Lien : http://lesbottesrouges.haute..
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J'ai poussé la porte de ce roman, par curiosité, en me disant: quelle haine vengeresse envers les hommes, Christine Angot, la subversive, va-t-elle encore nous servir?
J'ai feuilleté. Ca "bandait" à tout va, dans toutes les positions et quelque soit le lieu, car l'homme en question avait le sexe toujours prêt à l'emploi, si fréquemment en érection qu'il prêtait à sourire évoquant une certaine chanson de Brassens.
Lui, l'intellectuel mature,entre deux lectures du Monde, deux comparaisons avec ses ex, illégitimes ou légitime,deux critiques sur ses fautes de langage à elle ou son manque de maintien,deux compliments susurrés sur chaque partie du corps du désir pour mieux en user à sa guise, se tapait une jeunette tout en sauvegardant sa virginité. Durant Une semaine de vacances pour lui et de travaux pratiques, au goût incestueux, pour elle.
Et puis je l'ai vue cette oie blanche pervertie,transformée en bouche,main,anus,fesses,seins,vagin, partir en lambeaux; je l'ai vue si fragile,si admirative, si soumise,si crédule,si naïve,si décalée,si lasse; je l'ai vue se laisser dominer, incapable de faire respecter ses pensées, ses goûts,sa volonté, sa douloureuse lassitude; je l'ai vue souillée, prise pour un objet sexuel dont on se sert et qu'on jette comme un citron pressé et j'ai trouvé Une semaine de vacances éreintante et d'un triste à pleurer.
Ma note de 3 représente une moyenne de 5 pour l'écriture sèche qui claque comme un fouet et remue de par sa violence et les images évoquées du non respect de la femme et de 1 pour le torchon sale agité sous nos yeux!
Si le lecteur réagit, même en s'indignant, c'est que le message insultant de Christine Angot, pour ce salaud, est transmis.Après, faut-il mettre un lecteur en position de voyeur face à un pervers narcissique pédant,pervers tout court,obsédé sexuel,misogyne, goujat,sadique et lubrique?
C'est à chacun de juger.
J'ai refermé ce livre bien vite en me disant, ouf, heureusement c'était gratuit, pas de 14 euros dépensés pour du porno choc!
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21 Août 2015 :
L'actualité littéraire fait des éloges du nouveau Christine Angot. Depuis ce matin je me dis que je n'avais pas le droit d'être aussi dictatorial. Mais cependant, je pense que ce roman est assez maladroit et le fait tomber dans une catégorie qu'elle n'a pas souhaité.
Ce matin, je me suis laissé convaincre de lire "un amour impossible".
Donc ,ok, je vais me vider l'esprit de cette "semaine de vacances" et tenter de revenir à de bons sentiments.

Donc en ce qui concerne cette semaine de vacances, 3 ans plus tard :
Lisez ce livre si l'envie vous en prend. Attention il est cru et était-ce bien nécessaire. Il ne sera inoubliable.
Je n'ai pas aimé que ce livre n'ait pas compris que le public n'est pas près à tout lire si on ne l'a pas mis en garde même si finalement,
ce n'est pas un porno Il n'est cru que par nécessité.
Attention : en laissant de côté la vie de Mme Angot (ce qui la clef de ce livre), le limite est franchie et on n'a plus dans les mains qu'un livre dénué d'érotisme ce qui le classe, ainsi, parmi les mauvais romans X

Mais c'est là la jeunesse de Mme Angot et à ce titre les mots sont justes la transcription d'une réalité dure à vivre et à révéler.

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Ce récit est à la limite du soutenable, mais il ne peut en être autrement: la victime directe d'une agression sexuelle, quelle qu'elle soit, n'a pas d'autres choix, si elle n'est pas crédible dans le détail de son récit, que ce soit devant un tribunal ou en littérature, elle ne sera pas crue.
Et ce récit est d'autant plus fort que Christine Angot adopte un ton neutre, factuel pour nous narrer des scènes d'horreur absolue, terriblement crues, subies jour après jour. Jamais elle n'interprète un geste ou un comportement, jamais elle ne porte un jugement, elle reste dans la précision minutieuse et la description concrète, neutre. C'est sobre, comme la langue employée, simple mais jamais relâchée, sans dialogues ni discours rapportés, à la troisième personne.
Le titre, léger et innocent, neutre, crée le contraste avec ce qui se passe au cours de cette semaine de vacances. C'est progressivement que le lecteur comprend que « elle », c'est une petite fille, une pré-adolescente, et que « il », c'est son père.
Impossible d'écrire mieux sur l'inceste. Si ce livre a eu moins de poids que celui de Camille Kouchner, c'est à mon avis pour plusieurs raisons, hélas, mais pas forcément parce que la société n'était pas prête. D'abord parce que Camille n'étant pas la victime, elle est exonérée du récit précis et détaillé, insupportable pour certains qui se bouchent les oreilles. D'autre part, parce que l'inceste dont est victime Christine est très particulier, ce qui le rend encore plus abject, mais rend difficile de l'ériger en modèle, exemple ou avertissement… le père ici n'est pas simplement un père incestueux, il est aussi un pervers narcissique. Si Christine cède et se tait, ce n'est pas tant comme souvent dans l'inceste, parce que sa parole va faire éclater sa famille. Quelle famille, dans son cas ? Il n'a reconnu, tardivement, sa fille, que pour pouvoir en abuser. Quand elle prend la parole, pour simplement lui raconter le rêve qu'elle a fait, quelle est la réaction de son père ? L'abandonner sur le quai d'une gare… le reste du temps, il l'écrase par sa parole, car il est linguiste, et son arme est la rhétorique : Ce que tu fais, tu l'aimes. Je ne fais rien de mal et rien de ce que tu ne veux pas. Soit elle fait ce que veut son père, soit il l'humilie et elle se sent idiote. Après avoir lu « Un amour impossible », écrit après, mais qui raconte les amours de ses parents, c'est clair, ce père est un pervers narcissique qui ne trouve la jouissance que dans la transgression et en particulier dans la transgression sociale, ses amours avec la mère ne sont qu'un moyen pour lui d'écraser celle-ci par sa condition sociale et culturelle élevée, et il ne peut que répéter avec la fille, de façon à humilier une fois de plus la mère. Il ne lui suffit pas de la violer, il faut qu'il s'en fasse intellectuellement admirer pour mieux la réduire à néant.
Par ce récit glaçant et d'une remarquable qualité littéraire, Christine Angot remet magistralement, et avec son arme favorite, ce monsieur à sa place : celle d'un immonde manipulateur pervers.
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Très beau livre. le thème audacieux et le traitement singulier et talentueux ne peut laisser indifférent, soit il emballe soit il révulse. Pour ma part ce livre est un exploit.
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On a du mal à dire que le récit d'un viol ou d'un inceste est extraordinaire, mais dans ce livre c'est le cas. La justesse de l'écriture, la force de l'expression et en même temps la finesse dans la description d'une perversion forcément complexe... Aucun voyeurisme pourtant, aucun étalage, et pourtant tout est dit et montré. C'est parfait.
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Une semaine de vacances
Christine Angot
6/10

Les mots crus

Une semaine de vacances n'est pas un roman ni même une nouvelle, c'est vraiment une littérature à part. Il y a aussi une part de témoignage.
Je vous livre de façon brute tout ce que m'inspire ce texte :
Crudité, explicité, pas d'analyse, violence, manipulation, rapport de force perverse, perversité, fluidité des scènes, non érotisme ou érotisme à part, gêne et malaise. Voilà, l'avantage c'est que cela se lit très vite, juste un moment troublant à passer mais pas de véritable souvenir ni littéraire ni bon souvenir. Bref ce n'est pas une lecture indispensable, ce n'est pas très agréable et sans doute pas le meilleur d'Angot. La sexualité peut aussi être une joie et là c'est tout le contraire.
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Lu d'une traite ce matin en une heure qui commence dans l'extase, dans l'envie pour terminer avec l'envie d'aller se doucher ou de s'enfuir en courant loin de cette misère.
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Christine Angot n'a jamais écrit pour faire plaisir . Et cela se confirme avec cet opus trés méchant , cru , et en méme temps d'une utilité indéniable pour tout ceuxau yeux de qui Lolita de Nabokov est un chef d'oeuvre , une histoire d'amour. Angot met du tabasco la ou ça fait mal et ces romans sont toujours des expériences a part . Encore heureux qu'elle soit présente pour tirer la sonnette d'alarme et susciter une réaction chez ceux pour qui la banalisation du genre Lolita a détruit toutes réactions de rejet. L'anti Lolita par excellence , et méme si cette lecture n'a rien d'une partie de plaisir il faut remercier mme Angot pour son audace dans ce monde qui applaudit Pernaut !!
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