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2,68

sur 328 notes
Elle vous agrippe par le poignet et vous cloue au bord du lit en vous disant : regarde.
Ça n'est ni trop cru, ni bouleversant, elle vous force au voyeurisme, vous fait violence, vous rend complice (pas trop longtemps non plus, rien ne vous oblige à la laisser vous faire violence pendant 96 pages). Pas de sentiment pas de complaisance, pas même de bienveillance pour la jeune fille, en plein apprentissage du viol. La perversion la plus complète, le cri est si froid qu'on pourrait la croire consentante.
Ça n'en fait pas de la littérature pour autant, qu'on arrête de crier au génie devant de telles démonstrations.
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Je ne sais pas encore combien je vais mettre d'étoiles, si je peux en mettre.
Je parcours les différentes critiques et je ne comprends pas pourquoi on accuse Christine Angot de : (je cite de mémoire)
-Vulgarité : style épuré, classique, sec, précis, chirurgical, classe, puissant
-Pute : ouh là, mais il s'agit de viol et d'inceste par le père(vers), on se trompe de cible, il me semble.
-Pornographie, pédophilie : euh, là aussi, il me semble que c'est le père qui pratique ces deux vices, non, ou alors j'ai mal lu. L'adolescente est quasi muette, automate répétant ce que le père lui dit de dire, sauf quand elle raconte son rêve, et qu'alors il l'abandonne sur un quai de gare.
Non, franchement, ce livre, c'est sûr, il faut oser, l'écrire et le lire.
Le lire, ça veut dire se livrer pieds et poings liés au pervers, car avec la narration à la troisième personne, nous assistons en voyeurs (oui, c'est vrai, en voyeurs) à l'horreur de l'inceste, torture physique et entreprise de destruction morale.
Mais nous y assistons parce que Christine Angot nous ouvre la porte de la chambre de Barbe-Bleue, où elle est entrée à la suite de mille et mille autres victimes, et qu'elle veut que nous le voyions, en voyeurs, pour que nous sachions, et que nous ne puissions plus ne plus voir. Alors nous voyons tout, et nous avons envie de tuer et de pleurer pour elle. Pas de l'insulter, ah ça non alors.
L'ado reste silencieuse, narrateur externe, point de vue quasiment externe. Que ressent-elle ? Dégoût, lassitude, soumission à une volonté plus forte, qui exerce à un haut degré la manipulation mentale. Elle est complètement perdue dans le discours du linguiste pervers. Ce que tu fais, tu l'aimes. Je ne fais rien de mal et rien de ce que tu ne veux pas. Je respecte ta virginité. Tu es unique. le pervers polymorphe pour les Nuls : Pierre Angot. Guide rouge du Pervers : trois étoiles au Michelin. C'est pour notre éducation.
Et la petite qui ne peut ni s'échapper ni refuser, alors que la porte est grande ouverte. Et qui va le revoir.
Instructif. Regardons autour de nous le mal qui nous entoure, apprenons à le reconnaître, lui et ses victimes invisibles. Christine Angot nous le montre dans sa nudité insoutenable. Courage, ouvrons les yeux.
Je vais mettre cinq étoiles.

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J'aimerais ici parler de l'aspect littéraire du livre. Car les critiques négatives, qui semblent avoir été rédigées par des personnes choquées, ne parlent pas vraiment du livre.

Le projet littéraire d'Angot est de donner à voir au lecteur la mort d'une jeune fille dans le cas particulier de l'inceste. de ce point de vue, c'est indéniablement réussi. L'adolescente meurt noyée par le sexe paternel: soit elle se donne à son père, soit il l'humilie et elle se sent bête.

La lecture est dérangeante, éprouvante mais permet au lecteur d'expérimenter le dégoût de l'inceste. Evidemment, il faut être intéressé par ce que François Busnel nomme crime malheureusement "universel". Sinon, mieux vaut ne pas entreprendre la lecture. Si on ouvre le livre, on découvre une écriture, précise, concise et ciselée, magnifiquement balancée, avec des longues périodes qui alternent avec des phrases courtes et tranchantes. le roman peut se lire d'une traite. le travail mené par Angot sur le rythme, la prosodie est remarquable.

Mais ce qui, selon moi, a trop peu été dit sur ce livre, c'est qu'il dresse le portrait d'un monstre. Ce père n'est pas la métaphore de la mort, il l'incarne, il l'est. L'arme de cet individu qui viole sa fille sans relâche, c'est la rhétorique. Monsieur est linguiste. Il parle sans cesse. Sa fille l'admire, lit ses travaux entre deux fellations. Elle, elle ne parle jamais, ou sous la contrainte. Elle est écrasé par le corps et la condition sociale élevée de son immondice de père. Elle n'existe pas. Elle est annihilée par son pénis et sa prétendue science. Elle est coincée. Chaperon rouge, la fille est dévorée par le père. Est-il possible de survivre à la mort psychologique qu'inflige l'inceste? La dernière page propose une réponse ferme à cette question.

Bref, si cette Semaine n'est pas de tout repos, elle est une éclatante réussite littéraire, classique et moderne à la fois. Classique car il s'agit en fait d'une tragédie utilisant le principe ancestral de la triple unité et moderne car elle développe une réflexion sur la domination masculine, sociale et rhétorique. C'est aussi un réquisitoire contre la domination d'hommes issus de la classe dominante, ordures humaines impunies capables de tout pour assouvir leurs pires pulsions.
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Quand on revient d'une semaine de vacances comme celle -ci , les valises sont plus lourdes au retour qu'à l'arrivée, des valises plombées pour la vie.

Pas de style dans ce bouquin, mais l'inceste , c'est quel style en fait ?

Des mots haletés au hasard de ses souvenirs, une semaines de vacances c'est trop court quand on va à la mer où à la montagne, mais de telles vacances sont probablement les plus longues de toute une vie.
Pas possible d'échanger les billets, pas d'assurance annulation , et les souvenirs restent gravés dans la chair à tout jamais.

Les descriptions sont crues, parce que dans la vie, les victimes d'inceste sont rarement crues.

La première scène nous tombe dessus, mais la victime si jeune avait elle été prévenue des assauts qu'elle allait subir de la part de son gentil papa?

Homme brillant , éminent intellectuel linguiste, sa langue maternelle, il en a fait du fiel, il l'a déroulée tel un serpent et pof, sur sa proie.

Les scènes se sont enchainées, il en avait des envies le père ANGOT, jamais rassasié, et nous aussi on subit :
les mots d'argot pour les maux d'Angot

Le livre refermé, pour le lecteur l'affaire est terminée, mais pour l'auteur, l'histoire a recommencé tellement de fois…de quoi être désaxée .

Juste une envie , quand on la lit : sauter du lit.

Personne n'a parlé de littérature,
Juste un témoignage sur une ordure .

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Livre éblouissant. Qui fait de nous un sujet dans la perversion. Pas la perversité. La perversion la vraie. Quand vous n'êtes plus sujet justement. Par la transmutation de l'écriture, l'auteure nous fait toucher du doigt ce qui tue. C'est fabuleux. Ce n'est pas réaliste, c'est la nième version qui tente de nous l'offrir. L'autre qui avait fait ça si bien, c'est Marguerite, avec ses crabes, sa mer, son diamant pourri, son chinois moche.On s'est fichu d'elle, on a fini par lui donner le Goncourt pour la version édulcorée.Bon là, Christine, elle ne risque pas.Pourtant, les romans que je lis, je les donne toujours mais celui là on a intérêt à me le rendre.
Après si le sujet ne vous intéresse pas, passez votre chemin, mais c'est valable pour tous les bouquins.
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rentrée littéraire.
ma carte bleue est bloquée jusqu'à lundi... j'entre dans la librairie de la place du marché de Noisy le Grand (une librairie à recommander). je saisis un livre, puis demande à la libraire où est le livre de C. Angot, et si je peux faire un chèque.
"non" me dit-elle.
je repose donc le livre, et prend le dernier exemplaire d'UNE SEMAINE DE VACANCES.
"un sac ?"
"non merci"
"ah ! c'est à consommer de suite !!"
"oui"
oui. voilà. on fait comme Mme ANGOT : on lit le livre "sans respirer, sans prendre le temps de souffler".
on le lit et on voit. on le lit et on est elle.
merci.
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Je ne me souviens plus quand j'ai lu ce livre, ni où. Ce que je sais c'est que je ne savais plus rien en le lisant. Je ne savais plus ce qu'était la littérature, je ne savais plus ce qu'était la réalité, je ne savais plus ce qu'était le langage. Je ne savais pas si j'aimais ce livre, si je le détestais, je ne savais plus ce que c'est aimer ou détester. Je ne savais plus où j'en étais. Je ne savais pas si je pourrais jamais écrire quelque chose sur ce livre, en dire quelque chose de valable, en dire quelque chose. Si j'avais le droit d'en dire quoi que ce soit, d'en penser quoi que ce soit. Je ne savais plus penser.
A distance, je dis ceci: que la pornographie était dans le viol, et qu'elle n'est pas dans l'écriture. Et que le sujet Angot est un sacré écrivain, qui arrive à travers le prisme déformant des mots à faire approcher l'horreur vraie, qui est elle au delà des mots. On ne saurait s'étonner, mis en place de victimes, que tant de lecteurs se protègent par le rejet et une forme de haine. Mes cinq étoiles vont au courage de cette auteure dont le travail d'écriture est exceptionnel, courage auquel répond celui de tous les lecteurs, qu'ils aient ou non défendu ce livre.
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Quel choc !
Oui, j'avais déjà vu Christine Angot aborder la question de l'inceste sur quelques plateaux télé mais j'ignorais tout de ce livre au moment où je l'ai commencé. Et là, dès les premières pages on est plongé dans la réalité de ce que doit vivre une adolescente pour une semaine de vacances avec un père incestueux.

C'est direct, c'est cru, choquant, révoltant, terminé le 2 novembre, c'est seulement aujourd'hui que je rédige ma chronique, besoin de laisser décanter, de digérer l'épreuve de ce qu'elle a dû vivre pour pouvoir en dire quelque chose.

Après avoir terminé, j'ai lu quelques critiques, j'ai retrouvé ce que j'ai pu ressentir dans certaines d'entre elles, d'autres m'ont quelque peu contrarié, celles qui y ont vu du porno, de la vulgarité, de la provocation ou qui analysent, qui comparent, entre autres avec Camille Kouchner ou Vanessa Springora. Je pense qu'il est vain de comparer et qu'il faut prendre le livre de Christine Angot comme un cri, une thérapie, une manière de vider son sac pour tenter de se reconstruire et qu'il faut l'accepter comme tel sans aller plus loin dans l'analyse qui mettrait à distance. Sa manière brutale d'exprimer ce vécu si douloureux sans l'expression des émotions est pour moi justement ce qui permet au lecteur de réaliser ce qu'elle a pu vivre, de comprendre les dégâts occasionnés par un adulte sur une enfant et d'éprouver de l'empathie pour toutes les victimes de l'inceste ou de la pédophilie. Quel fléau !

On ne ressort pas indemne d'une telle lecture mais quel courage d'avoir pu écrire ce texte.
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Christine Angot peut être agaçante mais elle écrit vraiment très bien. Pourtant, on n'aimerait qu'"Une semaine de vacances" comme ça n'existe pas.
Ce roman peut choquer par sa crudité et sa description détaillée des rapports sexuelles mais ce n'est ni un livre porno ni un livre vulgaire. Loin de là, car on comprend vite que les rapports sont incestueux et on a envie que ça se termine le plus vite possible parce que c'est insupportable. On retourne le thème récurrent des livres de Christine Angot, l'inceste, mais cette fois-ci avec une puissance figurative traumatisante.
Le livre commence par décrire un homme en érection qui demande à une femme de faire l'amour, ce qui n'est pas surprenant en vacances puisque le sexe fait partie des moments de plaisir. Sauf que très vite on se rend compte que ce n'est pas une femme mais une jeune fille et qu'il s'agit de sa propre fille. Cela devient vite très écoeurant. On a vraiment envie qu'il s'arrête de tripoter, de toucher, de malaxer ce corps qui ne lui appartient pas mais qu'il domine de façon sournoise. Il n'arrête pas, il est obsédé et oblige insidieusement sa fille à acquiescer, à lui obéir. Et le pire est que ce pervers se débrouille pour la rendre coupable de ne pas faire plaisir à son père lorsqu'elle pleure parce qu'il lui fait mal en la sodomisant.
Angot montre avec peu de mots, la soumission de la jeune fille, la passivité de celle qui subit en regardant les détails de ce qui l'entoure, enfermée dans une maison de vacances : il y a les lunettes sur la table de nuit et un sac de voyage par terre, le jardin vu à travers les rideaux. Un calvaire qu'il faut dénoncer et Christine Angot le fait par la fiction tant la réalité est insoutenable.


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Que dire de ce court roman qui rompt l'instant par la force violente des scènes de soumission sexuelle ....ou à chaque pages on se ronge dans la servitude de cette fragile jeune fille dévorée par ce monstre d'égoïsme animal ....
La brutalité présente brule notre rage et notre déception dans ce coeur du volcan en éruption...le désarroi d'une fin abrupte .....tel un cri .....
Après avoir lu l'inceste qui dévoile le drame de cette fille ....le livre devient un témoignage froid acide lourd immonde de ce père assassin .....
Peut on survivre après une semaine de vacance de torture morale et sexuelle avec son père ... Devenir une femme épanouie ..Seule Angot connais la réponse ou ses livres brulent ce passé ....

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