Contrairement à ce que ce nom indique,
Une semaine de vacances n'est pas un livre à lire sur la plage. C'est l'anti-livre de l'été.
Que fait-on d'un livre qui vous dégoute autant qu'il vous intrigue ? Il est du ressort de chacun de se faire sa propre opinion. Quand on touche à l'intime et qu'on y confère, ce qu'on appelle, le dégueulasse, il y a malaise.
Une semaine de vacances n'est sûrement pas le livre qu'on laisse traîner sur la table basse de son salon. Impossible de crâner en en racontant le sujet. Ce n'est pas un livre qui nous rend fier. C'est comme serrer la main d'un sidatique et se la laver après.
Qui sont vraiment les gens ? Pour le savoir, il faut les connaître dans leur lit. Est-ce qu'ils baisent ou font-ils l'amour ? Aiment-ils les choses salasses ou restent-ils classiques et réservés comme on les voit à la machine à café ? Quelle tête ont-ils quand ils jouissent ? Et surtout, qu'est-ce qui les fait jouir ? le personnage masculin du livre est un homme brillant. Il aime la cuisine raffinée, donne des cours de linguistique, lit le Monde, commente les endroits qu'il visite en vacances. Pourtant, cet homme que vous croisez sans doute tous les jours, au détour d'une rue, d'un métro, d'un bureau etc., abuse sexuellement de sa fille, qui n'a même pas quatorze ans.
Pour tous ceux qui ne l'ont pas lue, la première phrase du livre est cul(te) : "Il est assis sur la lunette en bois des toilettes, la porte est restée entrouverte, il bande."
Et c'est parti pour une descente aux enfers de 138 pages, 15 ans après
L'Inceste qui lui avait fait connaître la gloire et le scandale. Ce qu'il y a de surprenant et d'irritant avec ce livre, c'est qu'on est obligé de le finir. Ce n'est pas un choix. Lisez-le et vous verrez. Mais pourquoi commencer ce récit infecte ? Parce que la grande force de
Christine Angot, c'est l'image. Chaque mot est scrupuleusement choisi pour que le lecteur décerne immédiatement la scène.
Angot a la qualité des grands écrivains, capables de transformer le lecteur en spectateur.
Spectateur de l'horreur, certes. Deuxième condition sine qua non d'une bonne lecture : la fin. L'auteure nous rappelle que la vie commence par le langage. L'atrocité et le dégout des évènements passés laissent place à l'espoir dès que la jeune fille se met à parler, à s'exprimer. Et la vie peut enfin commencer.
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