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EAN : 9782896945092
262 pages
Alto (17/05/2021)
4.04/5   38 notes
Résumé :
Les femmes de la famille McAllister ont une fâcheuse tendance à ressusciter brièvement après avoir été incinérées. Pour éviter ce triste sort à sa soeur Charlotte, Levi décide qu'elle sera enterrée et entreprend de lui confectionner un cercueil, bien qu'elle soit en parfaite santé. Quand elle découvre le projet démentiel de son frère, Charlotte prend la fuite, inquiète pour sa sécurité. C'est le début d'un périple échevelé aux quatre coins de la Tasmanie, île emprei... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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L'otarie vient d'être tuée, Karl est « secoué de sanglots secs » et je n'en mène pas large. Il faut dire que l'histoire d'amour entre l'humain et l'animal m'a cueillie entre la résurrection d'une femme revenue d'entre les morts (rien que de très courant d'ailleurs dans la famille McAllister) pour cramer la pelouse de son ex-mari et l'hilarant échange épistolaire entre un fabricant de cercueils atrabilaire et son obstiné client.
Comme le dit traversay dans son billet, l'excentricité n'a jamais été gage de talent littéraire. Mais un titre réduit à un seul mot, qui n'annonce nulle extraordinaire aventure d'aucun fakir, suggère déjà que l'originalité à tout crin n'est pas le but ultime de cette histoire ébouriffante. le pêcheur a croisé la femme qui prend feu, c'est pourquoi nous avons abandonné la pelouse noircie et grimpé dans sa barque pour tout apprendre de la chasse au thon. Chaque chapitre apparaît donc comme une bifurcation qui nous conduit à la suite d'un nouveau personnage non seulement vers de nouveaux territoires géographiques mais aussi à travers tout ce que la littérature a pu imaginer en matière de récits : cosmogonie, journal intime, correspondance, roman noir… Et c'est épatant comme tout cela fonctionne, comme chaque voix narrative sonne distinctement et juste, et comment le détective privé a réussi à me scotcher (même s'il carbure plutôt au gin). À la page précédente, le roman rivalisait avec « Les Travailleurs de la mer » et le chapitre suivant narrera la mort du Dieu Esk, à peine interrompue par une hécatombe de wombats dans un pastiche des « Dix petits nègres ».
La première partie du livre est donc une pure merveille, que ceux qui ont aimé « Si par une nuit d'hiver un voyageur » apprécieront particulièrement en retrouvant comme dans le roman de Calvino la pure joie des commencements et l'enfantine impatience qu'ils suscitent.
Alors, bien entendu (hélas ?), ces divers chapitres finissent par s'imbriquer pour dessiner une histoire parfaitement cohérente même si elle reste mystérieuse. Une histoire qui raconte comment les humains et la nature tour à tour se meurtrissent et s'apprivoisent. Une histoire de panthéisme où les éléments, comme les dieux chez Ovide, tombent parfois amoureux d'une simple mortelle, insoucieux des désastres qu'ils provoquent.
Bref, la Tasmanie est la nouvelle Olympe et Robbie Arnott son prophète inspiré.
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Ce n'est pas que l'originalité soit toujours garante d'excellence littéraire mais il faut reconnaître que le premier roman de l'australien Robbie Arnott, Flammes, contient tous les ingrédients nécessaires pour intriguer le lecteur. de quoi le livre parle-t-il ? D'un dénommé Levi McAllister, résident tasmanien, qui a décidé de construire un cercueil pour sa jeune soeur Charlotte pour des raisons qu'il serait trop long d'expliquer mais qui ont à voir avec l'incinération et la réincarnation qui s'ensuit. Et comme Charlotte apprécie assez peu que son frère s'intéresse à son sort post-mortem, il est assez logique qu'elle prenne la poudre d'escampette. Ce ne sont que les prémices d'un roman où l'on va de surprise en surprise dans un récit ébouriffant au style que l'on pourrait qualifier de réalisme magique confronté à une certaine rudesse. Comme l'a dit un critique, c'est la rencontre de Garcia Marquez avec Richard Flanagan, grand auteur né en Tasmanie tout comme Robbie Arnott. Flammes témoigne d'une maîtrise narrative incroyable, la plupart des chapitres introduisant de nouveaux protagonistes dont on se demande un temps ce qu'ils viennent faire dans le livre avant d'y prendre une place essentielle. Et parmi ces personnages, il y a des animaux et même le feu lui-même qui devient acteur de l'intrigue (il faut le lire pour le croire). C'est un livre horrifique, féérique, burlesque, poétique, émouvant et on peut y ajouter bien d'autres qualificatifs. Gageons que cette cavale en Tasmanie risque aussi de donner envie de la découvrir à ceux qui ne connaissent pas encore cette étonnante contrée. A la réflexion et au jeu des comparaisons, il y a finalement un auteur que l'on peut rapprocher de Robbie Arnott, toutes proportions gardées : il s'agit de l'estonien Andrus Kivirähk, grand créateur d'univers magiques et inquiétants à la fois.
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Je suis les forêts d'eucalyptus et de fougères, les mines d'étain et les montagnes de dolérite. Je suis les coquillages et les algues brunes, je suis l'herbe grasse des prairies où paissent les wombats.
Je suis le sel incrusté dans la peau du pêcheur, celui qui trouve en l'otarie la moitié qui lui fait défaut depuis sa naissance, compagne à sa dangereuse tâche. Je suis le Sang-pourpre, un thon massif d'écailles et de muscles qui ne se pêche que dans l'agonie de ses chasseurs. Je suis le rakali qui remonte la rivière vers ma bien-aimée, je suis le rat d'eau dont la fourrure abrite un dieu. Je suis le cormoran qui fait son nid entre vos côtes, qui frappe l'intérieur de votre poitrine à coups de bec, attisant l'envie de sang et de mort.
Je suis la première étincelle, le feu originel. Celui qui grandit à mesure qu'on le rappelle sans cesse. L'immortel qui sait prendre la forme d'homme.

Je suis le bois dont on fait les cercueils. Je suis l'acacia noir où un oiseau fera son nid, prêt à le défendre bec et serres. Je suis le gommier des neiges, qui fossilise les corps que même le temps ne pourra altérer dans leur beauté.
Je suis les femmes de la famille McAllister qui reviennent à la vie, changées, après que mes cendres aient été dispersées. Que je respire par des poumons, des branchies, des stomates, ou pas du tout. L'espace de quelques jours.
Je suis Levi qui se refuse à voir sa soeur revenir de la sorte et lui construit un cercueil, et je suis Charlotte qui fuit la folie de son frère, pour mieux se retrouver elle-même.

Je suis une histoire (sur)prenante de deuil, d'incompréhension, de solitude et d'amour.
Je suis les merveilleuses et terrifiantes étrangetés de l'île que tout le monde accepte, je suis la polyphonie de Tasmanie sans cesse renouvelée qui se fait pourtant écho, traçant les sillons d'une même rivière aux multiples bras à travers l'état.
Je suis le feu qui crépite au bout des doigts, les flammèches qui coulent des yeux ou des lèvres, l'incendie qui embrase tout – même notre être.
Je suis Flammes.
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Ce qui rend ce roman vraiment unique, c'est sa construction. Chaque chapitre raconte l'histoire d'un nouveau personnage, connecté aux précédents et aux suivants de façon plus ou moins inattendue, et ce n'est qu'au dernier chapitre qu'on découvre enfin le point de vue du personnage central, celle autour de qui tourne tout le reste et qui n'est auparavant qu'entrevue à travers les histoires des autres. C'est ingénieux, original et très bien exécuté. Les personnages sont variés et plus loufoques les uns que les autres : un fabricant de cercueil misanthrope, une détective privée alcoolique, un éleveur de wombats psychotique, un rat d'eau mégalomane... Tous contribuent à créer un univers fantaisiste et, par la bande, nous font découvrir la faune et la flore australienne.

Le texte nous entraîne de surprise en surprise, ce qui rend la lecture dynamique et intéressante. Je ne me suis pas ennuyée une seconde! Je suis tout de même un peu restée sur ma faim, une fois arrivée au bout... Les problèmes sont résolus, les mystères sont expliqués mais, sans trop savoir pour quelle raison, je n'ai pas été convaincue du pourquoi de tout ça. Mais bon... Peut-être que je cherche un sens profond à une histoire qui se veut simplement divertissante. Et pour ce qui est du divertissement, j'ai été servie!
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Waouh ! Quel voyage extraordinaire nous offre l'auteur australien Robbie Arnott avec son premier roman Flammes. Une écriture parfaitement maîtrisée, une structure de récit originale et enchanteresse construite comme un Cluedo qui sème des indices en faisant intervenir différents personnages, même les plus improbables, comme narrateurs des différents chapitres. Avec Flammes, prenez votre respiration pour cette immersion complète dans un univers de réalisme magique et une intrigue burlesque aux accents mystérieux de polar, qui nous fait voyager dans un road-trip aux quatre coins d'une Tasmanie envoûtante.
D'une certaine manière, cette lecture m'a rappelé un des livres coup de coeur de mon adolescence, le célèbre Cent ans de solitude, de Gabriel Garcia-Marquez, mais avec cette touche inimitable de la littérature australienne.
Ce n'est pas le genre de livre que l'on dévore en une seule respiration. C'est le genre de roman que l'on savoure à petites bouchées, on relève les yeux de temps en temps pour s'imprégner du récit et des mots, on se demande où cela va nous mener et on lâche prise, et puis à la fin on sourit d'avoir vécu un voyage si étonnant oscillant entre dureté et même cruauté et émerveillement.
Flammes, c'est un conte pour adultes qui, au détour des pensées intimes d'un dieu indigène à la forme de rakali, nous amène à poser un regard critique sur notre monde et nos comportements. C'est un conte pour adulte qui joue à cache-cache avec la palette des émotions humaines et interroge la motivation de nos actes. C'est un conte pour adulte qui rend un hommage vibrant à la Nature.


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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
A la différence de nombreuses personnes sur cet étrange caillou astral, je n'ai pas de talents cachés. Pas de tours de magie, pas de don secret, pas de truc incroyable pour quoi que ce soit. Mais si je devais confesser une aptitude particulière, je vous parlerais de mon pincement. Ce n'est pas un mouvement réflexe du genou, ni les entrailles qui se serrent ou un nerf qui tressaute dans la nuque : c'est un pincement dans tout le corps, qui me fait frémir en me parcourant des pieds à la tête, dès qu'un incident est sur le point de se produire. C'est très précis. Ça m'arrive quand un voyou s'apprête à devenir violent, quand un client me ment, quand une piste ne mène nulle part. Même avant que mes pneus ne chassent le verglas. C'est un pincement auquel je peux me fier, et en général je l'écoute. Je ne peux compter sur rien d'autre.
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J'ai rencontré des frères et sœurs qui avaient presque une compréhension inconsciente de l'autre. De ce que l'autre va dire, de la façon dont il va réagir, de ce qu'il va choisir : comme s'ils faisaient parti d'un plan qu'ils sont les seuls à connaître. C'est comme rencontrer des extraterrestres. Levi et moi, on ne s'est jamais compris. Mais je sais qu'entre nous il y a de l'amour. Rien qui soit chaleureux, ni exprimé tout haut, mais de l'amour quand même. De l'amour façonné par son entêtement à tous crins, par mon tempérament de feu, par toute la tendresse que nous a témoignée notre mère.
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Que dire ? Les gens changent.Les carrières partent en eau de boudin. Les vies regimbent. Les fiancés se tapent des consultantes en RH spécialisées dans la gestion du changement . Blondes. Le gin s'invite dans votre café, D'abord une petite pluie, puis un raz de marée. Alors je ne m'en veux pas quand il m'arrive de vexer quelqu'un , de balancer quelques taloches, de briser quelques os. Je ne ressens plus grand chose.
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Une tristesse de nuage : vous ne pouvez pas imaginer ce que c'est. Mais vous pouvez le sentir, dès qu'une tempête s'abat sur le monde avec une force inhabituelle. Quand les montagnes se fissurent et les forêts sont inondées. Quand les fleuves débordent et les océans enflent. Quand il ne reste nulle part au monde où s'abriter. Car les tempêtes les plus violentes naissent de la tristesse.
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Qu'on me donne des mers hachées d'écume pleines de sel et de fureur.
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Video de Robbie Arnott (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robbie Arnott
Robbie Arnott talks about his debut novel, Flames (2018).
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