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EAN : 9782246829652
272 pages
Grasset (11/10/2023)
3.62/5   8 notes
Résumé :
C’est l’histoire d’Evelyn, qui a 85 ans et fut déportée de Hollande à l’âge de quatre ans, jusqu’à Bergen-Belsen en Allemagne. Aujourd’hui, elle raconte aux enfants des écoles des souvenirs qui lui échappent souvent - elle était si petite là-bas, et elle s’est protégée des années dans l’oubli et le déni.
Et c’est l’histoire de Claude son fils, journaliste parisien de soixante ans et qui n’aime pas vraiment que sa mère - qu’il a connue un peu drôle et normale... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre n'est pas fini. Et il ne peut pas l'être. Une femme de 85 ans tente de retrouver ses souvenirs d'enfant hollandaise et juive, déportée à l'âge de quatre ans et demi. Sa déportation, elle n'en connaît guère que ce qu'en disaient ses parents, envoyés avec elle au camp de Westerbork. Elle a fait tomber un voile de déni sur sa mémoire, et vit avec celle de sa mère qui laissait entendre que c'est sa force de caractère qui les avait sauvés, elle, son mari et sa fille.

Evelyn Askolovitch doit donc se défaire de ce récit maternel qui étend son ombre sur son passé de toute petite fille déportée, pour s'approprier son histoire, en retrouver ses propres images, un vécu qui n'a été que le sien, quand bien même cette période aura été partagée au plus près par ses parents. Travail sans fin.

Il l'est d‘autant moins que si on comprend le besoin d'écriture de la mère, on ne saisit pas bien ce qui s'impose au fils dans cette élaboration du « souvenir ensemble ». Peut-être conjurer l'agacement suscité par le témoignage que porte souvent Evelyn Askolovitch dans les collèges et lycées, alors qu'elle ne parlait pas à ses propres enfants ; mais aussi abolir le remords de sa confusion oublieuse de ce qu'elle arrivait parfois à en dire. Peut-être au final, accepter simplement – même si ce n'est pas simple – que sa mère soit aussi l'adulte que cette petite fille est devenue, avec tout ce dont elle ne peut faire abstraction, quand bien même cela le dérange, lui, ou l'éloigne se sa mère.

Cela fait un livre chien et chat. Un fils et sa mère dont les attentes divergent, dont les mémoires se heurtent. le même projet, mais pour des raisons différentes. Alors, ils le construisent à hue et à dia, essayant de trouver une démarche commune alors qu'ils parcourent deux chemins distincts.

Question : comment ces deux-là se regardent-ils après avoir lu ensemble ce que chacun a écrit ? Que pense-t-elle des agacements, des incapacités, des ressentiments dont son fils fait état ? Et lui, de comprendre mieux, et même de découvrir, la peur d'abandon qui est celle de sa mère, l'accepte-t-il enfin comme définitivement blessée, malgré son apparence si vivante ?

Autre question : quelle est la part de nécessité de ce livre, et quelle est celle de l'impudeur à révéler ce qui n'appartient qu'à ce couple mère-fils ?
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Se souvenir ensemble rassemble une mère et son fils, Evelyn et Claude Askolovitch, autour de l'amnésie qu'a vécu la première lors de son internement dans les camps de concentration, dès l'âge de quatre ans. Jamais elle n'avait raconté et jamais elle en avait parlé. Et puis un jour, lorsque les garants de sa mémoire familiale se sont tus, elle s'est autorisée à interpeller la sienne pour commencer à témoigner auprès de jeunes.

Seulement, son fils, Claude Askolovitch, ce journaliste opiniâtre, journellement entendu sur les ondes de France inter, s'étonne et même se sent presque floué, de la confiance faite à des inconnus. Sur les conseils d'un tiers, cet ouvrage est né. Et, comme la famille Askolovith a ses origines dans cette Mitteleuropa “polyglotte et lettrée”, exilée en Hollande pendant la seconde guerre mondiale, il y a à raconter.

Les détails sont nombreux entre ces divers ascendants : Des vies brisées se racontent, s'arrêtent et néanmoins repartent, vives et fertiles, de nouveau à se réinventer avec amour et tendresse. Pas loin de penser comme Nolween, la compagne de Claude Askolovitch, que tant de détails infligés au lecteur relèvent de la ” transgression sociale “, car on s'y perd un peu devant l'abondance relatée.

Est-ce que l'amnésie traumatique dont a souffert Evelyn a pesé sur sa famille ? Est-ce la culpabilité de n'avoir rien voulu en savoir qui a empêché le fils, quelques fois ? Mais, presque du jour au lendemain, il ne fut question que du passé d'Evelyn. Alors, comme réponse, le fils eut l'idée de cet essai pour raconter ensemble ce basculement.

Cette sorte de dialogue se lit facilement. Car, c'est peu dire que ces deux-là se chamaillent. le fils n'entend pas les révélations murmurées par sa mère et lui reproche de n'en jamais rien dire. Néanmoins entre ces deux-là, l'amour est palpable même s'il ne se dit pas.

Outre l'histoire du XXè siècle raconté dans cet essai, ce sont aussi les relations entre Claude Askolovitch et sa mère, aussi passionnés et entiers l'un et l'autre, possessifs de l'un à l'autre, aussi entêtés et de mauvaise foi chacun, mais en tout cas, attachantes pour un récit de vie terriblement émouvant. Une rencontre passionnante et un moment de lecture aussi important pour le devoir de mémoire qu'agréable de cet amour qui se dit à chaque page !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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critiques presse (1)
Culturebox
20 novembre 2023
Un échange entre Evelyn et Claude Askolovitch bien vivant, plein d’amour et nécessaire pour délivrer, démêler et ancrer ces souvenirs familiaux tragiques dans l’Histoire.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
- Tu sais ce qui est arrivé à Opa quand nous sommes revenus ?
- Dis-moi ?
- Notre ancien appartement était occupé par de nouveaux locataires… Opa est allé au bureau des logements pour voir s’il pouvait récupérer l’appartement où ses parents avaient vécu. On lui a demandé s’il avait leur certificat de décès. Quand Opa a répondu que sa mère avait été gazée dans un camp de concentration, on lui a dit qu’il n’avait pas de preuve, et si ça se trouvait, elle vivait toujours.
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Dans la sociabilité de l’école, je ne savais pas quoi faire de ce judaïsme qui chez nous prenait tant de place. Il était le travail de mon père et, avec Israël, un souci permanent ; il était l’enfance de ma mère et de ses parents, les prières d’Amsterdam, et il était une fracture aussi, une dispute entre Evelyn et Roger.
(…)
Ce qui me minait, petit garçon sans instinct bagarreur, inquiet de ne pas ressembler aux autres : notre intimité n’étais pas racontable aux copains de l’école.
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En dépit du regard que porte Evelyn sur eux, ses compatriotes hollandais ne se sont pas vécus comme des complices de l’Allemagne nazie, mais (à juste titre) comme ses victimes. Et sans aucun doute, étant victimes, ils ont mis du temps à admettre la part qu’ils prirent – certains d’entre eux, policiers, collabos, la société des chemins de fer – dans la mort des juifs.
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Bien sûr je n'avais rien vu de cela - pas aussi clairement, avant de l'écrire ici. Et bien sûr - car écrire ne sauve rien - je réalise que sans même mourir, j'ai déjà trop souvent abandonné ma mère, en m'abritant de ses peurs, en traînant sur ce livre, en oubliant ses mots, fuyant dans mes malaises.
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Entre les deux photos, Evelyn était dans les camps. A la regarder sourire dans les rues inchangées d'Amsterdam il n'y paraît rien. Seule l'imagination remplit le vide entre les deux pages de l'album.
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