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EAN : 978B001V98GCI
Alianza (30/11/-1)
3.49/5   37 notes
Résumé :
Un jeune Américain dévoré d'ambition débarque un jour sur la côte d'une petite république d'Amérique Centrale. Pour devenir planteur de bananes, il dépouille les paysans de leurs terres. A force de cynisme, de chantage, de trahison, de cruauté, il devient le " Pape Vert " et dirige un véritable empire... Roman baroque, roman politique, roman exemplaire de la littérature latino-américaine où se déploient les mille sortilèges d'une nature luxuriante, Le Pape vert, l'u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Plaisir de retrouver Asturias dans la veine d'El Senor Presidente, dans un de ces romans politiques incandescents au récit sublimé par cette pointe de folie, le réalisme magique, que je n'ai jamais trouvé ailleurs que chez ces grands auteurs latino-américains du dernier siècle.
Pas vraiment de dictateur dans ce roman-ci, mais la dénonciation d'un pouvoir politique et militaire complètement corrompu car si aisément corruptible par les grandes compagnies fruitières américaines qui ont façonné sans la moindre vergogne, appuyé par Washington, la géopolitique de l'Amérique centrale pour leurs seuls et gigantesques profits.
Asturias nous convoque donc dans les agissements brutaux, véreux et machiavéliques d'un roi de la banane, Geo Maker Thompson. Un pirate aventurier pour lequel l'entreprise bananière n'est qu'une autre façon d'exercer ses talents de piraterie, extorquant, corrompant, esclavagisant, délogeant et même tuant à tout va, jusqu'à parvenir aux portes de la consécration de ce capitalisme sauvage et être sacré président de la compagnie... porte devant laquelle il recule au dernier moment, ensorcelé par un amour obsédant...
Je rejoins le commentaire d'un autre babéliote, le livre est un peu long, c'est vrai. La première partie qui décrit l'ascension du pape vert et son immersion dans le même temps dans les filets étranges d'un amour impossible, est géniale. La seconde, plus bavarde, met la focale sur la population locale et les ravages dans les mentalités de cette politique économique de sauvages, souffre de quelques longueurs, mais l'ensemble est sauvé par quelques scènes sublimes soit de poésie, soit d'acuité à décrire le pouvoir corrupteur de l'argent.
Un auteur et un roman à lire pour le témoignage unique qu'il porte, l'évocation de la puissance de la nature luxuriante, la lutte impossible des plus faibles, la sauvagerie d'un capitalisme sans foi ni loi qui n'en finit pas de réapparaitre sous de nouvelles formes.
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Un Américain renonce à son métier de pirate pour devenir planteur de bananes. Il tombe amoureux d'une belle métisse qui disparaîtra sans laisser de traces. Un roman d'amour et d'aventures? C'est ce que je croyais à la lecture de la jaquette du livre du récipiendaire du Nobel 1967 (le résumé sur Babelio est celui du Poche).

Dès le premier chapitre, on fait la connaissance de Geo Maker Thompson, le planteur de bananes qui veut devenir « le pape vert », qui n'a aucun scrupule de s'approprier des terres des indigènes pacifiques, en les achetant avec de l'or ou en utilisant le fusil. Il y voit d'ailleurs un avantage : les orphelins sont une main-d'oeuvre docile… Et tout ça, avec la complicité des autorités, achetées elles aussi. On se retrouve donc en plein drame social et politique. Bien que ce soit une oeuvre de fiction, à travers ses personnages, c'est l'histoire d'un pays qui n'est jamais nommé, une « république de bananes » d'Amérique centrale.

Comme Miguel Angel Asturias est originaire Guatemala, on ne peut s'empêcher d'aller vérifier l'histoire du pays, pour constater que tout ça correspond en gros à la réalité, la colonisation par la « Compagnie » au cours du XXe siècle, a bel et bien existé.

Un roman d'une écriture riche et imagée, avec un décor tropical, des émotions amoureuses et des réactions humaines face à l'injustice. Un livre pas très réjouissant, qui change la façon de voir le monde…
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Dans ce roman, trop long à mon goût on retrouve bien le "réalisme magique" cher à certains auteurs latino-américains comme Miguel Angel Asturias ou Gabriel Garcia Marquez, tous deux prix Nobel de littérature.
Cependant, l'intrigue, alambiquée, qui mêle des dialogues répétitifs et des descriptions de détails n'est qu'un prétexte à la dénonciation du noyautage de l'Amérique (centrale en l'occurrence) par les grandes compagnies américaines (United Fruit, entre autres) .
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Asturias possède un talent d'écriture indéniable, mais à double-tranchant : certains passages peuvent être très narrés, avec des dialogues, alors que d'autres appartiennent à une sorte d'ovni littéraire, mélange de phrase jetées sur le papier comme on reçoit des émotions. Il faut donc s'adapter à cette ambivalence.
La première partie évoque les début de Geo Maker Thompson, qui va vite devenir le "Pape vert" en envahissant et détruisant une terre fertile et fruitière qu'il s'approprie. Ce personnage de conquérant est intéressant car on le découvre à plusieurs moments de sa vie : ses débuts, ses problèmes de leader, son triomphe après un coup final inattendu. Plus le temps passe, plus il prend du pouvoir : plus seulement sur la terre qu'il conquiert, mais aussi là d'où il vient, c'est à dire les Etats-Unis, où il va grimper les échelons jusqu'à devenir l'homme qui décide de l'évolution de la bourse et du sort des compagnies bananières.
Autour de lui gravitent un nombre important de personnages qui vont soit l'aider dans sa quête (Flora, Kind, Juambo), soit au contraire s'opposer à sa politique (Mayari, Chipo, Lino...).
Dans ce roman social, Asturias met particulièrement en avant le choc des civilisations, comme si on assistait à une seconde conquête hispanique (mais cette fois-ci, une conquête d'entreprise privée yankee). Les américains sont décrits comme des êtres cupides, manipulateurs et qui ne pensent qu'aux intérêts de leur business tout en détruisant tout sur leur passage grâce à leur puissance diplomatique. Face à eux, les populations locales du Guatemala, les amérindiens, descendants des Mayas qui cultivent la terre et sont attachés à leurs traditions. La relation des indiens avec la magnificence de la nature sauvage dépeinte par Asturias montrent sa volonté de capter le mythe de l'indien, de faire renaître l'homme pré-hispanique et pré-capitaliste.
C'est donc un roman très intéressant socialement. Cependant, il faut s'accrocher pour le terminer car tout n'est pas clair comme de l'eau de roche et l'inégalité de la plume crée des dissensions.
Lien : http://a-petits-pas-de-pages..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La famille de mulâtres s’est accrochée avec tous ses enfants au petit lopin planté de guineyo (bananes). Mais ce fut en vain,. On les en a arrachés, on les a foulés aux pieds, on les a mis en pièces. Ils se sont accrochés au ranche. Mais ce fut en vain. Le ranch a brûlé avec leurs hardes, leurs images pieuses, et leurs outils. Ils se sont accrochés aux cendres. Mais ce fut en vain. Une vingtaine d’énergumènes, sous les ordres d’un contremaître rouquin, les expulsa à coup de fouet. (p.105-106)
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Interminable fin du soir... Promeneurs sur le quai. Des Noirs. Des Blancs. Que c'est étrange de voir des Blancs la nuit! Comme de voir les Noirs le jour. noirs d'Omoa, de Belize, de Livingston, de la Nouvelle-Orléans. D'insignifiants métis aux yeux de poisson, moitié indiens, moitié espagnols, des zambos d'un noir foncé, mulâtres effrontés, asiatiques à tresse et blancs échappés de l'enfer de Panama.
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[...] les journaux t’expliquent tout, ils le débobinent et le fouillent, ils le mâchonnent jusqu’à en faire de la bouillie, autrement dit, ils enlèvent aux choses le mystère, le mystère de la vie, et ils leur donnent un autre mystère, celui qu’ils inventent, un artifice d’intrigue et d’embrouillement avec lequel ils essaient de tromper le prochain. (p.203)
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incipit :
Il releva la tête - qui donc aurait reconnu Geo Maker Thompson dans ce visage éclairé de bas en haut par une lumière de vert luisant humide ? dans ce visage sali jusqu'à la pomme d'Adam, où la sueur éclosait en grosses pustules de cristal sur le front graisseux, où les grands cartilages des oreilles semblaient avoir frits dans l'huile de machine ?
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La nuit gravée d’étoiles, comme une enveloppe noire couverte de cachets d’or, qui contiendrait le bonheur des hommes (p.127)
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Video de Miguel Angel Asturias (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Miguel Angel Asturias
Jacqueline Duhême Une vie (extraits) conversation avec Jacqueline Duhême à la Maison des artistes de Nogent-sur-Marne le 8 février 2020 et où il est notamment question d'une mère libraire à Neuilly, de Jacques Prévert et de Henri Matisse, de Paul Eluard et de Grain d'aile, de Maurice Girodias et d'Henri Miller, de Maurice Druon et de Miguel-Angel Asturias, de dessins, de reportages dessinés et de crobards, d'Hélène Lazareff et du journal Elle, de Jacqueline Laurent et de Jacqueline Kennedy, de Marie Cardinale et de Lucien Bodard, de Charles de Gaulle et du voyage du pape en Terre Sainte, de "Tistou les pouces verts" et de "Ma vie en crobards", de Pierre Marchand et des éditions Gallimard, d'amour et de rencontres -
"Ce que j'avais à faire, je l'ai fait de mon mieux. le reste est peu de chose." (Henri Matisse ). "Je ne sais en quel temps c'était, je confonds toujours l'enfance et l'Eden – comme je mêle la mort à la vie – un pont de douceur les relie." (Miguel Angel Asturias)
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