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Le Labyrinthe magique tome 6 sur 6
EAN : 9782916749259
672 pages
Les Fondeurs de Briques (27/05/2011)
5/5   3 notes
Résumé :
Ce sixième et dernier volet du cycle romanesque « Le Labyrinthe magique » est le récit des derniers jours de la guerre civile espagnole. Dans Campo de los almendros, nous assistons à la défaite de l’armée républicaine, à la déroute de milliers de personnes, plus ou moins compromises, qui craignent pour leur vie. Cette épopée est relatée en deux grands moments : entre le 12 et le 31 mars 1939 où, cherchant à fuir l’avancée des troupes franquistes, des familles entièr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
EL LABERINTO MAGICO, tomo 6: CAMPO DE LOS ALMENDROS


Campo de los almendros (= Champ des amandiers) met fin au Labyrinthe magique de Max Aub. Fin d'une aventure litteraire que j'estime grandiose. Pour moi aussi ca a ete une aventure. J'ai interrompu de nombreuses fois ma lecture, sans jamais pouvoir l'abandonner, sans jamais pouvoir couper court. J'en sors bouleverse, repu mais tripes brouillees.


Ce sixieme et dernier tome rend compte de la fin de la guerre civile espagnole, quand Franco annonce: "La guerre est finie". C'est la debandade de tout ce qui reste comme armee republicaine dans le centre-est de la peninsule. Des rumeurs (des promesses?) courent que des bateaux francais et anglais vont venir embarquer les combattants les plus impliques, et tout le monde se rue vers le port d'Alicante, ou les consuls etrangers corroborent ces promesses. Des jours passent dans l'anxiete, beaucoup se suicident, et en fin de compte du seul bateau qui amarre debarquent des soldats franquistes qui pointent leurs mitraillettes vers la foule. Ultime trahison des puissances democratiques! Plus de 15.000 personnes sont parquees dans un grand champ, connu sous le nom de Champ des amandiers (d'ou le titre) qui devient un camp de concentration ou l'on execute par centaines, avec ou sans jugement sommaire. Elles seront ensuite transportees dans d'autres camps de fortune, dans d'autres prisons ou un long (ou court si on les execute rapidement) calvaire commencera pour elles, comme pour nombreux d'autres. le franquisme naissant est vengeur et cruel.


Comme ailleurs dans la serie du "Labyrinthe", Aub eleve les faits a une echelle cosmique (je me suis essaye a traduire): "C'est le lieu de la tragedie: face a la mer, sous le ciel, sur terre. C'est le port d'Alicante, le 30 mars 1939. Les tragedies surviennent toujours en un lieu determine, a une date precise, a une heure qui n'admet pas de retard. le ciel est couvert parce qu'il a honte de ce qui va arriver. Dieu est le responsable des malheurs humains, meme si dans son indifference il ne veuille pas le reconnaitre". Et ailleurs: "Je ne sais pourquoi vous blessent tellement les exclamations comme 'Loin de moi la funeste manie de penser!' ou 'Meure l'intelligence!'. En fin de compte cela prouve seulement que Dieu parlait l'espagnol. N'est-ce pas lui qui a dit, au debut des debuts 'Tu ne mangeras pas de l'arbre du bien et du mal'? Ce n'est pas une et meme chose?". (Ces phrases, comme "viva la muerte!" et autres, devenues celebres, avaient ete prononcees – criees par des generaux franquistes).


Dans ce tome Aub se permet d'introduire ce qu'il appelle des pages bleues, ou il analyse son rapport a ce qu'il ecrit. Desabuse, un peu amer. Je cite (dans ma traduction, encore): "L'auteur quitte, il suppose que pour toujours, la guerre civile espagnole. Ce qu'il voudrait c'est fouler de nouveau le sol des villes qu'il a connues il y a un demi siècle. Mais on ne le lui permet pas parce qu'il a essaye de conter a sa facon – et comment autrement? – la verite". Plus loin il fera dire a un de ses personnages: "Les seuls documents fiables: les romans". Des romans, comme le sien, qui edifient la memoire des vaincus: "Ceux que tu vois maintenant defaits, endommages, furieux, aplatis, non rases, non laves, sales, harasses, detruits, sont, ne l'oublie pas mon fils, ne l'oublie jamais quoi qu'il arrive, sont le meilleur de l'Espagne, les seuls qui se sont leves, sans rien, avec leurs mains, contre le fascisme, contre les militaires, contre les puissants, pour la seule justice; chacun a sa maniere, comme ils ont pu, sans que leur importe leur commodite, leur argent, leur famille. Ceux que tu vois, espagnols rompus, defaits, blesses, amonceles, a moitie morts, esperant encore s'echapper, sont, ne l'oublie pas, ce qu'il y a de meilleur au monde. Ce n'est pas beau. Mais c'est le meilleur du monde. Ne l'oublie jamais, fils, ne l'oublie pas".


Je ne l'oublierai pas, Aub, comme je ne pourrai oublier ton Labyrinthe Magique. Il m'a fallu de la perseverance, de l'entetement pour en venir a bout. J'ai du m'accrocher pour franchir tes preciosites, pour avancer contre les courants des dialogues et des monologues – insenses nombre de fois – qui ont failli noyer ma volonte. Je me suis perdu dans la foule de personnages que tu as mis en scene, me demandant toujours qui est historique et qui fils de ton imagination. Mais tes principaux personnages ne sont pas humains, ce sont des idees. Et la facon dont on les porte. Et tes themes, quels sont tes themes? L'engrenage d'affrontements humains? le deroulement d'une guerre? C'aurait ete trop facile pour toi. Tu m'as coince dans un labyrinthe dont je ne voyais par moments – panique – aucune porte de sortie sinon l'abandon pur et simple. J'ai ete atterre par ta demesure. Mais tu as reussi a me forcer a continuer, a errer, jusqu'au point final de ton oeuvre. Je sais maintenant qu'elle m'a marque. Que je continuerai a temoigner d'elle, comme j'ai essaye de le faire dans mes billets pour les babeliotes depuis quelques mois. J'y ai vu, comme d'autres critiques dont je crois avoir retenu l'essentiel, de grands themes, presque mythiques: la trahison, la confusion du labyrinthe, la degradation de causes heroiques. Tu m'as rappele, s'il le fallait, la necessite du temoignage, fut-il romance. C'est le devoir de tout rescape d'une tourmente humaine ou d'un cataclysme naturel, en fait de tout vivant. Tu l'as ecrit a ta maniere: "Un labyrinthe l'est parce qu'en fin de compte quelqu'un en sort, de quelque maniere. Si personne n'en sortait, qui connaitrait son existence? Qui est revenu de la mort? Lazare? Qu'a-t-il raconte? Bah! Ca c;est vraiment un conte".


Ave, Aub. Un lecteur te salue. Il te remercie d'avoir revendique une histoire et une memoire qui avaient ete niees, caviardees par le franquisme au pouvoir. Il t'octroie cinq etoiles pour Campo de los almendros, en fait cinq etoiles pour l'ensemble du Labyrinthe Magique. Repose en paix, meme si c'est en terre d'exil.


P.S. 2.11.2020. Avec ce billet toute la serie du Labyrinthe est repostee (je n'ai rien change au texte ecrit a l'epoque). Une action qui se voulait a ses debuts panacee contre une certaine defaillance, dont je suis en fin de compte content. Content d'avoir rendu a Aub ce qui appartient a Aub. Il reste le Manuscrit Corbeau, mais ce livre n'a pas besoin de mes mots, il a deja quelques belles critiques sur ce site. J'engage a les lire.
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« le Labyrinthe Magique », 2270 pages 19 cm, 6 tomes, aux couvertures en trois couleurs, rouge, or et violet, aux couleurs du drapeau de la 2eme république espagnole. Un sommet….
Tout d'abord Max Aub. Né en 03, rue de Trévise à Paris, d'un père allemand Guillermo Aub Mohrenwitz, représentant en bijoux pour hommes, mais obligé de s'exiler à Valence, Espagne, en 14 et qui demande la nationalité espagnole en 16. le petit Max apprend très vite le castillan et n'écrira plus que dans cette langue.
De cette période, il faut mentionner la rencontre avec Jules Romains en 21. Grand admirateur de cet auteur, Max Aub va essayer de s'inspirer des « Hommes de Bonne Volonté » pour écrire « le labyrinthe Magique ». Que reste-t'il de ce mouvement « unanimiste » de nos jours ? Cette doctrine doit exprimer « la vie unanime et collective de l'âme des groupes humains » ( ??) et « ne peindre l'individu que pris dans ses rapports sociaux ». A vrai dire je n'ai jamais lu Jules Romains. Je me souviens par compte, rue de l'Odéon, chez un libraire ancien spécialisé dans les Jules Verne (Hetzel couverture rouge, et bleues), de sa collection également des « Hommes de bonne volonté ». 27 volumes, une quantité de personnages à faire passer le Bottin pour un roman d'action. Au hasard, un enfant de Montmartre, des hommes politiques, une famille du 16ème arrondissement, des actrices, mondaines ou demi-mondaines, quelque criminels, un chien, un prêtre, quelques étudiants, entre autres Pierre Jallez, provincial, fils de paysans et Jean Jerphanion, parisien de pure souche. L'action va de 08 à 33, incluant donc la guerre de 14 (« Prélude à Verdun » et « Verdun », ce qui reste fort restrictif)

Entre autres références, c'est lui qui commandite « Guernica » à Picasso pour l'exposition universelle de 37, et qui aidera André Malraux à monter « Sierra de Teruel ». Excusez du peu. Il sera aussi un temps au secrétariat général du Consejo Nacional del Teatro.
On retrouve Guernica en filigrane dans le labyrinthe. On sait que le tableau représente un taureau qui vient de violer la jument ? (le peuple espagnol), tandis que trois femmes pleurent et hurlent, essayant de faire la lumière et que la mère et un homme démembré et à l'épée brisée ajoutent à l'horreur. Seule une toute petite fleur, à coté de l'épée, apporte une note d'espoir. du grand Picasso A voir au Musée de la Reina Sofia à Madrid (je retournerai sans doute le voir dans quelques semaines). Donc dans le livre (Campo de los Almendros), à un moment se pose la question de savoir de qui, du cheval ou du taureau, représente la République et les fascistes. « Picasso n'a jamais répondu à la question de Juan Larrea : qu'est-ce qui représente le fascisme dans « Guernica », le cheval ou le taureau ?». Je crois que la réponse et simple, et comme il est dit plus loin « lui-même ne le sait pas et il s'en fiche ». Pas forcément, je dirai plutôt « Il sait la réponse si évidente qu'il s'en fiche ».
A la fin de la guerre, il s'exile en France, à Paris, mais dénoncé, il est interné au camp de Roland Garros, puis au camp du Vernet, Ariège, et ensuite au camp de Djelfa en Algérie. A propos de ces camps (une des pages sombres de la France) du Vernet ou d'Agde, c'est là que seront internés les membres (12000) de la célèbre Colonne Durutti, un mélange assez bizarre de mercenaires, repris de justice, tous étrangers. C'est de là que sortiront aussi les engagés volontaires qui intègrent la 2eme DB du général Leclerc, et qui en fait seront les premiers à entrer dans Paris, au soir du 24 aout 44 par la porte d'Italie. Cette neuvième compagnie (la Nueve) commandée par le capitaine Dronne comporte effectivement 3 chars Sherman « Montmirail, Champaubert et Romilly », mais les chenillettes half-tracks ont pour noms « Guadalajara, Brunete, Madrid, Teruel, Ebro, Guernica, Santander, Belchite ». Pour la petite histoire, la jeep de Dronne est baptisée « Mort aux Cons », au grand regret de Leclerc. C'est ce qui fera dire à De Gaulle la célèbre réplique « Vaste programme ». Il faudra cependant attendre 60 ans, en 04, pour que leur rôle soit enfin reconnu.
De son camp de Djelfa, Max Aub tire ses poèmes et un texte « Journal de Djelfa » reparu récemment (09, Mare Nostrum, 180 p.) et dont « le cimetière de Djelfa » court texte de pages suivait le « Manuscrit corbeau » (03, Mare Nostrum, 204 p.). A lire ces textes sur les camps officiellement nommés « Centre de séjour surveillé », gérés par le gouvernement de Vichy, on n'est pas très fier de ces épisodes. Il est finalement exfiltré au Mexique, grâce à la forte aide du consul général du Mexique en France. C'est pendant les 23 jours de la traversée, de Casablanca à Veracruz, en septembre 42, qu'il écrit « Campo Frances ».
Plus tard, il s'attaque à une « Antología de poesía mexicana 1950-1960 » et à des nouvelles « Les Bonnes Intentions» (97, Phebus, p.) et « La calle de Valverde» dont j'ignore s'il existe une traduction, de même que « Juego de Cartes » et « Jusep Torres Campalans ». Espérons que les Editions des Fondeurs de Briques nous surprendrons encore.

Pour ce qui est de « le Labyrinthe Magique », c'est une somme de six livres, publiés de 43 à 68, (« El laberinto magico ») donc depuis juste après on internement en Algérie, à bien plus tard, alors qu'il est installé au Mexique. Rafael López Serrador est le personnage central de tout le cycle. C'est un homme du peuple qui est plus spectateur et témoin qu'acteur de sa vie. Ils viennent d'être, enfin, traduits par Claude de Freyssinet. Il faut noter que la couleur des couvertures par groupe de deux, soit rouge, jaune et violet, correspondent aux couleurs du drapeau de la seconde république espagnole (el tricolor). L'écriture des différents tomes ne suit pas la chronologie des évènements. En plus, Max Aub participe au tournage de « Sierra de Terruel » avec André Malraux. On peut critiquer le film qui était bien un film de propagande, mais il va faire que Max Aub change sa forme d'écriture en adaptant les procédés du cinéma.
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