J'ai trouvé ce livre tout à fait passionnant, mais il faut bien reconnaitre qu'il est tout à fait particulier. Nous abordons ici l'historiographie de
la Grande guerre à travers le prisme de ce qui relie une dizaine d'auteurs de nationalités différentes (Irlande, Allemagne, France...) à la catastrophe que l'on sait. Pourquoi ces auteurs (et autrices) sont-ils venus à étudier le Premier conflit mondial ? Tous ces auteurs ont d'ailleurs comme point commun de faire partie de l'équipe qui oeuvre à l'Historial de Péronne que dirige
Stéphane Audouin-Rouzeau. Il n'est d'ailleurs pas inutile de dire que c'est un domaine dans lequel les affrontements (bon le mot est peut-être un peu fort, quoique...) entre historiens sont particulièrement vifs et les débats tranchés.
Pour qui n'est pas du sérail, peu importe car ce qui est dit là est vraiment passionnant. Pourquoi par exemple le grand historien allemand
Gerd Krumeich a-t-il été amené à étudier par défaut
la Grande guerre, tellement il avait été marqué par 39-45 ? Pourquoi une belge ayant vécu une forme de traumatisme dans un pays divisé sur le plan linguistique a-t-elle abordé 14-18 sous l'angle des minorités ?...
C'est vraiment passionnant, mais le livre n'est absolument pas un ouvrage qui ferait un résumé du conflit. Il n'est absolument pas fait pour cela. Il présuppose d'ailleurs une relative familiarité avec son histoire. Pas besoin d'être un spécialiste non plus, mais il est certain que le livre offre des pistes de réflexion de haute volée. Par d'autres : en quoi le mot race au sens où il fut utilisé alors pu contribuer à ce qui s'est passé durant l'entre-deux-guerres dans les régimes totalitaires ? En quoi la poésie offre-t-elle un type de source passionnant mais pas forcément aisé à manipuler ?
C'est très riche, foisonnant même. Je recommande chaudement !