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EAN : 9782130524182
150 pages
Presses Universitaires de France (09/10/2001)
3.5/5   8 notes
Résumé :
Partant de la thèse bergsonienne de la continuité afin de la combattre, Bachelard propose une philosophie du temps examinant tour à tour les formes de la causalité physique, la psychologie de la mémoire et de l'action volontaire, l'esthétique musicale et poétique, et les compositions du sentiment. Edition critique accompagnée d'une présentation, de notes explicatives et d'une table analytique.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dans ce livre, Bachelard essaye de développer une thèse qui correspond sans trop de surprise à son esprit philosophique général, favorable à l'anti-réalisme et à l'éristique (au sens particulier qu'il entend). En effet, de Bergson, il accepte tout, sauf la continuité de la durée, qu'il prendra plutôt pour une métaphore (sens non-péjoratif), pour un effet de superpositions temporelles dialectiques impliquant une discontinuité qui ne sera jamais véritablement compensée par les efforts psychiques d'instauration de cette continuité métaphorique.
La fonction de cet essai est donc de montrer que la durée – on parle bien de la durée elle-même, plutôt psychologique, et non du temps au sens bergsonien – est discontinue, dialectique, épaisse de superpositions. Pour Bachelard – ce n'est pas une surprise – l'être est associé à un devenir gnoséologique et le temps s'avère être une possibilité. Sa dialectique n'est pas d'ordre logique, comme il insiste, mais d'ordre temporel : il citera d'ailleurs Dupréel, pour qui l'intervalle entre une cause A et un effet B est nécessairement temporel et pour qui il représente une possibilité probabiliste qui n'est pas elle-même d'ordre causal. Face à l'objection réaliste, qui affirme que ce n'est pas parce que l'apprentissage de la causalité est discontinu que la causalité elle-même l'est, Bachelard a précédemment montré que l'élimination, issue d'un travail préalable sur l'expérience scientifique à concevoir et à organiser, élimine bien des accidents, de telle sorte que la réussite de l'expérience montre bien que ces détails n'ont pas d'influence causale temporelle dans ce cadre, et qu'il faut donc éliminer, pour la science, cette continuité. Bachelard insistera ensuite sur cette fameuse superposition temporelle : les actes peuvent se prendre en puissance mathématique, par exemple il y a la (feinte)3 , qui consiste à feindre de feindre de feindre, et qui n'est pas la même chose qu'un retour à la simple feinte (justement parce qu'il s'agit d'une dialectique temporelle et non logique ; Bachelard cite l'exemple de l'étudiant qui, pour répondre favorablement à un pari, surjoue un intérêt au cours pour que le professeur pense qu'il feint de s'y intéresser alors qu'il s'y intéresse en vérité véritablement ; dans cet exemple, il n'y a pas un simple retour à l'état de simple feinte). Et pour Bachelard, cette troisième puissance, c'est véritablement le début de l'idéalisme et du repos, car ce sont là qu'apparaissent les problématiques propres à cette dialectique de la durée. On termine sur la rythmanalyse, comparée à la psychanalyse. Bachelard dira que la substance ne se développe pas sous la forme du rythme mais que c'est le rythme régulier qui apparaît sous une forme d'attribut matériel déterminé.
Au final, il s'agit d'un essai classique, avec une argumentation tout à fait pertinente. L'approche est en revanche un peu trop semblable à un « catalogue », malgré une succession cohérente des chapitres. Bachelard étudie à chaque fois une référence particulière afin de l'intégrer dans sa propre argumentation. Il loue souvent les auteurs qu'il cite. Globalement, il s'agit d'un essai très clair.
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critiques presse (1)
LeMonde
20 juin 2022
Paraissant dans une nouvelle édition critique, alors qu’on célèbre les soixante ans du décès de l’auteur, le livre incarne cette aventure d’un temps qui avance par sauts, dans un mouvement stroboscopique fait d’éclairs et de temps morts.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Quand nous voulons dire notre passé, enseigner notre personne à autrui, la nostalgie des durées où nous n'avons pas su vivre trouble profondément notre intelligence historienne. Nous voudrions avoir à raconter un continu d'actes et de vie. Mais notre âme n'a pas gardé le fidèle souvenir de notre âge ni la vraie mesure de la longueur du voyage au long des années ; elle n'a gardé que le souvenir des événements qui nous ont créés aux instants décisifs de notre passé. Dans notre confidence, tous les événements sont réduits à leur racine sur un instant. Notre histoire personnelle n'est donc que le récit de nos actions décousues et, en la racontant, c'est par des raisons, non par de la durée, que nous prétendons lui donner de la continuité.
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Pour M. Pierre Janet, savoir c'est toujours enseigner. Peu importe d'ailleurs qu'on communique ou non son savoir, car la pensée intime est elle-même « une manière de se parler à soi-même, une manière de s'enseigner soi-même » . Or, quel qu'en soit l'objet, l'enseignement revient nécessairement à suggérer un ordre bien défini pour des actions séparées, en annonçant le succès soit objectif, soit psychologique, des actions bien ordonnées. Ces actions promises par un enseignement, on les attend sans être trop exigeant sur les intervalles qui les séparent, mais en posant quand même des intervalles, et l'on prend soin de préserver de toute perturbation, durant l'intervalle, les actions promises.
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Seule la paresse est homogène; on ne peut garder qu'e, reconquérant; on ne peut maintenir qu'en reprenant. [ Ch. I, II ]
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La philosophie de M. Bergson est une philosophie du plein et sa psychologie est une psychologie de la plénitude. Cette psychologie est si riche, si nuancée, si mobile, qu'elle ne peut se contredire ; elle don-ne de l'activité au repos, de la permanence à la fonction ; elle s'assure de tout un jeu de suppléances qui font que la scène psychologique n'est jamais vide et qui sont autant de moyens complémentaires de réussite.
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Le rythme d'action et d'inaction nous paraît donc inséparable de toute connaissance du temps. Entre deux événements utiles et féconds, il faut que joue la dialectique de l'inutile. La durée n'est per-ceptible que dans sa complexité. Si pauvre qu'elle soit, elle se pose au moins en opposition avec des bornes. On n'a pas le droit de la prendre comme une donnée uniforme et simple.
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