Ouuhh ! Attention, écartez-vous, je vais cracher sur
Balzac ! Je ne sais pas trop le faire méfiez-vous, je risque d'éclabousser. Effectivement, ce n'est pas souvent que vous me prendrez en flagrant délit de crachat sur mon
Balzac adoré, mais
Massimilla Doni (ça se prononce " ma semelle à dîner ", c'est vous dire si c'est savoureux) c'est un truc indigeste absolument pas comestible.
En fait, je crois qu'en écrivant cette nouvelle,
Honoré de Balzac a voulu se faire plaisir à lui, mais malheureusement pas à nous. Il nous y exprime de long en large son amour pour l'Italie en général et pour Venise en particulier. C'est long, c'est pléthorique, c'est ennuyeux, on se croirait dans
Vingt Mille Lieues Sous Les Mers quand
Jules Verne s'attaque à la description systématique de chaque tête de boulon du Nautilus.
Donc, après avoir subi la description de Venise sous toutes ses coutures, vous ne serez pas encore au bout de vos peines car, un peu à la façon de
Gambara mais en pire, vous allez subir l'explication musicale mouvement par mouvement, instrument par instrument, note par note du Moïse de Rossini et franchement, sans la musique, c'est rébarbatif au possible.
Balzac nous en met plein la vue, plein les oreilles, il veut nous montrer qu'il en connaît un rayon en matière d'art (que ce soit musical ou pictural) mais c'est d'un lourd, mes aïeux ! d'un lourd ! On prendrait
Big Ben sur le pied qu'on n'y verrait pas trop de différence.
Et enfin, cerise sur le gâteau, v'la ti pas qu'il nous greffe là-dessus une mièvre histoire d'amour de duchesse marshmallow et de prince barbapapa croisée avec une jalousie de cantatrice à la gomme et de ténor casse-bonbon, je ne vous dis que ça. J'ai adoré !
Bref, c'est pédant, c'est mal senti, c'est d'un intérêt très limité, cent fois plus limité qu'à l'accoutumée avec cet auteur que je porte pourtant particulièrement dans mon coeur.
Balzac y rebrode le canevas qu'il a déjà ourdi dans
le Chef-d'Oeuvre Inconnu et dans
Gambara, à savoir que lorsque l'on va trop loin dans son art, on en devient incompréhensible par le commun des mortels. Ici, c'est le ténor Genovese qui, lorsqu'il veut époustoufler la cantatrice
Tinti devient grotesque alors qu'en temps normal, c'est le plus grand ténor de sa génération.
L'autre thème vaguement abordé dans
Massimilla Doni, c'est celui de la perte de pureté en faisant basculer l'amour du platonique au charnel. Oui… bon…, tout ça pour ça… tournons la page et oublions ça très vite mon cher Honoré, vous qui ne vous êtes pas beaucoup honoré avec cette soupe vénitienne.
Pour ceux qui souhaiteraient tout de même tenter l'aventure, voici le synopsis en deux mots.
Massimilla Doni, fille d'une illustre famille florentine a passé sa jeunesse au couvent puis, comme ça se faisait beaucoup à l'époque, s'est vue mariée à un inconnu de duc qu'elle n'a évidemment pas choisi et qui doit lui servir de mari pour le restant de ses jours. Coup de chance, le duc de mari n'est pas entreprenant et brille même par son absence tous les jours que Dieu fait, lui laissant une totale liberté où son angélique religiosité peut s'épanouir à plein.
Émilio Memmi, lui aussi prince de sang d'une très illustre famille, mais vénitienne quant à elle, souffre de l'indigence matérielle dans laquelle lui et les siens sont tombés. Sa demeure est en train de tomber en ruine et il n'a pas le sou pour la remonter. Toutefois, il rencontre
Massimilla Doni, paf ! ils tombent amoureux comme des angelots, c'est beau, c'est platonique, ils ne demandent rien de plus, ils peuvent rester purs, faites grincer les violons, etc., etc. Jusqu'au jour où, sur un malentendu, Émilio se retrouve dans la chambre de la sublime cantatrice
Tinti que tout le monde courtise et qui éconduit chacun.
D'abord surprise puis séduite, la
Tinti va consommer avec notre brave Émilio ce que jamais d'ordinaire il ne consomme avec sa Massimilla adorée… Tatam ! Qu'en attendre ? Tatatatam ! Et bien là n'espérez rien. Qu'en attendre ? Un long et vaste ennui. Mais bien évidemment, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.