La commune au présent

Quelle belle idée ! : un siècle et demi plus tard, s'adresser au moyen de lettres personnalisées aux acteurs de la Commune de Paris et à ceux qui l'ont vécue. Leur dire notre admiration, leur dire combien leur combat nous touche encore car il fut en avance sur son temps, leur dire qu'aujourd'hui encore il continue, sous d'autres formes, car il n'a pas abouti. Voilà la forme singulière du livre de l'historienne Ludivine Bantigny. Ces lettres sont adressées à des personnalités célèbres, Jules Vallès, Eugène Potier, Nadar, Louise Michel, Jean-Baptiste Clément, Blanqui, etc..., mais également à des acteurs anonymes de ce combat, ceux que les livres d'histoire ignorent, mais dont les archives ont gardé quelques traces. L'inhumanité de la répression versaillaise nous est livrée toute crue dans toute sa violence.
Voilà un livre informé et sensible qui échappe à la fois au livre d'histoire et au roman. Il est illustré par les photographies des acteurs de ce combat quand elles existent, ou d'extraits des archives. Un lien audacieux est fait avec le combat des Gilets jaunes.

La Commune au Présent est un ouvrage consacré à l'expérience révolutionnaire de 1871 qui marqua durablement notre histoire politique. En s'adressant directement aux individus ayant participé à l'insurrection, en entrelaçant ce récit historique avec des considérations plus actuelles, Ludivine Bantigny réactualise cet épisode majeur du 19ème siècle. Elle réaffirme l'essence éminemment politique du projet (marqué par le socialisme et l'anticléricalisme), insiste sur l'importance des figures féminines dans l'insurrection et rappelle la violence de la répression menée par Adolphe Thiers. Enfin, l'auteure évoque l'influence toujours présente de l' « esprit » de la Commune dans les mouvements protestataires récents (Nuit Debout, Gilets Jaunes, Notre-Dame des Landes), et affirme la nécessité de s'en inspirer à l'avenir.

Le livre est bien écrit et l'idée d'écrire aux communards au présent, en les tutoyant nous permet de mieux appréhender cet épisode historique. Les insurgés ne sont plus cachés derrière les chiffres mortuaires de la Semaine Sanglante, ils sont des individus singuliers, animés par l'espoir de voir advenir un monde plus démocratique, débarrassé du capitalisme et de la monarchie.

Mais la vulgarisation historique réussie de cet ouvrage apparaît aussi comme son inconvénient majeur : Ludivine Bantigny focalise son attention sur des caractéristiques de la Commune qui certes résonnent avec nos préoccupations contemporaines (notamment le féminisme et l'anti-capitalisme), mais dont l'impact était en réalité très minime au sein du mouvement insurrectionnel. N'espérez donc pas découvrir dans cet ouvrage un récit historique exhaustif de la Commune, mais plutôt une relecture politique et très humaine de ce moment de l'histoire française.

J'ai passé quelques 160 jours à lire et surtout à relire la Commune au présent de Ludivine Bantigny.
C'est un livre d'histoire d'une sensibilité rare. Quelle merveilleuse idée que ces lettres adressées aux actrices et acteurs de la Commune de 1871.
Bien sûr Louise Michel, Eugène Potier, Nadar, Jean -Baptiste Clément, Blanqui, Jules Vallès...
Mais surtout on vit la Commune avec des inconnu- es. Ces gens de rien, ces sans dents. Plus respectueusement avec ces femmes et ces hommes si jeunes quelque fois qui ont donné leur vie pour que vive la commune.
Un Grand merci à Ludivine Bantigny et un conseil de lecture.