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EAN : 9782070447220
96 pages
Gallimard (31/05/2012)
3.72/5   29 notes
Résumé :
Une fille parfaitement chaste affublée d'une réputation de lubricité, qui enflamme tous les mâles du pays. Un romancier qui livre sa femme à la débauche pour écrire un roman érotique. Un étrange enterrement se déroulant sur la musique de La Samba des otaries et du Quadrille des déménageurs trapus : tous les éléments sont réunis pour un concentré de comédie humaine.

Trois nouvelles extraites de La Mort d'Edgar.
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Une Sainte fille et autres nouvelles est un petit recueil de la collection folio à 2€ regroupant 3 courts récits de Franz Bartelt, un auteur que je ne connaissais pas.

La première nouvelle, qui donne le titre au recueil, est une sorte de fable ironique relatant l'histoire d'une fille apparemment normale mais frappée d'un mystérieux « air vicieux ». Bien qu'elle soit chaste et discrète, tous les hommes qu'elle rencontre ne peuvent s'empêcher de lui trouver un air lubrique et vicieux et tous tentent de lui sauter dessus. Alors que les femmes ne lui trouvent aucun attrait particulier et reconnaissent au contraire une fille tout à fait banale et sans charme, les hommes sont tous d'accord pour voir en elle la pire des dévergondées. Frappée par cette malédiction la « sainte fille » connaitra un destin tragique et absurde, révélateur de la vraie perversité des hommes.

La deuxième nouvelle poursuit dans l'ironie grinçante. L'auteur se moque d'un écrivain n'ayant aucune imagination et dont le seul talent consiste à écrire des récits qu'il a vécus. En panne de sujet et souhaitant se lancer dans un livre érotique, il demande à sa femme de l'accompagner un soir dans un club échangiste afin qu'elle « stimule » son écriture en faisant l'amour avec d'autres hommes. Docile et aveuglée par le culte qu'elle voue à son mari, elle accepte d'abord avec réticence puis de plus en plus de bonne grâce. Leur vie va basculer d'un état de douce harmonie à un véritable enfer, jusqu'au prochain livre où il doit être question d'un meurtre… Ici encore l'homme incarne faiblesse et vice alors que la femme est force et abnégation.

La troisième nouvelle est écrite sous forme d'énigme que le lecteur est amené à résoudre en même temps que les personnages du livre qui sont les habitants d'un petit village, conviés aux funérailles d'Edgar, le frère inconnu d'un homme un peu secret vivant à l'écart de la communauté.

Ironie encore, Franz Bartelt nous sème avec son écriture jubilatoire sur de fausses pistes. le recueil est très amusant à lire dans une belle langue. Un auteur à l'imagination débordante, à découvrir.

21 juillet 2012
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« Sylvie avait le visage d'une vicieuse. La bouche d'une vicieuse, le regard d'une vicieuse, le grain de peau d'une vicieuse. En fait, elle ressemblait à n'importe quelle autre jeune fille de son âge, sauf qu'elle avait l'air vicieux. »
Alors qu'en fait : "c'était une jeune fille chaste qui aimait la lecture des grands succès de librairie, ne rechignait pas à assister aux grand-messes... »
Mais quand vous avez l'air vicieux, tous vos actes paraissent suspects, même les plus anodins. Surtout les plus anodins. de toute façon la rumeur a toujours raison, n'est-ce pas. Elle condamne sans preuve. Il suffit d'avoir l'air. Les autres se chargent de la chanson.

Il en va de même pour Alice. En fait non, c'est encore pire.
Alice, plutôt du genre conventionnel, n'autorisait que des pratiques conventionnées à son mari écrivain, jusqu'à ce que celui-ci, en panne d'inspiration, décide de « sacrifier [sa] femme sur l'autel de la création ». le dit autel n'est autre que la « Charrue qui laboure », club où l'on n'échange pas que des points de vue. Et cette femme entièrement dévouée à sa vie maritale ne manqua pas de prendre son rôle très à coeur, et ailleurs aussi : « Alice vaquait à ses occupations comme une fermière mène les vaches à traire ».Ce qui ne manquera pas de laisser son mari plus que dubitatif.

François, lui perd un jeune frère que personne ne lui a jamais connu, au village. Pire, personne n'a jamais vraiment aimé François, sans savoir dire pourquoi. Personne ne le détestait non plus. Au juste on ne savait pas bien, mais c'est toujours mieux de faire comme si. Dès lors que la mort d'Edgar se fit savoir, on reconsidéra François, et sans jamais avouer qu'on s'était trompé, on se mit à le trouver aimable, le coeur sur la main, et tout ce qui fait bien. Même le paysage du coin semblait se bonifier, « l'horizon est plus fin qu'ailleurs, plus subtil. L'herbe se frotte au bleu du ciel et paraît s'y diluer. »

Armé de son écriture à la fois délicate et roublarde aux métaphores décalées, Franz Bartelt écorche les faux-semblants, épluche les apparences, tue le ridicule à petit feu, met sur le devant de la scène ces âmes étriquées qui, au moindre courant d'air, dévoilent leur intelligence éolienne (d'aucuns diraient : girouette) et tentent de faire du spécial avec de l'ordinaire, de raccommoder les vestes pour éviter de les retourner.

C'est de l'art et du cochon. un petit goût de farce de la Fontaine, sans véritable morale, mais avec des morts, et quelques râles.

« Le vrai romancier raconte sa vie. S'il voyage, il raconte ses voyages. S'il dort, il raconte ses rêves. S'il mange trop, il raconte le martyr de l'obèse et le calvaire des régimes amaigrissants. S'il est porté sur la bouteille il recopiera les étiquettes. S'il n'a vraiment rien d'intéressant à vivre, il racontera des histoires de rats ou de fourmis. C'est bien aussi. Mais c'est moins vécu. »

Apparemment cette définition ne s'applique pas à l'auteur, ou alors il a un sacré vécu...
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Parmi les parutions récentes de Folio 2€, se trouve ce petit livre regroupant trois nouvelles extraites du recueil La mort d'Edgar : ayant l'intention de lire celui-ci, j'ai pensé qu'un petit avant-goût peu onéreux serait une bonne idée. Mon avis est finalement mitigé, avec deux déceptions et une très belle surprise.

J'ai avant tout été frappée par la maîtrise narrative de Franz Bartelt : chacune de ces trois nouvelles est extrêmement bien construite et avec une cohérence très forte, à partir d'une idée-maîtresse énoncée dès les premières lignes ou dans la chute du texte. Dans Une sainte fille, il s'agit d'une fille plutôt banale et chaste qui a le malheur d'avoir l'air vicieux :

« Elle n'a rien de vicieux ! s'offusquaient les femmes. Elle s'habille comme une gourde. Elle n'est ni belle ni laide, ni grande ni petite, ni grosse ni mince. C'est une fille banale. […] C'est quoi, exactement, avoir l'air vicieux ? se renseignaient les femmes.
- Rien de précis. En même temps, quelque chose de spécial. Ce sont des choses qu'on sent. On ne pourrait pas expliquer, mais ce qui est sûr et certain, c'est que cette fille-là, c'est la plus grande vicieuse de toute l'histoire du vice ! » (pp. 14-15)

Ce fait est établi dès le début et ensuite décliné tout au long de la destinée de ce personnage féminin, dans des situations de plus en plus invraisemblables, mais toujours habilement amenées par Franz Bartelt. de même, les situations s'enchaînent avec cohérence dans le vrai romancier, celui qui ne savait écrire que ce qu'il vivait. Après avoir narré son enfance, sa jeunesse, puis son bonheur conjugal, il décide de rédiger un roman érotique et demande à sa femme de se livrer à la débauche dans un club échangiste afin qu'il puisse l'observer. Enfin, La mort d'Edgar se démarque des deux nouvelles précédentes par le fait que l'idée-maîtresse est révélée à la fin, en tant que chute : le lecteur sait depuis le début qu'il est question d'un enterrement, mais sent néanmoins qu'il doit y avoir quelque chose qui lui est caché. Une fois ce « secret » révélé, la construction du récit apparaît dans toute sa réussite, chaque élément prenant alors un nouveau sens et ce qui pouvait sembler inutile se révèle une annonce de la chute.

Cette construction à partir d'une situation se retrouve selon moi dans l'humour présent dans ces textes, que je qualifie de « burlesque situationnel » : chaque point de départ est en lui-même assez absurde et les évènements qui en découlent le deviennent de plus en plus. L'intrigue s'appuie vraiment sur eux, plutôt que sur la psychologique des personnages qui est survolée qu'approfondie. Je suis malheureusement peu sensible à ce type d'humour, d'où ma déception face à ces textes. Néanmoins, la seconde nouvelle, le vrai romancier, m'a énormément plu : le style y est plus féroce, à l'image des sentiments du romancier, et plus noir.

En conclusion, malgré mon sentiment personnel mitigé, je conseille ces nouvelles et les considère comme extrêmement bien construites.
Lien : http://minoualu.blogspot.be/..
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Bartelt Franz – "Une sainte fille et autres nouvelles [Le vrai romancier, La mort d'Elgar] " – Gallimard / folio, 2014 (ISBN 978-2-07-044722-0)
– Recueil de trois nouvelles extraites du recueil intitulé "La mort d'Elgar" publié en 2010 chez Gallimard.

Même avis que pour le recueil intitulé "Le bar des habitudes" (voir recension), à un bémol près.

En effet, les thématiques développées dans "Une sainte fille" et "Le vrai romancier" se veulent certes humoristiques, mais leur contenu érotique – bien que restant dans des limites plutôt gentillettes au vu des romans salaces devenus monnaie courante aujourd'hui – inciteraient à ne pas les mettre sous les yeux d'un lectorat trop jeune.

C'est un peu dommage, car "Le vrai romancier" constitue une mine d'humour sur l'écrivain contemporain, la littérature "à la chaîne" remplie de beaux voyages à la "Arte", centré sur ce Vincent Harlot qui va se lancer dans l'écriture d'un texte érotique qui soit "contemporain intemporel"(p. 39).

Une parmi tant d'autres des férocités glissées dans ce récit :
"Comme souvent les écrivains voyageurs, il décrivait ce qu'il avait vu en recopiant ce qu'en disaient les guides. Il connaissait son métier et le pratiquait avec application" (p. 37)

Et la chute de chacune de ces trois nouvelles reste un bijou d'humour...
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Très bien écrit, drôle, intelligent.
Une pure jouissance pour l'esprit du lecteur.
A fuir si vous aimez Musso et Lévi...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Une aubaine pour un romancier qui brûle de taquiner la tragédie. Il taquina avec habilité, brassant dans le même souffle l’honneur de la France et les sentiments qu’il éprouvait pour la fille ainée du colonel, une rousse coquine, dont les auteurs du monde entier se sont disputé la virginité.
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Vidéo de Franz Bartelt
Une minute quarante de Franz Bartelt à consommer sans modération, extrait du livre "Le bon temps" paru à L'Arbre vengeur.
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