Tous les jeudis après-midi, pendant des années, ma mère m'a conduit sur la tombe de ses parents. C'était le but de notre promenade. Je crois qu'à part le fils du concierge du cimetière, j'ai été l'enfant de Sète qui a le plus fréquenté les morts. Je suis un enfant de la dalle. [...] La tombe de mes grands-parents était adossée au mur d'enceinte. L'italienne enlevait les brindilles de pin, nettoyait la pierre, arrosait les plantes vertes avec un petit seau que je courais lui remplir..
Elle avait le culte des morts. Si je l'ai poursuivi, c'est par fidélité à sa mémoire. Parce que je suis un bon fils.
Je me suis fait des ennemis mortels de tous ceux sur les oeuvres desquels j'ai commis l'erreur -dans un moment à jamais exécré de faiblesse et d'imprudence- de porter un jugement. Jugement qu'ils me pressaient de donner au nom de notre indéfectible amitié.
- Mon automobile, une Citroën, parut mesquine à beaucoup. Si j'avais acheté une bagnole américaine rose, ou d'une marque étrangère, on aurait crié à la provocation, à l'étalage ! A la trahison.