Waouh !
Entre roman épistolaire, récit de cape et d'épée et documentaire historique, cette aventure se lit d'une traite en nous plongeant dans les affres sanglants de la reconquête du Saint Sépulcre à Jérusalem par les chevaliers d'Occident lors de la croisade de 1096.
Où l'on découvre que les comtes participent à cette expédition surréaliste surtout pour la gloire et la richesse, que le peuple qui suit les chevaliers est juste un énorme boulet qu'il faut attendre, nourrir et freiner quand il déborde, que le prélat qui guide les nobles sur le chemin est un homme obtus, inculte et dangereux, que le maître de Byzance est un sage éclairé et que le comte de Toulouse est un homme dur, intransigeant, pieux et fidèle qui s'est fixé une ligne de conduite qu'il a tenue pendant toute l'aventure.
Une aventure sanglante au nom de Dieu où les innocents ont été les premiers à mourir et où de nombreux chevaliers ont oublié leur serment juste pour assouvir leur soif de pouvoir et d'argent. Une folie qui a pris l'Europe à l'appel du pape Urbain II, un tsunami qui a traversé l'occident en le mutilant gravement, un torrent humain qui s'est fait massacré en traversant l'Orient pour une victoire des plus fragiles.
Très bien, j'en redemande car l'auteur ne nous embrouille pas avec de multiples détails, il va droit au but et c'est fascinant :-)
Commenter  J’apprécie         80
Bertrand, mon très cher fils,
J'ai déjà donné un œil à Dieu. Aujourd'hui j'offre au Seigneur tout ce qui me reste à vivre. Je vais me consacrer à Lui jusqu'à mon dernier souffle en combattant les Sarrasins en Terre sainte. J'accomplirai l'ordre de notre Saint-Père le pape Urbain : je libérerai le Saint-Sépulcre. Ensuite, je finirai mes jours en montant la garde aux portes de Jérusalem.
Ainsi, je sauverai mon âme et je gagnerai la vie éternelle.
Demain, lorsque tu liras ce parchemin, je serai en selle à la tête de mon armée avec la Ville Sainte au bout de notre route.
A mon âge, c'est une entreprise déraisonnable. Autour de moi, ceux de ma génération sont presque tous morts. Je ne connais pas d'homme de cinquante-cinq ans capable de commander une telle expédition. Je dois me préparer à comparaître pour le jugement dernier. Pour expier mes péchés et m'ouvrir les portes du paradis, j'offre à Dieu le sursis qu'il m'accorde.
Ce soir, je suis triste. C'est le deuil de ma première existence. Cette renaissance commence fatalement par la douleur d'une rupture.
Celui qui devient le premier roi de Jérusalem n’a pas participé au siège et à la conquête de la ville. Pas plus qu’il n’était présent à Antioche ou dans les innombrables batailles qui nous ouvrirent la route des Lieux saints. De nous tous, il fut le premier à oublier le pèlerinage pour devenir conquérant. Il n’est pas allé au bout du chemin. Il nous a laissés continuer sans lui, car il avait trouvé une terre où fonder son comté. Il s’est exercé à l’art de gouverner en Orient. En épousant une princesse arménienne il a su se faire admettre par les gens du pays. Il a noué des liens avec les princes turcs ou arabes. Il s’est enrichi. Il a préservé et développé l’élite de sa chevalerie. Il a longuement attendu que vienne son heure. Baudouin, roi de Jérusalem, est un grand prédateur.
5 minutes avec... Dominique Baudis, défenseur des Droits, invité de Pascale Clark dans le 7/9 de France Inter. (7h50 - 27 juin 2011)