Tombeau du jeune monsieur de Cinq-Mars

En ouvrant cet ouvrage, je pensais qu'Olivier Baumont avait réalisé une biographie de Cinq-Mars mais c'est en partie faux. Ici, le lecteur embarque pour une histoire croisée, celle d'Olivier Baumont – ses concerts, ses recherches et son addiction pour Cinq-Mars – et l'histoire tragique du jeune Cinq-Mars – celui qui sans le vouloir est devenu le favori de Louis XIII et qui terminera sur l'échafaud.

Durant deux cent pages, on découvre la courte mais ô combien captivante vie de Cinq-Mars. Les pages défilent, l'écriture est alerte – peut-être devrais-je dire « allegro » -, l'auteur parvient à nous emmener dans l'histoire tortueuse de la Cour de France, sans nous perdre dans ses entrailles. On apprend énormément de choses, on revisite l'Histoire, bref, je n'en ai pas perdu une miette.

Ainsi, sur sa dimension historique, ce livre est pour moi une vraie réussite. En revanche – mais peut-être est-ce une question de sensibilité – j'avoue avoir beaucoup moins accroché aux chapitres dans lesquels l'auteur nous raconte sa vie de claveciniste et de chercheur. En effet, autant je n'ai aucune peine à concevoir son admiration, sa passion pour Cinq-Mars – mon Cinq-Mars s'appelle Vauban ! -, autant les chapitres dans lesquels l'auteur s'exprime en son nom propre m'ont parus plats, sans valeur ajoutée.

Du coup, au final, je suis mi-figue mi-raisin face à ce livre. La partie biographique sur Cinq-Mars est extrêmement réussie et passionnante… le reste moins de mon point de vue !
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..

Cinq-Mars est d'abord et avant tout une victime. Victime d'un entourage qui le pousse à devenir, au début bien malgré lui, le favori de Louis XIII. Victime des grands du royaume qui vont mettre à profit sa « détestation » de Richelieu pour l'utiliser aux fins qui sont les leurs. Et victime des ambiguïtés du roi qui ne peut se passer des compétences d'un ministre qui pourtant l'insupporte.
C'est en s'appuyant sur un grand nombre de documents d'époque et en se glissant dans les méandres intérieurs des uns et des autres que l'auteur nous retrace le parcours du jeune Cinq-Mars qui va inéluctablement le mener des faveurs royales à la décapitation.

Cinq-Mars était le contemporain de Louis Couperin dont Olivier Baumont, claveciniste de renom, a été amené très tôt à interpréter les oeuvres. Ils sont tous les deux, à ses yeux, indissociablement liés. Derrière l'un il y a toujours l'autre. Il lit la réalité à travers le prisme de sa dominante d'intérêt en sorte que tout le ramène en permanence à eux. La construction de l'ouvrage s'imposait dès lors sans doute avec évidence : un constant va-et-vient entre la biographie en construction de Cinq-Mars et un quotidien de concerts, de travaux et de rencontres diverses dont le marquis est constamment, d'une façon ou d'une autre, totalement partie prenante.

Ce balancement permanent entre passé et présent donne un texte efflorescent dont chacun peut tirer sa substantifique moelle. C'est ainsi que, pour ma part, j'ai découvert Louis Couperin dont j'ignorais jusque-là à peu près tout. de même que la compositrice Barbara Strozzi. C'est ainsi que j'ai également été amené à réécouter avec infiniment de plaisir le « Cinq-Mars » de Gounod et « Les nuits d'été » de Berlioz. C'est ainsi encore que je me suis empressé d'aller télécharger, sur Gallica, les « Mémoires » de Richelieu. C'est ainsi enfin que j'ai souri en constatant que, tout comme Olivier Baumont, j'avais fait le voyage de Venise en compagnie de Thomas Mann et de Henry James. Nous ne sommes sûrement pas les seuls.

Un grand merci en tout cas à Olivier Baumont, aux éditions Arlea et à l'opération Masse critique de m'avoir offert ce plaisir de lecture.

Avec ce petit livre de moins de cent cinquante pages je pensais trouver une lecture où serait mis en valeur Cinq-Mars, le dernier "mignon" de Louis XIII, celui à qui il offrit tous les honneurs et passa tous les écarts, avant de laisser Richelieu le faire monter sur l'échafaud alors qu'il était âgé de vingt-deux ans. Un garçon qui pendant quatre ans resta la coqueluche de tous, avant d'être jugé loin de Paris.
L'amour aveugle d'un roi vieillissant, le manque de discernement d'un jeune homme, la vindicte de Richelieu. Il y avait de quoi étayer ce "tombeau", une pièce savante en musique baroque composée en l'honneur d'un grand personnage, une manière de rappeler que l'auteur de l'ouvrage est un claveciniste de renom qui va favoriser les analogies.


Très vite j'ai dû déchanter, les chapitres alternent des relations plates de données historiques, commentées tout aussi platement, avec la relation des raisons qui ont amené l'auteur à écrire ce livre. de fait il semble que suite à la vision d'une image de Cinq-Mars dans l'enfance, l'intérêt du claveciniste se soit maintenu pendant cinquante ans, une quasi obsession semble-t-il, pour finir par engendrer la rédaction de ce livret.
L'écriture date, c'est quelque peu pompeux, à la manière de certains textes du XIXème siècle, suggérant que peut-être le rédacteur aurait des "pulsions interdites", les chapitres où l'auteur se dévoile pourront peut-être intéresser les fans du musicien les plus mordus, mais je doute que d'autres y voient de l'intérêt - Dans un chapitre d'à peine trois pages, nous narrer trois rencontres dans trois restaurants en nous précisant la rue, l'arrondissement et la ville (Paris), et même l'heure, le reste n'étant que platitudes, franchement j'ai des difficultés à maintenir mon intérêt ! - Les chapitres traitant du héros ne sont guère palpitants, eux non plus, ce sont juste des citations historiques commentées sans grand talent.


Un livre que j'ai dû me forcer à terminer, l'écriture est pédante, les digressions inintéressantes, à mon avis seuls ceux aptes à partager l'état d'esprit de l'auteur pourront apprécier ce livre …


PS : Je remercie les Éditions Arléa qui m'ont fait parvenir ce livre dans le cadre d'une opération "Masse Critique Non-Fiction" de Babelio.

C'est dans le cadre de l'opération Masse Critique non fiction de Babelio que je découvre ce tout petit ouvrage. A réserver aux passionnés d'Histoire, de Louis XIII, de Monsieur de Cinq-Mars (prononcer saint mar) ou aux admirateurs d'Olivier Baumont. Excellent claveciniste s'il en est.

Attention au titre. Il ne faut pas entendre "tombeau" dans le sens de sépulture, mais dans celui d' "hommage à" comme l'utilisèrent nombre de compositeurs, tel Ravel dans son Tombeau de Couperin.
L'auteur est tombé amoureux voici longtemps du personnage assez méconnu de Cinq-Mars. Replaçons-le dans le contexte. 

Henri Ruzé d'Effiat de Cinq-Mars (1620-1642) fut le dernier favori de Louis XIII. D'une beauté et d'une personnalité hors du commun, il fut placé par Richelieu auprès du roi pour être son espion. Louis XIII séduit en fit son confident, son amant et l'objet de toutes ses attentions pendant presque 4 ans. Olivier Baumont nous raconte donc ici la vie plutôt brève du jeune homme de sa rencontre avec le roi à sa tragique exécution à l'âge de 22 ans pour crime de lèse-majesté. Il alterne les chapitres purement biographiques avec d'autres où il nous parle de sa vie de claveciniste de concert et de ses "rencontres" avec le jeune aristocrate du XVIIe siècle. 

Étoile filante dans la vie du roi, du parfait amour à la détestation la plus totale, il fut condamné à mort pour un complot qui visait à abattre Richelieu.... Mal leur en prit à tous. Trois mois après la décapitation du favori, Richelieu mourait de tuberculose. Et moins d'un an après, le roi quittait ce monde à 41 ans...
Amours royales déçues, amour idéalisé de l'auteur, Cinq-Mars séduit encore aujourd'hui par son physique, sa personnalité flamboyante et sa fin dramatique. Un ouvrage très bien documenté et fort bien écrit à réserver à un public averti.

Merci à Babelio pour ce morceau d'Histoire de France....