AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782200637675
240 pages
Armand Colin (21/02/2024)
3.83/5   3 notes
Résumé :
La Révolution française inaugure une période de profonde instabilité politique au cours de laquelle la France se cherche un nouveau régime pour succéder à une monarchie qualifiée d'absolue. Dans cette recherche d'un gouvernement stable, plusieurs dynastie se sont vu proposer un trône. Après l'échec de la maison de France, les Bonaparte, les Orléans ont chacun tenté une synthèse politique sans davantage parvenir à se maintenir.
A chaque abdication, les princes... >Voir plus
Que lire après L'Exil des monarques : Entre abdications et reconquêtes du pouvoirVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'exil des monarques est un livre qui permet d'approcher une thématique assez peu abordé pour le grand public (sauf en cas de biographie) : l'exil. Qu'est-ce que le quotidien de ces exilés ? Que font-ils ? Comment évoluent-ils ? C'est à ces questions que les chapitres ici présents vont répondre.

Pour commencer, des Bourbon légitimistes aux Orléans, en passant par les Bonaparte, la série d'historien présents dans le livre va nous montrer que l'exil, et quelque soit le personnage, n'annonce pas forcément la fin d'une ambition politique. Toujours en effet, rois, princes ou empereurs en exil se tiennent au courant de l'évolution politique de la France, afin de s'engouffrer dans la moindre brèche pour revenir au pouvoir. Par la force ou par la voix légale, pour eux ou pour leur proche et très souvent temporairement, cette volonté de reprendre le pouvoir peut tantôt marcher comme avec Napoléon III ou encore Louis XVIII, mais peut tantôt ne pas se faire du tout.
Effectivement, même si certains comme Napoléon III ont réussi leur but d'accéder au pouvoir car ils avaient un projet politique ou qu'ils avaient la modernité chevillée au corps, d'autres ont cependant raté leur coche avec l'histoire du fait des positions tenues et jugées trop traditionalistes, comme se fut le cas avec le comte de Chambord et la question du drapeau tricolore.

Bien sûr, ces choses-là posent la question des réseaux et des soutiens, vous vous en doutez bien. Et ceci est un autre point important qui revient régulièrement dans le livre. En effet, un monarque déchu et frappé par la loi d'exil, ne surgit pas de nulle part en faisant un petit signe de la main à la population qui le porterait ipso facto sur le trône. Non. Pour expliquer pourquoi ces rois sans couronnes sont encore si actifs à l'époque et ont des réseaux, il ne faut pour commencer pas oublier que la monarchie ou l'empire étaient encore proche des contemporains de l'époque ; donc encore dans les esprits et une réhabilitation dans un siècle qui ne manque pas de révolution pas impossible à envisager. En outre, il ne faut pas oublier non plus que les réseaux sont souvent tenus par des idéologues, ou par des familles qui ont tout perdu de la chute du régime, ce qui explique ces soutiens qui oeuvrent à faire changer l'opinion ou à la jauger.
Néanmoins, ces réseaux qui peuvent s'exprimer par la presse ou par des personnalités politiques, peuvent aussi montrer très vite leurs limites. En effet, ces derniers ne sont pas sans attentes vis-à-vis des prétendants, ils attendent d'eux une ligne de conduite ou encore certaines positions qui peuvent les desservir vis-à-vis d'autres soutiens. Et quand cette dernière n'est pas tenue, comme se fut le cas avec le Comte de Paris avant et durant la Seconde Guerre Mondiale, les soutiens s'éloignent comme avec l'Action Française par exemple.

« Depuis le Maroc, Bruxelles étant occupée par les Allemands, le prince multiplie les contactes tous azimuts, se proposant comme recours sans jamais s'engager clairement dans la dénonciation de Vichy et de l'Occupation, à la déception des monarchistes et maurassiens résistants. » p. 208.

A l'inverse, d'autre comme le prétendant au trône impérial Félix Bonaparte, fera dissoudre les courants bonapartistes afin que ces derniers ne se fourvoient pas dans la nazisme ou la collaboration. Certains au nom de l'histoire, sont prêts à sacrifier beaucoup de choses, même s'il semble que le prince Napoléon dédaigne un avenir politique par la suite. Mais soyons honnêtes, plus le temps passe moins ils y croient. Surtout que les obstacles financiers ou politiques ne manquent pas au fur et à mesure du temps qui s'écoule...

Mais il est cependant amusant de voir comment ces têtes couronnées gardent une certaine idée de la France et de son service, et ce malgré le rejet. Comme le prince Murat qui meurt le 20 juillet 1944 ou le prince Bonaparte qui - et difficilement étant donné les lois d'exil – se battent contre les allemands. Il est aussi désolant de voir comment ces combats ne le serviront pas tout de suite.
Et je ne parle pas des princesses qui deviennent infirmières et de ces prétendants qui font de leurs châteaux des hôpitaux. Même éloignés par la force de l'histoire et de la politique ils restent français et veulent servir leur pays.

« La déclaration de guerre de 1914 permet au duc d'Orléans de jouer une autre scène de son répertoire : il demande à servir son pays mais cela lui est refusé. Accepter cette mise à l'écart de l'Union sacrée sans rien tenter aurait été reconnaître la légitimité de la loi d'exil. Il ne reste, pour participer au conflit mondial, que les services sanitaires, châteaux de la famille transformer en hôpitaux et princesses en infirmières ; et surtout les interventions diplomatiques auprès des souverains issus de la dynastie. le prétendant autorise son cousin le duc de Guise à aller sur les instances du Quai d'Orsay auprès de Ferdinand de Bulgarie en 1916, pour le convaincre de ne pas s'engager dans le conflit du côté de la Triplice au nom de la solidarité dynastique. […] le duc de Guise ne réussit pas à convaincre son cousin, ce qui fragilise la position des Orléans, qui échouent à traduire le lien dynastique en capital diplomatique. » pp. 195-196



Enfin, et bien que ce livre aborde beaucoup le pan politique des représentants au trône de France, il prend également le temps de s'attarder sur la vie domestique et privée de ces gens-là. le train de vie qui baisse mais qui garde quand même un certain standing. Les liens entre les différents monarques, qui ne sont pas non plus sans méfiance, et entre les différentes branches de la famille. La manière dont ils gèrent leurs biens restés en France. Ce qu'ils font comme étude ou occupation, etc. Bref, ce livre prend intérêt à s'attarder sur tout pour nous faire partager au plus près cette vie de proscrit, mais aussi les querelles dynastiques.

En résumé, ce livre retrace donc la vie de ces prétendants ou rois en exil depuis la Révolution française. A chaque chapitre, un homme et sa famille, ce qui facilite la lecture. A chaque chapitre se montre, et c'est la conclusion, l'efficacité qu'a eu l'exil sur l'avenir de ces familles et qui rendent anecdotique la monarchie dans cette République qu'a fondé le dernier monarque sans doute : Charles de Gaulle.

Merci aux Éditions Armand Colin et Babelio.
Lien : http://encreenpapier.canalbl..
Commenter  J’apprécie          10

L'exil est indissociable du XIXe siècle français, que ce soit pour les grandes figures politiques – pas seulement monarchiques ou impériales comme traité dans cet ouvrage, Louis Blanc en est un exemple – ou les écrivains, dont le plus fameux d'entre eux et qui, sur son rocher anglo-normand, fait écho à celui de Napoléon Ier à Sainte-Hélène : Victor Hugo. Théodore de Banville publiera même un recueil de poème intitulé Les Exilés, montrant que cette thématique jalonne ce siècle. L'exil c'est aussi le regret du passé, ce qui fera du XIXe un siècle particulièrement nostalgique. « Je suis venu trop tard dans un monde trop vieux », écrivait Alfred de Musset.

Mais revenons à L'exil des monarques, essai écrit à plusieurs mains, montrant à quel point l'instabilité politique de cette France plongée dans la Révolution aura des conséquences durables tout au long du XIXe siècle et, dans une moindre mesure, au début du XXe, précipitant des familles dans l'exil au gré des bouleversements politiques du pays : « le ballet des monarques en exil est le miroir de l'histoire politique tourmentée de la France du XIXe siècle », est-il fort justement écrit en conclusion du présent essai. Ces familles, ce sont les Bourbon, les Bonaparte et les Orléans qui règneront et seront renversées par des défaites ou des révolutions, de 1814 à 1870, année de la défaite de Sedan et de la proclamation de la IIIe République dans la foulée. Ensuite, comme on le voit à travers le destin des héritiers de ces familles déchues, le pouvoir leur échappera tout à fait et, loi d'exil oblige – promulguée en 1886 et abrogée seulement en 1950 –, ils ne joueront qu'un rôle très mineur dans le destin de la Nation. Un rôle souvent de représentation dans les cours étrangères où, par le jeu des alliances matrimoniales, ils ont souvent affaire à des membres de leur famille.

Ces princes en exil n'en demeurent pas moins attachés à la France, au point que certains d'entre eux seront héroïque lors des grands conflits du XXe siècle, tel le prince Louis Napoléon durant la Seconde Guerre mondiale. Ils ne sont donc pas des oisifs vivant leur exil dans des palais dorés, mais au contraire ressentent un manque cruel en étant ainsi éloignés. Raison pour laquelle ils chercheront à avoir une influence sur le pays qu'ils ont jadis dirigé ou que leurs aînés ont dirigé, se croyant ainsi providentiels en leur qualité de prétendants.

Bie entendu, parmi ces exilés, il en est un dont la légende a non seulement essaimé tout au long du XIXe siècle en France, et continue encore de le faire et ce, bien au-delà de nos frontières : Napoléon. On peut même avancer que son exil a plus surement construit sa légende que son règne, aidé en cela par le Mémorial de Sainte-Hélène. le personnage de Julien Sorel dans le Rouge et le Noir, le révère.

Seul le roi Louis XVIII mourra sur son trône, contrairement à son frère Charles X, son cousin Louis-Philippe et les empereurs Napoléon Ier et Napoléon III.

Dans ce livre il est aussi question de deux figures héritières qui ne règneront jamais : Napoléon II, fils de l'Empereur et qui finira sa courte vie en Autriche, tenu à l'écart de la France, et le comte de Chambord petit-fils de Charles X, mû par une volonté contre-révolutionnaire au point de poser comme condition d'un hypothétique règne l'abandon du drapeau bleu-blanc-rouge. Son intransigeance l'enverra ainsi finir sa vie en exil, fidèle à ses convictions : « Ma personne n'est rien, mon principe est tout. » Lui aussi vient trop tard, car le temps de l'intransigeance est révolu.

Dès lors, une fois dissipées les chances de remonter sur le trône pour le comte de Chambord, ces descendants de monarques ne seront plus que l'ombre de leurs ancêtres et aînées, et la France deviendra républicaine, pas toujours pour le meilleur.

Voici donc un ouvrage très riche, auquel on peut toutefois reprocher ne pas avoir assez insisté sur cette notion d'exil dans toute la société française au coeur d'un siècle lui-même exilé à la suite de l'immense fracture que constituèrent la Révolution française et l'épopée napoléonienne.

(Remerciements aux éditions Armand Colin-Dunod pour le présent ouvrage & à Babelio)





Commenter  J’apprécie          00
Ce livre écrit par des docteurs en histoire (dont une descendante de la ligne directe de Napoléon Bonaparte), s'adresse aux curieux et amateurs de cette longue période trouble en France, qui s'étend sur près d'un siècle et demi, de l'abdication de Napoléon 1er en 1815 jusqu'à l'abrogation des lois d'exils en 1950.
La famille Bonaparte souffrira de la première loi d'exil décrétée le 12/01/1816. La loi du 10/04/1832 entrainera le bannissement de toute la famille de Charles X et ses successeurs potentiels. Celle du 26/05/1848, enverra Louis-Philippe hors des frontières françaises, puis Napoléon III en 1870. Après la proclamation de la IIIème République, les Bourbons et Orléans ont bénéficié de l'abrogation des lois d'exil de 1832 et 1848 et purent se réinstaller sur le territoire français. Cependant, trop ostentatoires lors de cérémonies d'union dans leurs familles, et exaltées dans les journaux monarchistes, les républicains ont de nouveau édicté une loi, la dernière, le 26/06/1886 qui maintiendra hors sol tous les prétendants royaux et impériaux dont les familles avaient régné, avec l'interdiction supplémentaire pour les hommes de servir dans l'armée française.
Issus de trois dynasties différentes, Bourbons, Bonaparte et Orléans, prétendants au trône ou à la couronne impériale, chacun dans son exil a tenté une restauration sans jamais y parvenir. Au-delà des frontières, ces hommes (ou familles), bénéficiaient en France d'un réseau de soutien et d'activistes. Depuis l'étranger, ils avaient pour but non seulement leur retour, mais le rétablissement de leur légitimité en s'inspirant dans leur projet politique, des acquis des régimes précédents. Les hommes ont suivi une formation militaire, parfois combattu à l'étranger. Ils ont voyagé en Europe, certains aux USA et malgré l'instabilité politique, jamais ils n'ont renoncé à la possibilité d'un retour au pouvoir.
Louis XVIII, Napoléon II, Charles X, Louis-Philippe, Louis-Napoléon Bonaparte, Louis XIX, Henri V, le comte de Paris…

Après l'abdication de Napoléon 1er, seul Louis XVIII qui a passé 23 ans en exil, soit près du tiers de sa vie, connaîtra la restauration. Son frère et successeur Charles X, souverain pendant 6 années, succombera en exil avec son fils, le prétendant Louis XIX. le petit fils de Charles X, Henri d'Artois ou duc de Bordeaux, ou comte de Chambord et prétendant Henri V, rendra impossible en 1871 toute restauration monarchique par son refus d'adopter le drapeau tricolore et préférera mourir en exil en Autriche en 1883.
Napoléon II, l'héritier du père, éloigné et élevé à la cour impériale d'Autriche, aura un destin aussi court que tragique.
Les princes d'Orléans, successeurs de Louis-Philippe, accueilleront l'influence du républicanisme, sans plus de succès pour le trône.
La mort mettra fin à l'exil de Napoléon III en Grande Bretagne où son corps repose encore !
La construction du livre en chapitres différenciés facilite la lecture et la compréhension des épisodes historiques. Cela permet aussi un excellent exercice de révision de ces événements, des hommes et des femmes (souvent influentes), qui les ont ou provoqués ou subis.
Merci à Babelio et aux Editions Armand Colin pour la découverte de ce document historique.

Lien : https://www.babelio.com/conf..
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La déclaration de guerre de 1914 permet au duc d'Orléans de jouer une autre scène de son répertoire : il demande à servir son pays mais cela lui est refusé. Accepter cette mise à l'écart de l'Union sacrée sans rien tenter aurait été reconnaître la légitimité de la loi d'exil. Il ne reste, pour participer au conflit mondial, que les services sanitaires, châteaux de la famille transformer en hôpitaux et princesses en infirmières ; et surtout les interventions diplomatiques auprès des souverains issus de la dynastie. Le prétendant autorise son cousin le duc de Guise à aller sur les instances du Quai d'Orsay auprès de Ferdinand de Bulgarie en 1916, pour le convaincre de ne pas s'engager dans le conflit du côté de la Triplice au nom de la solidarité dynastique. […] Le duc de Guise ne réussit pas à convaincre son cousin, ce qui fragilise la position des Orléans, qui échouent à traduire le lien dynastique en capital diplomatique.

pp. 195-196
Commenter  J’apprécie          00
Depuis le Maroc, Bruxelles étant occupée par les Allemands, le prince multiplie les contactes tous azimuts, se proposant comme recours sans jamais s'engager clairement dans la dénonciation de Vichy et de l'Occupation, à la déception des monarchistes et maurassiens résistants.

p. 208.
Commenter  J’apprécie          10

Video de Hélène Becquet (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hélène Becquet
Louis XVII de Hélène Becquet aux éditions Perrin
La vie, la personnalité et les enjeux entourant l'enfant roi esseulé, emprisonné, sans trône et sans pouvoir, dernier espoir de la monarchie. Empoisonné, évadé, ressuscité ? Les hypothèses et les mystères entourant la vie et la mort de Louis XVII ne manquent pas, mais sont pourtant bien éloignés de la vérité. Louis XVII est sans doute l'inconnu le plus illustre de notre histoire tant le mythe a éclipsé la brièveté de sa vie également marquée par le paradoxe et la tragédie. Paradoxe d'un prince devenu Dauphin en 1789, au moment où la monarchie absolue s'effondrait. Tragédie d'un roi sans royaume, d'un orphelin à la fois captif et otage des luttes de pouvoir inhérentes à la Convention. Instrumentalisé, esseulé et malade, il succombe à dix ans à la prison du Temple en juin 1795, ouvrant la voie à des décennies de controverses sur les circonstances de sa mort et son hypothétique survivance. En biographe exemplaire, Hélène Becquet exhume la vérité derrière les légendes, racontant son existence oubliée avant d'ausculter sa surprenante postérité au terme d'une enquête de plusieurs années.
http://www.lagriffenoire.com/80361-encyclopedie-louis-xvii.html
Vous pouvez commander Louis XVII sur le site de la librairie en ligne www.lagriffenoire.com
+ Lire la suite
autres livres classés : beaux livresVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (8) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3182 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}