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EAN : 9782020134675
Seuil (30/08/1991)
3.49/5   78 notes
Résumé :
C'est une de ces mauvaises journées à Tanger, journée de vent et de solitude. Dans sa chambre aux murs fissurés, tâchés d'humidité, dans sa grande maison aux nombreuses pièces inoccupées où, patriarche irascible, il a longtemps régné, le vieil homme s'ennuie. Le temps qui passe, les enfants ingrats, l'épouse mal soumise, les amis absents ou morts, les médicaments imbéciles qu'il jette à la poubelle par orgueil... A certains moments, tout excite son courroux. Faudrai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Il est des personnages qu'on aime haïr, d'autres qu'on déteste aimer. Il y a ceux qu'on aime aimer et ceux qu'on déteste haïr et puis ceux qui cumulent et qui font qu'à la fin d'un bouquin on ne sait plus trop ce qu'on ressent. C'est grave docteur?

Prenez ce qu'au premier abord nous pourrions appeler un vieux con. le genre de vieux con qui confronté au jeune branleur donne toute sa signification au conflit de générations. Mettez le au lit, malade et seul pendant une journée. Quelques souvenirs pour venir titiller une aigreur à fleur de peau et nous voilà avec une sorte de tatie Danielle sévèrement burnée après un traitement hormonal intensif, prête à tout pour faire chier le monde, pour lui faire payer sa vieillesse, sa solitude, son ennui.
Prenez ce même vieux con et regardez vous. Non, mieux que ça, plus honnêtement. Alors?
Et oui, on en est tous là. A différents degrés bien sur mais…
Il faut bien avouer qu'en abordant le vieux con par la face nord, il y a de quoi perdre la boussole.
Il y a les trucs sur lesquels on ne peut pas passer et puis ceux sur lesquels on ne peut pas passer sauf que… sauf que ben… j'ai un peu de ça chez moi donc… donc je peux commencer à l'excuser le vieux con. Et puis il y a les travers que j'ai aussi, et comme j'ai pas envie d'aller chez le psy même si on est plusieurs dans ma tête, ben je commence à l'aimer un peu le vieux con parce que c'est pas si grave que ça ses névroses puisque j'ai les mêmes, enfin certaines. Et puis… euh…c'est pour qui les deux armoires à glace en blouse blanche???? Lâchez moi!!!!
Non docteur, je ne sais toujours pas si j'aime ce personnage détesté par tout le monde ou si j'hurle avec la meute. Je n'arrive pas à savoir si la fin de vie rend toujours plus acariâtre les aigris chroniques. Je ne sais pas non plus si cette aigreur n'est qu'une façade, un crépi protégeant les fissures d'un mur fragile, prêt à s'écrouler à la moindre émotion, ou bien si elle n'est que bêtise, égoïsme et méchanceté. Un peu de tout ça probablement avec une bonne dose d'orgueil.
Aimer les gens tout en les détestant… quel vieux con, et une tite pilule rose pour papa.
Oui mais non, et une tite pilule verte pour maman.
Ca va aller docteur, pas besoin de pilules pour savoir que je sais que j'aime bien cette incertitude quant à mon ressenti… non n'insistez pas ou alors à la limite, bleue la pilule, pour les jours de moins bien mais lâchez moi!!!!
Le bouquin? J'ai pas adoré, j'ai pas détesté mais j'aurais détesté haïr et adoré aimer et… pinpon pinpon…
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Tahar Ben Jelloun compose un texte bref, épuré et poétique qui est une véritable ode au temps qui passe et à la redoutable puissance de l'automne de la vie sur les êtres.

"La vieillesse est une plaisanterie de mauvais goût".

Le romancier écrit au présent, sans fioritures, comme une religion permanente de l'instant. Il aborde l'ennui de la vieillesse, la lassitude d'un corps qui s'affaiblit et la désolation de longues journées vides et interminables.

Les mots s'animent à l'évocation de souvenirs, l'angoisse s'arrime parfois de regrets, l'auteur marocain dit le poids de l'incommunicabilité entre les êtres et les angoisses de l'homme.
Entre illuminations et égarements, le personnage principal perd souvent le fil de son existence, comme suspendu au-dessus d'un gouffre.
Le fil rouge des voiles de la mémoire lui permet de remonter sa généalogie et d'accepter tant bien que mal la fin des illusions.

Il n'est jamais trop tard pour comprendre.

Ce récit intime livre de petits souvenirs qui entraînent des grandes émotions et exhume la fragilité de l'intime.
Dans ce chant d'amour dédié à son père Il y a de la tendresse et cette ironie réservée à ceux que l'on aime.

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« C'est l'histoire d'un homme leurré par le vent, oublié par le temps et nargué par la mort. »

Première phrase de Tahar Ben Jelloun que je lis. Avec une telle entrée en matière, je crois que je peux m'arrêter là. Cette image du vieil homme ‘oublié' par le vent restera ancrée en moi. Je commanderai bien un thé à la menthe, et cette serveuse, si elle me faisait la danse du ventre… Je me perds dans le souk, pas à Marrakech, ni à Fès que le vieux a du quitter à contre-coeur mais à Tanger, cette ville balayée par le vent d'Est qui brûle les bronches du vieux.

Jour de Silence à Tanger est un long monologue d'un vieux aigri par la vie. Il en veut à tout le monde, il s'en veut à lui-même. Avec l'âge, avec la maladie, avec la fatigue, il découvre la solitude. Il est seul dans cette maison balayée par le vent. Absolument seul, une femme de ménage qui en plus n'est même pas belle, sa femme qui n'est en somme qu'une femme et quelques objets autour de lui qui semblent prendre vie et qui lui font regretter encore plus l'avancée du temps.

Son corps l'abandonne, ses bronches lui transpercent le torse. Et seul, il repense à ses amis. Il leur en veut pour certains d'être partis avant lui. Eux sont là-haut, lui est seul, en bas, dans cette maison, dans cette ville qu'il n'a jamais aimé. Il est seul, et il s'ennuie.

Il est grincheux, comme un vieux. Les vieux ne sont jamais contentés, toujours à ressasser les souvenirs d'antan. Toujours à penser à cette vie vécue dans un autre temps, dans un autre lieu même. Pourquoi a-t-il fallu qu'il quitte la belle Fès pour ce merdique Tanger ? Il repense à ses amours de jeunesse, ces belles filles qui le faisaient rêver contrairement à celle qu'il a épousé. le vieux n'a pas forcément la même conception du couple et de la famille. Il regrette l'absence de ses fils et de ses neveux à ses côtés. Sa femme, à ses côtés, ne serait même pas effacer cette peine, cette lourde douleur de solitude.

Le vent souffle et s'engouffre dans l'interstice de cette vieille maison. le vieux tousse jusqu'à s'arracher un poumon, la femme de ménage fait le ménage avec ses seins qui pendent sous sa robe, la télé hurle, et lui seul dans on lit se remémore toutes ces petites erreurs du passé qui l'ont poussé à venir dans cette ville balayée par le vent, qui l'ont amené à s'éloigner de ses fils, de ses neveux et de son beau-fils, ce sale traitre.

J'ai une requête à te faire, si je deviens aussi aigri que ce vieux, achèves-moi de suite ! On achève bien les chevaux. Je n'ai pas envie de suivre cette même fin, de sentir sur mes épaules le poids de mes erreurs passées et les petites brouilles qui polluent maintenant avec l'âge toutes mes pensées. Demain, le ciel redeviendra peut-être bleu, le vieux retournera dans la médina de Fès descendant le dédale de ruelles avec son vélo. Mais ce soir, il est allongé dans son lit, les étoiles éclairent les fissures de son plafond décrépi et s'apprête à subir un nouveau « Jour de Silence à Tanger ».
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Un livre dédié à son père dans lequel Tahar Ben Jelloun alterne le regard du fils et la parole du père.
« C'est un rebelle à l'âme tourmentée et insatisfaite. S'il avait fait de la politique, il aurait été un anarchiste, un briseur d'illusion. »
J'ai beaucoup aimé ce livre qui parle vrai. Découvrir ce vieil homme malade cloîtré dans sa maison humide, qui feuillette son répertoire téléphonique et y trouve beaucoup trop de noms rayés parce que les années ont pris leur dû. Il a beau être avec sa femme, « la peur de mourir seul » est bien présente. Alors il parle. Beaucoup. S'énerve également contre certains qu'il voit comme des traîtres et use d'un langage fleuri pour les décrire « Cet homme, je l'appelle l'Ingrat, le Traître, le Substance de l'hypocrisie, le Parvenu qui geint, la Marmite cramée ». Surtout, on ressent une grande retenue dans ses sentiments « La tendresse, l'amour, les embrassades... Ces manifestations relèvent de l'impudeur. »
Il ronchonne après les enfants qui dérangent sa tranquillité mais « il pleure d'émotion chaque fois qu'un de ses enfants s'en va après une visite. » Il a une manière bien à lui de montrer ses sentiments, il inverse tout ! « Il ne dit jamais ''je vous aime'' mais ''pourquoi vous ne m'aimez pas ?'' ». Certains y verraient un sentiment auto-centré, mais ce n'est que de la discrétion.
Au fond, « il aime les gens. Il est heureux quand la maison est pleine d'invités. », il faut juste le connaître et ne pas s'arrêter au sens premier des mots qu'il utilise car « il les manie avec art. Ses mots sont célèbres, des flèches qui blessent, des images qui inquiètent, des sonorités qui dérangent. » mais c'est parce que « chez lui la tendresse est rugueuse ; elle est enfouie et lui fait mal. »
Il aime les gens et les femmes. Il ne renonce pas au toucher d'une épaule qui le conduirait par mégarde à effleurer un sein... le coquin ! Et c'est le premier à dire « Ils sont toujours comme ça, les gens ; si tu leur fais confiance, ils te trompent. » Malgré la vieillesse, sa passion pour les femmes il nous rappelle. « Les gens s'imaginent qu'avec l'âge le désir s'éteint. Ils se trompent. Non seulement le désir est toujours là, mais il ne cesse d'augmenter ; il peut être moins exigeant, mais il me brûle la peau et encombre mes nuits. »
J'aime ces personnages plein de sensibilité, entiers et si pudiques. Qui par décence préfèrent se montrer odieux plutôt que révéler une once de leurs réels sentiments. Un fâcheux par timidité qui n'est pas pour autant dépourvu de défauts, comme la jalousie par exemple « J'aurais aimé établir entre mes enfants et moi une relation amicale. Là est mon échec. Je les vois plus proches de leur mère que de leur père. Ce n'est pas étonnant. Je suis l'unique membre de mon propre parti ; ça ne fait rien ; j'ai toujours été seul et j'ai eu raison. »
« Ces mots, il les aime brefs, subtils, colorés. » écrit le fils à propos du père. C'est exactement ce que j'aime en vous lisant Tahar Ben Jelloun. Jour de silence à Tanger. Il y a le vent d'Est qui rend fou, « il se lève en même temps que le soleil, mais il n'a pas d'heure pour s'arrêter. Quand il arrive à Tanger... »
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Le temps est un vieillard qui a la malice des enfants. C'est l'histoire d'un homme leurre par le temps et nargue par-là mort. le vent vient de l'Est, dans une ville où l'Atlantique et la Méditerranée se rencontrent, une ville faite de collines successives, enrobée de légendes, énigmes douce et insalissable. C'est le 2 eme livre de cet auteur que je lis, après Moha le fou Moha le sage. le temps débute avec le siecle ou presque. Il forme un triangle dans l'espace familier de cet homme. Il avait 12 ou 13 ans et quand il a travaillé dans le Rif, à Nador puis a Melilla pour habiter Tanger. Ville du détroit où règne le vent,
la paresse et l'ingratitude. Se faire tout seul n'est pas une malédiction. Cet exil est aussi une malédiction.

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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
De toute façon, je suis voué à la solitude, depuis toujours. Je n'ai jamais compté sur personne. J'ai tout fait tout seul. Je sais, il n'y a pas de quoi être fier, mais c'est une précision utile, pour ton information. Je sais que je me répète. Il le faut bien car, avec les femmes, il faut de la répétition... Tiens, elle est partie. Je parle tout seul. Ce n'est pas bon, ça ! C'est même inquiétant. Oh ! je devrais la ménager un peu, mais je n'y arrive pas. Je lui en veux. Nous avons passé trop d'années ensemble. Je ne peux même pas dire que nous vieillissons ensemble. Je vieillis seul ou, plus exactement, nous vieillissons chacun de son côté, chacun dans son coin.
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Il suffit parfois d'un mot, d'un geste pour le rendre bon, émouvant, heureux. Au fond, sa méchanceté est superficielle; elle est faite de mots et de calembours, et les mots bien souvent dépassent sa pensée. Il sait qu'ils courent plus vite que sa volonté. Ils le trahissent, mais il ne s'en plaint pas. Pour lui, ce ne sont que des mots, et les gens ont tort de les recevoir comme si c'étaient des pierres ou des flèches.
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L’ennui, c’est quand la répétition des choses devient lancinante, c’est lorsque la même image s’appauvrit à force d’être toujours là. L’ennui, c’est cette immobilité des objets qui entourent son lit, des objets aussi vieux que lui ; même usés, ils sont toujours là, à leur place, utiles, silencieux. Le temps passe avec une lenteur qui l’agace.
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Il disait que le plus beau moment pour faire l'amour se situe entre la prière de quatre heures et le coucher du soleil. Il avait toute une théorie sur la disponibilité du corps, sur la lumière naturelle et sur l'apogée érotique des femmes. Pour lui, la nuit est faite pour dormir et reposer le corps qui a traversé une longue journée. C'est le moment le moins indiqué pour faire l'amour. Alors que l'après-midi constitue un espace creux dans la journée qu'il vaut mieux remplir par des ébats joyeux et répétés que par une partie de cartes où le sexe est en berne. Il disait aussi que ce moment remplit toute la journée. Avant, on y pense et on se réjouit ; pendant, on jubile ; après, on se repose en y repensant tout en préparant sa nuit.
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Parler tout seul ? N’est-ce pas le début de la folie ? Parler aux objets ? N’est-ce pas un signe de déchéance ? Il n’est ni fou ni déchu. Il est vieux. Or la vieillesse n’existe pas. Il est bien placé pour le savoir et l’affirmer. La vieillesse est une erreur, un malentendu entre le corps et le temps. C’est une trahison du temps, un mauvais coup préparé depuis longtemps par l’inadvertance des uns, la violence des autres, par l’amnésie de nous-mêmes et par la passion des racines et de l’origine.
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