Je découvrais cette auteure, écrivain mais aussi psychologue clinicienne et docteure en psychopathologie. Dans ce roman, pure fiction, elle évoque la Corse, mais aussi des secrets de famille inavouables et difficiles à porter, au travers d'une sinistre affaire d'héritage au sein de la grande famille Girolami-Cortona, de souche italienne mais corse depuis plusieurs générations.
Il est mentionné sur la quatrième de couverture : "Les secrets de famille les plus enfouis resurgissent, entraînant chaque descendant au coeur d'un parcours initiatique..." Je crois que cette affirmation est en dessous de la vérité, car chaque protagoniste vit une véritable descente aux enfers.
Un livre assez atroce dans le sens où il donne une mauvaise image des familles, et plus encore semble-t-il des familles corses, où "il aurait pour toutes des fantômes dans les placards!"
Je reste dubitative quant aux affaires de détournements frauduleux d'héritages, car il me semble qu'il existe des lois et que les notaires les appliquent. Sinon le livre est intéressant et rempli de rebondissements.
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Il est d'anciennes familles nobles qui sonnent comme des fins de race. La noblesse s'y éternise dans une finesse des traits, un timbre de voix, un menton haut perché, une délicatesse des mains, une silhouette consolidée par une gloire de plusieurs siècles. Des distorsions temporelles se repèrent, une difficulté à s'insérer dans le monde moderne, des principes qui n'ont plus cours, des traditions dévêtues de leur sens, et des valeurs d'époques surannées. En particulier, les anciennes noblesses portent en leur sein l'empreinte de ces empires révolus, qui scellaient leur puissance sur des pays conquis et des mondes vaincus. Il règne, dans ces grandes familles, une mélancolie profonde, une tristesse affectant la bile des organes, des humeurs déchirées de joie, de mystère et de désespoir, la nostalgie d'un âge d'or que l'on suppose évanoui, sans se résigner pour autant, dans l'espoir qu'il réapparaisse enfin, au terme de ces temps d'errance. La domination y est une façon d'incarner un monde, un style, une folie du vivant qui ne survit que dans le vibrato de la prédation. Ainsi les nobles d'anciens âges portent encore les signes d'une déviance interne du pouvoir tout en conservant l'âme des justes. C'est dans ce contraste, précisément, qu'erraient les Girolami-Cortona : entre déchéance et idéal. Ainsi en va-t-il des affreuses délices d'une gloire passée.
Au décès de la vieille, il n'y eut point de pleureuses.
Elle avait déjà choisi et payé sa tombe bien avant terme, auprès de l'un des meilleurs marbriers de France : son existence n'avait pas été banale, il en serait de même pour sa pierre tombale. Sur le granit bleu nervuré du Tarn, était ciselée une gravure en or, de style antique, la devise des Girolami-Cortona, "Virtus et Prudentia".
Les choses avaient été calées de longue date, par consentement tacite. Il fallait qu'elle crève, la vieille. L'agonie, la leur comme la sienne, n'avait que trop duré.
A. Bilheran : le déni sur la sexualisation des enfants - Juillet 2018