La fille est un album de BD vraiment original puisqu'il mixe plusieurs expressions artistiques : le dessin bien sur, la musique ensuite (sous forme de CD AUDIO) et enfin, pour achever de nous étonner, l'histoire est aussi scénarisée, un peu comme pour un film. le tout forme une sorte d'OVNI dans le milieu de la BD et le moins qu'on puisse dire c'est que
Christophe Blain n'en finit pas de dynamiter les frontières de la BD après sa rencontre avec le chef
Alain Passard (en cuisine avec
Alain Passard), ou encore l'observation du quotidien dun ministère des affaires étrangères avec ses chroniques diplomatiques (Quai d'Orsay, deux tomes parus).
Avec cet album,
la fille, il s'associe avec la talentueuse chanteuse
Barbara Carlotti pour imaginer une histoire d'amour improbable et unique entre un cow-boy et une motarde aventureuse. Difficile de raconter cette histoire sans la dénaturer, sachant que le plaisir vient aussi de la découverte personnelle des nombreuses péripéties.
Difficile… mais comment résister au plaisir de vous balancer deux ou trois directions vers lesquelles s'oriente le fameux scénario : le cow-boy fait du yo-yo avec son poids et sa taille comme dans Alice au pays des merveilles, il rencontre deux hommes à qui il narre ses histoires d'amours et les deux, « le grand échalas » (la voix d'
Arthur H, reconnaissable entre toute) et « le petit nerveux » (celle de Blutch, autre talentueux dessinateur de BD) en redemandent comme dans Shéhérazade… Une bande de motardes dépoitraillées sème la terreur dans les bleds du far West et envoie valdinguer tous les pauvres spécimens mâles qui ont le malheur de traîner dans le coin… Voilà, ça, c'est pour planter le décor.
«
La fille est une grande gigue, on lui voit les côtes » et lorsqu'elle rencontre le cow-boy, ils passent deux nuits d'amour inoubliables mais hélas ils se perdent en chemin, tentant d'échapper à la horde de motardes sauvages et déchaînées… Ils se perdent mais vont se retrouver un peu plus tard : et quelles retrouvailles, sensuelles, livresques, érotiques !
Le CD audio accompagnant l'album ne contient pas que des chansons : il héberge aussi le scénario de la BD, dont
Barbara Carlotti se fait la narratrice. La musique qui accompagne l'album est très agréable à écouter, il mêle des airs planants (« mon anglaise »), d'autres plus ancrés dans la symbolique des western (« hey cow-boy ») et d'autres chansons symptomatiques de l'univers de
Barbara Carlotti (« fais-le ») dont je vous recommande en passant le dernier album l'amour, l'argent, le vent.
Et je ne peux finir cette chronique sans parler des dessins de
Christophe Blain : déjantés mais somptueux, avec cette légère touche comique et ironique (sa patte). Ses planches plongent parfois complètement dans une ambiance seventies, puis dans des scènes classiques de western. Plusieurs dessins, monochromes (à l'excepté d'un), s'étalent même sur deux pages, ce qui provoque l'étonnement.
Un album donc qui se regarde, s'écoute, multipliant les angles d'attaque pour un lecteur curieux et avide de sensations nouvelles en bande dessinée.
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