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EAN : 9781026225509
433 pages
Librinova (30/11/2018)
4.16/5   64 notes
Résumé :
Quel drame a poussé Émilie à rompre les liens avec sa famille maternelle ? Cela fait plus de vingt ans que la jeune femme n'a pas gravi les marches du manoir de son enfance, lorsque sa mère y rend son dernier souffle. Un flot d'images se déverse dans sa mémoire.
L'Inde, Le Croisic, Paris ; et un fil conducteur : celui que tisse obstinément une mère oppressante, imprévisible, tarentule harceleuse au venin quotidien, qui jamais ne perd de vue sa proie, centre ... >Voir plus
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Ce livre est un uppercut au coeur de l'enfance et de la folie parentale. Impossible d'en ressortir indemne.

Claire Blanchard décrit à la perfection l'histoire d'une fratrie, Émilie (quatre ans) et Jean-Baptiste (deux ans) fourgués à la grand-mère et tante (deux femmes acariâtres avec des verrues sur le nez) dans un manoir rural pendant que les parents roucoulent en Inde. L'enfance se fera sans amour, sans repère, dans les bêtises du jeune âge en manque de l'amour parental.
Quand quatre ans plus tard, les parents reviennent pour refonder leur famille à Paris, l'enfer commence à s'insinuer au fil des années pour Émilie et Jean-Baptiste. La mère est à moitié folle, instable, toujours à paraître et jamais dans l'être, les cris, les coups, les insultes volent à tout bout de champs. Amenant à certains moments de graves conséquences.
Émilie trouvera des échappatoires pour ne pas sombrer mais toujours avortées par la folie maternelle. le piano d'abord, le dessin ensuite.
« Je dessinais dans les marges de mes cahiers. C'était toujours le même motif : des coeurs entrelacés de ronces où perlaient des gouttes de sang. »

Le père, totalement absent, pas plus futé et aimant que la mère amène son édifice dans la gangrène de cette famille toxique. Les enfants grandiront telles des proies victimes de la tarentule, prisonniers de la toile maléfique, impuissants à fuir, ligotés de toute part, confiance en soi grignotée jusqu'à sa moelle, confiance aux autres vidée, amour propre détruit.

La danse de la tarentule est un livre puissant, rageant, criant. L'auteure y décrit très bien l'emprise, l'enfance saccagée avec une évolution accordée aux personnages. Émilie petite a du répondant et ne manque pas d'humour et de sarcasme. Adolescente, Émilie deviendra une plaie vivante, rongée par la colère et la haine.

Un livre édifiant qui m'aura tenu en haleine tout du long même s'il n'est pas joyeux joyeux. C'est un livre qui marque et laisse des traces.

#LaDansedelatarentule #NetGalleyFrance
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Je n'aime pas les araignées et ce n'est pas ce roman qui me fera me débarrasser de cette phobie, même si l'aranéide évoquée n'a que quatre membre et ne tisse qu'une toile psychologique !

C'est Emilie qui nous conte son histoire, la sienne et celle de sa famille. Curieuse famille, puisque ses parents la laissent elle et son frère aux « bons soins » de leur grand-mère, alors qu'ils partent vivre en Inde, avec la promesse maintes fois renouvelée d'un retour imminent. Ce que l'enfant attend avec impatience s'accrochant aux souvenirs d'un passé heureux avec son père et sa mère.

Mais lorsque ce voeu est exaucé, Emilie comprend vite que les espoirs que suscitaient ce retour n'étaient qu'illusions.

Et c'est le récit d'une enfance martyrisée, auprès d'une mère « soufflant le froid et le chaud » dans un quotidien où « l'imprévisibilité était la seule loi en vigueur ».

Insultes, coups, privations, humiliations, rien ne manque au tableau et on est en droit de ce demander ce qui est à l'origine des troubles du comportement et du déficit intellectuel du petit frère d'Emilie. Hormis la folie, il est impossible de trouver une excuse ou au moins une justification à l'araignée de l'histoire, sinon celle de la folie.

Lu en apnée, suspendue au destin atroce de la narratrice, craignant à chaque page l'escalade dans l'odieux.

L'écriture sert le propos avec précision et justesse. Roman marquant et difficile à évacuer de la mémoire.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Emilie, élevée par sa grand-mère et sa tante est une enfant attachante, vive et spontanée malgré l'éducation rigide qu'elle reçoit.
La fillette est consciente que la situation va changer lorsqu'enfin elle retrouvera sa maman et son papa qu'elle connait peu.
En poste en Inde ils ne font que quelques brèves apparitions lors de leurs vacances.
Ces retrouvailles sont des promesses de bonheur pour Emilie et Jean-Baptiste, son petit frère.
Les enfants partagent alors des moments de complicité, de jeux, et d'échange jusqu'au départ avec la promesse d'un retour définitif.
Lorsqu'enfin la famille au complet s'installe dans la banlieue parisienne, la violence, les coups, les insultes sont le lot quasi quotidien des enfants.
La mère, instable est capable du pire avant de couvrir ses enfants de bisous et de câlins, le père indifférent laisse faire, avant de s'y mettre à son tour.
Emilie se réfugie dans le piano et le dessin et pose un regard sans concession sur ses géniteurs :

« Ma mère, si tant est qu'on puisse l'appeler ainsi, nous avait pondus, mon frère et moi, pouf, pouf, à deux ans d'intervalle, puis s'était promenée à travers le monde, une fois qu'on n'eut plus besoin de lui téter les mamelles, pour suivre mon père dans ses déplacements. »

J'ai eu beaucoup de mal à lâcher ce livre, même si la lecture m'en a été souvent douloureuse.
Comment rester insensible à la souffrance des enfants maltraités par des parents qui donnent à l'extérieur l'image de sérénité, d'équilibre et d'amour ?
Qui va se douter de ce qu'il se passe derrière une porte fermée ? Comment protéger les plus jeunes ?

Ce roman aborde des problèmes difficiles, malheureusement toujours d'actualité, malgré les mesures mises en place par divers organismes.

Claire Blanchard en donnant la parole à une enfant a su trouver les mots pour décrire l'enfer quotidien. Elle réussit à ne jamais tomber dans le larmoyant.
Emilie est une enfant courageuse qui tente de protéger son frère qui peu à peu s'enferme dans un monde dont lui seul connaît les codes.

Merci à NetGalley et aux Editions Les Presses de la Cité.
#LaDansedelatarentule #NetGalleyFrance
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Elle est revenue, vingt ans plus tard, au Croisic dans ce manoir de bord de mer. Pourquoi soudain ce retour ?

Sa mère vient de mourir.

" Vingt ans que j'ai coupé les ponts, après le drame, c'était une question de survie.."

Émilie mère de deux petits garçons revisite son enfance et nous raconte ses joies et ses peines, l'abandon de ses deux parents partis quatre ans à l'étranger, cette grand-mère qui l'a accueillie avec son petit frère, petit garçon si fragile....

On ne choisit pas ses parents.

La mère d'Émilie est un personnage qui peut être tout amour comme toute violence. Une jour elle aime ses enfants mais ce jour là cache le plus terrible qui peut survenir, Émilie va le comprendre en grandissant, en subissant cette violence.

C'est un enfer qu'elle va subir.

Un crève coeur cette histoire. Claire Blanchard souligne bien que lorsque la porte d'un foyer est fermée, personne ne peut imaginer ce qui se vit de l'intérieur. Car sous les sourires et les beaux visages montrés au monde, les mots et les gestes les plus blessants peuvent subvenir et détruire.

Cette histoire nous révèle l'impensable et pourtant, Émilie de sa voix d'enfant crie son incompréhension, ses colères, sa révolte..C'est la voix de l'enfance mal aimée, non entendue, un cri qui vient de loin auquel nous sommes bien souvent sourd, perdu dans nos mondes si artificiels...

Ce n'est pas facile d'être parent, et ce n'est pas facile d'être non plus enfant au sein de famille "malade"... Un vaste débat s'ouvre suite à cette lecture terrifiante.


#LaDansedelatarentule #NetGalleyFrance
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Vortex à retardement, tornade dévastatrice, la violence verbale assortie de coups qui entraîne la famille de l'héroïne vers les tréfonds de l'horreur crée une tension insoutenable. Cette énergie permet des talents de pianiste avortée, des espoirs scolaires sans aboutissement, puis se meut vers quelque chose, un indéfinissable charme, un possible qui se cherche.

Sans baisser les yeux devant le carnage qui s'opère, l'auteure soutient le récit en ouvrant des portes. le désespoir qui les ferme irrémédiablement ne suffit pas à assécher la vie arrachée aux instants de paix qui traversent ce drame incessant.

La vie s'obstine.

Lien : https://partagerlecture.blog..
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Derrière la vitre, une tarentule aux pattes velues avait planté ses crochets dans une petite souris grise. Le corps du rongeur, incapable de fuir, tressaillait par intermittence pendant que l'autre dansait, accrochée à sa proie. C'était l'heure du repas, au jardin des Plantes.
Mon souffle s'est fait court ; mon pouls s'est accéléré. Un battement sourd au début est monté à mes oreilles, faible, puis de plus en plus fort. Un goût de bile a rempli ma bouche. Les souris, les crotales, les gerbilles, les boas, les mygales ont valsé. Je me suis accroché à la rambarde.
J'étais une souris. Face à moi, une mygale, un crotale. Ma mère, mon père. Ils distillaient leur poison dans mon esprit à force d'insultes et d'actes barbares ordinaires. Ils me digéraient vivante, anesthésiant mes membres avec leur venin, me vidant de toute substance.
Comme la tarentule, ma mère avait planté ses crochets dans mon cerveau et suçait ma vie. Elle avait tissé sa toile autour de moi et je ne savais pas si un jour je m'en sortirais vivante...
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À l’école, au Croisic, on me regardait bizarrement. J’étais celle qui n’avait pas de mère, qui avait une grand-mère à la place, une vieille femme acariâtre, sèche, aigrie. Je sais que les autres l’appelaient la sorcière. Moi, je ne me le serais pas permis en public. Ils me traitaient de menteuse quand je disais que ma mère était en voyage. Je criais à l’injustice – j’ai toujours crié à l’injustice, et on se moquait encore plus de moi, on faisait même exprès, pour que je pique une colère, parce que je me laissais pas faire : « Émilie, elle n’a pas d’mère ! Émilie, elle n’a pas d’mère !» Et moi, je pleurais devant la méchanceté des autres. Ils étaient tous affreux, et seul Anthony Brown avec ses parents hippies était de mon côté.
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Petit à petit, j ai appris à vivre avec ce sentiment de perte, d oubli, cette tumeur d'amour, ce gouffre. J'ai porté un masque sur ma peine. On ne peut pas survivre en société avec de telles cicatrices au cœur. Il faut maquiller, s'oublier, faire semblant. A ressasser on fait fuir les gens. Alors je me suis repliée, j'ai renoncé à lutter.
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Ma mère, si tant est qu’on puisse l’appeler ainsi, nous avait pondus, mon frère et moi, pouf, pouf, à deux ans d’intervalle, puis s’était promenée ç travers le monde, une fois qu’on n’eut plus besoin de lui téter les mamelles, pour suivre mon père dans ses déplacements.
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J'aimais bien les rentrées scolaires, malgré tout, parce qu'on avait des cahiers neufs donnant l'impression que la vie nous permettrait d'être sage et exemplaire, pour une fois. Qu'on tiendrait nos bonnes résolutions parce que notre avenir était aussi blanc que les pages des cahiers vierges distribués par notre nouvelle maîtresse.
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