Regarde tout autour :
vois comme cela devient vivant à la ronde _
Dans la mort ! Vivant
Dit vrai, qui parle d'ombre.
Vois comme se rétrécit le lieu où tu te tiens :
Où veux-tu aller à présent, toi en
défaut d'ombre, où aller ?
Monte. En tâtonnant, monte.
Plus mince, plus méconnaissable, plus fin !
C'est ce que tu deviens, plus fin : un fil,
le long duquel elle veut descendre,
l'étoile :
pour en bas nager, tout en bas,
là où elle se voit
scintiller : dans le mouvement de houle
des mots qui toujours vont.
Ce livre de Blanchot, malheureusement épuisé...
Merci alzaia de me l'avoir fait découvir...
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"A nouveaux rencontres avec
des mots isolés comme :
chute de pierre, durs roseaux, temps"
Ce qui nous parle ici, nous atteint par l'extrême tension de langage, sa concentration, la nécessité de maintenir, de porter l'un vers l'autre, dans une union qui ne fait pas unité, des mots désormais associés, joints pour autre chose que leur sens, seulement orientés vers - .
Et ce qui nous parle, dans ces poèmes le plus souvent très courts où termes, phrases semblent, par le rythme de leur brièveté indéfinie, environnés de blanc, c'est que ce blanc, ces arrêts, ces silences ne sont pas des pauses ou des intervalles permettant la respiration de la lecture, mais appartiennent à la même rigueur, celle qui n'autorise que peu de relâchement, une rigueur non verbale qui ne serait pas destinée à porter sens, comme si le vide était moins un manque qu'une saturation, un vide saturé de vide. Et toutefois, ce n'est peut-être pas là ce que je retiens d'abord, mais qu'un tel langage, souvent si dur - quelque chose de strident, un son aigu au-delà de ce qui peut devenir chant - n'en vienne jamais à produire une parole de violence, ne frappe pas l'autre, ne soit animé de nulle intention agressive ou destructrice : comme si avait déjà eu lieu la destruction de soi pour qu'autrui soit préservé ou pour que "soit maintenu un signe porté par l'obscurité".
Ce qui nous parle ici, nous atteint par l'extrême tension de langage, sa concentration, la nécessité de maintenir, de porter l'un vers l'autre, dans une union qui ne fait pas unité, des mots désormais associés, joints pour autre chose que leur sens, seulement orientés vers - .
Regarde tout autour :
vois comme cela devient vivant à la ronde _
Dans la mort ! Vivant
Dit vrai, qui parle d'ombre.
Vois comme se rétrécit le lieu où tu te tiens :
Où veux-tu aller à présent, toi en
défaut d'ombre, où aller ?
Monte. En tâtonnant, monte.
Plus mince, plus méconnaissable, plus fin !
C'est ce que tu deviens, plus fin : un fil,
le long duquel elle veut descendre,
l'étoile :
pour en bas nager, tout en bas,
là où elle se voit
scintiller : dans le mouvement de houle
des mots qui toujours vont.
Et ceci qu'il faut à nouveau recevoir dans sa dureté :
... Il n'est,
je le sais pas vrai,
que nous ayons vécu, seulement
passait aveugle un souffle entre là-bas et non-là
et parfois...
(...)
Parle, toi aussi
parle le dernier à parler,
dis ton dire.
Parle -
Cependant ne sépare pas du Oui le Non.
Donne à ta parole aussi le sens :
lui donnant l'ombre.
Donne-lui assez d'ombre,
donne lui autant d'ombre,
qu'autour de toi tu en sais répandue
entre
Minuit Midi Minuit
Platon : Car de la mort, nul n'a de savoir, et Paul Celan : Nul ne témoigne pour le témoin. Et pourtant toujours nous nous choisissons un compagnon : non pour nous, mais pour quelque chose en nous, hors de nous, qui a besoin que nous manquions à nous-mêmes pour passer la ligne que nous n'atteindrons pas. Compagnon par avance perdu, la perte même qui est désormais notre place.
Où chercher le témoin pour lequel il n'est pas de témoin ?
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