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EAN : 9782267023145
90 pages
Christian Bourgois Editeur (01/03/2012)
3.82/5   25 notes
Résumé :
« La poésie est ce que le miroir nous renvoie [...] de notre travail : des jeunes gens ridicules et mal habillés, des poètes mendiants, de vieux détectives latino-américains qui se perdent dans une enquête vaine et dangereuse. » Roberto Bolaño



Plus connu pour son œuvre de fiction, Roberto Bolaño n'a cependant jamais cessé d'écrire de la poésie, en vers et en prose, antipoèmes et textes narratifs qu'il réalisait conjointement.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Roberto Bolano nous offre une poésie de la rue, avec de multiples éléments du quotidien, d'où le poète cherche parfois à s'échapper, de manière surréaliste. Mais c'est surtout une poésie terriblement ancrée dans l'histoire de l'Amérique Latine, du Mexique au Chili, celle de l'enfance de Bolano. On y sent le tragique, les révolutions, les errances personnelles, rappelant souvent « Le chant général » de Neruda. Pourtant l'amour et l'espoir pointent à travers les gravats et les destructions occasionnées par la vie, mêlant à la saveur des baisers un goût de métal. Les villes, de Barcelone à Mexico, sont des lieux où la vie parvient à trouver son chemin malgré tout. On y croise les amis de l'auteur ou d'autres poètes dont il fait l'éloge. Tout un monde qui, malheureusement, pour moi m'est assez étranger. Ce qui a un peu freiné mon plaisir et empêché de me laisser aller complètement à cette poésie.
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« Et parfois je rêve que Mario Santiago
Vient me chercher, ou alors c'est un poète sans visage.
Une tête sans yeux, ni bouche, ni nez.
Juste de la peau et de la volonté, et moi sans rien demander
Je monte sur la moto et nous partons
Sur les chemins du nord, la tête et moi,
Etrange équipage embarqué sur une route
De misère, chemins effacés par la poussière et la pluie,
Terre de mouches et de lézards, de buissons secs
Et de bourrasques de sable, l'unique théâtre concevable pour notre poésie. »

(extrait du poème «L'âne »)

Je suis une nouvelle fois impressionné par la grande cohérence de ce que j'ai lu jusque-là de l'oeuvre de Roberto Bolaño. Je craignais un peu d'aborder sa poésie, qui est un champ parfois plus aride dans le cas de nombreux écrivains dont j'aime la prose. Mais je suis tout à fait rassuré par « Les chiens romantiques », recueil comprenant des poèmes écrits entre 1980 et 1998, traduit par Robert Amutio et publié en 2012. On y retrouve bien des aspects présents dans ses romans, et dans le cas de l'extrait ci-dessus, une variation autour de « Les détectives sauvages ». Sur la forme, ce sont des vers libres, qui ne renoncent pas à une intelligibilité certaine.

Le premier volume des oeuvres complètes de cet auteur vient de paraître aux éditions de l'Olivier. Et sa poésie (j'imagine exhaustive, contrairement, peut-être à ce recueil) l'ouvre. J'ai donc encore à découvrir dans ce domaine !
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« Joue contre joue avec la mort »

Il y a comme un spectre qui plane au dessus de ce livre. C'est l'enfant myope, malingre et très tôt révolté qui part retrouver son Chili natal, dont la voix traîne sur ces vers prosaïques, d'où cette forme d'insouciance de l'exilé, de celui pour qui tout est foutu d'avance... Antipoèmes à la manière de Nicanor Parra ? Si Bolaño s'en revendiquait, il teinte également ces écrits d'une mélancolie qui tient de l'idéalisme politique. C'est de cette tension entre un engagement plus viscéral que réfléchi et une nécessité de secouer le vieil onirisme défraîchi que naîtra l'infraréalisme, énième avant-garde poétique, dès 1975 dans un atelier de création littéraire de l'Universidad Nacional Autónoma de México.
De partout, on ressent l'atmosphère oppressante de l'Amérique du Sud des années 70 et 80, la dictature, la peur, Allende, Pinochet ; et l'auteur de ces vers, inquiet, qui n'ose que fantasmer un monde meilleur... Car cette prose poétique est celle d'un monde en train de s'effriter en direct. C'est un mouvement inexorable. Quel en est le moteur ? Assurément l'exil des premières années (« Un Chilien élevé au Mexique peut tout supporter ») qui se répète en 1977, en Espagne, « En terre plus hostile / Qu'hospitalière » ou dans « des hôtels pareils à l'intérieur d'un chien de laboratoire », et qui ensemence toute l'oeuvre d'un spleen très particulier. On y retrouve aussi Lupe, la jeune prostituée des Détectives sauvages, (ou bien est-ce son double ?) cette obsession pour les enquêtes, les labyrinthes. Tout au long du recueil, l'angoisse de la survie : on se souviendra du Bolaño idéaliste, vagabond et qui aura aimé vivre « joue contre joue avec la mort ». En tension. Une écriture rapide et lente à la fois. Poèmes comme d'authentiques déversoirs de mots : « Comme j'étais pygmée et jaune et que j'avais des traits agréables / Et comme j'étais intelligent et je n'étais pas disposé à être torturé / Dans un camp de travail ou dans une cellule matelassée / On m'a mis à l'intérieur de cette soucoupe volante (…) ». Une sorte d'humour grinçant caresse chaque texte, comme lorsqu'il rêve de ces deux peintres : « L'un classique, intemporel, l'autre / Moderne, toujours, / Comme la merde. » Tant de textures qu'on se demande souvent, en parcourant l'ouvrage, sur combien de temps ces poèmes ont-ils été écrit ? On sait que le recueil a été composé sur une vingtaine d'années mais les textes eux-mêmes semblent garder la marque de plusieurs passages tant ils virevoltent, schizophrènes, sans qu'on puisse bien dire quelles émotions au juste ils communiquent. Poésie rapide comme la vie jetée en avant, et lente comme un long vin mature, saupoudré d'une énergie qui passe certainement pour être celle du désespoir. Il y a là autant de rêve que de réalisme.
Roberto Bolaño au milieu des chiens romantiques c'est l'écrivain de vingt ans qui promet de ne jamais grandir, qui se fixe « dans la salle de lecture de l'enfer ». Les chiens romantiques ont pour noms Archiloque, Ernesto Cardenal, Mario Santiago Papasquiaro ; c'est aussi la Française qui déprime et qui absorbe « une succession de bordeaux et de valiums », Monsieur et Madame Écureuil les parents de Darío Galicia, cet autre « boiteux que l'amour a transformé en héro », une alter-réalité. On suit les pérégrinations d'un artiste à hauteur de caniveau, baladant sa truffe, le long du « fleuve d'urine noire qui cerne l'artère principale de Mexico ».
En somme un cocktail au goût âcre, et Bolaño le dit lui-même : « J'étais doué pour la chimie, pour la chimie pure / Mais j'ai préféré être un vagabond. » Il semble lui en rester quelque chose, de la chimie. L'autoproclamé laborantin récite ses formules lyrico-comiques, sautant d'un élément à l'autre comme d'une scène à l'autre, caché derrière ces « verres polaroïds » : extraits d'affects subreptices pleins d'approximations, de défauts, donc au plus proche de la vérité.
Lien : http://p-andrean.blogspot.com/
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critiques presse (1)
Lexpress
14 mars 2012
Un bref roman, des poèmes et de la prose poétique viennent amplifier la légende du Chilien Roberto Bolaño. Onirique et définitivement génial.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Au bord de la falaise

Dans des hôtels qui avaient l’air d’organismes vivants.
Dans des hôtels pareils à l’intérieur d’un chien de laboratoire.
Enfoncés dans la cendre.
Ce type-là, à moitié nu, mettait la même chanson encore et encore.
Et une femme, la projection holographique d’une femme, sortait sur la terrasse
contempler le cauchemar ou les éclats.
Personne ne comprenait rien.
Tout était raté : le son, la perception de l’image.
Des cauchemars ou des éclats encastrés dans le ciel à neuf heures du soir.
Dans des hôtels qui avaient l’air d’organismes vivants de films de terreur.
Comme lorsqu’on rêve qu’on tue quelqu’un
qui n’en finit jamais de mourir.
Ou comme cet autre rêve : celui du type qui évite une agression
ou un viol et cogne sur l’agresseur
jusqu’à mettre ce dernier par terre et là il continue à le cogner
et une voix (mais quelle voix ?) demande à l’agresseur
comment il s’appelle
et l’agresseur dit ton nom
et tu arrêtes de cogner et dis ce n’est pas possible c’est mon nom,
et la voix (les voix) disent que c’est un hasard,
mais toi dans le fond tu n’as jamais cru aux hasards.
Tu dis : on doit être parents, tu es le fils
de l’un de mes oncles ou de mes cousins.
Mais lorsque tu le relèves et que tu le regardes, si maigre, si fragile,
Tu comprends que cette histoire aussi est un mensonge.
C’est bien toi l’agresseur, le violeur, l’inepte braqueur
Qui erre dans les rues inutiles du rêve.
Alors tu retournes aux hôtels-coléoptères, aux hôtels-araignées,
lire de la poésie au bord de la falaise
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Sucio, mal vestido

En el camino de los perros mi alma encontró
a mi corazón. Destrozado, pero vivo,
sucio, mal vestido y lleno de amor.
En el camino de los perros, allí donde no quiere ir nadie.
Un camino que sólo recorren los poetas
cuando ya no les queda nada por hacer.
¡Pero yo tenía tantas cosas que hacer todavía!
Y sin embargo allí estaba: haciéndome matar
por las hormigas rojas y también
por las hormigas negras, recorriendo las aldeas
vacías: el espanto que se elevaba
hasta tocar las estrellas.
Un chileno educado en México lo puede soportar todo,
pensaba, pero no era verdad.
Por las noches mi corazón lloraba. El río del ser, decían
unos labios afiebrados que luego descubrí eran los míos,
el río del ser, el río del ser, el éxtasis
que se pliega en la ribera de estas aldeas abandonadas.
Sumulistas y teólogos, adivinadores
y salteadores de caminos emergieron
como realidades acuáticas en medio de una realidad metálica.
Sólo la fiebre y la poesía provocan visiones.
Sólo el amor y la memoria.
No estos caminos ni estas llanuras.
No estos laberintos.
Hasta que por fin mi alma encontró a mi corazón.
Estaba enfermo, es cierto, pero estaba vivo.
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Tu m'a demandé ce qu'il se passait
et je ne t'ai pas dit que nous étions au programme
de la mort
mais plutôt que nous allions commencer un voyage,
un de plus, ensemble, que tu ne devais pas avoir
peur.
En s'en allant, la mort ne nous a même pas
fermé les yeux.
Que sommes-nous ? m'as tu demandé une semaine
ou un an après,
des fourmis, des abeilles, des chiffres erronés
dans la grande soupe pourrie du hasard ?
Nous sommes des êtres humains, mon fils, presque
des oiseaux,
des héros publics et secrets.
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Pour tous ceux qui sont intéressés on peut se procurer le texte intégral espagnol de "Los perros romanticos" en PDF en copiant le lien suivant :
http://katarsis-net.com.ar/downloads/bolanio.roberto.-.los.perros.romanticos.pdf
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LA FRANCESA
Un amor inolvidable
Y breve,
¿Como un huracán?,
No, un amor breve como el suspiro de una cabeza guillotinada,
La cabeza de un rey o un conde bretón,
Breve como la belleza,
La belleza absoluta,
La que contiene toda la grandeza y la miseria del mundo
Y que sólo es visible para quienes aman.
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Video de Roberto Bolaño (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Roberto Bolaño
Roberto Bolano - Entre parenthèses .Ignacio Echevarria vous présente l'ouvrage de Roberto Bolano "Entre parenthèses" aux éditions Bourgois.http://www.mollat.com/livres/roberto-bolano-entre-parentheses-9782267021455.html
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