Ma mémoire est un lieu peuplé d'imprécisions, à travers lesquelles je cherche, en tâtonnant, des ombres inconnues... Il n'en reste souvent qu'un nom qui m'intrigue ou qui m'attendrit. Alors je descends en quête de l'âme qui en eut la garde pendant son séjour sur terre et je vais, au delà de ces souvenirs recueillis des miens, jusqu'à la mémoire profonde, celle que fatalement je conserve en moi dans le mystère de mon sang inexploré.
Ce que j'y trouve, n'est-il pas vraiment ce qui fut, avant moi, au monde, et qui me demande à voix basse de revivre encore par moi, au moins quelques jours, en ces lieux où ma vie témoigne,mais pour moi tout seul, de leur vie abolie?
Ce sont là des voix intérieures qui ne prononcent pas de mots, mais qui se font entendre par une parole ineffable. Ce langage n'émet aucun son qui me soit audible. Il se transmet par des variations qui modifient l'étendue, la couleur, le goût des états sensibles de l'âme. Les mots n'en touchent pas l'oreille mais le coeur. On ne parle là que par émotions. On ne conçoit pas de pensée qui ne soit prise dans un songe, le plus souvent inexprimable, où il n'est de regret venu de moi qui ne soit un désir venu des autres. Désir déçu, qu'il faut savoir accueillir et entendre, car il est, pour celui dont il émane comme une nostalgie de l'avenir que cette âme passée du monde conserve encore dans ces limbes dont je suis le précaire refuge et dont, après moi, il ne restera rien.
Quand commence la relation des événements singuliers qui ébranlèrent ce bel édifice, Melchior avait soixante ans, Marcelin, cinquante. Mais l'aînée, c'était Philomène qui en comptait soixante-cinq. Elle régnait incontestablement sur toute la famille. Celle-ci, avec les cousins, groupait, comme je l'ai dit, pour le moins, une soixantaine de personnes. Puissante tribu. Tribu calme, confiante, après l'épreuve qui n'a touché que les ancêtres, ceux qui jouissent de l'aisance que leur ont valu les anciennes tribulations. On a payé jadis. On a donc maintenant le droit d'être tranquilles...
Bosco : l'
art d'être heureux
Visite à l'écrivain
Henri BOSCO dans sa maison niçoise ; il évoque son
enfance, sa manière de travailler, son goût pour la
cuisine et pour
la musique et parle surtout d'un certain
art de vivre, de sa conception de la vie. Evocation d'un de ses ancêtres proches, Don Bosco avec
reportage dans une école
technique de la fondation Don Bosco qui forme des ouvriers qualifiés. Présentation d'un...