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Jean-Claude Bourlès (Préfacier, etc.)
EAN : 9782228900942
202 pages
Payot et Rivages (17/05/2006)
3.93/5   34 notes
Résumé :

Pierre Loti (1850-1923), romancier à succès et mondain courtisé, fut l’un des écrivains les plus lus des années 1890 à 1910 et entra à l’Académie française alors qu’il n’avait que quarante et un ans. C’est pourtant ce même homme qui, délaissant les honneurs, décida de se perdre dans les solitudes d’un désert. Cet « agnostique qui ne se résigna jamais à renoncer à Dieu », comme l’écrit son ami Claude Farrère, cherchait à renouer avec la foi en se rendant en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
ÔÔôôô Pierre Lotiiiiii !!!
ÔÔôôô le Désert de Pierre Loti !!!
ÔÔôôô la subliiiiime écrituuuuure de ce peintre de Pierre Loti !!!
Envie de répéter mille fois : quel régal quel régal quel régal. A chaque page, en savourant chaque ligne comme des mignardises à la pâte d'amande qu'on vend à Tunis chez les pâtissiers les plus réputés...
On savoure, on déguste, et ça ne fait pas grossir. Nos sens sont comblés, nos oreilles, nos yeux, nos narines, seuls le toucher et le goût ne sont pas titillés par ses descriptions. Il ne se passe pas grand chose, quelques rencontres humaines, mais c'est surtout la rencontre avec les paysages qui m'a comblée de délices.
Pas forcément envie de lire la suite de son voyage en d'autres livres, Jérusalem, la Galilée. C'était le désert, unique, c'était long, silencieux, mystérieux... Alors plonger dans la foule, ensuite, ne me dit rien. J'aime d'ailleurs comme il décrit sa déception - non, ce n'est pas le mot - sa nostalgie immédiate de la force intense du désert, en arrivant à bon port, Gaza en l'occurrence. L'herbe ou les champs d'orge, "l'haleine des prairies" comme il dit, signifient une terre humide, des animaux qui grouillent, le bruit des humains, de la vie. Après le purgatoire fascinant du désert, c'est presque un peu... vulgaire ? Trop facile en tous cas.
Au milieu du livre, j'ai plongé dans mon Atlas, puis dans google Map, pour voir quelques images de son voyage qui donne tellement envie. Ouf, à le lire j'aurais bien aimé tâter du Ste Catherine, mais les images de cette petite usine à touristes m'ont fait passer ça. J'ai vu les faïences et les ors, j'ai lu l'angle d'un autre siècle, tout va bien. C'est le golfe d'Akabah tel qu'il le décrit, qui m'a fascinée, cette mer sans bateaux, c'est tellement étrange. A présent, il y a quelques plages, des aménagements, bah, j'irai dans une autre vie, et ça ne pourra de toutes façons plus être en 1894...
C'est chouette, les livres. Les mots.
C'est fort hein, ce que je dis là !

Pas possible de mettre les citations dans le coin à citations. Ca fait partie de la critique du livre, ce sont des exemples de mignardises à la pâte d'amande, des petits délices à savourer en se pâmant.

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Rien de vivant nulle part : pas une bête, pas un oiseau, pas un insecte. Les mouches même font défaut. Et on est comme grisé de silence et de non-vie, tandis que passe un air salubre, irrespiré, vierge comme avant les créations.

Plus triste que le silence, cette musique bédouine qui s'élève, inopinément gémissante, et qui parait se perdre dans l'air déshabitué de bruit, avide de son comme ces sables d'ici seraient avides de rosée...

Au monastère Sainte Catherine :
Le lieu est sombre, entièrement revêtu de faïences antiques d'un bleu vert ou de mosaïques d'or, lesquelles disparaissent sous des icônes d'or et de pierreries. Des Saintes rigides, en robe de vermeil, dont le visage reste dans un effacement sombre sous leurs barbares couronnes étincelantes, nous regardent entrer.

Contrairement au golfe de Suez que fréquentent tous les navires du monde, ce golfe d'Akabah ne voit jamais passer ni une fumée ni un voile. Chemin abandonné depuis un millier d'années, il est à présent une mer perdue qui s'avance inutilement dans d'impénétrables déserts. Au-dessus de ses eaux, sur l'autre rivage, rayonne une chose invraisemblable et merveilleuse, qui est la côte de la Grande Arabie ; une chose qui est extrêmement loin et qui semble proche, tant sont nettes les dentelures de ses sommets : comme un haut mur en corail rose, finement strié de bleu, qui serait debout dans le ciel pour fermer tout l'Orient de la Terre.

Le soir vient ; les eaux immobiles du golfe sont toutes en nacre verte, avec des luisants de métal, des reflets de gorges d'oiseaux rares ; et au-dessus, les granits roses d'Arabie - mais roses d'un rose que les mots n'expriment plus - montent jusqu'au milieu d'un limpide bleu ciel vert, que traversent des petites bandes de nuages orange.
Aucune des magnificences lumineuses que mes yeux avaient vues jusqu'à ce jour sur la Terre n'approchait de celle-ci...

Comme l'atmosphère est déjà changée ! Ce n'est plus cet air vif et desséchant qui passait sur un monde sans vie. Non, c'est quelque chose de moins âpre peut-être, mais d'infiniment moins pur, où l'on sent comme les lourdeurs du printemps et l'haleine des prairies.
Le ciel se ternit de vapeur d'eau, la brise est molle et l'horizon s'embrume. de plus en plus, l'herbe s'étend ; en avançant, d'heure en heure nous la trouvons épaissie, et le soir, toutes les collines sont vertes.
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Loti signe ici sans doute son plus poétique ouvrage. Il nous entraine dans une longue traversée du désert...On y découvre les tractations pour obtenir à peut près tout!!! mais surtout, dans unstyle éblouissant, léger et coloré, il nous fait vivre le désert! ses couleurs, ses formes et impressions, ses odeurs...Les gris, les roses, les oranges, les verts ou les bleus, tout semble irréel, tout est magique...mais le désert n'est-il pas à lui seul un rêve trop vaste pour nous? Délicieux voyage à ne pas louper...
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Voyager avec un ouvrage de pierre loti est toujours un grand moment et un parfait complément a la découverte .ce livre m a accompagné dans plusieurs déserts mêlant a la fois plaisir du texte et découverte d univers
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Bouclez vos valises, en route avec Pierre Loti, destination Jérusalem. Mais peu importe la destination car ce qui compte ce sont ces instants volés au temps, emportés par le vent effaçant la trace des pas dans le sable. Pierre Loti nous présente ce récit comme "la fantaisie d'une lente promenade, au pas des chameaux berceurs, dans l'infini du désert rose". Voilà un voyage comme on n'en connait plus, on part on ne sait pas quand on arrive, on ne sait pas par quelle route on passe, tout se déroule au gré du hasard, l'aventure derrière chaque grain de sable.
Étonnant on y rencontre un grand nombre de personnages exigeant des documents officiels, des laisser-passer et quelques fois au prix de sévères rançons, tout est sur le fil de la vie dans le désert.
Encore un beau voyage avec Loti où la poésie des lieux est reine et le temps infini, merci !
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Pierre Loti, membre de l'académie Française nous raconte son voyage à dos de chameaux et de dromadaires en 1894 dans la région du Nil et le désert de Pétra. Sa caravane traverse des régions les plus inhospitalières de par les journées torrides,, glaciales durant les nuits. On est loin de la civilisations, isolé dans le désert. On peut rêver...
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Chaque matin, s'éveiller en un point différent du vaste désert. Sortir de sa tente et se trouver dans la splendeur du matin vierge; détendre ses bras, s'étirer demi-nu dans l'air froid et pur; sur le sable, enrouler son turban et se draper dans ses voiles de laine blanche; se griser de lumière et d'espace; connaître, au réveil, l'insouciante ivresse de seulement respirer, de seulement vivre...
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Mercredi 18 avril.

Avant le lever du jour, j'ai été réveillé par les voix d'hommes et de femmes qui étaient à proximité et ont chuchoté très doucement à mon interprète. Ils ont demandé très modestement la permission d'ouvrir le portail et de sortir.

Il semble que le village soit entouré de murs et de fortifications, presque fortifiés, contre les voyous de la nuit et contre les méchants. Et nous mentions maintenant à l'entrée, à la seule entrée, sous le toit protecteur du portail. Et ces gens qui nous ont réveillés avec regret étaient des bergers, des bergères: il est temps d'amener les troupeaux au pâturage, car le lever du soleil est proche.

Dès que la permission fut donnée et que la porte s'ouvrit, tout un flot de chèvres et de chèvres noires, grattant contre nous dans l'étroit passage, se déversa entre nous, le long de nos lits; on entend leurs gémissements persistants, on entend le léger cliquetis des innombrables petits sabots sur le sol, ils sentent l'écurie, l'herbe, les parfums aromatiques du désert. Et ce train est si long, il y en a tellement infiniment, que je me demande enfin si j'hallucine, si je rêve: j'étire les bras pour me convaincre que c'est réel, autour de mon dos, sentir la laine dure des animaux couler. Bientôt le troupeau d'ânes et de poulains suit, eux aussi se frottent contre nous, mais j'ai déjà une idée moins claire d'eux

Peut-être une heure plus tard, je serai réveillé à nouveau; mais cette fois par une sensation de brûlure dans les tempes, c'est le soleil aveuglant qui a pris la place de la lune. Dès qu'il monte, il envoie déjà ses rayons brûlants sur nous. Nos mains, nos visages sont noirs de mouches. Et une foule de petits bébés, bruns et nus, se sont rassemblés autour de nos lits; ses yeux jeunes, vifs et grands ouverts nous regardent avec stupéfaction.

Il faut se lever rapidement pour trouver un abri quelque part à l'ombre.

Je loue une maison le soir et ils la vident à la hâte pour nous. Des murs brisés, faits d'argile qui s'effrite sous le souffle du désert, des troncs de palmiers comme poutres de plafond, des feuilles de palmier comme toit et une porte en treillis faite du tissu des palmiers.
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Mercredi 18 avril.

Avant le lever du jour, j'ai été réveillé par les voix d'hommes et de femmes qui étaient à proximité et ont chuchoté très doucement à mon interprète. Ils ont demandé très modestement la permission d'ouvrir le portail et de sortir.

Il semble que le village soit entouré de murs et de fortifications, presque fortifiés, contre les voyous de la nuit et contre les méchants. Et nous mentions maintenantà l'entrée, à la seule entrée, sous le toit protecteur du portail. Et ces gens qui nous ont réveillés avec regret étaient des bergers, des bergères: il est temps d'amener les troupeaux au pâturage, car le lever du soleil est proche.

Dès que la permission fut donnée et que la porte s'ouvrit, tout un flot de chèvres et de chèvres noires, grattant contre nous dans l'étroit passage, se déversa entre nous, le long de nos lits; on entend leurs gémissements persistants, on entend le léger cliquetis des innombrables petits sabots sur le sol, ils sentent l'écurie, l'herbe, les parfums aromatiques du désert. Et ce train est si long, il y en a tellement infiniment, que je me demande enfin si j'hallucine, si je rêve: j'étire les bras pour me convaincre que c'est réel, autour de mon dos, sentir la laine dure des animaux couler. Bientôt le troupeau d'ânes et de poulains suit, eux aussi se frottent contre nous, mais j'ai déjà une idée moins claire d'eux

Peut-être une heure plus tard, je serai réveillé à nouveau; mais cette fois par une sensation de brûlure dans les tempes, c'est le soleil aveuglant qui a pris la place de la lune. Dès qu'il monte, il envoie déjà ses rayons brûlants sur nous. Nos mains, nos visages sont noirs de mouches. Et une foule de petits bébés, bruns et nus, se sont rassemblés autour de nos lits; ses yeux jeunes, vifs et grands ouverts nous regardent avec stupéfaction.

Il faut se lever rapidement pour trouver un abri quelque part à l'ombre.

Je loue une maison le soir et ils la vident à la hâte pour nous. Des murs brisés, faits d'argile qui s'effrite sous le souffle du désert, des troncs de palmiers comme poutres de plafond, des feuilles de palmier comme toit et une porte en treillis faite du tissu des palmiers.
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il y a des vallées resserrées, aux entrées d'ombre, dont la désolation est étouffante; d'autres très larges, dont la désolation plus grandiose amène des conceptions résignées, presque douces, de la grande mort sans réveil et de la fin de tout...
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Par grand vent, qui agite nos tente avec un bruit de voilure de navire, nous nous rarrêtons là pour la nuit, en ce point quelconque de la solitude infinie.
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Videos de Pierre Loti (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Loti
En partenariat avec l'Opéra National de Bordeaux, rencontre avec Alain Quella-Villéger autour de l'oeuvre de Pierre Loti. Entretien avec Christophe Lucet.
Retrouvez les livres : https://www.mollat.com/Recherche/Auteur/0-1303180/quella-villeger-alain
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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