LA POÉSIE DU DÉSERT.
L'extraordinaire épopée de deux femmes qui traversent le désert mauritanien en 1933, rencontrent des tribus réputées assassines (ashishines), et dont la vie ne tiendra qu'à la confiance envers leurs guides et à la santé de leurs chameaux. Même les militaires français hésitaient à voyager sur ces pistes ! Paysages, ergs et regs sont décrits avec beaucoup de poésie ; les tribus sont observées par une ethnologue professionnelle. Malheureusement le texte, déjà difficile à suivre en raison des noms propres imprononçables et difficiles à mémoriser, est truffé de mots arabes qu'il eut été plus facile à mon avis d'écrire en français : aouli pour turban, drâa pour boubou, guerba pour outre, rahla pour selle, etc… dommage, ça gâche un peu le plaisir de la lecture.
Deux jeunes femmes, dans les années 30, survivent au désert mauritanien en prenant plaisir à traverser cette région extraordinaire et à côtoyer les humains qui la peuplent, malgré la duplicité de certains.
Fille d'un peintre impressionniste de même nom (inconnu de mes services), Odette de Puigaudeau est née en 1894 à Saint Nazaire. Elle possède un brevet de navigation, a suivi des études d'océanographie à la Sorbonne en 1920, a été styliste de mode chez Lanvin, puis journaliste. Exploratrice et ethnologue, elle a accompli de nombreuses missions pour des ministères et divers organismes. En 1961 elle s'installe à Rabat, s'occupe d'émissions culturelles à la radio, devient documentaliste, chef de bureau de la préhistoire, bref, elle écrit aussi, et décède en 1991 à Rabat.
Une vie bien remplie pour cette femme hors normes, rien qu'à lire ces quelques lignes, n'est-ce pas?
Avec trois de ses récits, Pieds nus à travers la Mauritanie, Tagant, au coeur du pays maure et le sel du désert, on tient un témoignage de première main sur le Sahara occidental, où elle a résidé plusieurs années, parcourant de vastes espaces avec son amie Marion Sénones.
Pour d'obscures raisons de réservation bibli, je n'ai lu ce livre qu'en dernier, mais je n'ai qu'un conseil : lisez-le, et en premier, car là on fait connaissance d'Odette et Marion, parties de Douarnenez sur La belle hirondelle, bateau pêcheur cinglant vers la Mauritanie, les deux amies n'ayant pas d'autres moyens de voyager sans trop dépenser.
Une fois arrivées (le bateau ayant essuyé des coups de feu venant du rivage, hop fuyons), elles se trouvent des chameaux, des accompagnateurs, et c'est parti pour un voyage à travers la Mauritanie qui m'a absolument fascinée. Une Mauritanie à peine pacifiée, aux traditions vivaces, aux castes différenciées, aux petites filles gavées de lait de chamelle.
Bref, à découvrir absolument!
Odette du Puigaudeau nous immerge dans une aventure avec un grand A.
Celle que les autochtones nommaient "femme l'européen" nous témoigne d'une vie qui a valu la peine 'être vécue.
Peu à peu, la mer était devenue plus douce, d'un bleu plus profond, les jours, plus chauds. Les poules picoraient sur le pont ; les lapins s'abandonnaient à de tendres ébats. La nuit, le navire brassait, dans des remous d'argent, des étincelles phosphorescentes qui, seules, auraient pu faire le compte des étoiles du ciel.
Stendhal a écrit "La Chartreuse de ..." ?