Le facteur sonne à ma porte et me remet un volumineux paquet. Lorsque je l'ouvre, mon coeur s'emballe : c'est le livre gagné à l'opération Masse Critique. Mais quelle surprise ! Jamais je n'avais imaginé recevoir un aussi merveilleux cadeau. Il s'agit d'un format carré aux pages de luxueux papier glacé, illustrées de nombreuses photos en noir et blanc.
Je ne devais guère avoir plus de treize ou quatorze ans lorsqu'une amie de mes parents, sachant que j'adorais la lecture, me tendit un roman en format poche. C'était «
Fortune carrée », mon premier
Kessel. J'étais subjuguée. Depuis, j'ai lu et même relu tout ce qu'il a écrit. J'ai consacré mon mémoire universitaire à ce fabuleux écrivain et «
Les cavaliers » est certainement le livre qui a changé ma vie.
J'ai donc découvert l'ouvrage d'
Alexandre Boussageon avec attention, intérêt, enthousiasme.
Il comporte treize chapitres consacrés chacun à un aspect de la vie et de la carrière de
Kessel. de très nombreuses notes renvoient le lecteur à des oeuvres de l'écrivain, ou donnent des informations complémentaires. J'aurais préféré qu'elles figurent en bas de page et non en fin de volume, ce qui en aurait facilité la consultation.
Pour terminer, des repères chronologiques permettent de situer les étapes importantes de la vie de
Kessel.
Le style d'
Alexandre Boussageon n'a rien de pédant ou de scolaire, bien au contraire. On se laisse emporter au fil de sa plume avec l'impression d'écouter un conteur habile nous raconter les péripéties d'une vie aussi aventureuse que celle des héros qui peuplent les romans de notre auteur. Car
Kessel est journaliste avant d'être romancier, mais surtout, c'est un homme intrépide qui ne recule devant aucun défi, aucun danger, même lorsqu'il a déjà atteint un âge avancé. le voici dans les premiers avions survolant les champs de bataille de la guerre 14-18. Bien sûr, ce n'est pas lui, aux commandes, mais, « observateur volant », derrière le pilote, il repère les positions ennemies et les note. le voilà dans un wagon du Transsibérien, réquisitionné par l'ataman Semenov, parmi
des hommes dangereux, sortis du bagne, bandits, repris de justice de toute sorte, qui boivent la vodka comme de l'eau et font siffler la terrible « nagaïka », fouet dont la lanière de cuir est lestée de plomb.
Ici, il s'infiltre parmi la pègre, là, il rend compte du combat désespéré livré par les membres du Sinn Fein, dont les chefs ont entamé une grève de la faim qui les mène à la mort. le voici lancé sur la piste des esclaves aux côtés d'Henry de Monfreid ou zigzaguant entre les balles , pendant la guerre d'Espagne. Arrive la Deuxième Guerre mondiale. le Général de Gaulle lui demande de faire connaître les exploits des Résistants, et il écrit, avec son neveu,
Maurice Druon, le célèbre « Chant des Partisans ».
Il assiste à la création de l'État d'Israël et couvre la sanglante révolte des Mau-Mau au Kenya. C'est là qu'il rencontre l'homme qui lui inspirera son plus célèbre roman, «
Le lion ».
Quand il ne rampe pas dans des galeries de mines en Birmanie, dans
la Vallée des Rubis, il escalade les gigantesques Bouddhas de Bamyan, en Afghanistan (qui n'avaient pas encore été détruits par les Talibans) et assiste à un « bouzkachi royal », cette lutte sans merci où des cavaliers farouches essaient de s'emparer de la dépouille d'un bouc pour la jeter dans le « cercle de justice ».
Jusqu'à ses derniers jours,
Kessel aura été de toutes les aventures, de tous les combats. Il aura dû surmonter des épreuves dans sa vie privée, telles que le suicide de son jeune frère ou l'alcoolisme de sa dernière épouse. Il aura connu les honneurs, décoré par le roi George VI, auteur d'un best-seller avec «
Le lion », élu à l'Académie française.
Cet homme fascinant, je l'ai redécouvert avec plaisir, même si je n'ai rien appris de neuf, mais, pour quelqu'un qui ne le connaît pas, ce beau volume est vraiment un must et je le recommande chaleureusement.
Il me reste à remercier du fond du coeur Babelio et l'opération Masse critique, ainsi que les éditions Paulsen pour ce fabuleux cadeau que j'aurai plaisir à feuilleter encore et encore, car impossible de se lasser de cette merveille !