[Roman audio, lu par Cocote]
Drôle de roman... Enfin, quand je dis drôle, je veux dire curieux, bizarre... J'ai mis un certain temps à déterminer s'il s'agissait d'un journal intime, d'un roman d'amour ou d'une étude de cas de psychologique... Il semble qu'il s'agisse finalement d'un mélange des trois et ce mélange m'a semblé inepte pendant une bonne moitié du livre. Puis je m'y suis fait, sans me départir tout à fait de ce sentiment d'inconfort littéraire.
C'est donc une expérience intéressante que cette lecture, pas vraiment agréable mais probablement enrichissante.
La lecture par Cocote (disponible gratuitement et légalement sur littératuraudio.com) n'est pas de très bonne qualité. Elle lit un peu trop vite et n'a pas retiré du montage tout ce qui aurait du... dommage.
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J'ai l'impression que la paix que je recherche est bien difficile à trouver.
Qu'est-ce donc que cette volonté de vivre tranquillement, si je m'énerve pour la moindre chose ? Je me suis retiré, mais qu'est-ce que cette retraite puisqu'un rien me froisse ? Ce n'est pas parce qu'on ne participe pas à la vie qu'on est heureux. Je continue à subir des vexations. Autrui m'intéresse encore plus qu'au temps où je sortais. Plus je vieillis, plus je suis sensible à la méchanceté.
Au commencement j'ai eu l'impression de respirer le grand air. J'étais en effet bien au-dessus des intrigues, des ambitions, des faiblesses. Et voilà qu'à présent, dans l'ennui de ma vie monotone, sans avoir le courage de vivre, je participe quand même à toutes ces petitesses , mais cette fois sans connaître les satisfactions que la vie rapporte généralement. Je suis comme un vieillard dans mon trou. Je souffre indirectement plus que je ne souffrais directement. Que me reste t-il si l'isolement ne m'apporte pas le calme ?
Je me suis demandé si une vie sans affection, sans but, une vie qu'on remplit de mille riens afin d'en rompre la monotonie, une vie pleine d'êtres vivants que l'on recherche pour ne pas être seul et que l'on fuit pour ne pas s'ennuyer, si une vie semblable n'est pas ridicule, s'il ne vaudrait pas mieux faire n'importe quoi ?
A vingt ans, je ne savais rien de la vie et je ne cherchais même pas à savoir. Le moindre événement me remuait. Le mal n'existait pas à mes yeux. J'étais sur terre comme si j'eusse été éternel, comme si la mort ne devait jamais venir. Me défendre contre autrui me paraissait d'une bassesse extraordinaire. J'ai gardé très tard cet état d'esprit. Lutter, marchander, ne pas croire ce que la moindre personne m'affirme, tout cela m'a longtemps semblé impossible. J'étais fait pour n'avoir aucune ruse, avoir confiance en tout le monde. Je ne pensais ni à aimer, ni à être aimé.
La retraite est une vanité comme les autres. On commence par juger ses semblables de haut, puis de moins haut, puis de moins haut encore. Petit à petit, ils entrent dans votre existence, non point comme avant en adversaires ou en amis, mais avec des petites histoires. Ces petites histoires, dans votre désœuvrement, prennent l’importance qu’avaient les grandes jadis. On s’aperçoit brusquement qu’on ne vit pas du tout comme on l’a voulu, mais de la même manière qu’auparavant.
Dès que je suis seul, , ce "quelque chose" s'éveille, plus rien ne reste et je souffre. Je ne peux pas être seul et je déteste le monde.
Courte vidéo autour de l'auteur de Mes amis, Emmanuel Bove, un pilier de L'Arbre vengeur.