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EAN : 9782742766710
213 pages
Actes Sud (01/03/2007)
3.31/5   16 notes
Résumé :

Je suis pleine de mots, pleine à ras bord. Pourtant, aucun, jamais, n'a franchi mes lèvres. Si l'on veut comprendre, il faut imaginer un coffre-fort dont nul ne connaîtrait la combinaison, une forteresse d'acier blindé impossible à ouvrir ou à forcer. Je me tiens dans ce bastion de silence depuis ma naissance, il y a un peu plus de trente ans, sans songer à m'en plaindre.

Le fait d'être muette ne constitue pas pour moi une gêne véritable,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Lecture en 2013- Relecture janvier 2019

Comme tous ou la plupart des textes d'Anne Bragance, il est question de la solitude intrinsèque de tout individu...de l'extrême difficulté de comprendre Autrui...de trouver l'Amour. Des êtres avec leurs failles, leurs fragilités qui espèrent, attendent l'Ame-soeur, ou une tendresse privilégiée... sauf un portrait de mère "indigne"... un être malheureux qui n'a pas su avoir les élans élémentaires envers ses deux enfants...se trouvant dans un tourbillon de destruction !

Continuons de présenter un peu les acteurs de cette histoire polyphonique !!

Une jeune femme,Esther, muette de naissance, marche seule et se retrouve dans la rue face à un spectacle qui la chavire , la hantant les jours suivants : un homme pleure contre un mur, le visage caché, et deux femmes se tiennent près de lui, indifférentes, sans le moindre geste pour le consoler ou le réconforter... "Que sait-on des peines des autres ?"
Cette phrase revenait maintenant, elle l'accompagnait, elle scandait sa marche. C'était à cause de l'homme en pleurs sans doute. Elle ne savait rien de la peine, du chagrin de cet homme. Elle ne savait rien de cet homme. Elle ne connaissait même pas son visage. "(p.11)
Esther retrouvera cet homme par hasard... sera convaincue un moment d'être amoureuse de lui... Ce dernier, vivant lui-même , dans un premier temps avec un "même", un amour non réciproque... je n'en dirai pas plus !...
"Il en va toujours ainsi. La souffrance, la douleur de l'autre restent indicibles, elles se traduisent par ces cris, cette véhémence terrifiante mais jamais ne laissent entendre ou deviner le noyau secret du malheur, la tragédie de l'âme. Ce qui s'exprime entre deux êtres n'est jamais que l'infime partie, la partie accessible de ce formidable iceberg que chacun porte en soi. (p. 174) "

Anne Bragance joue d'un effet de narration, qui donne tour à tour la parole à chacun des personnages:
-Esther, muette, traductrice de métier
-Salomé, sa jumelle, aussi bavarde, loquace que sa soeur est dans le silence absolu !
- Nicolas, l'inconnu qui pleure, auquel va s'attacher Esther...
- Leonello, l'ami de Nicolas
- La "Mère indigne" de Nicolas et Clara
-Clara, la soeur de Nicolas

Des analyses psychologiques très fines des différents personnages... de l'indignation, de la douleur, de la tendresse, de l'empathie et des tonnes d'attente d'amour... qui finiront par atteindre leur "destinataire" espéré !!! Toujours beaucoup d'émotion à lire la prose très sensible d'Anne Bragance


Je suis comme les enfants... je n'aime que les histoires qui finissent bien... et celle-ci, après de moult déchirements s'achèvera dans un immense rayon d'Espoir !! Une très agréable lecture avec quelque suspens !
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Par un matin d'avril, sur un chemin de randonnée, se tiennent deux femmes prés d'un homme en pleurs, elles ne manifestent aucune émotion, s'éloignent ..... d'un pas tranquille......
Esther , muette et traductrice,":les mots , je les ballotte d'une langue à l'autre, je les tripote, je les pelote jusqu'à leur faire exprimer tout leur sens et le son le plus juste....mais ce plaisir ne passe pas par la bouche.Jamais...."assiste à cette scène,:témoin involontaire, elle ne peut l'oublier et va tout faire pour connaître la cause du chagrin de cet homme, elle se retrouvera un soir face à celui qui l'a bouleversée et tentera de le comprendre...
"Que sait - on des peines des autres?"La souffrance, la douleur de l'autre restent indicibles"Chacun porte un iceberg en soi"....
La question est posée et tout est dit.

Anne Bragance, avec son talent habituel développe son récit autour des rapports humains, de la communication, ou plutôt du manque de celle- ci....
Articulé autour d'une poignée de personnes, deux soeurs jumelles dont Esther,un frère et une soeur , deux mères veuves, un barman, dont la vie et les sentiments sont compliqués,par leur inaptitude commune à crever le silence pour comprendre l'autre, l'intrigue évolue sous forme de petits chapitres qui leur sont dédiés, autour de leur différence...
S'en dégagent les thèmes de l'homosexualité,du mutisme, du renfermement sur soi, de la gémellité, de l'absence d'amour maternel, de la solitude extrême, de la kleptomanie ou encore de la folie....
Le langage est une faculté nécessaire à l'homme pour établir un lien entre lui et l'autre....l'auteur alterne les"je" des narrateurs successifs , elle donne au lecteur le sentiment d'être un confident privilégié et le pousse à poursuivre sa lecture.
L'épanouissement ne nait que lorsque le dialogue est établi, l'auteur explore l'âme humaine jusqu'à faire affleurer l'indicible et dresse un tableau de l'amour à différents degrés, l'éveil du sentiment chez Esther, la passion destructrice de Nicolas,l'amour fraternel, qu'il soit possessif, ,complice, admiratif, et enfin l'amour maternel absent, l'amour filial non reçu......
Ce roman exprime l'extrême difficulté d'exprimer ses sentiments , du silence naissent la frustration, l'incommunicabilité, la haine, le mépris ,l'illusion, la peur de l'autre......
"Ce qui s'exprime entre deux êtres n'est jamais que l'infime partie, la partie accessible de ce formidable iceberg que chacun porte en soi".
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Quelques histoires qui s'entremêlent, des portraits tout en finesse d'hommes et de femmes qui tentent de nouer des dialogues pour sortir de leurs solitudes. La lecture est agréable, parce ce que la plume est belle, mais aussi, sans doute, parce que l'auteur met davantage l'accent sur les progrès des personnages plutôt que de s'apitoyer sur la situation d'où ils viennent. Ce n'était toutefois pas mon roman préféré d'Anne Bragance.

J'ai eu l'envie de revenir à Anne Bragance, dont j'avais lus compulsivement une dizaine de livres il y a cinq ou six ans.

« D'un pas tranquille » m'a embarrassé. Je l'ai en effet lu avec un plaisir certain, sans m'ennuyer, mais à la fin, je ne savais pas quoi vous en dire, incapable de décider s'il m'avait plu ou pas, incapable de trouver un argument à partager pour vous en conseiller, ou vous en déconseiller la lecture.

Indéniablement, le contenu est riche: solitudes et combats d'une muette (qui n'est pas sourde), d'un homosexuel timide, d'un autre qui ne l'est pas, d'une « mater dolorosa », et j'en passe. Tout cela dans un beau style fluide, qui parvient à esquisser avec pondération des situations parfois difficiles. le récit aurait pu être oppressant, il ne l'était pas, au contraire.

Mais paradoxalement, ces qualités masquent à mon sens un manque de substance. Le fil du récit est tressé de plusieurs brins: un brin pour chaque personnage. Je me suis agréablement laissé guider par le fil, mais en fin de course, je me suis rendu compte que chaque brin était mince. Le fil s'est effiloché et je pense que les brins s'envoleront vite de ma mémoire...

Je mentionnerai encore une particularité de style: chaque chapitre de la première partie est raconté à la première personne par un des personnages. Puis il se passe un événement important et la seconde partie, plus courte, est racontée par un narrateur extérieur. J'avoue ne pas avoir compris comment interpréter ce changement de style. Était-ce simplement pour marquer un tournant dans l'histoire ? Mais alors la division explicite en deux parties aurait suffit. Si vous avez lu ce livre et perçu une autre symbolique derrière ce changement de narrateur, je serais curieux de recevoir votre point de vue.

Bref, je ne déconseillerai pas ce livre, mais si vous ne deviez lire qu'un roman d'Anne Bragance, je vous conseillerais plutôt « Solitudes » (une vieille dame qui s'obstine à vouloir faire le bonheur d'un jeune homme contre son gré, avec un acharnement qui m'a rappelé le voisin des « Catilinaires » d'Amélie Nothomb) ou « La reine nue » (sept frères et soeurs se relaient pour soigner leur mère âgée, qui perd la tête; les relations, qui se tendent, sont magnifiquement rendues).
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D'un pas tranquille on valse entre les personnages qui, dans la première partie, s'expriment tous à la première personne.

Il y a Esther, la muette.
Il y a Salomé, sa soeur jumelle.
Il y a Madeleine Revel, et ses enfants Nicolas et Clara.
Il y a Leonello, l'amant de Nicolas.

C'est très intéressant car tel personnage pense cela de l'autre et puis on plonge dans cet autre et on explore tous les points de vue. Ce que l'autre pense vraiment ou comment il perçoit les choses qui se déroulent autour de lui.

Dans la deuxième partie, l'auteur prend du recul. Il parle de ses personnages à la troisième personne. Et d'autres personnages viennent s'ajouter...

Un bon moment de lecture.
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D'un pas tranquille est un livre que je redécouvre dans ma bibliothèque, plus de 9 ans après sa lecture et la mise en ligne de citations que j'avais alors appréciées.
Je redécouvre donc ce livre, car en 9 ans, on en oublie des choses ! J'aime la façon dont l'auteure exprime la solitude et l'incompréhension de personnes vivant en famille, virant parfois aux drames.
On y retrouve aussi la solitude et l'attente de l'amour des autres.


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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
La souffrance, la douleur de l'autre restent indicibles (...) Ce qui s'exprime entre deux êtres n'est jamais que l'infime partie, la partie accessible de ce formidable iceberg que chacun porte en soi. (p.174)
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Il en va toujours ainsi. La souffrance, la douleur de l'autre restent indicibles, elles se traduisent par ces cris, cette véhémence terrifiante mais jamais ne laissent entendre ou deviner le noyau secret du malheur, la tragédie de l'âme. Ce qui s'exprime entre deux êtres n'est jamais que l'infime partie, la partie accessible de ce formidable iceberg que chacun porte en soi. (p. 174)
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Il en va toujours ainsi. La souffrance, la douleur de l'autre restent indicibles, elles se traduisent par ces cris, cette véhémence terrifiante mais jamais ne laissent entendre ou devenir le noyau secret du malheur, la tragédie de l'âme.
Ce qui s'exprime entre deux êtres n'est jamais que l'infime partie, la partie accessible de ce formidable iceberg que chacun porte en soi.
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Notre mère est très seule et très fragile sous ses airs de despote ; avoir barre sur nous à chaque instant lui est un moyen de se rassurer, de vérifier sa mainmise sur la vie. Son enfance demeure mystérieuse, il lui arrivait de l'évoquer devant moi autrefois mais de façon si allusive qu'elle me reste à peu près inconnue ; je sais seulement qu'elle l'a vécue dans le plus complet dénuement. Le mariage a fait d'elle une femme riche, lui a assuré des prérogatives auxquelles elle n'est pas prête à renoncer. Mais il ne l'a pas délivrée de ses angoisses. Elle est née pauvre, dans sa famille on vivait sous le régime de la précarité et du manque. Quiconque se voit privé ainsi de tout pendant de longues années doit finir par douter de la légitimité de son existence. La pauvreté est un état dont il me semble impossible de se remettre ; elle laisse des stigmates qui jamais ne s'effacent et peut induire des conduites aberrantes.
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"Que sait-on des peines des autres ?"
Cette phrase revenait maintenant, elle l'accompagnait, elle scandait sa marche.
C'était à cause de l'homme en pleurs sans doute. Elle ne savait rien de la
peine, du chagrin de cet homme. Elle ne savait rien de cet homme. Elle ne
connaissait même pas son visage. (p.11)
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Une affection longue durée Marque-page 05-07-2011
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