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EAN : 9791097515416
LA TRACE (26/05/2021)
4.69/5   21 notes
Résumé :
Qui souhaiterait recevoir les mails
délirants d’un parfait inconnu
prétendant être une âme perdue entre
Ciel et Terre ?
Comment et pourquoi ces satanés
messages ne s’effacent qu’une fois lus ?
Qui répondrait à cette farce inquiétante
et macabre d’un étranger dérangeant,
un fantôme, devenant objet de haine,
de sarcasmes ou d’amour ?
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Alain Cadéo est un maître-penseur, un doux rêveur, un berger bienheureux allongé sous les étoiles, un Cervantès des temps modernes, toujours dans une quête éternelle, à la recherche du cristal de roche originel, du Verbe, du Feu sacré, de l'Absolu et de la Source mère…

Il se questionne, fredonne, bougonne. Ses mots se posent, avec poésie et légèreté, aériens, sur un vélin aux enluminures rehaussées à l'or des fous, au blanc de plomb des alchimistes et aux baies de chèvrefeuille.

Avec la force brute de l'océan, la sagesse d'un grand chêne pédonculé ou d'un cèdre japonais millénaires, la délicatesse bienveillante d'un Leste ou d'un Cers estival et, au fond des yeux, la flamme trépidante de l'Explorateur jamais rassasié, il trace de nouvelles voies, ouvre l'esprit à la réflexion.

Il a exploré la Vie avant la Vie avec 𝗟𝗲 𝗖𝗶𝗲𝗹 𝗮𝘂 𝗩𝗲𝗻𝘁𝗿𝗲, a plongé dans les fonds de l'âme muni 𝗗𝗲𝘀 𝗠𝗼𝘁𝘀 𝗱𝗲 𝗖𝗼𝗻𝘁𝗿𝗲𝗯𝗮𝗻𝗱𝗲, bourlingué jusqu'au sommet d'un volcan à 𝗠𝗮𝘆𝗮𝗰𝘂𝗺𝗯𝗿𝗮 et communié avec l'Océan 𝗖𝗼𝗺𝗺𝗲 𝘂𝗻 𝗘𝗻𝗳𝗮𝗻𝘁 𝗾𝘂𝗶 𝗷𝗼𝘂𝗲 𝘁𝗼𝘂𝘁 𝘀𝗲𝘂𝗹. Il a combattu la mélancolie et la solitude et retrouvé sa jeunesse en compagnie de 𝗭𝗼é, a pelé le cul du temps pour dénicher un coin d'éternité dans 𝗖𝗵𝗮𝗾𝘂𝗲 𝘀𝗲𝗰𝗼𝗻𝗱𝗲 𝗲𝘀𝘁 𝘂𝗻 𝗺𝘂𝗿𝗺𝘂𝗿𝗲, exploré Venise (ah Venise !) avec 𝗟𝗲𝘀 𝗔𝗻𝗴𝗲𝘀 𝗱𝗶𝘀𝗽𝗮𝗿𝗮𝗶𝘀𝘀𝗲𝗻𝘁, 𝗘𝘁 𝘃𝗼𝘁𝗿𝗲 é𝘁𝗲𝗿𝗻𝗶𝘁é 𝘀𝗲𝗿𝗮 𝗹𝗮 𝘀𝗼𝗺𝗺𝗲 𝗱𝗲 𝘁𝗼𝘂𝘀 𝘃𝗼𝘀 𝗿𝗲𝘃𝗲𝘀 ou encore 𝗜𝘀𝗼𝗹𝗮. Avec 𝗟𝗲𝘀 𝗿é𝘃𝗲𝗶𝗹𝗹é𝘀 𝗱𝗲 𝗹'𝗼𝗺𝗯𝗿𝗲, il a combattu les nouveaux moulins de l'Humanité et accompagné, avec des 𝗟𝗲𝘁𝘁𝗿𝗲𝘀 𝗲𝗻 𝗩𝗶𝗲, de belles âmes dans leur dernier tour de piste.

Il s'est récemment vu décerner (2021) la médaille de Vermeil par la Commission supérieure des récompenses de la Société académique des Arts, Sciences et Lettres, parrainée par l'Académie française pour « la qualité de sa littérature et la dimension humaniste de l'ensemble de son oeuvre ». Et ce n'est que juste récompense !

Son nouveau livre, 𝗖𝗼𝗻𝗳𝗲𝘀𝘀𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗼𝘂 𝗹𝗲𝘀 𝘀𝗽𝗮𝗺𝘀 𝗱'𝘂𝗻𝗲 â𝗺𝗲 𝗲𝗻 𝗽𝗲𝗶𝗻𝗲, vient enrichir la nouvelle collection « Essai » des 𝗘𝗱𝗶𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗟𝗮 𝗧𝗿𝗮𝗰𝗲. Et il est bien le digne successeur de Mayacumbra, Des Mots de Contrebande et Lettres en Vie !

Avec le Ciel au Ventre, Alain Cadéo s'immergeait avec un imaginaire poétique dans les eaux chaudes placentaires d'un foetus avant sa naissance. Après s'être questionné sur la Vie et l'Humain tout au long de ses nombreux livres, il a enfin été l'auteur, avec son frère Michel, du magnifique livre-témoignage Lettres en Vie, accompagnant des résidents en soins palliatifs dans leur dernier voyage, vers l'Au-delà.

Avec cette même poésie qui l'habite, il entreprend aujourd'hui de relater les confessions sincères de 𝗚𝗮𝘀𝗽𝗮𝗿𝗱 𝗦𝘁𝗮𝗰𝗰𝗮𝘁𝗼, une âme errante, un papillon éphémère, un 𝘣𝘰𝘶𝘨𝘳𝘦 𝘥𝘦 𝘮𝘢𝘤𝘤𝘩𝘢𝘣é𝘦 déposé malgré lui dans les limbes entre vie et mort, perdu entre deux rives, entre Ciel et Terre, ici et là, dans un ailleurs qui n'existe pas, entre ombre et lumière… L'inconnu pour l'éternité.

Dans cet Entre-Deux 𝘥𝘳𝘢𝘱é 𝘥𝘦 𝘤𝘦 𝘨𝘳𝘢𝘯𝘥 𝘵𝘪𝘴𝘴𝘶 𝘯𝘰𝘪𝘳, 𝘭𝘰𝘶𝘳𝘥 𝘦𝘵 𝘱𝘳𝘰𝘧𝘰𝘯𝘥 𝘲𝘶𝘪 𝘥𝘪𝘴𝘴𝘪𝘮𝘶𝘭𝘦 𝘭'𝘪𝘯𝘧𝘪𝘯𝘪, Gaspard, pas encore mort mais plus vraiment vivant non plus, se questionne, entamant 𝘴𝘰𝘯 𝘭𝘰𝘯𝘨 𝘷𝘰𝘺𝘢𝘨𝘦 𝘥𝘦 𝘧𝘰𝘶, 𝘥'é𝘵𝘦𝘳𝘯𝘦𝘭 𝘵𝘳𝘢𝘯𝘴𝘩𝘶𝘮𝘢𝘯𝘵 𝘤𝘩𝘦𝘳𝘤𝘩𝘢𝘯𝘵 𝘭𝘢 𝘚𝘰𝘶𝘳𝘤𝘦 𝘮è𝘳𝘦, 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘷𝘪𝘷𝘢𝘯𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘮𝘰𝘳𝘵, 𝘦𝘯 𝘢𝘣𝘴𝘰𝘭𝘶𝘦 𝘱𝘦𝘳𝘤𝘦𝘱𝘵𝘪𝘰𝘯…

« Je me suis souvent demandé si ce qui nous retenait à cette Terre n'était pas le fil rouillé mais tenace des regrets. Ce tétanos indiscernable flanqué par des épines de rosiers. Et pourtant ils sont nombreux les imbéciles, qui, comme moi, un jour ou l'autre, ont proféré l'orgueilleuse sentence, le rien de rien, le : « Je ne regrette rien... ».
Ah l'implorante chansonnette ! Ce Te Deum des midinettes, vous a des airs de poulet égorgé sur le billot froid et sanglant d'un ricanant destin vous offrant son panel de possibilités.
Alors, comme vapeurs, nos âmes orphelines, reviennent visiter le vaste inachevé de nos velléités. »

Dans le 𝘤𝘢𝘱𝘩𝘢𝘳𝘯𝘢ü𝘮 𝘥𝘦 𝘴𝘦𝘴 𝘱𝘦𝘯𝘴é𝘦𝘴 𝘭𝘪𝘷𝘳é𝘦𝘴 𝘦𝘯 𝘱â𝘵𝘶𝘳𝘦, celles-ci semblent se frayer un chemin 2.0 vers les boites mails personnelles de quelques pauvres humains, bien obligés malgré eux de se farcir la plaidoirie de cet égaré. Impossible en effet de supprimer les pensées de cet esprit dématérialisé tant qu'elles ne sont entièrement lues par leurs destinataires !

S'installe alors une correspondance hors du Temps entre Gaspard et ces quelques privilégiés qui lui feront 𝘭'𝘢𝘶𝘮ô𝘯𝘦 𝘥'𝘶𝘯 é𝘤𝘩𝘰, 𝘥'𝘶𝘯𝘦 𝘷𝘰𝘪𝘹, 𝘥𝘦 𝘲𝘶𝘦𝘭𝘲𝘶𝘦𝘴 𝘮𝘰𝘵𝘴, le temps du voyage... Finalement, 𝘳𝘪𝘦𝘯 𝘥𝘦 𝘤𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘴𝘰𝘮𝘮𝘦𝘴 𝘯𝘦 𝘥𝘪𝘴𝘱𝘢𝘳𝘢î𝘵 𝘷𝘳𝘢𝘪𝘮𝘦𝘯𝘵 !

▪️▫️▪️▫️▪️

Ces confessions sont poétiques. Elles doivent se lire, comme souvent avec l'écriture d'Alain, en laissant les mots se déposer lentement au fond de notre esprit, dans un presque silence d'église ! Elles sont lourdes de vie, de la lourdeur d'un vieil ours qui a vécu tant d'automnes et d'hivers, mais aussi brillantes que le regard du jeune ourson à son premier printemps.

Ces confessions, ce sont aussi une belle auto-analyse de la part de l'auteur sur son écriture que j'affectionne tant. Comme le mentionne à Gaspard une de ses correspondantes : « Il faut un certain temps pour absorber et digérer ces pesants blocs de pensées que vous lâchez comme des mines dans nos terriers de blaireaux effrayés. Cette poésie, votre chant d'âme en peine, c'est comme de l'amour. Vous nous donnez à voir un paysage, un rêve, un mouvement, comme une expression de la vie intérieure, proche et inaccessible... Si nous pouvions tout voir, il n'y aurait sans doute plus rien à dire ».

Doit-on voir dans ce livre initiatique la fin d'un cycle pour Alain Cadéo, la boucle qui se boucle ? Bougre de vieille caboche, bien sûr que non !
Il y a encore tellement de belles choses à écrire dans cette besace de pénitent, de pèlerin et de bourlingueur !


Merci Alain, pour ces Confessions, pour ces écrits, pour nos échanges…

🙏🙏
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Ce que j'aime particulièrement dans l'oeuvre d'Alain Cadéo, c'est sa capacité à habiller le néant de ses mots de lumière et à nous y faire voyager en apesanteur, délestés de ce qui nous alourdit, nous bloque.
Confessions est un voyage au coeur des sens, de la mémoire de l'âme, à la recherche de ce détail perdu et oublié qui surgira à notre dernier souffle lorsque " l'alvéole sublime " de notre cerveau, imbibée de chacune de nos émotions, décollera avec son butin pour le porter de l'autre côté.
On envierait presque Gaspard Staccato d'être âme vagabonde, même s'il qualifie d'horrible l'univers dans lequel il évolue, sans horizons et sans limites.
Pauvre fantôme en sursis auquel la grâce fut donnée de reprendre temporairement contact avec l'humanité dans ce qu'elle a pourtant de moins humain, la technologie des mails..
Dans un "langage actif, vivant, vif comme l'étincelle, rafraîchissant comme les sources, dense comme l'obsidienne, exact comme le teintement d'une cloche d'airain", il tend vers l'oubli de soi pour mieux mourir.
Être encore un temps objet de sarcasmes, de haine, mais aussi de compassion, lui permet de lâcher enfin le fil du cerf-volant qu'est son âme errante.

Je regarde la note vertigineuse attribuée à Confessions sur Babelio et je me demande pourquoi il n'y a pas de sixième étoile décernable uniquement aux perles rares...
La littérature d'Alain Cadéo est vraiment à part, une oeuvre qui ne se lit comme aucune autre et dans laquelle on entre presque comme en religion.
Des mots magiques qui ne sont pas que beaux mais qui sont aussi porteurs d'espoir, de lumière, d'émotions.
Des mots qui obligent à l'introspection, à la transcendance.
Une lecture dont on sort éblouis, chavirés de reconnaissance pour le don de soi dont fait preuve l'auteur.

Merci à Alain Cadéo pour ce merveilleux moment de lecture hors du temps et de l'espace et un clin d'oeil à David, comme chaque fois qu'il's'agit d'une pépite littéraire...
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Difficile de mettre des mots après avoir lu ceux d'Alain Cadéo. Plus qu'un coup de coeur, ce livre est une perle rare. Qui a déjà lu Alain Cadéo a déjà pu apprécier la qualité de ses écrits, où pensée et poésie ne font qu'un. Dans son dernier livre, à la qualité littéraire vient s'ajouter l'originalité du sujet. le titre et le sous-titre la suggèrent : Confessions (ou les spams d'une âme en peine).
Alain Cadéo, alias Gaspard Staccato, vient de mourir, son âme erre solitaire, dans le noir, entre la Terre et un au-delà encore inconnu. Il lui reste cependant la capacité de penser. Mystérieusement ce qu'il vit, ce qu'il pense, ce qu'il ressent, se convertitssent en mots qui atterrissent dans la boîte Spam d'inconnus, où ils demeurent ineffaçables tant qu'ils n'ont pas été lus. Ces courriers indésirables provoquent chez Mariam, Sarah, Thomas, Louis, Marcel, Miguel ou Lami, diverses réactions et réponses. C'est une première pour un auteur de pouvoir échanger en direct avec ses lecteurs !

Étant nous-mêmes lecteurs, nous réagissons et entrons dans cet échange-réflexion sur la vie d'ici-bas, sur ce qui fait sens, perdure, sur la vie d'après… Nous écoutons ces confessions qui se dé-livrent dans ce testament-livre d'un auteur vivant-mort qui ne manque pas d'humour. Un testament où Alain Cadéo, nous 'livre' ce qui lui paraît essentiel et avec le miroir qu'il nous tend nous conduit à y réfléchir notre propre vie, à y rechercher ce que nous considérons comme important. Il ouvre une voie de lumière, un éclairage sur un chemin à trouver, ou à retrouver si nous nous en sommes éloignés. Il n'est jamais trop tard. Tout comme les inconnus des Spams, Alain Cadéo s'adresse à nous et crée des liens. "Ce qui nous lie c'est notre fascination pour l'Inconnu. Et cet acharnement à vouloir le saisir. Et à le dépasser. Ce qui nous lie c'est l'Absolu, ce si vieux rêve du «tout est abouti», inexplicablement présent dans chacune de nos molécules, nous rappelant, ce chuchoteur : «par ici, non par là, plus loin, plus près, c'est là…» Cette chose étrange, et invisible sommeille en nous depuis l'aube des temps. Ecoutez seule cette voix."

Je voudrais aussi souligner la complicité, plus qu'une complicité le lien vital qui unit l'auteur et l'éditeur. La fin du livre le révèle. Je dirais même plus, un lien vital éditeur-auteur-lecteur. Un lien d'autant plus fort que la maison d'édition, comme celle de la Trace, est à taille humaine, créant une véritable famille. Par leurs choix des auteurs et aussi de ceux qui préfacent les ouvrages, les éditeurs de la Trace font entrer le lecteur dans leur famille, celle des amoureux des mots. Une famille où le lecteur aime lui être fidèle, où il est en confiance et sait qu'il ne sera pas déçu. Puisse La Trace garder longtemps son empreinte et nous mener sur des chemins sans cesse renouvelés.

Mon dernier souhait est davantage une supplication, et non la moindre, elle s'adresse à Alain Cadéo : puissiez-vous durer de nombreuses années sur cette Terre que vous honorez si bien par vos mots, par votre humanité contagieuse. Longue vie à vous, vous avez tant à nous dire, encore. " Où que l'on soit on ne peut se passer d'un rayon de lumière. Vos mots en font partie. Quels qu'ils soient, d'où qu'ils viennent, ils sont comme lucioles veloutées et brillantes au-milieu des tourbillons et spirales qui m'entourent." Enfin permettez-moi, pour quand le jour viendra pour vous de passer de l'autre côté de la porte, de vous laisser mon adresse mail… Elle doit y figurer dans le fichier lecteurs des éditions La Trace.
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Je remercie Alain et Martine Cadéo pour l'envoi de ce nouveau livre. Après le succès des romans « Comme un enfant qui joue tout seul » et » Mayacumbra » Alain Cadéo revient cette fois avec un essai. Paru en mai dernier » Confessions ou les spams d'une âme en peine « aux éditions La Trace, et c'est avec un immense plaisir et une curiosité certaine que je me suis plongée dans ce nouvel ouvrage.
Alain Cadéo est un explorateur et un poète de l'âme humaine. Dans cet essai, il prend pour personnage principal un certain Gaspard Staccato. Cette âme errante prisonnière entre Ciel et Terre se met à écrire ses interrogations, ses peurs, ses confessions.

p. 16 : » C'est pas gai, pas facile… Va-t'en donc expliquer et décrire ce que nul n'a jamais ramené de cet autre côté… «

Le problème, c'est que ces confessions arrivent sous forme de spams dans la boîte mail de parfaits inconnus. Et ceux-ci ne s'effacent mystérieusement que lorsque le destinataire est parvenu au bout de sa lecture. Alors, bien évidemment, il y a les curieux, les indifférents, les agressifs, les bienveillants, et tout se petit monde répond à sa manière aux tribulations de Staccato. Et cela donne une lecture pleine d'humour et de sensibilité.

p. 30 : » […] je décline toute responsabilité concernant ce curieux curetage d'une pauvre vie soumise au bistouri d'une loi qui m'échappe. «

Cette interaction qui se crée entre les pensées de Staccato et les lecteurs de ces mails ( tout comme nous lecteurs ) est « extra-ordinaire ». Cette âme vagabonde qui se noie dans cet entre-deux, dans cet univers horrible se heurte également à la technologie moderne. Ce paradoxe est le fil conducteur qui amènera Gaspard Staccato vers sa destinée. La révélation à la fin du livre est incroyable ! Cet inconnu, ce messager n'est-il pas le reflet de notre subconscient ?

Alain Cadéo choisit ses mots avec tant de poésie, de délicatesse et de lumière qu'on se délecte à sa lecture. La qualité littéraire mêlée à la poésie, cela donne une fois de plus un magnifique moment de lecture.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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ALAIN CADEO
Confessions ou les spams d'une âme en peine
Editions la Trace

Dans la quatrième de couverture du livre d'Alain Cadéo « Confessions ou les spams d'une âme en peine », on peut lire : « Qui souhaiterait recevoir les mails délirants d'un parfait inconnu prétendant être une âme perdue entre Ciel et Terre ? »
La réponse pourrait paraître évidente, et je crois bien que je serais la première à trouver la plaisanterie un tantinet déplacée et irrespectueuse.
Mais pourtant, et comme le dirait en retour Monsieur Staccato « Qui souhaiterait voir étalée sur le marché, son âme nue se débattant dans les affres du vide » ?

Cette histoire n'est pas ordinaire, puisque quelques inconnus reçoivent des messages qui ne s'effacent qu'une fois lus. Des messages qui ne s'effacent pas tout à fait d'ailleurs, puisqu'ils parviennent à nous, lecteurs, par une autre voie entre et Terre et Ciel, au moyen d'un canal de diffusion ayant pour nom les « Editions La Trace » (ça ne s'invente pas !). Et voilà comment ce qui était voué à disparaître devient à tout jamais immortalisé justement du fait de notre lecture on ne peut plus réelle.

Si bien que cette fiction délirante nous mène à un double questionnement, celui du devenir des oeuvres littéraires et de leurs auteurs, et celui de notre propre responsabilité de lecteur face à la conservation ou non des messages reçus.

«Mais rien à faire mes coquins, mes chéris, vous n'y couperez pas... Les jurys de ces assises, ne m'en veuillez pas, sont tenus jusqu'au bout de se farcir la plaidoirie d'un égaré, entre deux mondes, suspendu.
Un seul avantage pour vous, pas de roman de trois cent pages. Quelques lignes à lire. Mais chaque jour. »

Et que penser a fortiori des non-lecteurs ? Ceux qui jugent tout cela inutile ?

L'écrivain Alain Cadéo nous a envoyé un messager ayant pour nom Gaspard Staccato pour nous inciter à réfléchir à tout cela.
Et Gaspard (le gardien du trésor) a adressé à quelques inconnus, de façon entrecoupée, (Staccato) ses mails apparentés à des spams, parce qu'indésirables.
Or, qu'y a-t-il dans ces messages ? Ces spams contiennent justement tout ce qu'un écrivain ne peut dire qu'une fois mort, le contenu délivré étant inentendable pour le commun des lecteurs mortels.

Le problème, c'est qu'aucun écrivain mort n'a jusqu'à présent pu s'exprimer outre tombe.

Alors est-il possible qu'un auteur nous livre de son vivant ses aspirations en nous faisant croire à sa mort ? Oui, ricanerez-vous, on peut tout faire puisqu'il s'agit de fiction ! Mais la fiction n'est pas l'au-delà. Et la capacité de détachement a, même pour un écrivain, ses limites. Sauf pour Alain Cadéo, pour qui le basculement d'une rive à l'autre est presque devenu affaire courante.

Alors ? Passer de l'autre côté pour témoigner? Et pourquoi pas, s'il s'agit de défendre la bonne cause ? Alain Cadéo n'est-il pas capable d'accéder aux mystères de la naissance, de recueillir les paroles des mourants, de naviguer dans l'impalpable, de traverser l'espace, de traverser le temps, de faire ressusciter les morts, d'abolir les frontières du raisonnable pour atteindre le stade où penser n'est plus qu'une vibration ?

« Ici, les mots n'ont plus tout à fait la place ni l'écho qu'ils avaient. Ce sont les intentions, ces bredouillants demi-silences entrecoupés d'images, formulations inachevées, tout l'effrayant bestiaire des embryons de sensations lâché en liberté, qui viennent à l'orée de ce nouvel endroit d'absolu perfection qui est le mien. Quel tension, quel vacarme, quelle euphorie aussi ! »

Alors, ce petit livre est-il, ainsi que le suggère l'écrivain et journaliste Mohammed Aissaoui dans le bandeau du livre « un piège délicieux » ?

Personnellement, je préférerais de loin avoir été piégée par les confessions d'un écrivain, qu'avoir le sentiment d'être passée à côté d'un grand mystère rendu visible le temps d'une lecture, puis à jamais effacée de ma mémoire.
Car s'il s'agit de confessions, et non de confidences, comment ne pas faire silence en soi pour tenter de comprendre ce qui peut être compris, et saisir ce qui peut être saisi des secrets divulgués ?
Ne faut-il pas savoir être humble pour accepter de ne pas toujours être à la hauteur de ce qui nous dépasse ? Tant dans l'accès à la beauté des mots qu'à celui de la main tendue d'un auteur à ses lecteurs.
C'est sans doute ce qu'on ressent en lisant ce livre. C'est aussi ce qui le rend si unique, et si précieux.

A lire absolument. Sous peine d'effacement du lecteur, cette fois-ci).

Rachel
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Comment vous expliquer ?
Lorsque je dis que tout s'estompe, je veux parler de la mémoire. Ce qui reste, c'est vraiment trois fois rien. Quelques extases. Peut-être le premier papillon posé sur vos berceaux. Peut-être le premier regard d'une fille ou d'un garçon sur vos douze ans qui chavirent dans le roulis d'un train ou le balancement d'un bus. Le souffle tiède d'un tilleul à l'heure où sonne l'angélus. Un parfum... Trois fois rien.
La moindre brise venue de cet ailleurs comme immanent, est mille fois plus importante que tous nos jeux de fiévreux bâtisseurs de concret.
L'importance, la gloire, le succès, les grandes aventures, seront lourdes couronnes mortuaires, faux chrysanthèmes aux pâles couleurs fanées des artifices oubliés.
Seuls l'églantier, la capucine, le bouton d'or, le liseron, l'humble violette, tenaces, fragiles, vivants, délicatement parfumés, vaudront tous les bouquets.
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Je me suis souvent demandé si ce qui nous retenait à cette Terre n’était pas le fil rouillé mais tenace des regrets. Ce tétanos indiscernable flanqué par des épines de rosiers. Et pourtant ils sont nombreux les imbéciles, qui, comme moi, un jour ou l’autre, ont proféré l’orgueilleuse sentence, le rien de rien, le : « Je ne regrette rien... ».

Ah l’implorante chansonnette ! Ce Te Deum des midinettes, vous a des airs de poulet égorgé sur le billot froid et sanglant d’un ricanant destin vous offrant son panel de possibilités.
Alors, comme vapeurs, nos âmes orphelines, reviennent visiter le vaste inachevé de nos velléités.
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J’ai toujours préféré ceux qui ne pouvant se satisfaire de ce qui est limité, vont farfouiller dans tout l’ailleurs, forcer des cadenas et des coffres rouillés, avec l’obstination des vrais aventuriers.
Dans leurs yeux ahuris, métamorphosés, ils ramènent des éclats, des lambeaux de ce grand tissu noir, lourd et profond qui dissimule l’infini. Et puis aussi quelques paillettes de lumière, l’éclairage ou l’aura des inspirés, des saints, des intuitifs. Ce sont ceux-là qu’il faut entendre. Ils sont allés plus loin encore, creusant, crapahutant, tout en nerfs, arcboutés, en dépit des huées, du mépris ou d’un affreux silence. Regardez bien pourtant, sous leurs ongles terreux, dans leur sourire même, il y a la lueur de ceux qui ne savent pas encore ce qu’ils ont découvert. Mais ils en sont comme irradiés.
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Nul n’imagine à quel point il est lourd de ne plus exister alors qu’on se sent comme vivant, exclu, à la lisière des humains, dans sa cage de Faraday, dans tout ce bleu ouaté, ce gris, ces brumes, ces éclairs magnétiques qui vous empêchent de passer, de revenir à la vie, la bonne vie stupide et trépidante, de recevoir l’aumône d’un salut, un clin d’œil, une main, broutilles salutaires, le parfum délicieux, tiède et sucré d’une robe légère passant sur le goudron mouillé.
Et rien ici pour se poser, dans ce chaos indescriptible, qui, à jamais, me demeure étranger. Mais ce bordel, je n’ai pas d’autre mot, c’est mon chez moi, c’est mon château, mon labyrinthe, ma nécropole et ses soldats d’argile, ma Mesa Verde, mon épave, mon Titanic, une armada coulée dans les grands fonds de ma mémoire.
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Ainsi, il y aurait deux vies, l'une pâle copie, brouillonne, inachevée, toute en sursauts, à la va-comme-je-te-pousse, avec ses boniments autour des contingences et de l'hérédité, un essai plus ou moins réussi, avec les moyens du bord, ombre et ébauche de l'autre, qui, dans le moindre détail, serait acte parfait, le chef d'oeuvre abouti...La mise au point entre les deux, hors du temps, douloureuse, se ferait là, dans ce sas effrayant, cette école du vide nous obligeant à contempler les strates infinies de nos médiocrités.
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